Tiens, à propos... La dernière tribune de Janco dans l
es Echos:
Quand un bien devient plus rare, son prix augmente : cette affirmation n’est-elle pas une des bases solides de nos cours (et modèles) en économie ? Si cela était exact, le pétrole ne devrait pas y échapper : moins d’or noir signifie nécessairement un prix plus élevé, et inversement.
Ce n’est pourtant pas ce qui s’observe. Pendant 50 ans, de 1923 à 1973, le baril va voir son prix varier entre 10 et 25 dollars de 2013, pendant que la consommation mondiale passera de 0,02 à… 2,8 milliards de tonnes ! Arrivent les chocs, et pendant 14 ans (1973-1986) le prix va devenir fortement variable - de 17 à 104 dollars de 2013 le baril - avec une consommation mondiale qui va pourtant rester quasi-constante sur la période, entre 2,7 et 3,1 milliards de tonnes.
1986-2000 offre une nouvelle période de prix sages et faiblement variables (20 à 40 dollars de 2013 le baril) avec un volume qui gagne 50%, de 2,9 à 3,7 milliards de tonnes. Et de 2001 à 2013, la consommation, à nouveau quasi-constante (3,9 à 4,1 milliards de tonnes), s’accompagne pourtant d’un prix qui va faire le yoyo entre 47 et 115 dollars de 2013 le baril !
L’observation du passé montre donc que nous avons pu avoir plus de pétrole avec un prix qui monte, plus de pétrole avec un prix qui descend, ou la même quantité de pétrole avec un prix qui fait n’importe quoi. Aux oubliettes, le joli graphique de nos cours d’économie qui permet de relier de manière commode un volume et un prix. Du reste, ceux qui essaient de tirer des conclusions sur le prix futur avec des mécanismes économiques de ce type ont rarement vu leurs tentatives couronnées de succès.
Depuis 1991, l’Agence Internationale de l’Energie publie tous les ans une prospective sur le prix futur du baril. A quelques exceptions près, probablement dues au hasard, ils se sont toujours trompés. C’est dire si ce mécanisme est fiable !
Le pétrole étant essentiel aux transports (il alimente 98% de ce qui roule, vole ou navigue), sans lesquels il n’y a pas de PIB, et plus de pétrole supposant d’aller chercher des gisements complexes plus chers à exploiter, deux conclusions parfaitement contre-intuitives peuvent s’argumenter. Un pétrole plus abondant ira désormais avec un prix plus élevé, et par ailleurs plus de contraintes géologiques à l’extraction de ce bien indispensable iront avec un prix plus volatil. Et maintenant, faites vos jeux !
Les graphiques sont sur le site
http://www.manicore.com/documentation/a ... tique.html