Modérateurs: Modération Forum Haute-Fidélité, Le Bureau de l’Association HCFR • Utilisateurs parcourant ce forum: Baboulinet, BobTocque, frederic lewalle, gailuron, gilmour, JO95, karloune, marc69, mgmgran, moufmouf, rolex, Thierry Wautelet et 274 invités

Discussions sur le matériel Haute-Fidélité

ANTICONFORME

Message » 20 Mai 2013 15:53

A y bien réfléchir, il ne me semble pas judicieux d'ouvrir un nouveau sujet pour chaque épisode. Quelqu'un pourrait-il m'indique la marche à suivre pour changer le titre ? Il faudrait ne conserver que la mention ANTICONFORME et supprimer "épisode 1". A première vue, je ne vois pas comment faire.

Merci d'avance,

Paul :wink:
jfacoustics
 
Messages: 187
Inscription Forum: 10 Juin 2001 2:00
Localisation: Soignies
  • offline

Message » 20 Mai 2013 16:04

jfacoustics a écrit:A y bien réfléchir, il ne me semble pas judicieux d'ouvrir un nouveau sujet pour chaque épisode. Quelqu'un pourrait-il m'indique la marche à suivre pour changer le titre ? Il faudrait ne conserver que la mention ANTICONFORME et supprimer "épisode 1". A première vue, je ne vois pas comment faire.

Merci d'avance,

Paul :wink:


il suffit d'éditer le post.

N'étant pas un exemple à suivre et si jfacoustics n'y voit pas d'inconvénient, je suggére que nous ne postions que lorsque jfacoutics aura plaquer le mot fin pour ne pas nuire à la lisibilité du sujet.

Merci
dinococus
 
Messages: 3000
Inscription Forum: 22 Déc 2012 18:31
  • offline

Message » 20 Mai 2013 16:10

jfacoustics a écrit:A y bien réfléchir, il ne me semble pas judicieux d'ouvrir un nouveau sujet pour chaque épisode. Quelqu'un pourrait-il m'indique la marche à suivre pour changer le titre ? Il faudrait ne conserver que la mention ANTICONFORME et supprimer "épisode 1". A première vue, je ne vois pas comment faire.

Merci d'avance,

Paul :wink:


C'est fait ! J'ai édité.
haskil
 
Messages: 60035
Inscription Forum: 06 Déc 2001 2:00
Localisation: Haute Normandie et Brésil
  • offline

Message » 20 Mai 2013 16:37

Merci haskil, :D :wink:

Paul
jfacoustics
 
Messages: 187
Inscription Forum: 10 Juin 2001 2:00
Localisation: Soignies
  • offline

Message » 20 Mai 2013 16:49

Le daim a écrit:
BPhil a écrit:
Mahler a écrit:Pas si grande. 25/30 m2.

Faut que j'y aille, depuis le temps.


Ont peut y aller ensemble :mdr: :ane:


J'espère BPhil que, Mahler et toi, vous ferez un petit détour par chez moi, une sorte de visite des château des bons crus de la haute-fidélité. Cordialement Olivier


Excuse-moi BPhil, j'avais zappé. :oops:

Tu es, bien sur aussi le bienvenu. :D :wink:

Paul
jfacoustics
 
Messages: 187
Inscription Forum: 10 Juin 2001 2:00
Localisation: Soignies
  • offline

ANTICONFORME épisode 2

Message » 20 Mai 2013 22:17

Episode 2 : le grave et l'extrême grave.

L'un des points les plus marquants de la philosophie d'Anti-conforme est qu'il inverse carrément le processus de conception d'un système sonore. Traditionnellement, l'enceinte acoustique est conçue comme un objet immuable visant à la plus haute perfection théorique. Lorsque celle-ci est censée être atteinte, il appartient à l'acheteur d'agir sur son local pour permettre à cette perfection de s'exprimer pleinement.

