[REAL] Nikita Mikhalkov
Nikita Mikhalkov réalisateur russe né en 1945, est probablement l'un des réalisateurs de cinéma contemporains maitrisant le mieux l'aspect formel du cinéma, sublimant chaque plan, jouant comme personne de la lumière, développant un style à la fois profond et contemplatif de l'âme humaine, pour produire au total un cinéma léché à l'opposé du film de divertissement, lent, poétique, précieux, sondant le tréfonds de l'âme humaine, bref la quintessence de la Russie artistique éternelle.
Surtout connu en Europe pour cette magnifique coproduction franco/italo/russe de 1987, "les yeux noirs" film bucolique et éthéré ou Marcello Mastroianni, sublime, donne la réplique à Chiara sa fille et surtout à la trop oubliée Marthe Keller, actrice magnifique, qui n'a pas eu la carrière qu'elle méritait, Mikhalkov n'était alors pas le premier venu.
En effet, quelques solides réalisations antérieures l'avaient bien situé sur les cartes du cinéma, notamment le très formel "quelques jours dans la vie d'Oblomov" tiré du livre de Goncharov
en 1979, en plein soviétisme crispé, à une époque ou les grands et rares réalisateurs russes connus en Occident cachaient leurs émotions à fleur de peau derrière des images léchées et splendides et relativement inégalées aujourd'hui, ou chaque plan ferait un tableau de maître comme Tarkovsky (le plus grand !) ou le totalement oublié Vladimir Menchov, Oscar du meilleur film étranger pour "Moscou ne croit pas aux larmes" en 1980 film sublime qu'il faut absolument voir. "La perestroïka a, dit-on, levé toute censure, ce qui a entraîné au cinéma vulgarité et mauvais goût. Aujourd'hui, Tarkovski n'existerait pas. On ne le censurerait pas pour raisons idéologiques, mais pour raisons financières". Mikhalkov dixit !
Son plus beau film post perestroika est probablement Urga, en 1991, Lion d'or à Venise, Césiar du meilleur film étranger
Fresque splendide en deux parties sur la quête étrange d'un jeune mongol tout droit sortie de sa steppe originelle, en quête de préservatifs et d'une télévision dans la ville. Encore une fois sublime d'un point de vue formel, avec des plans d'une beauté inouïe, le film n'oublie pas de s'attarder sur l'évolution du monde métaphorisé par cette recherche de la modernité du jeune cavalier.
Récupéré par l'actuel pouvoir russe, Mikhalkov est désormais un ardent défenseur de l'action de M. Poutine et s'est enfoncé dans la tranquilité officielle de la certitude en étant président de la société des réalisateurs russes.
