haskil a écrit:Des revues spécialisées papier musique ou hifi qui paient des piges qui atteignent ne serait-ce que le minimum syndical... y en a pas non plus beaucoup... c'est pas en écrivant pour la NRDS ou pour Diapason qu'on peut gagner sa vie en étant pigiste. Les salariés y sont mieux payés. Pas non plus le Pérou. Mais mieux payés.
La presse culturelle est un secteur prestigieux. Etre critique ou journaliste dans un canard culturel donne à certains l'occasion de se la péter à fond, et ça pose effectivement son bonhomme. Mais du coup, toute personne ayant un minimum de culture générale et sachant aligner quelques phrases est un candidat potentiel à un poste. Ce qui fait que les journaux peuvent se permettre de ne pas payer très cher les pigistes. Si le type n'est pas content, il y en aura 20 qui convoitent la place. La gratification réside aussi dans les avantages en nature (disques gratuits, invitation à des concerts, etc.).
J'ai pu croiser des gens à Libé. Ça vous surprendra peut-être mais les chroniqueurs musicaux du canard n'étaient pas les types qui avaient le meilleur goût. Leur job, c'était de coller aux tendances et d'être dans les bons coups. Des types au service sport étaient incollables sur le rock n' roll des années 50 ou d'autres genres musicaux, parce qu'ils n'étaient pas jugés sur leur avis par rapport au dernier single de Lady Gaga.
La presse technique n'est pas du tout le même terrain. Il faut avoir un certain niveau technique ET savoir rédiger correctement des articles de plusieurs milliers de signes sur des sujets pas forcément folichons. Vu ce que je lis des forums, les deux compétences sont quand même rarement réunies. Du coup, les revues tournent la plupart du temps avec des pigistes réguliers, sans être assaillies de nouvelles candidatures. Elles font donc appel à des experts au gré des besoins. Les termes financiers sont donc un peu plus favorables aux pigistes que dans la presse culturelle, selon la bonne vieille loi de l'offre et de la demande.
Les Sites internets qui sont filiales ou services de journaux ou magazines papier, paient leurs journalistes moins chers que ceux du papier, mais essentiellement parce qu'ils sont plus jeunes bien souvent : et comme d'autres, il arrive qu'ils emploient des stagiaires école, non payés donc, mais les syndicats veillent. Mais ces sites internet dépendant des journaux papiers ne sont à l'équilibre, quand ils le sont, que parce qu'on ne leur fait pas payer la copie mise en ligne depuis la version papier au prix qu'ils devraient la payer. En gros, elle est quasi gratuite... et le flux d'argent entre net et papier est devenu un point de discorde dans de nombreux groupes
On parle de revues de hi-fi, donc pas de rédactions avec des dizaines de personnes qui créent un jour un service Internet avec une équipe de stagiaires. Le modèle économique des sites Internet dédiés est (de façon générale, pas dans la presse hifi en particulier) loin d'être en position d'équilibre. La plupart des sites ou des blogs à base de contenu éditorial peuvent tenir quelques mois, deux-trois ans maximum avant que la réalité ne les rattrape ou de devoir fournir un business plan un tant soit peu étudié basé sur la pub, des partenariats éventuels, ce pour quoi il faut avoir du trafic régulier et de l'influence.
Mais la baisse du budget pub presse magazine n'a pas du tout été couverte par une augmentation de celui consacré à Internet. Vous en avez vu beaucoup des bannières de pub faites par des distributeurs de matériel ou les boutiques en dur ? Les sites de VPC peut-être mais pour les autres (qui représentent quand même la majorité des pages de pub d'une revue), il y a encore une certaine préférence à passer par les vecteurs traditionnels. Il faut se rappeler que ce sont des boîtes dont la réputation repose souvent sur la tradition, l'histoire glorieuse. Ça n'est pas encore évident pour une marque prestigieuse de placer des bandeaux de pub sur un blog avec quelques centaines de visiteurs, même si le contenu est crédible.
Les sites dédiés peuvent tenir le coup un certain temps parce que leurs frais de fonctionnement sont très réduits. Ce qui est amusant, c'est de voir quelques blogueurs spécialisés high tech ou gadgets se la jouer à fond, pire que certains types de la presse culturelle. On a droit à des mecs de 25 ans tout au plus, très fiers d'être leur propre maître (enfin bon, de vivre avec ce que Mamie leur a prêté) et d'avoir déjà un stagiaire non rémunéré à qui ils donnent déjà des ordres entre deux entrées Twitter tapées depuis leur iPhone.