A mes yeux, ce scénario dit "normal" tient de la pure fiction, voire de la malhonnêteté intellectuelle. En fonction de sa forme et de ses dimensions et ce, quelle qu’en soit la perfection théorique de l'acoustique, chaque local offre, au point d'écoute, un résultat sonore infiniment variable. Au sein d’un même local, selon le positionnement des HP et de l'auditeur, les variations sont tout aussi énormes.

Lorsque j'étais constructeur artisanal d'enceintes acoustiques, je considérais qu'il était de ma responsabilité d'adapter mes produits aux conditions d'écoute de l'acheteur et non l'inverse. Dans le cadre du projet Anticonforme, la notion de "sur mesure", prends, cette fois, une dimension inédite. Le concept d'enceinte se mue, ici, en un ensemble de points d'émission sonore dont le positionnement a fait l'objet d'une recherche approfondie. Le plus grand défi est, dans ce cas, d'éviter qu'un trop grand perfectionnisme dans la recherche de linéarité de chaque composant ne finisse par nuire à l'homogénéité de l'ensemble et, surtout, à l'aptitude du système à reproduire une image sonore tridimensionnelle parfaitement focalisée. Le développement de ces points sera associé à l'analyse de positionnement des HP de médium et d'aigu.

Anticonforme comporte, à la base, quatre voies et, pour chacune d'entre elles, nous aborderons les critères du choix du HP, la conception de l'ébénisterie et les critères de positionnent.

Commençons par les caissons d'extrême grave équipés de RCF L18P300 dont le diamètre est de 46 cm.

Image

Les caractéristiques du RCF L18P300 ainsi que ses paramètres Small & Thiel constituent, à mes yeux, un compromis idéal entre le rendement et la profondeur du grave (deux notions dont la plupart des audiophiles ignorent qu'elles sont en totale antinomie). J'éviterai, toutefois, d'entrer dans des considérations qui n'intéressent qu'une poignée de spécialistes et je me limiterai à la description suivante :
• il est chargé de couvrir les fréquences comprises entre 20 Hz et 150 Hz ;
• il fonctionne selon le principe du bass reflex ;
• son volume interne est de 197 litres ;
• l'évent est de type laminaire ;
• le rendement théorique est de 96 dB/W/m.

Pour lutter efficacement contre les vibrations parasites du coffret, j'ai eu recours à une technique qui m'est chère. Il est de bon ton d'affirmer que les vibrations sont d'autant mieux contenues que les parois de la caisse sont épaisses et rigides. Une étude parue, en son temps, dans la revue "L'Audiophile" avait démontré les dangers d'un tel raisonnement. Mesures à l'appui, l'auteur avait prouvé que, si des parois plus épaisses et rigides amortissent plus efficacement les fréquences graves, elles engendrent d'autres résonances situées, elles, dans l'aigu. Celles-ci ressortent de la paroi avec un léger temps de retard et la sensibilité plus grande de notre oreille aux aiguës ainsi que le décalage temporel font en sortes que, bien que leur amplitude soit plus faible, elles se révèlent, finalement, plus nuisibles. Pour limiter ce phénomène, l'auteur préconisait l'association "en sandwich" de matériaux aux effets complémentaires. Le plus rigide agit sur le grave et le plus tendre sur les fréquences élevées. Les parois de mon coffret sont, dès lors, constituées d'un sandwich obtenu par collage de planches de MDF et d'aggloméré hydrofuge, toutes deux de 18 mm d'épaisseur. Un bitume lourd, de 5 mm d'épaisseur, complète l'amortissement. Le revêtement en liège n'a d'autre but qu'esthétique.

