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Musique enregistrée : BLURAY, CD & DVD musicaux, interprètes...

Vos conseils : du classique, mais plutot du violon

Message » 08 Aoû 2002 19:19

Messieurs,

Je m'interresse depuis peu a la musique classique. C'est pourquoi j'ai lu de nombreux threads sur ce sujet et j'ai pris note de plusieurs references de CD que vous proposiez (Merci Haskil et Scytales ...).
Mais voila, la plupart des CD que vous conseillez sont des morceaux de piano en tout cas a 80% ...
Seulement, moi le piano apres 10 min ca me saoule et me donne mal a la tete :o ... (ex Tableaux d'une exposition).
Par contre dans un des threads, j'ai note les refs d'un CD que j'ai achete :

Concerto Violon (Bernstein : Serenade)
Beethoven chez Sony Classical.

ben ... la c'etait beau :) ... melodieu ... :lol: c'etait du violon quoi (le plus bel instrument a mon humble avis) pas ce ^$)")-ç de piano :evil: (comprends pas pq ca marche autant ....) qui me semble etre un instrument barbare .... mais bon tous les gouts sont dans la nature !!!!

Pourriez vous messieurs, me conseiller d'autres oeuvres ... plutot orientees violon voire + orchestral

Merci

Ps : comment se forme votre culture classique ??? comment arrivez vous a dire telle morceau jouer par tel interprete avec tel maitre d'orchestre est bien meilleur que X ... vous avez une memoire phenomenale !!!!! Y a des lectures saines pour entrer dans ce monde ????

Re - Merci :wink:
Seytan
 
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Message » 08 Aoû 2002 21:52

Bon, je tente une réponse qui sera, je n’en doute pas complétée par les mentionnes ci-dessus.
Pour le violon, je te conseille le concerto de Brahms avec C.Ferras et Karajan (DG) de même que les quatre symphonies par …Karajan, Jochum par exemple. Les concerto pour violon de Beethoven, Mendelssohn, Elgar, Tchaïkovski qui sont les plus connus (je ne te conseille pas d’interprètes particuliers, d’autres s’en chargerons). Et toutes les grandes symphonies :
- 5eme de Beethoven, 9eme.
- Fantastique de Berlioz
- Nouveau monde de Dvorak
- Inachevée de Schubert
Le Top 50 des symphonies …
Tu peut aussi pour diversifier essayer des quatuors, trios (bien sur sans piano, cet instrument bizarre à 88 notes …).
Pour ce qui est de l’apprentissage des interprétations, y’a pas de secrets, il faut écouter, re-écouter, comparer etc…et surtout ne pas te laisser influencer par d’autres dans le choix de tes interprétations préférées, l’appréciation d’une interprétation étant de toute façon très subjective (tu peut toutefois faire confiance aux personnes de ce forum qui savent de quoi ils parlent et qui garantissent une interprétation de qualitée de toutes façons).
Au niveau des lectures, je pense que la lecture régulière des magazines musicaux spécialisés tel que Piano Magazine (je plaisante !), Diapason (comment ne pas le cité) Répertoire et Classica , j’ai oublié le Monde de la Musique, qui présentent des « discothèques idéales » pour diverses œuvres sont enrichissantes de même que les critiques des CD récemment sortis qui explique pourquoi tel interprétation est réussie ou pas.
Voilà, en tous les cas, moi j’ai commencer comme ça et je commence à avoir une petite culture musicale modeste (bien inférieure à qqs uns ici).
Ps : si tu a le temps écoute l’émission un « pavé dans la mare » sur France Musique le dimanche de 15h à 18h qui oppose plusieurs versions d’une même œuvre et tentent d’en ressortir la « meilleure ».
lipatti
 
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Message » 08 Aoû 2002 22:05

Bonjour Seytan et bienvenu parmis nous!

Que de questions dans ton post!

Tout d'abord, ne craint rien de ne pas aimez le piano. L'amour vrai vient avec l'âge et l'expérience, ou la culture musicale comme tu l'appelles. Et la culture... ça se cultive! Il n'y a que de cette façon que l'on peut la faire croître!

Le meilleur moyen de la cultiver est d'entretenir l'esprit de curiosité. :wink:

Tient, je commence à explorer la musique contemporraine (Carter, Xenakis, Varèse, ...); je suis encore rétif à certain de ses aspects, mais j'y découvre des modes de composition qui ne me laissent pas indifférent. Peut-être qu'avec la connaissance, je finirais par écouter cette musique autrement qu'avec mon cerveau.

Parmis la musique contemporraine, il est un concerto pour violon et orchestre que j'ai particulièrement apprécié: l'Offertorium, de Sophia Goubaïdoulina, basé sur le Thema Regium de l'Offrande musicale de J.S. Bach. Il parraît que la version de Gidon Kremer, grand défenseur de la musique de notre temps devant l'Eternel, est une interpétation de référence (DG 427 336-2). Je ne l'ai pas encore achetée, mais il faut bien être curieux!

