tenia54 a écrit:J'ai regardé les 50 1eres minutes avant de passer à autre chose. Je n'ai rien vu de vraiment passionnant pour le moment, sauf un film qui me parait écrasé sous le poids de son ambition narrative, à la peine sous une structure très délicate à négocier.
Ca ne m'a perdu le moins du monde, c'est surtout qu'en passant d'un personnage / d'une époque à un(e) autre, ça casse l'intérêt de ce qui se passe à l'écran à un instant T.
"Ouah, trop bien, il va se passer quoi ? Ah bah on saura dans 40 minutes..."
C'est étonnant ce que tu écris là, cette toute dernière phrase car c'est tout à fait pour cette raison que je suis allergique aux séries télévisées. Je n'aurais jamais su le dire aussi efficacement que ce que tu viens de faire !!!
Tu résumes donc en une phrase seulement tout le ressentiment et l'ennui profond que produisent sur moi les séries télévisées qui, sans exception aucunes, étalent la maigre idée qui a prévalu à leur création comme on tire sur le chewing-gum pour mieux le machouiller dans tous les sens aussi longtemps que possible...
20 épisodes, pire parfois 7 saisons (j'ai abandonné Dexter au bout de 2 saisons quand j'ai compris que ça ne mènerait nul part...) alors que tout serait plié en 10 minutes s'il n'y avait pas l'excuse de donner un prétexte suffisant à l'épisode suivant qui servira à alimenter le point de départ de l'épisode d'après etc... etc...
En revanche et là où je ne suis pas d'accord avec toi, c'est que, comme je l'avais écrit auparavant, on fait souvent le procès au cinéma de manquer de matière et de contenu face aux séries télévisées qui développent leur personnage et le contexte... Et en ça j'ai trouvé que Cloud Atlas était quelque chose d'hybride, à mi chemin entre le spectaculaire du cinéma et l'histoire à tiroirs d'une série télévisée qui déroule son intrigue en cascade de manière interminable....
Cette "cartographie des nuages" est une véritable découverte, c'est la fresque visuelle la plus passionnante à vivre que j'ai jamais vécu face à un écran de cinéma (voire un peu plus petit...).
Les frangins (et soeurs...) Wachowski ont toujours été des pionniers dans leur genre. Matrix a posé les jalons d'un "quelque chose visuel" innovant et jamais vu, une idée originale que toute une cohorte de films se sont empressés de copier sans jamais l'égaler... A l'image de ce film avant gardiste, véritable carte de visite pour les 2 frangins qui leur a permis de porter ce projet plus personnel, nul doute que ce Cloud Atlas marque un tournant dans l'histoire du cinéma contemporain, preuve qu'il est possible tout à la fois de divertir le spectateur avec des scènes d'actions d'une virtuosité technique à couper le souffle, tout en l’entraînant dans un chemin scénaristique touffu, élaboré, riche et passionnant à suivre : Les réalisateurs jouent avec le spectateur en brouillant les cartes, faussant les pistes, multipliant les carrefour scénaristiques et les circonvolutions d'une écriture complexe puisque le film suit tour à tour de multiples personnages vivant des destins similaires à des époques différentes et liés entre eux par le fait que chaque acteur au générique interprète plusieurs protagonistes, maquillé parfois jusqu'à en être méconnaissable.
Ce film qui tient plus d'un manifeste, c'est la démonstration que le cinéma ne se réduit pas à des films tickets de métro auxquels on reproche très souvent de ne pas avoir la densité narrative des séries télévisées, c'est la démonstration que le cinéma peut produire des histoires avec des personnages travaillés, étoffés, décrits.C'est mon film de l'année 2013, c'est plus qu'un film c'est une véritable aventure avec en prime des séquences visuelles magnifiées par la technologie numérique et le spectacle de la projection à domicile.
Voilà le genre de films qui donne tout son sens au spectacle et à la féérie visuelle qu'est le cinéma. C'est la mariage de la carpe et du lapin, le meilleur du cinéma et de la série télévisée réunie dans quelque chose de beaucoup moins pénible à suivre qu'un marathon télévisuel....
Les 2 frangins n'ont rien perdu de l'élégance et de la maîtrise des techniques de cinéma qu'ils avaient initié dans Matrix, les scènes d'actions sont d'une lisibilité exemplaire et les plans larges sur des paysages futuristes sont remplis de détails savoureux à parcourir sur une grande image.
Un film qui malgré sa longueur déraisonnable se dévore d'une seule traite, comme un livre qu'on ne veut pas reposer, tour à tour visuel et fourni dans son écriture.
10/10 pour la qualité technique de l'ensemble puisque voilà un Bluray de démonstration technique imparable, démonstration de force qui mettra à mal les équipements domestiques et les voisins habitants à proximité.... et impossible d'octroyer une note à cette encyclopedia universalis du cinéma...
Il y a le cinéma qui occupe 2h de son temps, et puis il y a les faiseurs de rêves qui vous mettent des étoiles pleins les yeux. Ça fait du bien de voir que si leur travail est moins plébiscité aujourd'hui face à la toute puissante télévision, certains d'entre eux ne baissent pas les bras.