Tant que j'en suis à aborder la question des vibrations, autant la mener à son terme. Je n'y reviendrai plus par la suite. Un des effets pervers des vibrations est que, outre leurs radiations directes vers l'auditeur, elles se transmettent d'un HP à l'autre. Lorsque qu'un woofer de grand diamètre met sa lourde membrane en branle, il engendre des mouvements de caisse qui font "danser" le tweeter avec une amplitude loin d'être négligeable. Pour éviter cette forme d'intermodulation, chaque HP d'Anticonforme reçoit sa propre ébénisterie. Il n'y a aucun contact physique entre ces dernières.

Les deux HP qui couvrent le médium et le grave - bas médium fonctionnent selon la technique dite du "baffle plan" (en dipôle, donc…). Dans plusieurs de ses écrits, Jean Hiraga adresse à ce principe un reproche que j'ai tenté de contrecarrer. Le baffle est, généralement, formé d'un cadre de grandes dimensions qui prend appui sur le sol via un piétement. Selon J.H., lorsque la membrane du HP démarre brutalement, elle exerce sur le cadre une force suffisante pour que ce dernier vacille dans le sens opposé. Les piétements sont, généralement, trop courts et/ou d'une rigidité insuffisante pour s'opposer efficacement à ces louvoiements. Les limites souvent constatées au niveau du grave des enceintes du style Magnepan ou électrostatiques n'aurait, selon lui, pas d'autre origine. Plus qu'un long discours, les photos ci-dessous vous montrent comment ce problème a été abordé dans le cadre de mon projet. (Pour la photo du grave - bas médium JBL, veuillez vous reporter, un peu plus bas, à l'image présentée au sein du texte que qui lui est consacré). Il est à noter que le socle du HP de médium est rempli de sable. Il en est de même pour la colonne du tweeter (jusqu'à environ mi-hauteur pour une question de centre gravité).

Image

Après cette digression, revenons-en à nos caissons d'extrême grave. Pour ce qui concerne leur positionnement, outre la volonté d'aboutir à la meilleure linéarité possible, la recherche a été guidée par le désir de bénéficier du surcroît de rendement permis par le fonctionnement à l'intersection de deux parois (+ 6dB, voir le chapitre précédent)

Pour faciliter ce type de recherches, j'ai, depuis longtemps, fait l'acquisition, d'un programme appelé "Visual Ear". Quand je lis des articles par lesquels, en se basant sur des formules assez simples, certains auteurs donnent des règles impératives pour le placement des enceintes, je ne puis m'empêcher de sourire. Visual Ear va beaucoup plus loin que ces calculs basiques (limités aux réflexions du premier, du deuxième, voire, très rarement, du troisième ordre). Pourtant, à l'issue de nombreuses expérimentations et mesures effectuées dans divers locaux, je suis obligé de conclure que Visual Ear peut, tout au plus, être considéré comme un guide servant de base à des recherches beaucoup plus pragmatiques. Pour une véritable optimisation, je n'ai toujours pas trouvé de meilleure solution que de déplacer les enceintes et d'effectuer des mesures pour chaque nouvelle position. Visual Ear accélère simplement un peu le processus.

Sur base des mesures effectuées au "Clio", deux endroits précis du local ont montré une linéarité acceptable de l'extrême grave. Le premier était assez éloigné de toute paroi tandis que le second se trouve à l'intersection du sol et des murs latéraux gauche et droit, environ 1,8 mètres en avant du point d'écoute. La linéarité offerte à ces deux endroits était très semblable mais la différence de 6 dB a clairement été mise en évidence par la mesure. Il n'y avait donc pas à hésiter…

Malgré le perfectionnisme accordé à la recherche de positionnement, l'extrême grave tire encore bénéfice d'une petite correction électronique (suppression d'une résonance vers 80 Hz) dont voici la résultante. En suivant une convention que nous garderons pour toutes les courbes publiées dans le cadre de cette étude, la courbe en rouge représente le canal droit et la courbe bleue correspond au canal gauche. Le micro est placé au point d'écoute.