Parmis les concerti pour violon et orchestre, mon préféré est le premier du genre de D.D. Chostacovitch. Le deuxième est très bons aussi, mais le premier est véritablement bouleversant. Pour moi, c'est le plus grand concerto pour violon et orchestre qui a été composé (Je n'impose rien, je donne juste mon avis!). La cadence qui unit les troisième et quatrième mouvement (Eh! oui! C'est en quatre mouvements au lieu des trois habituels) est une expérience unique. Murmure introspectif sur un tempo languissime qui croit et s'agite progressivement vers une frénésie d'une tension extrême. Cinq minute pendant lesquels le violoniste doit soutenir sur ses épaules l'empathie de toute une salle de concert. C'est fantastique. Mais il faut il en avoir dans son bras pour captiver ainsi l'attention sur une cadence si longue et si lente! Oïstrakh (le dédicataire des deux concerti pour violon de Chostakovitch) n'en manquait sûrement pas, mais il y a tant de versions! Je n'en ai entendu qu'une, à la radio, et encore seulement le finale: une tornade incroyable sur un thème d'allure populaire, tout le contraire de la cadence: 4 min où il se répète et accélère d'épisode en épisode. Ebourrifant! J'en suis tout émoustillé rien que d'écrire sur ce concerto! (Enfin, je ne suis peut-être pas le plus objectif pour parler de la musique de Chostakovitch, car j'entretiens avec ce compositeur des rapports presque freudiens!!). Puisque l'on m'en voudrait de ne pas donner de versions, je ne peux que citer celle de Lydia Mordkovitch avec l'Orchestre Royal d'Ecosse dirigé par Neeme Järvi, qui est la seule que je possède, et que je trouve admirable (Plus Mordkovitch que l'orchestre, mais Järvi est très loin de démériter; malheureusement, prise de son CHANDOS, surréverbérée, comme d'habitude :cry: : CHAN8820).

Evidemment, dans le registre concertant on ne peut pas ne pas citer le trio gagnant populaire: Tchaïkoski/Mendelssohn-Bartholdy (n°2)/Sibélius. Je ne me hasarde sur aucune version, n'ayant pas même encore exploré toute ma propre discothèque (!), si ce n'est pour celui de Sibélius, dont j'apprécie beaucoup la version Ferras/Karajan chez DG (419 871-2, peut-être remasterisée dans la série The Originals?). Ah Oui! Sur ce concerto, il existe aussi une vidéo de la fameuse série des Concerts pour les Jeunes de Bernstein (Une série à recommander à tout ceux qui voudraient découvrir la musique classique: Bernstein est un merveilleux ciceronne). Une interprétation incandescente d'un jeune violoniste roumain. Mais Diable! Je ne sais pas s'il a enregistré ce concerto avec Leny!

Mais il y a d'autres concerti évidemment (Brahms, un peu difficile d'accès, Bruch, ...)!

Alors, pour ce qui est de la musique pour violon seul, il y a Les Partitas de Jean-Sébastien Bach! Un véritable chef-d'oeuvre, au sens le plus noble du terme. J'ai été ému par l'interpétation de la Chaconne par Hilary Hahn (Et je salue au passage cet ami qui ma l'a fait découvrir, qui lit parfois ce forum sans encore oser s'y inscrire alors qu'il pourrait apporter pas mal de chose à la section CD Audio... et qui se reconnaîtra évidemment à ce portrait!). A propos de la belle Hilary, haskil ne manquera pas de recommander (si ce n'est déjà fait entre la rédaction de ce trop long post et sa mise en ligne :wink: ) "son" concerto de Beethoven.

Il y a aussi les Caprices de Paganini, mais je pense qu'un grand amateur de violon comme toi doit les connaître :wink:

Il ne faut pas négliger la musique de chambre, qui te fera peut-être considérer que le violon n'est pas le seul "plus bel instrument". Par exemple, dans des quatuors à cordes, où tu découvriras (si pas déjà fait) les sonorités chaudes et veloutés du violoncelle, la modestie noble et altière de l'alto: Mozart (Quatuors et surtout quintettes à cordes et avec clarinette), Chostacovitch encore, inébranlable explorateur des tréfonds torturés de l'humanité, Beethoven insondable sondeur de son âme torturé (j'en suis convaicu à présent), Haydn!, ...

Je plaide pour ma paroisse: j'aime bien les Talich chez Calliope, parfois les Lindsays chez ASV (Mozart), les Beethoven, les Glinka, les Borodine (Chostakovitch) chez Praga (entre autre).

Il y a bien d'autres pans de la littérature pour violon ... dont beaucoup de très belles choses avec piano (Sonate de Brahms ou encore trios de Schubert, avec les symbiotiques Stern, Rose et Istomin, par exemple, chez Sony revu et corrigé en SBM 20 bits de très belle manière). L'un de ces pans, que j'aime particulièrement, comporte les pièces pour violon et orgue. Là il faut rechercher dans la musique baroque.

Mais bon, je m'arrête là, il est bientôt l'heure d'aller me coucher pour pouvoir me réveiller demain pour aller au boulot!
Dernière édition par Scytales le 09 Aoû 2002 16:17, édité 1 fois.
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Message » 09 Aoû 2002 1:47

Quelques interpretations que j'aime beaucoup :

- Max Bruch / Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n. 1 / Concerto pour violon en mi mineur - Maxim Vengerov, Kurt Masur - TELDEC

- Mozart: les 5 concerti pour violon - Josef Suk - RCA

- Beethoven: Concerto pour violon - Itzhak Perlman, Guilini - EMI

- Beethoven / Brahms: Triple concerto pour violon, violoncelle et piano / Double concerto pour violon et violoncelle - Oistrakh, Rostropovich, Richter, Karajan, George Szell

