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(La) Vie d'Adèle. (Palme d'or 2013)

Message » 01 Nov 2013 19:40

On reprochait pas à Cassavetes de filmer à mort en gros plan. :idee:
tenia54
 
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Message » 01 Nov 2013 20:40

Tout d'abord, j'ai plutôt aimé La Vie d'Adèle, je partage pas mal ce qui a été écrit ici. Je me suis simplement amusé à caricaturer ses travers.

J'ai effectivement du mal avec les films qui n'ont que des gros plans. Je conserve un souvenir effroyable d'un film qui avait pourtant été encensé à l'époque par la critique, Les Démons à ma porte, parce que, avec ses cadrages serrés, le film perdait une bonne part de son impact par manque de contraste.
Le cadrage d'un plan a une valeur intrinsèque mais aussi une valeur par rapport à ce qui précède et ce qui suit. C'est comme un poète ou un dramaturge qui utilise la prose, l'alexandrin, des vers d'autres mètres. Quand tout est en alexandrins, ça devient la norme, la "prose" de cet auteur, il y a une monotonie.
Je me suis une fois retrouvé par le plus grand des hasards en compagnie d'une connaissance à une avant-première de "Fin août, début septembre" d'Olivier Assayas. La séance organisée par les Cahiers, à la Cinémathèque de Chaillot avec Assayas, Balibar et Berling. Le type en question a attendu vers la fin du débat et a posé la question à Assayas :
"Mais pourquoi faites-vous autant de gros plans dans ce film ?
- Je tenais à être au plus près du visage des acteurs, ce qui comptait pour moi, c'était de capter une émotion au plus serré. Et puis (air à la fois timide et quelque peu pompeux), Bergman avait un usage intéressant des gros plans.
- Oui, mais la différence, c'est que Bergman opposait le gros plan à des plans moyens ou à des plans d'ensemble, et c'est justement ce qui manque dans votre film—"
Et c'est là que le rédac chef des Cahiers balance : "Bon, question suivante ?"
Quelques mois plus tard, j'ai vu Sonate d'automne de Bergman, et j'ai compris ce que mon ami voulait dire. Vers les deux-tiers du film, il y a un effet de contraste entre deux plans (avec l'apparition de la seconde fille) qui s'avère vraiment saisissant.

Sinon, il y a aussi le mot de Spielberg sur Kubrick et l'usage des gros plans : il en faisait relativement peu mais chacun d'entre eux était alors justifié et avait un impact en proportion.
Chez Cassavetes, à part peut-être dans Faces (évidemment), il y avait une majorité de gros plans, mais ça n'est pas systématique, et il y a aussi le fait qu'il avait tendance à démarrer une scène in medias res, donc comme si c'était une bribe qui avait surnagé, là où Kechiche est plus conventionnel au niveau de la structure du scénario.
Sledge Hammer
 
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Message » 03 Nov 2013 15:52

C'est marrant que tu parles de Sonate d'automne, parce que je l'ai vu la semaine passée, et ai surtout remarqué les gros plans plus que le contraste entre gros plans et plans moyens. J'ai fait des captures pour mon test, et toute la 2e moitié du film, à part l'épilogue, t'as l'impression que c'est intégralement filmé en gros plan. Alors oui, il y a dans Sonate des plans moyens et des plans larges, mais y en a aussi dans La vie d'Adèle.
Promis, quand le film sortira en vidéo, j'essaierai de calculer le % de chaque type de plan VS Sonate d'automne. :mdr:
tenia54
 
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Message » 03 Nov 2013 17:23

Dans le passé gros plans étaient synonyme de Séries TV,car ils se sont aperçus que vu la petite taille des écrans TV ,il était impossible de filmer comme au cinema, donc il a fallut réinventer une façon de filmer pour qu'on voit ce qui passe a l'écran,avec pas trop d’élément a l'image , et puis vu les budgets ça évitait de construire de grands décors

Sans parler que les films en scope étaient pan & scan pour les écrans 3/4, ce qui faussait complétement la composition originelle de l'image

De ce fait les réalisateurs se sont souvent inspirés de cette façon de filmer,consciemment ou pas

Tarantino qui a été abreuvé de videos pan&scan ,je me demande tant quelle mesure ce massacre a influencé sa façon de filmer !

Un réalisateur comme Ken Loach film de loin ses acteurs pour ne pas les agrésser avec sa caméra ,il y a peu de gros plans chez lui sauf si c'est indispensable !

Beaucoup de réalisateurs citent Bergman comme exemple et pour légitimer leur choix (a croire qu'ils n'ont pas confiance en eux),mais peu ont sa maitrise, sans parler que lui pouvait faire un film sur la religion sans tomber dans les travers habituels du sujet

Que de réalisateurs qui se la jouent aider par des critiques qui les soutiennent !
jhudson
 
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Message » 28 Mar 2015 13:24

tenia54 a écrit:On reprochait pas à Cassavetes de filmer à mort en gros plan. :idee:


mouais enfin comparer du Cassavetes à un film ou l'on voit une famille française en train de manger des spaghettis à la bolognaise tout en regardant "Question pour un champion"... la scène du film quoi... Le cinéma français quoi..... :roll:

J'ai tenu 10mn, peut être 20, j'ai pas calculé...
Je passe effectivement les gros plans (les comédiens ont du se taper une sacré migraine à passer les journées le nez collé contre le filtre de la caméra... :roll: ) des images dont la construction et l'écriture n'est relié à aucun message derrière (le plan qui suit la jeune héroïne dans la rue avec un flou d'arrière plan véhicule une atmosphère de suspens alors qu'en fait elle marche juste dans la rue et qu'il ne se passe juste rien...) en gros on filme comme ça parce que ça donne un genre au film.... :roll: :roll:
J'ai arrêté à la première scène hard, lorsqu'on aperçoit un sexe d'homme, je suis pas un père la pudeur, (même si dans mon cadre de référence la nudité des attributs masculins était le critère de la pornographie pour la censure), mais passer 2h devant mon écran à voir des gens discuter je peux tout aussi bien le faire à une terrasse de café, ça me coutera pas le prix d'une place de ciné.... :roll:

Note, les 2 jeunes comédiens qui se donnent la réplique sont plutôt spontanés et convaincants.... comme quoi quand on recrute ailleurs qu'à la télé réalité il y a des gens qui ont le sens et l'envie de la comédie.

Étonnant de voir l'écart sidéral entre ce que fait Spielberg et ce cinéma auquel son jury a décerné la palme d'or à Cannes, pourtant entre le soldat Ryan et Questions pour un champion ben c'est pas tout à fait le même registre....
A oublier rapidement
chicken run
 
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Message » 29 Mar 2015 12:57

Passe prendre un café au Flore ou au café de la Paix, tu verras si ça ne coute pas le prix d'une pace de cinéma :)

Si tu as envie de lire l'histoire origin(elle/ale) de 'La vie d'Adèle", lit la BD "Bleu est une couleur chaude" (de Julie Maroh), tu passeras un bon moment et détesteras encore plus le film - ce qui est mon cas. D'une BD sensible il en a fait un truc froid et branchouille.

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Eldudo
 
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