Image

Vous constaterez la présence d'un creux dans la zone des 30 à 40 Hz. Aucun positionnement raisonnable des caissons ne permet d'y échapper dans mon local. Assez curieusement, ce phénomène est assez fréquent. L'incidence subjective n'en est pas, pour autant, négligeable. Toute correction par voie d’égalisation s’est révélée, subjectivement, inefficace, voire pénalisante. Après avoir envisagé toutes sortes de pistes dont des interventions sur le local, j’ai fini par opter pour l’ajout d’une voie spécifique supplémentaire sous forme d’un caisson dit "FAS coupler" ou "enceinte symétrique". Celui-ci est placé à proximité de l’auditeur et prend en charge la zone comprise entre 25 Hz et 50 Hz. Ci-dessous le résultat global obtenu.

Image

Pour la voie chargée de reproduire les fréquences comprises entre 150 Hz et 600 Hz, je fais appel à un 25 cm JBL de référence 2123 H. Ce HP de bas médium, hélas abandonné par la firme californienne, associe une linéarité exceptionnelle à un rendement de 100 dB/W/m. Il est, ici, exploité de manière peu conventionnelle. Pour une question d'homogénéité avec le médium, il est, comme dit plus haut, monté sur un baffle plan. La recherche de positionnement suit une démarche identique à celle mise en œuvre pour les SW. Je ne me répéterai pas mais je souhaite vous expliquer une astuce qui m'a permis d'étendre la bande utile vers le haut.

Comme je vous l'avais signalé dans mon premier opuscule, le renforcement procuré par les parois proches s'atténue très rapidement lorsque la fréquence augmente. La chute est d'autant plus rapide que la distance entre la membrane et la paroi s'accroît. En plaçant un 25 cm à l'exacte intersection du sol et d'un mur latéral, la distance entre les parties les plus éloignées de la membrane et les parois suffit à provoque une chute dès 300 Hz. La zone couverte par le JBL aurait, alors, été trop réduite à mon goût. Une sorte de "demi-gorge" de pavillon obtenue à l'aide de deux planches m'a permis d'obtenir une linéarité exceptionnelle jusqu'à 600Hz.

Image

Voici la courbe de réponse obtenue au point d'écoute.

Image

Tenant compte des moyens très simples mis en œuvre (comparé aux gigantesque pavillons parfois utilisés dans cette zone de fréquence) le couple linéarité / rendement est assez exceptionnel (106 dB/W/m).

J'ajouterais que les 6 dB gagnés par rapport à un usage classique du HP permettent d'atteindre le niveau sonore souhaité à partir de déplacements de membrane beaucoup plus faibles et, donc, avec un niveau de distorsion fortement réduit. La "nervosité" et la légèreté d'une membrane de 25 cm associée à des déplacements de membrane correspondants à ceux d'un 38 cm, que demande le peuple… ?

La suite au prochain numéro.

Cordialement,

Paul :wink:
jfacoustics
 
Messages: 187
Inscription Forum: 10 Juin 2001 2:00
Localisation: Soignies
  • offline

Message » 20 Mai 2013 22:55

Absolument intéressant!
reidemeister philippe
 
Messages: 3208
Inscription Forum: 13 Nov 2005 12:47
Localisation: Toulon
  • offline

Message » 21 Mai 2013 7:45

Très instructif pour moi en tout cas :P
Encore une fois, merci Paul de nous faire partager ton expérience.

Vivement la suite... :wink:
LeBienHeureux
 
Messages: 3516
Inscription Forum: 06 Déc 2007 22:15
  • offline

Message » 21 Mai 2013 8:05

Vraiment superbe et palpitant de te lire, encore !!!!
BPhil
 
Messages: 8890
Inscription Forum: 13 Juil 2001 2:00
Localisation: La Vallée De Chevreuses 91
  • offline

ANTICONFORME Episode 3

Message » 21 Mai 2013 21:28

Episode 3 : Quelques notions essentielles de psychoacoustique.

