cleriensis a écrit:Par contre, pour les phénomènes vitaux, forcément très complexes, les différences inter-individuelles sont importantes. Les mesures individuelles imposent une nouvelle notion, la variabilité. Les mesures ne sont plus analysables individuellement, pour l'évaluation il faut faire appel à des populations d'individus et tenir compte de cette variabilité. Les mathématiques proposent des méthodologies d'évaluations développées à partir des notions de probabilités (prévisionnelles) et de statistiques (descriptives). Il n'est pas possible ici de décrire les méthodologies. Mais elles existent et sont fiables à partir du moment où les conditions des tests répondent à des critères précis de réalisation et de crédibilité (p, probabilité de réponse erronée à la question, est inférieure à 5%). Il se trouve que j'ai passé une grande partie de ma carrière professionnelle à organiser, suivre et analyser de tels tests.
J'ai tenté plusieurs fois de me faire comprendre à ce sujet, mais ce domaine est incompris de beaucoup d'audiophiles. Par contre, 55 années de passion pour le son et une bonne vingtaines de configurations originales réalisées sur cahier de charges, m'ont permis de sérieusement envisager, avec l'aide de mon expérience professionnelle, la crédibilité des évaluations subjectives des systèmes de restitution audio, réalisées dans un cadre suffisamment rigoureux .
Un des objectifs des protocoles subjectifs, diminuer les conséquences de la variabilité des perceptions acoustiques, entre autres par évacuation de l'incidence des contenus émotionnels des tests proposés aux auditeurs. J'ai constaté qu'une série logique d'échantillons sonores, très courts, pas forcément tous instrumentaux, sans aucune référence artistiques exclut toute "ingérence" émotionnelle . Chaque auditeur doit utiliser les mêmes items et indiquer son ressenti par les échelles d'évaluation associées, analysées selon les critères prévus par le protocole. C'est technique, complexe, mais adaptable et organisable.
Mon expérience m'a démontré qu'un système finalisé avec un tel échantillonnage, sans faire appel aux perceptions émotionnelles, permet des restitutions, vocales et instrumentales, non seulement très satisfaisantes à l'écoute, mais aussi capables de susciter des émotions très intenses, proches de perceptions "live"... Ceci justifie cela.
Démarche très intéressante, et j'avais bien compris ce que tu disais. Ce que je remets en cause c'est l'analyse objective concernant la perception audio, car comme tu le dis bien et j'adhère totalement, elle fait obligatoirement appel à la mémoire emprunt de notre individualité profonde, façonnée par notre culture nos référents.. etc.. il me semble impossible de s'en débarrasser, et les courts extraits, qui ne favoriseront pas le conditionnement, ne donneront que des résultats aléatoires si ils sont réalisés en aveugle. Quels sont les critères objectifs à analyser dans ta méthodologie qui permettraient de dissocier goût et analyse objective sur une perception sensorielle (purement subjective donc) ? L'analyse mathématique de données mesurées (dans la limite de sa précision propre) ne fait en aucun cas intervenir notre perception auditive et demeure le meilleur moyen objectif pour atteindre un but objectif.. la neutralité d'un système (si c'est le but choisi). Pour le reste, seul le vecteur sensoriel est valable, car après tout chacun peut avoir une vision différente de ce qu'il attend de son système de reproduction sonore, le plaisir final est seul juge, mais pour ne pas se tromper sur cette attente alors la comparaison par conditionnement me semble toute indiquée. Il va de soi que je me fais l'avocat du diable, car j'aime particulièrement les systèmes qui en font un minimum soit les plus neutres possibles et je suis très loin d'un approche audiophile, moi j'aime la musique, pas le son en tant que tel, et seul un système qui s'oublie me permet d'approcher la musique au plus près, déformation professionnelle sans doute. Mais en tous cas je suis très intéressé par ton approche, si par aventure tu organises un évènement du genre, j'en suis. Il n'y a que les idiots qui ne se remettent pas en question
!
"Ce que je remets en cause c'est l'analyse objective concernant la perception audio, car comme tu le dis bien et j'adhère totalement, elle fait obligatoirement appel à la mémoire emprunt de notre individualité profonde, façonnée par notre culture nos référents.. etc.. il me semble impossible de s'en débarrasser, et les courts extraits, qui ne favoriseront pas le conditionnement, ne donneront que des résultats aléatoires si ils sont réalisés en aveugle."
Attention, la variabilité est indispensable à la vie et sa saine évolution ! Toutes les sciences de la vie sont soumises à ses aléas ! Ce qui ne signifie pas que les évaluations, utilisant les techniques mathématiques des probabilités et statistiques, ne sont pas crédibles. Simplement leur approche ne peut être arithmétique et géométrique comme les sciences physiques. Celles ci ne ne se rapportent qu'à des mesures se rapportant à des modèles universellement reconnus, tels la taille, le poids, la pression artérielle, les diverses mesures biologiques... Problème vital, toujours la variabilité inter-individuelle et variabilité temporelle des résultats.Les résultats mesurés sont forcément varient avec les individus, le temps et les conditions environnementales...