Mais aussi, la sonate Arpegionne pour piano et violoncelle de Schubert, les sonates pour violon et piano de Schumann (superbe interpretation de Kremer et Argerich) et les sonates pour violon et piano de Beethoven, pour se reconcilier avec le piano :)
Erik
 
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Message » 09 Aoû 2002 9:49

bonjour,

pour résumer ce qu'ont pu dire les précédents intervenants, je confirme qu'il vaut mieux commencer par les grands concertos incontournables de tchaikoski, mendelssohn, sibelius, brahms et beethoven.

quant aux interprétations, c'est difficile car ces oeuvres ont été très souvent enregistrées, je laisse le soin à haskil de donner des références.
en tout cas , il pourra certainement te donner des versions de référence en collection économique. sinon pour débuter, on peut se fier le plus souvent aux récompenses (diapason d'or, choc le monde de la musique, 10 de répertoire, évènement télérama........).

dans un second temps, oriente toi vers les oeuvres de bach pour violon (sonates et partitas, concertos), les concertos de mozart, le concerto de bruch, les oeuvres de paganini.....

voilà mes quelques conseils

cordialement

Jérôme
claram
 
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Message » 09 Aoû 2002 10:21

Erik a écrit:- Max Bruch / Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n. 1 / Concerto pour violon en mi mineur - Maxim Vengerov, Kurt Masur - TELDEC


Tout pareil! Je citerais aussi aussi, Viktoria Mullova avec l'Academy of Saint-Martin in the Fields dirigée par Nevil Marriner, chez Philips. Avec en "bonus", le premier concerto de Mendelssohn, peut-être encore plus essentiel que le second sur ce disque.

Et pour Bruch, j'aime bien aussi Grumiaux au violon, chez Philips toujours.
Scytales
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Message » 09 Aoû 2002 14:44

je peux aussi citer, pour le cto de Brahms, Menuhin et Furtwängler chez Emi (3° mouvement ébouriffant), le cto de Beethoven toujours par Menuhin, Furtwängler (pas taper, pas taper) toujours chez EMI ou Testament....

et pour celui de Bruch, la version EMI de Perlman couplé avec celui de Mendelssohn, mais je ne sais plus qui dirige, mince, le trou....

et les sonates pour violon-piano de Brahms par Perlman/Barenboim en live chez Sony (pourtant dieu sait si j'aime pas Barenboim en chef, mais là, au piano, peuchère que c'est beau)....
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Message » 09 Aoû 2002 15:04

[quote="BrunoLev"]je peux aussi citer, pour le cto de Brahms, Menuhin et Furtwängler chez Emi (3° mouvement ébouriffant), le cto de Beethoven toujours par Menuhin, Furtwängler (pas taper, pas taper) toujours chez EMI ou Testament....

Mais non pas taper, c'est très beau! Bon, mais je préfère Hilary Hahn : stupéfiante dans ce concerto : quand je l'ai fait entendre à un ami violoniste à l'opéra : il a fondu en larmes... et a courru acheter ce disque à la Fnac. En revanche Perlman/Giulini : bof... quand leur concerto de Brahms est admirable. Et ne pas oublier Oïstrahk et Klemperer (ils ne se sont pas entendus, mais ça ne s'entend pas!)

et pour celui de Bruch, la version EMI de Perlman couplé avec celui de Mendelssohn, mais je ne sais plus qui dirige, mince, le trou....

M'en rappelle pas non plus. Cela dit, la version de Masur et Vengerov est à tomber par terre : le meilleur disque du p'tit après ceux des débuts. car les suivants... :evil:

et les sonates pour violon-piano de Brahms par Perlman/Barenboim en live chez Sony (pourtant dieu sait si j'aime pas Barenboim en chef, mais là, au piano, peuchère que c'est beau)....

Barenboïm? C'est un chef? Déjà que c'est un pianiste pas franchement inoubliable, mais il est vrai qu'en musique de chambre il peut être moins fin copieur de ses aînés que quand il est seul face au clavier. Du joli piano qui ne s'élève que rarissimement au dessus du mille fois entendu...

Sinon, un grand disque de violon : Poème de Chausson par Heifetz, ainsi que son Tchaïkovski et sa fantaisie écossaise de Bruch (au milieu d'autres merveilles) chez RCA . Que celui qui ne pleure pas quand le violon entre dans le chausson (!) et dans la fantaisie de Bruch, lève le doigts.

Et dans le genre vieillerie : Ginette Neveu et bien sur Menuhin for ever, mais si quasi tous les Menuhin d'avant-guerre sont sublimes, après faut trier et sévère. Avec Furt : oui (y compris Bartok), avec les autres.... et passé 1960....

Sinon parmi les jeunes Joshua Bell est épatant... mais il y en a plein d'autres... chez les anciens comme ceux des années 60 à 80, comme chez certains jeunes...

Alain :wink:
haskil
 
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Message » 09 Aoû 2002 20:42

Scytales a écrit:Tout d'abord, ne craint rien de ne pas aimez le piano. L'amour vrai vient avec l'âge et l'expérience, ou la culture musicale comme tu l'appelles. Et la culture... ça se cultive! Il n'y a que de cette façon que l'on peut la faire croître!