Pour comprendre l'intérêt des options choisies pour le médium et l'aigu, il me faut revenir sur des concepts déjà abordés par le passé. Pour la cohérence globale de cette présentation, je me dois d'y revenir. Si le prochain épisode sera consacré à la mise en pratique, celui-ci se limitera à la partie théorique.

Les plus érudits d'entre vous trouverons peut-être que la communication prend une forme de vulgarisation un peu "ras des pâquerettes". Tant pis... Même si le fond de la problématique devrait attirer leu attention, le texte repris ici ne leur était, initialement, pas destiné.

Lors de l’écoute, deux sortes d'ondes sonores pénètrent nos conduits auditifs:
1° le son direct : il parcourt, en ligne droite, le trajet qui sépare nos oreilles de la source sonore ;
2° le champ réverbéré : c'est le flux sonore qui nous parvient après réflexion sur une ou plusieurs parois du local.

Même dans un local qui a subi un traitement acoustique, le son direct est minoritaire.

Les courbes publiées par les constructeurs sont souvent mesurées en chambre sourde, c'est à dire dans une pièce totalement absorbante où le champ réverbéré est nul. Elles ne sont généralement fournies que pour l'incidence O° (c'est à dire en plaçant le micro de mesure dans un axe perpendiculaire à la face émissive du HP). Ces courbes correspondent au son direct que nous percevons lorsque les enceintes sont orientées vers le point d'écoute. Nous avons vu, cependant, que le son direct ne représente qu'une part minoritaire de l’énergie sonore qui nous parvient. Qu'en est-il du reste ?

Pour le comprendre, il nous faut étudier la notion de directivité des HP. Prenons le cas d'un woofer. Pour les sons graves, jusqu'à une fréquence qui dépend de son diamètre, il rayonne une énergie constante quelle que soit la direction. On dit que, dans cette zone, il n'est pas directif. Au delà, la directivité va augmenter avec la fréquence. Cela signifie que si l'on déplace le microphone de mesure en l'éloignant de l'axe perpendiculaire au HP, le niveau sonore s'affaiblira au fur et à mesure que l'angle formé avec cet axe s'agrandit.

Image

Cette figure schématise les courbes de réponse d'un même HP pour différents angles d'incidence depuis l'axe perpendiculaire (0°) jusqu'à 180°, par pas de 10°. Une courbe en trait gras, intitulée R représente la moyenne de toutes les autres. On l'appelle courbe "d'incidence aléatoire" ou "d'énergie globale rayonnée". Elle correspond à la répartition spectrale du champ réverbéré

Le plus grand woofer comme le tweeter le plus minuscule peuvent être représentés par le même schéma. La seule différence est que, lorsque le diamètre du HP diminue, la fréquence à partir de laquelle ce dernier va devenir directif (à partir de laquelle les courbes commencent à diverger) s’élève.

Comment les caractéristiques de directivité des HP vont-elle interagir avec l'acoustique du local et influencer notre perception ? Attention, les courbes publiées ci-dessous me semblent plus didactiques que réalistes. Il y a tellement longtemps que je possède ces schémas que je en me souviens plus de leur origine... Cela n'enlève rien à la validité du raisonnement.

Image

Ces deux courbes montrent le cas d'une enceinte deux voies typique. Lorsque l'on se base sur la courbe à 0°, la complémentarité des HP permet une réponse bien linéaire. Par contre, si, sur base de la somme des courbes R, on analyse l'énergie globale rayonnée (soit la plus grande part de ce que nous entendons au point d'écoute), adieu la belle linéarité !

Vous me direz qu'il suffit d'égaliser en plaçant un micro au point d'écoute. Et bien, j'ose affirmer que le remède peut être pire que le mal. Pourquoi? Suivez attentivement le raisonnement qui va suivre.

