» 28 Déc 2003 2:36
En me promenant sur le forum, je suis tombé sur ce sujet où il est fait mention du CD B&W vol.1 à plusieurs reprises. Je connais bien ce disque puisque je l'ai réalisé de AàZ à la demande de B&W (maison mère) qui ne m'a donné aucune direction sauf la pluralité des sujets.
L'élaboration d'un CD test n'est pas une chose très simple. Un tel disque ne s'adresse pas au mélomane averti qui saît très précisément ce qu'il recherche et n'a pas besoin d'un constructeur pour lui indiquer quel disque doit être utilisé.
Réaliser une compilation à partir de disques que nous aimons reviendrait justement à faire un CD convenant aux enceintes de la marque et cela ne démontre rien de particulier.
Réaliser un disque à partir de techniques bien définies et très simples, sans tricherie, ni apport d'effets, ni multimicrophonie permet de concevoir un outil haute-fidélité destiné à limiter les risques d'erreurs causées par les productions du marché. Celles-ci ont un but commercial direct et sont destinées à plaire. Comme elles sont assez fréquemment trafiquées, le résultat dépend des enceintes et de l'acoustique du studio. Certains disques sont très rigoureux, beaucoup d'autres ne le sont pas. L'audiophile possède très peu d'indications sur la manière dont est réalisé le CD qu'il emporte avec lui. S'il ne pratique pas assez souvent le concert, les risques d'erreurs peuvent être grands. Dans ce disque, ce risque n'existe pas ! Pourquoi ? Simplement parce que le choix des micros a été défini suivant des critères objectifs. Il fallait que ces micros soient de qualité mesure, ce qui impliquait l'emploi de modèles omnidirectionnels, insensibles à la distance dans le grave. Deux marques s'imposaient : B&K avec le 4006 ou 4007 et Schoeps avec le MK2H. C'est ce dernier qui a été préféré parce qu'il allie faible directivité dans l'aigu à un rapport signal/bruit plus satisfaisant. Dès lors et parce qu'aucune correction n'est utilisée, le choix des enceintes n'a plus d'importance. Pour ce qui concerne la dynamique, les 801 ne craignent pas grand chose ; tout était possible.
Enregistrer tous les titres de la même façon implique que l'on réalise toutes les plages. Enregistrer la 5ème de Malher avec un orchestre régional n'a pas beaucoup d'intérêt. Un grand orchestre de référence est financièrement inaccesssible, surtout pour un disque dont le marché est limité, même s'il est mondial. Or, la dynamique, la couleur, la largeur d'une oeuvre dépendent totalement de la qualité de l'orchestre. Les orchestres régionaux n'ont que très rarement les moyens de réussir l'exploit sur ce type d'oeuvre. D'autre part, mis à part l'orgue (qui est une entorse à cette règle) la majeure partie des plages de ce disque doivent pouvoir être reproduite à niveau réel dans votre salle d'écoute, comme si les musiciens étaient invités chez vous ; ceci exclut la reproduction d'un orchestre qu'il est impossible de reproduire à l'echelle 1 dans une salle de séjour. Nous avons rarement choisi des acoustiques très généreuses pour permettre d'obtenir plus facilement ce résultat.
Il me semblait plus utile d'utiliser des formations simples que le plus grand nombre puisse reconnaître. La chorale d'enfants est un bon exemple : ce n'est pas comparable à Accentus mais une chorale d'enfants de ce type a plus de chances d'avoir été entendue par un plus grand nombre de gens.
Les pièces d'orgues ont été choisies pour leur charme et c'est plutôt la richesse de timbres qui est mise en valeur (pour les alsaciens : il s'agit d'un instrument réalisé par la dynastie alsacienne Calinet). Pour ceux qui recherchent les gros effets, je recommande le Boëllmann de chez Syrius, enregistré sur un instrument de 64 jeux avec 32 pieds.
Les percussions doivent être reproduites à un niveau considérable, les micros n'étant pas placés très loin de l'ensemble. Si vous n'avez pas l'impression que le cerveau se dévisse, c'est que la chaîne manque de ressources. La plage 16 : la batterie doit entrer dans la pièce à niveau réel. Si on n'y met pas les moyens, je comprends que l'on ne trouve pas beaucoup de difficultés à reproduire ce passage. Essayez d'imaginer ce qu'un tel ensemble produirait chez vous. Impossible de discuter normalement. Vous pouvez prendre la caisse claire comme référence pour le réglage du niveau ; elle doit être très sonore, comme une vraie.
Ici, tout est fait pour que chaque pièce puisse être reproduite à son plus juste niveau, les plages réservées aux équipements ultra puissants se situant à la fin du disque. Tous les mélomanes ne recherchent pas la puissance à tout prix.
Cette approche, plutôt pragmatique, s'oppose à ce que l'on rencontre le plus souvent en terme de disques de démo. Pour ma part, je puis vous affirmer que le programme a été construit sans nous préoccuper des enceintes qui allaient servir. Je sais que d'autres constructeurs, y compris aux USA, l'utilisent aussi bien en laboratoire que pour leurs démos parce qu'il s'agit d'un disque sans compromission, pensé comme un outil de travail. J'en suis très honoré !