Le meilleur moyen de la cultiver est d'entretenir l'esprit de curiosité. :wink:


Tu ne vas pas me dire que je vais finir par aimer le piano ???? :D
Non en fait, le piano ne me derange pas a dose reduite, mais ecouter tout un CD de 'solo' piano ... non merci tres peu pour moi :wink:

Scytales a écrit:Parmis la musique contemporraine, il est un concerto pour violon et orchestre que j'ai particulièrement apprécié: l'Offertorium, de Sophia Goubaïdoulina, basé sur le Thema Regium de l'Offrande musicale de J.S. Bach. Il parraît que la version de Gidon Kremer, grand défenseur de la musique de notre temps devant l'Eternel, est une interpétation de référence (DG 427 336-2). Je ne l'ai pas encore achetée, mais il faut bien être curieux!

Parmis les concerti pour violon et orchestre, mon préféré est le premier du genre de D.D. Chostacovitch. Le deuxième est très bons aussi, mais le premier est véritablement bouleversant. Pour moi, c'est le plus grand concerto pour violon et orchestre qui a été composé (Je n'impose rien, je donne juste mon avis!). La cadence qui unit les troisième et quatrième mouvement (Eh! oui! C'est en quatre mouvements au lieu des trois habituels) est une expérience unique. Murmure introspectif sur un tempo languissime qui croit et s'agite progressivement vers une frénésie d'une tension extrême. Cinq minute pendant lesquels le violoniste doit soutenir sur ses épaules l'empathie de toute une salle de concert. C'est fantastique. Mais il faut il en avoir dans son bras pour captiver ainsi l'attention sur une cadence si longue et si lente! Oïstrakh (le dédicataire des deux concerti pour violon de Chostakovitch) n'en manquait sûrement pas, mais il y a tant de versions! Je n'en ai entendu qu'une, à la radio, et encore seulement le finale: une tornade incroyable sur un thème d'allure populaire, tout le contraire de la cadence: 4 min où il se répète et accélère d'épisode en épisode. Ebourrifant! J'en suis tout émoustillé rien que d'écrire sur ce concerto! (Enfin, je ne suis peut-être pas le plus objectif pour parler de la musique de Chostakovitch, car j'entretiens avec ce compositeur des rapports presque freudiens!!). Puisque l'on m'en voudrait de ne pas donner de versions, je ne peux que citer celle de Lydia Mordkovitch avec l'Orchestre Royal d'Ecosse dirigé par Neeme Järvi, qui est la seule que je possède, et que je trouve admirable (Plus Mordkovitch que l'orchestre, mais Järvi est très loin de démériter; malheureusement, prise de son CHANDOS, surréverbérée, comme d'habitude :cry: : CHAN8820).

Evidemment, dans le registre concertant on ne peut pas ne pas citer le trio gagnant populaire: Tchaïkoski/Mendelssohn-Bartholdy (n°2)/Sibélius. Je ne me hasarde sur aucune version, n'ayant pas même encore exploré toute ma propre discothèque (!), si ce n'est pour celui de Sibélius, dont j'apprécie beaucoup la version Ferras/Karajan chez DG (419 871-2, peut-être remasterisée dans la série The Originals?). Ah Oui! Sur ce concerto, il existe aussi une vidéo de la fameuse série des Concerts pour les Jeunes de Bernstein (Une série à recommander à tout ceux qui voudraient découvrir la musique classique: Bernstein est un merveilleux ciceronne). Une interprétation incandescente d'un jeune violoniste roumain. Mais Diable! Je ne sais pas s'il a enregistré ce concerto avec Leny!

Mais il y a d'autres concerti évidemment (Brahms, un peu difficile d'accès, Bruch, ...)!

Alors, pour ce qui est de la musique pour violon seul, il y a Les Partitas de Jean-Sébastien Bach! Un véritable chef-d'oeuvre, au sens le plus noble du terme. J'ai été ému par l'interpétation de la Chaconne par Hilary Hahn (Et je salue au passage cet ami qui ma l'a fait découvrir, qui lit parfois ce forum sans encore oser s'y inscrire alors qu'il pourrait apporter pas mal de chose à la section CD Audio... et qui se reconnaîtra évidemment à ce portrait!). A propos de la belle Hilary, haskil ne manquera pas de recommander (si ce n'est déjà fait entre la rédaction de ce trop long post et sa mise en ligne :wink: ) "son" concerto de Beethoven.

Il y a aussi les Caprices de Paganini, mais je pense qu'un grand amateur de violon comme toi doit les connaître :wink:

Il ne faut pas négliger la musique de chambre, qui te fera peut-être considérer que le violon n'est pas le seul "plus bel instrument". Par exemple, dans des quatuors à cordes, où tu découvriras (si pas déjà fait) les sonorités chaudes et veloutés du violoncelle, la modestie noble et altière de l'alto: Mozart (Quatuors et surtout quintettes à cordes et avec clarinette), Chostacovitch encore, inébranlable explorateur des tréfonds torturés de l'humanité, Beethoven insondable sondeur de son âme torturé (j'en suis convaicu à présent), Haydn!, ...

Je plaide pour ma paroisse: j'aime bien les Talich chez Calliope, parfois les Lindsays chez ASV (Mozart), les Beethoven, les Glinka, les Borodine (Chostakovitch) chez Praga (entre autre).

Il y a bien d'autres pans de la littérature pour violon ... dont beaucoup de très belles choses avec piano (Sonate de Brahms ou encore trios de Schubert, avec les symbiotiques Stern, Rose et Istomin, par exemple, chez Sony revu et corrigé en SBM 20 bits de très belle manière). L'un de ces pans, que j'aime particulièrement, comporte les pièces pour violon et orgue. Là il faut rechercher dans la musique baroque.

