Alain Dupuis a écrit:tfpsly a écrit:
Content de ne pas y avoir envoyé ma fille alors (on a quitté Sing' avant). Ça doit dépendre de l'équipe d'enseignants. Ici à Zürich, le Lycée Français marche très bien, les enfants sont heureux.
Le problème est à deux niveaux.
Le premier c'est l'approche "égalitariste" de l'éducation française qui dit qu'à un age donné tout enfant doit avoir acqui un ensemble de compétences standard. Or ce principe est totalement faux, démontré par nombre de spécialistes en pédopsychatrie. Chaque enfant se développe de manière totalement individuelle et a besoin d'une approche plus souple pour lui laisser le temps d'apprendre à son rhytme. Mais en France on s'obstine par idéologie à faire le contraire. Cela explique en partie le niveau scolaire catastrophique que nous connaissons dans le pays. Si ta fille correspond au bon profil standard alors elle n'aura pas de problème avec le système. Mon fils avait des problèmes d'apprentissage assez sérieux et là ce n'était pas la même chanson.
Cet égalitarisme à tout prix est très frustrant pour l'enseignant que je suis.
Car on s'obstine à mettre dans le même sac des enfants au niveau très hétérogène.
On vient ensuite m'expliquer qu'il faut que j'adapte ma pédagogie en conséquence (pédagogie différenciée, c'était le mot à la mode, il y a quelques temps).
Dans les faits, c'est inapplicable.
On ne va pas réparer un ordinateur et une bagnole avec les mêmes outils en demandant au technicien de s'adapter!
Bref, je subis le système, les élèves aussi.
Et je dis ça alors que je suis référent pédagogique "décrochage scolaire" sur deux établissements et que je suis donc porteur de projets.
Mais à chaque fois que je veux évaluer par niveau de compétences, de comportement ou autres, je sens bien la gène qui s'installe.
Le second problème, c'est le système lui même. A commencer par le recrutement et le maintient en place d'enseignants dont les compétences et surtout le profil psychologique n'est pas en adéquation avec leur fonction. Par exemple, il a eu une prof d'origine roumaine, charmante mais avec un accents épouvantable très difficile à comprendre. En tout cas pas compatible avec un gamin qui passait plusieurs heures avec un orthophoniste toutes les semaines. Il y a eu aussi une prof complètement déjanté en agréssion permanente. Un autre montrant des signes d'énervement si il ne comprenait pas tout de suite, un autre qui faisait copier des centaines de ligne sans raison. En 10 ans on a eu une compilation assez interessante. Heureusement qu'ils ne sont pas tous comme ça mais ceux qui le sont font bien trop de dégats pendant l'année qu'il passe avec l'élève. Bref, c'est gens sont là à vie dans le système et on n'y peut rien. Et le facteur agravant c'est que la seule façon que l'école à de se justifier c'est que c'est toujours la faute de l'élève. Il invente, il exagère, il ment, il n'a pas compris... Ce n'est jamais le système qui se remet en cause. Le tout est agravé par la direction. Au départ on a eu une directrice du primaire qui était épouvantable, remplacé ensuite, et heurement, par une personne très compétente qui a tout fait pour essayer d'arrondir les angles et elle était d'ailleurs épaulé par un proviseur qui était plutot à notre écoute. Les deux sont partis et le dernier proviseur auquel nous avons eu à faire n'était vraiment pas à la hauteur. La situation c'est beaucoup dégradé au cours des deux dernières années et des parents d'élèves sont en train d'organiser un commité, d'autres essaye de créer une autre école. Bref, c'est pas la joie.
Tant mieux pour ta famille si c'est très bien à Zurich.
Le recrutement est aussi à l'image de notre société.
Faut bien s'y faire.
Une amie, secrétaire de direction d'une PME spécialisée, recherche depuis des mois un technicien compétent et motivé. Mission impossible.
Et pour les profs, c'est pareil.
On a accueilli un stagiaire en "français", entrain de réaliser son master. Bon, ben... Faut pas trop s'attarder sur les fautes.
La France (et certainement d'autres pays occidentaux) refusent :
1) de mettre des barrières, des examens, pour sélectionner et valoriser les élèves
2) de faire redoubler les élèves qui ne passeraient pas la barrière du premier coup (à noter que le redoublement n'existe PLUS. Même si les parents le demandent, il est très difficile de l'obtenir!)
3) d’élever le niveau des élèves (ben oui. Au niveau politique, avoir des élèves demeurés, ça se "moutonne" facilement).
Bref, on est largement foutus et ce, depuis un sacré moment (point de non retour loin derrière nous).