Lorsque deux sons de force inégale sont mesurés simultanément, le plus fort masque le plus faible. A l'égalisation, le son direct ne présente pas un niveau suffisant pour influencer la mesure et les courbes de l'enceinte prendront l'allure suivante :

Image

Si la courbe correspondant au champ réverbéré est linéarisée, c'est au prix de graves accidents introduits, cette fois, dans la courbe à 0° (celle de l'onde directe)

Est-ce important ? Oui, à cause d'une loi fondamentale de la psychoacoustique que les spécialistes appellent "l'effet cocktail". Lorsque de nombreuses personnes parlent en même temps, le brouhaha est tel que, logiquement, nous ne devrions rien comprendre. Non seulement, il n'en est rien mais, en plus, nous pouvons choisir l'auditeur vers le quel nous décidons de fixer notre attention. Ce petit miracle est rendu possible par un mécanisme inconscient de notre système de perception, appelé "écoute intelligente". Il a été mesuré que, pour une écoute attentive, nous pouvons renforcer le son direct en provenance d'une source sonore de notre choix d'une valeur comprise entre 8 et 14 dB (variable selon les individus).

Grâce à ce renforcement, l'influence subjective du son direct est totalement rééquilibrée. Toute non linéarité dont on l'affuble en vue de compenser l'influence du local sera perçue comme une altération du timbre parfois aussi gênante que celles que l'égalisation était sensée corriger.

Les deux formes de linéarité mises en lumière ci-dessus sont aussi indispensables l'une que l'autre. A charge du concepteur et du metteur au point de l'installation de faire preuve de créativité pour résoudre les problèmes liés à leur apparente incompatibilité. Au prochain épisode, nous analyserons mes "recettes" personnelles en la matière.

Bien sûr, aujourd'hui, les techniques de mesure ont évolué et les égalisations peuvent se faire sur base de fenêtrages qui tiennent bien mieux compte de l'onde directe que lorsque l'on s'appuie uniquement sur l'analyse de bruit rose en régime permanent. Il s'agit, là, d'un grand progrès. Toutefois, que la mesure s'opère en mono-point ou en multipoint, toute égalisation sera toujours le fruit d'un compromis entre la linéarité de l'onde directe et celle du champ réverbéré. Dès lors, même si, grâce à des techniques aussi sophistiquées que la convolution, l'égalisation ne provoque plus de rotations de phase indésirable, il me semble dangereux de la considérer comme totalement inoffensive.

Cordialement,

Paul :wink:
jfacoustics
 
Messages: 187
Inscription Forum: 10 Juin 2001 2:00
Localisation: Soignies
  • offline

Message » 21 Mai 2013 21:40

jfacoustics a écrit:Les plus érudits d'entre vous trouverons peut-être que la communication prend une forme de vulgarisation un peu "ras des pâquerettes". Tant pis... Même si le fond de la problématique devrait attirer leu attention, le texte repris ici ne leur était, initialement, pas destiné.

Lors de l’écoute, deux sortes d'ondes sonores pénètrent nos conduits auditifs:
1° le son direct : il parcourt, en ligne droite, le trajet qui sépare nos oreilles de la source sonore ;
2° le champ réverbéré : c'est le flux sonore qui nous parvient après réflexion sur une ou plusieurs parois du local.


Belle explication !

Un petit mot si tu me le permets concernant ton approche phsycho-acoustique simplifiée, il manque a mon sens quelques mots sur l'effet de fusion ou le cerveau recevant une onde directe et une onde réfléchie très rapprochée ne "sait" pas faire la différence et les associe comme un seul et même signal, seules les ondes de réflexions plus tardives seront comprises par le cerveau comme des réverbérations.

c'est a mon sens trés important dans la mise au point d'une acoustique

une lecture approfondie de cet exposé trés accessible permet de se faire une bonne idée
http://www.taylormadesystem.com/PDF/IRCAM%202007.pdf