Mais bon, je m'arrête là, il est bientôt l'heure d'aller me coucher pour pouvoir me réveiller demain pour aller au boulot!


Bonne nuit !!!!
Seytan
 
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Message » 12 Aoû 2002 1:17

Vraiment, pour commencer, le concerto pour violon de Mendelssohn + Bruch par Vengerov est idéal.

Très mélodique, facile d'accès, superbement joué.

Tu me remercieras...
KHOI
 
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du classique, mais plutot du violon

Message » 12 Aoû 2002 3:02

bon ben y en a pour tous les gouts dans ce forum !
j'ai vu certaines remarques trés interessantes.
J'ai fait un jour le même choix de m'interresser seul à la musique classique.
j'ai commencé par la musique religieuse(Messe, Requiem,Cantates,Passions)...LA MESSE EN SI Mineur de JS BACH++++(versions c'est plus difficile pas de versions"idéales" celle de P Herrewegue avec A Scholl chez Harmunia Mundi est fantastique pour moi)
Répertoire me parait la revue la plus sérieuse mais attention au lobbying dans le milieu des revues de musique classique !! il existe aussi des guides que l'on peut trouver au comptoir classique de la FNAC.Fait confiance aux vendeurs classiques de la FNAC: ce sont souvent des passionnés et il connaissent bien la discographie.

mais de toute façon il te faudra faire des choix( douloureux parfois[pour le porte-monnaie] : je dois avoir 7 versions de la symphonie n°8 de Bruckner) mais aussi quelquefois même économiques.
Notamment je te conseille effectivement de commencer par la musique baroque et notamment par Bach et les sonates pour violon seul (la référence ultime étant pour moi Nathan Milstein chez DG).Tu en as déjà pour un bon moment...Ceci pourra te permettre d'écouter le plus grand morceau de violon de l'histoire de la musique: La partita n°2. D'emblée tu pourra écouter la Sonate pour violon seul de Bartok(si possible par son dédicataire Yehundi Menuhin chez EMI;il existe une version réçente par G. Poulet vraiment bien...)
Mon deuxième choix se porterait sur les 5 concertos pour violon de MOZART par ISAAC STERN chez SONY Classical : un must souvent trouvable d'occaz. Le concerto n°5 me fait pleurer à chaque fois.
Aprés tout est question de feeling. Le répertoire est immense...Ta personnalité doit guider tes choix et de toute façon une fois qu'on est habitué à une interprétation difficile de changer...
Tu pourras adorer les sonates pour violon et piano de Beethov,de finalement tous les compositeurs romantiques qui ont fait énormément de musique de chambre...les quatuors de Haydn+++,Mozart+++,Schubert(la jeune fille et la mort).les quatuors de Bartok et de Chosta mais on rentre dans le contemporain et ça devient plus hard...
Les meilleurs concertos romantiques sont sans conteste ceux de Bruch,Meldelsohn(VENGEROV fantastique TELDEC), Tschaikovsky(Milstein DG). Le concerto de Beethoven par Milstein encore. j'ai un énorme faible pour le concerto pour violon de Schuman mais uniquement par Gidon Kremer extremment lent et respectueux des tempos du compositeur (Premier mouvement totalement incroyable...)
Après tu as les concertos pour violon de Prokoviev et Stravinsky(TELDEC chef ESA PEKKA SALONEN)
Moi j'adore le violon contemporain et par exemple les 2 concertos pour violon de Szymanowsky chez EMI sont extraodinaires ...
De même les oeuvres pour violon de Penderecki(EMI) : musique de tous les films d'horreur depuis 20ans (Shining et j'en passe...).Tu as des trucs fantastiques de Lutowslasky et Anne sophie Mutter chez DG mais bon toute cette musique c'est pas forcément à mettre entre toutes les oreilles surtout quand on commence...
on en aurait pour la nuit s'il fallait de donner tout ce que j'aime...
Juste un dernier conseil pour élargir ton répertoire...
Les suites pour violoncelle seul de JS BAch par A.Bylsma(SONY).la meilleure à mon gout (avec celle de P Fournier chez DG).
pour le Piano peut-être que commencer par Mussorsky n'est pas la meilleure idée car ça sonne déjà très moderne et çà l'est...
J'adore le concerto n°2 de Rachmaninov par S.Richter(DG) avec un chef polonais (ROWICKi). C'est vraiment là que tu te dis que Richter est un type génial...et c'est peu dire...
Bon voilà un tour court du répertoire des concertos pour violon qui valent le coup. je pourrais rajouter un des tes compatriotes : le bon VIEUXTEMPS c'est pas mal mais ç'est pas trop mon truc...
un coup de coeur particulier pour Janacek (Messe glagolitique et toutes ces oeuvres de musiques de chambre et sa musique pour piano (sonate 1905). Janacek c'est ENORME...
Tu auras peut-être remarqué une certaine faiblese pour la musique slave et allemande : on peut tout renier sauf de la où on vient...
Ecoute si tu peux Malher en commençant par la symphonie 1,3 et 4....(HAITINK)


:D
hrytchou
 
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du classique, mais plutot du violon

