Lizandre a écrit:haskil a écrit:Rien n'a changé depuis la première décennie du XXe siécle dans ce domaine : rien, vraiment rien !
A ceci près que je doute très fortement que la musique ait été un produit de grande consommation en France avant les années 60.
La génération de mes parents, issus de milieux modestes, n'avait pas accès aux disques, et la radio était un équipement familial (comme la télé plus tard). Je manque de référence précise, mais je suis sûr que des historiens pourront nous expliquer à partir de quand le disque s'est réellement démocratisé.
Donc non, je ne suis pas d'accord
Et pourtant ! C'est un sujet que j'ai étudié en tant que critique musical et qui est surprenant je te l'accorde car on découvre des choses étonnantes en l'étudiant !
1) Bien sur que l'organisation des majors du disque a toujours été fondé sur la dualité culture de masse/culture savante et bien sur qu'elle ont dès les débuts tout mis en oeuvre pour imposer leurs choix en nivellant par le bas, même si elle ont maintenu un vernis culturel avec les musiques savantes et la chanson de qualité ou le jazz qui leur faisait exceptionnellement gagner de l'argent. Mais il leur fallait cette légion d'honneur.
Ce n'est pas un hasard si l'on parle, depuis toujours, d'INDUSTRIE du disque et pas d'éditeurs, comme on le fait pour le livre.
2) Bien sur aussi que la musique a été un produit de grande consommation avant les années 1960. Quand Van Cliburn a remporté le Concours Tchaikovsky à Moscou, en 1957, il a vendu plus d'1 million d'exemplaires du Premier Concerto de Tchaikosvki, sorti l'année suivante, rien qu'aux Etats-Unis en quelques mois ! Et c'était de la musique classique !
10 ans plus tard, en France, Pierre Henry en vendait autant de son Jerk Electronique ! Les Scores de vente des Yéyés atteignaient eux aussi déjà des scores pharamineux. Et l'on ne dit rien des platters !
Avant ça, Elvis Presley avait déjà fait quelques scores de vente intéressants aux Etats Unis et en Europe ! De son vivant, il aurait vendu (entendu à la télé, ça demande donc vérifications) 300 millions de disques !
3) Et pour la france franco française des années 50-60, n'oublions pas M. 100 000 volts, Gilbert Becaud, qui avait fait un tel tabac à l'Olympia que les spectateurs avaient cassé les fauteuils et et qu'il vendait ses disques avec des foules qui se pressaient à Paris et partout dans les grandes villes de Province... déjà vers le milieu des années 1950, puisque l'un de ses disques est l'un des derniers 78 tours à avoir été pressé en France, par Pathé à Chatou... en 1954 !
Evidemment, bien sur, que tout au long des années 1960, les ventes ont grandi avec l'amélioration du niveau de vie, la généralisation du Teppaz, et l'augmentation de la population jusqu'au crack du disco qui a été le premier grand coup de frein des ventes de disques en France avec un effondrement brutal des ventes, quasi du jour au lendemain !
Mais quand le premier 45 tours des Beatles est sorti en France : ça a été la ruée ! Et ce n'était pas à la fin des années 60... puisque c'est à cette époque qu'ils se sont séparés !
Mais même du temps du 78 tours, certains titres se vendaient comme des petits pains : il suffit, en province, d'aller dans les vide greniers : le nombre de 78 tours qu'on y trouve est assez pharamineux, moins aujourd'hui qu'il y a 20 ans ou 30 ans car ces greniers là se sont vidés, mais quand même il en reste !
Caruso a vendu, de son vivant, certains 78 tours à plusieurs millions d'exemplaire !
C'était un rêve d'avoir un phono puis un électrophone, comme celui d'avoir un appareil photo... mais les prix étaient identiques et des photos la France populaire en a faites et pas qu'une. Il y a très vite eu des phono économiques, pas chers, et des électrophones de prix très bas qui se sont vendus... comme se vendent aujourd'hui les écrans plats de télévision. Je vis dans une régions sinistrée du point de vue chomage et pourtant les écrans plats se vendent... la France à partir du milieu des années 1950 a bénéficié des 30 glorieuses. Les salaires étaient bas, mais tout le monde avait du boulot et consommait.
Il ne faut surtout pas croire que les star ac and co n'ont pas eu d'équivalents : la france entière des années 60 était devant la télé pour regarder 36 chandelles, les télés crochets... d'ou est sortie Mireille Matthieu, devant l'émission d'Albert Reisner dédiée au yéyé Age tendre et tête de bois... et à cette époque là, les voisins venaient regarder la télé chez ceux qui en avaient... Et un peu plus tard, il y a eu une grande surprise qui est resté l'une des énigmes du marketting; les premières télés couleurs ont été achetées en masse... par les concierges qui passaient leur journée dans leur loge !
La France était branchée sur les périphériques et si les chanteurs s'y ruaient... s'était déjà pour vendre des disques. Il y a d'ailleurs eu des scandales de collusion, dans ces temps très anciens, début années 60, entre les quelques radios qui existaient à l'époque et les maisons de disques avec de l'argent qui circulaient sous les tables... et des luttes sans pitié.
Et bien sur l'Eurovision de la Chanson : passer un été sans entendre Nono letta chanté par Gigliola Cinquetti vainqueur de l'Horovision était impossible et le 45 tours étaient partout, dans les juke boxes et dans les maisons...
Et Reviens Johnny, au cinéma ! Retiens la nuit... etc. Tout ça se vendait. Quand la mer monte, et J'entends siffler le train, dadou ronron, etc., etc. Et Dalida ! Petit Bikini, etc. les quinquas et plus du forum se souviendront... N'est ce pas Fargo !
Tant de ses chansons, tenues pour des m.erdes alors et qui, avec le temps, on perdu ce statut pour devenir des témoins d'une époque qui a marqué la conscience collective des Français n'ont pas pu rester sans qu'elles aient eu un grand retentissement à leur époque...
Tiens : un clair de lune à Maubeuge
Le chauffeur de taxi qui l'a écrite cette chanson a très confortablement vecu des droits d'auteurs de sa chanson qui ont fait sa fortune ! Les Van Parys, Auric... Edgar Faure (et oui !) ont fait, entre autres, un argent fou, comme Loulou Gasté avec leurs chansons composées ou écrites pendant les années 40 et 50 !
Que ça n'est fait qu'augmenter tout au long du XXe siècle est un fait, mais que la philosophie, si l'on peut appeler ça comme ça, des Grandes maisons de disques ait changé : bien sur que non !
Le disque et la radio qui se sont développées en même temps ont inventé la culture de masse ! Ce que par parenthèse, tous les régimes fascistes ont compris en mettant la production discographique sous coupe réglée immédiatement à leur arrivée au pouvoir !
Je pense même que les variétés des années 1950-1960 étaient dans l'ensemble pire qu'aujourd'hui... la différence étant qu'on a oublié les me.rdes de ces années là pour n'en retenir que le meilleur...
Depuis Beaumarchais, on le sait : "En France, tout finit par des chansons ! "