Alors pour commencer, je ne veux voir personne regarder ce disque en VF, c'est compris ?
Répétez après moi : j'insère le disque dans le lecteur. J'accède au menu audio. Je choisis VO sous-titrée en français.
Ch'est quoi la véèf mhhh ? Je ne chais pas où ch'est, là véèf !
Perchonne ne chait ou che trouve la véèf dans che dichque !!!
Ceci dit, en deux mots : la claque !
Le meilleur Oshii !
Maîtrise de la lumière, comme dans Innocence. Sons hyper-réalistes, comme dans Ghost In The SHell 2.0. Pas de faute de goût, contrairement à Innocence. Pas de fin en queue de poisson, contrairement à Avalon : scénario clair et implacable.
Image : 9/10.
Oshii persiste et approfondit son style de photographie. Aux clairs-obscurs audacieux s'ajoutent l'opposition d'un quotidien glauque (*), de ciels gris ou au contraire bleus ou orange flamboyant. L'image n'est pas bruitée, contrairement à Innocence. A peine voit-on un grain numérique fixe sur certains ciels, comme une texture 2D trop compressée (c'est pour ça que j'enlève un point). Le trait des personnages dessinés, qui tranche sur l'arrière-plan ultra-défini, est assez doux, ce qui convient parfaitement.
Il est toutefois possible que ces couleurs et contrastes soient très exigeants avec le diffuseur sur lequel on regarde le film. Le glauque est une couleur qui postérise ou dévie facilement, et les forts contrastes peuvent saturer l'écran et cramer les couleurs. Oshii use et abuse de scènes surexposées. Vu sur écran Eizo HD2442w, les couleurs cramées sont rares et peu gênantes. Juste un ou deux ciels qui virent au cyan par endroits.
Son 9/10.
Bande sonore de même envergure que celle de Ghost In The Shell 2.0. Les bruitages sont si réalistes qu'on a l'impression que trois niveaux de réalisme s'affrontent : Les personnages dessinés. Stylisés, presque abstraits. Puis derrière eux les décors finement texturés, ou si bien éclairés qu'on dirait des vrais. Puis le son, avec des bruitages tellement inhabituels de réalisme qu'on n'a pas l'impression qu'ils viennent du film. Le chien aboie comme celui des voisins. La porte claque comme celle de la chambre. Les voix résonnent comme dans un hangar... En downmixé, au casque, c'est déjà bluffant. J'aimerais entendre ça sur un système 7.1 ! Sans compter les scènes aériennes où ça spatialise dans tous les sens.
Les voix sont parfaites. (et ch'est pas la peine de faire des commentaires hors-chujet, je parle des vraies voix ! ) Une vraie direction d'acteurs, où chacun a travaillé son personnage (et non sa diction !).
Spoiler : cliquer pour lire
J'enlève un point pour la synchro entre le son et le mouvement des lèvres. Eh oui ! Complétement décalé, comme toujours.
Film : amateurs de grosse rigolade et de personnages truculents, passez votre chemin, vous êtes chez Oshii ! Le thème est dévoilé au fur et à mesure que le film avance, je ne préfère pas trop en dire, si ce n'est que le sujet est puissamment traité. La musique de Kenji Kawai de déçoit pas. Elle soutient parfaitement le film, émotionnellement et esthétiquement. Le thème de science-fiction est abordé sur le plan psychologique, et est soutenu par des scènes de combat aérien impressionnantes, à la fois au niveau de la mise en scène et des bruitages.
Zéro fautes !
PS : laissez tomber la bande-annonce, elle est bidon. Et ce n'est même pas la musique du film.
(*) Glauque = vert pâle