Message » 12 Aoû 2002 3:02

bon ben y en a pour tous les gouts dans ce forum !
j'ai vu certaines remarques trés interessantes.
J'ai fait un jour le même choix de m'interresser seul à la musique classique.
j'ai commencé par la musique religieuse(Messe, Requiem,Cantates,Passions)...LA MESSE EN SI Mineur de JS BACH++++(versions c'est plus difficile pas de versions"idéales" celle de P Herrewegue avec A Scholl chez Harmunia Mundi est fantastique pour moi)
Répertoire me parait la revue la plus sérieuse mais attention au lobbying dans le milieu des revues de musique classique !! il existe aussi des guides que l'on peut trouver au comptoir classique de la FNAC.Fait confiance aux vendeurs classiques de la FNAC: ce sont souvent des passionnés et il connaissent bien la discographie.

mais de toute façon il te faudra faire des choix( douloureux parfois[pour le porte-monnaie] : je dois avoir 7 versions de la symphonie n°8 de Bruckner) mais aussi quelquefois même économiques.
Notamment je te conseille effectivement de commencer par la musique baroque et notamment par Bach et les sonates pour violon seul (la référence ultime étant pour moi Nathan Milstein chez DG).Tu en as déjà pour un bon moment...Ceci pourra te permettre d'écouter le plus grand morceau de violon de l'histoire de la musique: La partita n°2. D'emblée tu pourra écouter la Sonate pour violon seul de Bartok(si possible par son dédicataire Yehundi Menuhin chez EMI;il existe une version réçente par G. Poulet vraiment bien...)
Mon deuxième choix se porterait sur les 5 concertos pour violon de MOZART par ISAAC STERN chez SONY Classical : un must souvent trouvable d'occaz. Le concerto n°5 me fait pleurer à chaque fois.
Aprés tout est question de feeling. Le répertoire est immense...Ta personnalité doit guider tes choix et de toute façon une fois qu'on est habitué à une interprétation difficile de changer...
Tu pourras adorer les sonates pour violon et piano de Beethov,de finalement tous les compositeurs romantiques qui ont fait énormément de musique de chambre...les quatuors de Haydn+++,Mozart+++,Schubert(la jeune fille et la mort).les quatuors de Bartok et de Chosta mais on rentre dans le contemporain et ça devient plus hard...
Les meilleurs concertos romantiques sont sans conteste ceux de Bruch,Meldelsohn(VENGEROV fantastique TELDEC), Tschaikovsky(Milstein DG). Le concerto de Beethoven par Milstein encore. j'ai un énorme faible pour le concerto pour violon de Schuman mais uniquement par Gidon Kremer extremment lent et respectueux des tempos du compositeur (Premier mouvement totalement incroyable...)
Après tu as les concertos pour violon de Prokoviev et Stravinsky(TELDEC chef ESA PEKKA SALONEN)
Moi j'adore le violon contemporain et par exemple les 2 concertos pour violon de Szymanowsky chez EMI sont extraodinaires ...
De même les oeuvres pour violon de Penderecki(EMI) : musique de tous les films d'horreur depuis 20ans (Shining et j'en passe...).Tu as des trucs fantastiques de Lutowslasky et Anne sophie Mutter chez DG mais bon toute cette musique c'est pas forcément à mettre entre toutes les oreilles surtout quand on commence...
on en aurait pour la nuit s'il fallait de donner tout ce que j'aime...
Juste un dernier conseil pour élargir ton répertoire...
Les suites pour violoncelle seul de JS BAch par A.Bylsma(SONY).la meilleure à mon gout (avec celle de P Fournier chez DG).
pour le Piano peut-être que commencer par Mussorsky n'est pas la meilleure idée car ça sonne déjà très moderne et çà l'est...
J'adore le concerto n°2 de Rachmaninov par S.Richter(DG) avec un chef polonais (ROWICKi). C'est vraiment là que tu te dis que Richter est un type génial...et c'est peu dire...
Bon voilà un tour court du répertoire des concertos pour violon qui valent le coup. je pourrais rajouter un des tes compatriotes : le bon VIEUXTEMPS c'est pas mal mais ç'est pas trop mon truc...
un coup de coeur particulier pour Janacek (Messe glagolitique et toutes ces oeuvres de musiques de chambre et sa musique pour piano (sonate 1905). Janacek c'est ENORME...
Tu auras peut-être remarqué une certaine faiblese pour la musique slave et allemande : on peut tout renier sauf de la où on vient...
Ecoute si tu peux Malher en commençant par la symphonie 1,3 et 4....(HAITINK)


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hrytchou
 
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du classique, mais plutot du violon II

Message » 12 Aoû 2002 3:26

impardonnble de ne pas avoir parlé de Sibélius...
Karajan(et oui il en faut un peu...) C.FERRAS chez DG. Le premier mouvement est incroyable on se croirait sur la banquise ou dans un endroit comme un fjord...
Pour Chostakovich c'est vraiment très Hard de conseiller ça à un débutant car c'est vraiment à pas mettre entre toutes les oreilles.J'aime et même j'adore (plutôt les quatuors maintenant que les oeuvres symphoniques)
J'ai eu l'occasion un jour d'entendre la 11ème symphonie. Grand choc (sonore) ceci dit...La quinzième symphonie aussi :ça c'est incroyble : économie de moyens (chosta était paralysé dans son lit d'hopital) et une fin au célesta complètement dingue...un vrai couloir de la mort...un goutte à goutte de perfusion,l'étincelle de vie qui s'en va...un trouble du rythme..si quelqu'un a d'autres interprétations...
il existe une version de la 15ème pour ensemble de musique de chambre sous la baguette de G Kremer complètement hallucinante ainsi qu'une oeuvre de Schnittke dédiée à la mémoire de Chosta chez DG.
bonne nuit à tous
:D
hrytchou
 
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Message » 12 Aoû 2002 9:24

hrytchou bienvenue et bravo! Pas grand chose à ajouter à ton enthousiasme. sauf peut-être que si Kremer est effectivement génial dans le Concerto de Schumann c'est tout particulièrement dans le finale qu'il se singularise : c'est une polonaise et il la joue lentement ce qui d'un coup permet de mieux comprendre et plus apprécier ce mouvement marqué par la danse et l'accentuation si particulière de la polonaise.