Impossible de tirer des conclusion à partir d'un seul cas... On ne peut parler que de populations, de moyennes, écart-type, etc.. L'analyse rapporte obligatoirement à un ensemble d'individus, si possible représentatif de la population prise en référence. Évaluer en utilisant les méthodes probabilistes et statistiques est un métier. Malheureusement arithmétique et géométrie sont plus enseignés dans les collèges et les lycées que probabilités et statistiques. Vraiment l'approche et l'enseignement des sciences ayant trait à la vie me semble approximatif en France. Dommage, les neuro-science évoluent beaucoup depuis quelques années.
Bien sûr, la description d'une population, obtenue par des méthodologies d'évaluation subjective, ne peut se comparer aux mesures physiques, dimensionnelles, d'un objet ou d'un phénomène directement mesurable, comme une onde sonore.
Pour gagner leur crédibilité, les protocoles d'évaluations subjectives prévoient des conditions limites pour la prise en compte des résultats. Le risque de répondre positivement à une question, dans les conditions déterminées par le protocole, alors que la réponse devrait être négative ne doit pas dépasser 5% pour une crédibilité acceptable . Un contrôle du déroulement de l'étude et de sa crédibilité est obligatoirement instauré pour assurer la fiabilité raisonnable des résultats déclarés publiables. Il faut accepter une telle approche comme scientifique, même si elle n'est pas dans la culture de certains ingénieurs. Attention, ces méthodes reposent aussi sur les Mathématiques...
Les méthodes d'évaluation des phénomènes liés à la vie sont donc bien définies, mais complexes. Impossible de les expliquer dans le cadre d'un forum. N'oubliez pas qu'elles impliquent aussi des connaissances en neuro-psycho-physiologie pas faciles à transmettre dans le cadre d'une discussion sur un forum.
Il faut retenir que le but ne peut être une préférence esthétique, mais la réponse à question prévue par le protocole, précise, comparative entre deux configurations écoutées selon une série d'échantillons sonores. On cherche à décrire les points communs qui font consensus et les disparités majeures de perception d'une population, en aucune façon les perceptions individuelles.
En tous cas, nous en sommes à définir la réponse majoritaire à la question posée, après écoute d'un échantillon, simple bruit ou extrait musical, en évitant de faire appel à la mémoire émotionnelle de chaque personne testée. Seuls de très courts échantillons évitent d'intégrer toute notion artistique, donc émotionnelle, dans le jugement des personnes interrogées. Il ne s'agit pas de savoir si l'auditeur préfère Bach ou Haendel.
Pour optimiser mes systèmes acoustiques, à chaque modification de réglage, il s'agit de comparer directement la configuration antérieure et la configuration modifiée et de faire un choix d'après la question posée. J'utilise particulièrement des échantillons "piano", d'une part parce que cet instrument est un des plus difficile à restituer. Et que, faire écouter précisément de simples impacts du marteau sur la corde permet d'évacuer toute notion de plaisir et d'émotion. Par contre, si la question est un choix entre deux perceptions, A ou B, la plus proche de l'expérience vécue d'un piano écouté de près. Très efficace, elle permet de choisir, sans beaucoup d'hésitations ''métaphysiques", avec une bonne fiabilité, une configuration préférée. De proche en proche, suivant une organisation en arbre décisionnel, modification après modification, l'optimisation s'affine.
En fin de démarche, des mesures architecturales contrôlent l'absence de dérives subjectives. Ce n'est qu'ensuite, lorsque la configuration est validée que l'on peut passer aux écoutes d'extraits musicaux et vocaux, plus longs, faisant appel aux ressentis émotionnels, que l'on s'aperçoit que la méthode se solde par une crédibilité réaliste de la restitution, mais aussi d'un ressenti émotionnel intense. Ensuite, libre à chacun de prendre pour base cette neutralité réaliste pour la faire évoluer selon ses propres goûts.
Quelques internautes m'ont suivi dans mes stratégies "R&D". Non seulement ils ont adhéré aux écoutes finales, mais ont débuté une sur-enchère électronique, justifiée par la mise en valeur de la neutralité de leur système acoustique de restitution, jamais remis en cause. Ma propre expérience me l'a montré, cette stratégie a permis de développer une écoute simplement crédible et émotionnelle.
Il est certainement possible de proposer une série de tests qui, appliqués aux écoutes de contrôle d'une organisation comme HC-FR, peuvent permettre une comparaison crédibles d'éléments indépendamment testés.
Des documents de qualité, restitués par une chaîne électro-acoustique rigoureusement optimisée, doivent absolument respecter les messages sonores proposés, perçus sous forme de sons conscients, crédibles et respectueux de la source; et aussi de susciter aux auditeurs, pris individuellement, d'intenses émotions intimes.