Sinon, Répertoire n'est pas du tout plus sérieux que les autres revues, bien au contraire. Certains excellents critiques y travaillent, mais...
Tiens un exemple : dans les pages de la fin, celles où les disques sont expédiés à la va-vite, en des termes souvent insultants pour les interprètes, le tout écrit d'une façon vulgaire par le rédac chef, j'ai relevé ceci qui te diras le sérieux de cette revue. C'est sur un admirable disque Schumann, enregistré par Ann Schein, pour Ivory Classics : excellente prise de son, en plus.

Lisant rapidement le dos de la pochette, l'"auteur" écrit : "produit par la pianiste, direction artistique assurée par la pianiste, ce disque à compte d'auteur fera plaisir aux membres de sa famille..." quelque chose dans le genre, je ne garantis pas au mot près, mais c'était ça...

En fait, ce disque est admirable et cette pianiste est très connue aux Etats-Unis où elle participe aux grands festivals de musique de chambre, joue avec le Quatuor Juilliard, enseigne à Peabody et joue aussi avec les grands orchestres américains...

l'"auteur" n'a donc même pas pris la peine d'écouter... et s'en est tenu au mépris que lui inspirait que ce disque avait été produit par la pianiste elle-même... Ce faisant, il devrait savoir que Barenboim (a travers Musibar) est le propre producteur d'une partie de ses bandes, ainsi que Rostropovitch (propriétaire de nombreuses bandes de ses disques...), que Gould était le producteur (au sens non financier) de ces disques bien qu'un nom de directeur artistique figure sur la pochette, etc., etc.

D'une façon générale, cette revue cherche à tout prix à se distinguer des autres en pratiquant une beauferie parfois à la limite de l'insupportable et une violence verbale qui peut passer pour de la défense du consommateur mais n'en n'est pas....

Echappent à cela quelques rédacteurs... qui assez souvent la quittent pour rejoindre Classica, Le MOnde de la musique, Diapason... ne pouvant supporter la médiocrité de certaines pages... qui ne sont pas sans défauts mais ont plus de qualité globalement que Repertoire qui est, Opéra International mis à part, la revue musicale dont les ventes sont d'ailleurs les plus faibles...

Et je lis toutes les revues musicales classiques depuis 1966...

Alain
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Message » 12 Aoû 2002 11:19

Bonjour kaskil! En forme au boulot entre deux posts? :wink:

Il ne faut pas être trop méchant avec Répertoire! ils ont quant même fait un beau dossier Svetlanov, où l'on sentait un amour et une passion sincère des rédacteurs. Ça les rachète un peu, non? :wink:

Zdrastvouï, hrytchou! Ty Rousskiï? :wink:

C'est vrai que Chostacovitch, c'est un peu "hard", quoique le terme "génial" est peut-être un peu plus approprié :wink:

La première fois que j'ai entendu la 11e, c'était au disque, la Dresden Staatskapelle dirigée par Franz Konwitschny, un enregistrement mono de 57. Je n'avais alors dans les dents que les 1er, 5e et surtout la 7e "Léningrad", dont l'idée hantait mon imagination depuis que, tout jeune, vers 9/10 ans, j'avais lu un récit du siège de Léningrad qui traînait dans la bibliothèque de mon père.

Lire tant d'horreurs et d'atrocités, mais aussi une si grande dignité et une formidable humanité, m'a profondément marqué.
Entre les images de ces luges avec lesquelles les enfants s'amusaient l'hiver, et qui le siège venu, servaient à récupérer les cadavres des gens morts de faim et de froid durant la nuit et qui étaient tirés par ces mêmes enfants enrôlés dans les Jeunesses communistes;
De ces gens qui grattaient la terre imprégnée de la saccharine d'une sucrerie qui avait brulé dans un bombardement pour en retirer une maigre moisson;
De ses femmes qui tombaient, froudroyées par le froid près d'un trou dans la glace qui recouvrait la Neva, où elles allaient puiser une eau croupissante;
De cette petite fille qui inscrivait mois après mois le nom de tous les membres de sa famille morts les uns après les autres avant de mourir elle-même durant son évacuation de la ville;
De ces hommes qui ravitallaient comme ils le pouvaient, c'est-à-dire jamais assez, la ville en munition et en nourriture en conduisant leurs camions de nuit sur les eaux gelées du lac Ladoga, sans phares pour ne pas attirer sur eux le tir des Allemands, et au péril de sombrer avec leur véhicules lorsqu'ils avaient le malheur de rencontrer de la glace mince;
De ces histoires épouvantables, de ces situations où on ne s'interrogeait pas trop sur la provenance de cette chair hachée que l'on pouvait parfois trouver sur le marché noir...;
De cette femme qui offrit à un amiral un bol de bouillon de viande qu'elle avait confectionné à partir de la sacoche en cuir qu'il lui avait donné et en lui rendant avec les boucles en argent qui servaient de fermeture;
De ces tranchées que l'on ouvrait à la dynamite dans la terre gelée du cimetierre Piskarevski pour y inhumer les dizaines de milliers de corps sans vie qui s'accumulaient en monceaux dans le froid telles des stères de grumes;

Mais aussi de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants qui soutinrent toutes ces abominations durant 900 jours;
De cette volonté farouche de vivre malgré tout, de faire quand même circuler les tramways malgré les bombardements incessants, tramways dont les tintements des cloches avaient fait perdre à un soldat de la Wehrmacht prisonnier sa foi en Hitler le jour où il les entendit;
De ces musiciens de la Philharmonie de Léningrad qui demeurèrent là et continuèrent de s'y produire;
De Chostacovitch, au milieu de tout cela, qui restait dans cette ville contre la volonté de Staline, et qui continua à composer sa musique entre deux incendies qu'il allait éteindre en tant que pompier; de sa grande symphonie n°7, qu'il allait finalement terminer hors de cette ville d'où on finit par l'évacuer lui aussi et où on parachuta les partitions afin que la Philharmonie puisse la jouer dans cette ville martyre qui devait lui donner son nom.

Quelle aventure que cette première léningradoise! Radiodiffusé, le concert était même écouté, dit-on, dans les tranchées des lignes allemandes et finlandaises qui encerclaient la ville! Ce qui ne plut pas du tout à un général de la Herr qui fit diriger un tir d'artillerie sur la Philharmonie! Mais les Soviétiques tinrent bon!

Ce témoignage boulerversant m'a imprégné très profondément. Je ne connaissais pratiquement rien alors à la musique, mais je me suis pris à imaginer ce que pouvait être "cette musique majestueuse qui s'était élevé ce soir-là par-dessus le fracas des bombes et des obus". Durant dix longues années, j'ai ainsi nourri pour cette oeuvre une admiration littérallement sourde et aveugle. Je l'ai comprise, je crois, bien avant de l'avoir entendue, certain de l'aimer lorsque je la découvrivrais enfin

Le hasard a voulu que cette musique, née en des ciconstances aussi dramatiques, je l'ai découverte en écoutant la première qui fut donnée à l'Ouest avec l'orchestre de la BBC ayant à sa tête Toscanini, en 1942!! Dieu seul sait si le Destin a dirigé ma main le jour où j'ai acheté ce disque RCA dans un magasin de CD d'occasion, car je ne savais pas du tout sur quoi j'avais mis la main!

L'audition de cette oeuvre, la première de Chostacovitch qu'il m'ait été donné d'entendre, dirigée par cet italien de génie, farouchement anti-fasciste, qui s'est battu becs et ongles pour monter la première occidentale d'une symphonie qu'il a fait sienne dès qu'il en eut découvert la partition, a été une véritable révélation.

Celle de la grandeur de la Musique, nourrit par tant de drames et écrite avec le coeur d'un homme qui a vécu l'innomable.

Celle de la grandeur de Chostacovitch, dont la très profonde humanité a éclaté ce jour-là dans les mélodies nostalgiques et tendres qui forment pour moi le véritable coeur (au sens presque sentimental) de la symphonie.

Celle de la grandeur de l'Interprète, dont seule une intime compréhension de l'essence de la musique pouvait produire un tel miracle.

Tous les débats autour de la signification réelle de cette oeuvre, qui se situerait hors de son contexte historique, sont pour moi sans objet. Il faut se remémorer ce qui a présidé à sa composition pour la comprendre!

Comme il faut se souvenir de ce que fut la vie de Chostacovitch, qui, à partir de 1936, tint toujours prète une valise avec quelques effets personnels pour le cas où la GPU viendrait le réveiller en pleine nuit, comme cela était arrivé à tant d'autres compositeurs...

Sans cela, comment saisir toute la profonde humanité, la grande détresse qui habitent les notes de sa musique?

Certes, Chostacovitch est difficile d'accès! Mais l'empathie peut aider à comprendre son oeuvre!

Et elle est d'un grande complexité! Aucune de ses symphonies ne ressemblent aux autres! La 11e? La première fois que je l'ai entendue celle-là, il m'a semblé qu'on ne pourrait jamais plus composer une musique aussi singulière! Quel choc! C'était comme si un géant me saisissait par le col et me projetait violemment au plafond! Et pourtant! Avec le recul, quelle économie de moyens! Quel classisisme d'orchestration! Mais une signification tellement violente qu'elle habite l'accord le plus banal!

C'est pareil pour son concerto pour violon et orchestre numéro un. Oui! Il est difficile d'accès, tu as raison!

Mais, au moment de l'écouter, souvenons-nous que nous n'écoutons pas l'oeuvre galante et distinguée d'un Mozart! Mais une musique composée en secret en 1938, alors que Chostacovitch était frappé de l'accusation de formalisme qui faisait de lui un ennemi de l'Etat, c'est-à-dire un paria dans une société qui rejetait toute forme de déviance par rapport à son dogme (ici un canon artistique aussi insaississable que médiocre) et aussi un mort en puissance...

Il ne faudrait jamais écouter la musique seulement pour ce qu'elle est, à travers les lentilles déformantes de canons esthétiques!

Mais aussi pour ce qui l'a faite!
Dernière édition par Scytales le 20 Sep 2003 21:01, édité 1 fois.
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