La configuration dans mon profil


Un changement de laine de verre s'entend bien plus qu'un changement de câble !
Sujet: Mon installation "Steph-Hifi MK3"
Avatar de l’utilisateur
Steph-Hifi
Membre d'Honneur - Secrétaire Général de l'Association & Superv. HiFi
Membre d'Honneur - Secrétaire Général de l'Association & Superv. HiFi
 
Messages: 8012
Inscription Forum: 10 Nov 2002 2:55
  • offline

Message » 21 Mai 2013 22:23

Merci steph-hifi

Si notre oreille n'avait pas la précision temporelle mise en évidence par l'effet de Haas on aurait pas a ce soucier des problèmes de diffraction des enceintes, effet de baffle, proximité ou non d'une réflexion spéculaire...
STRA
Membre HCFR
Membre HCFR
 
Messages: 7782
Inscription Forum: 28 Jan 2010 3:41
Localisation: Toulouse
  • offline

Message » 22 Mai 2013 16:23

Les textes de Paul m’inspirent les remarques suivantes qui sont probablement la conséquence du fait que je possède moins bien la matière de l’acoustique que lui, ce dont il conviendra certainement :

- Faire monter un bon haut-parleur de 25 cm jusqu’à 500 ou même 600 c/s n’a rien d’extraordinaire, même s’il s’agit d’un modèle à haut-rendement. Le problème rencontré par Paul à propos de la linéarité d’un tel haut-parleur jusqu’à ces fréquences trouve sa cause sans doute dans son désir d’en augmenter le rendement en le plaçant à proximité de parois, ici le mur et le sol, ce qui provoque un rendement accru de 2x3db. Cela, je puis l’admettre même sans en comprendre la raison. Ce qui me parait plus surprenant, c’est que Paul a pu remédier à une certaine perte de puissance entre 300 et 500 c/s avec deux planches et en façonnant une demi-gorge devant le cône du transducteur. La planche-cloison du dessous et celle du côté gauche qui entourent le haut-parleur sont placés le long du mur ou sur le sol ; elles n’apportent donc apparemment aucun correctif acoustique qui leur soit propre. Seule la petite excroissance que l’on voit sur le côté droit pourrait éventuellement apporter une efficacité supplémentaire puisqu’elle ne double aucune autre surface, mais ma compréhension superficielle de la chose me conduirait à penser que l’amélioration devrait se situer dans le bas du spectre puisqu’avec cette cloison supplémentaire, le court-circuit acoustique du doublet devrait prendre naissance plus bas. Quant à la demi-gorge, je n’en aperçois pas immédiatement l’utilité ? Je pensais que la gorge était la partie antérieure d’un pavillon dont la fonction était de comprimer l’air sonore pour en faire une haute impédance acoustique que la trompe du pavillon allait ensuite ramener à la pression de l’air ambiant. Je dois avouer que je ne comprends pas bien quel rôle peut jouer un morceau de gorge sans pavillon.

- Venons-en aux courbes de réponse d’un haut-parleur positionné dans différents angles par rapport au micro de mesure (ou à l’auditeur). L’absence d’angle (donc le HP en face du micro) donne la pression acoustique (en dbspl) la plus importante. Les autres courbes affichent des pressions acoustiques qui diminuent au fur et à mesure que l’angle entre le haut-parleur et le micro s’ouvre. Cela est très compréhensible et peut être facilement vérifié.
Ce que mon faible entendement perçoit plus difficilement, c’est que la courbe R qui représente la moyenne de toutes les courbes prises sous les différents angles est située au milieu de la grappe des autres courbes. Cela ne peut, me semble-t-il, avoir d’autre explication que le fait que, dans cette mesure, la courbe 0° est prise en compte comme étant la plus efficace et que les autres sont prises en compte par soustraction, la courbe R étant la moyenne de ces courbes allant de la plus efficace à la moins efficaces. Je comprendrais parfaitement cette façon de calculer une efficacité moyenne si celle-ci était perçue en chambre sourde. Cependant Paul précise que la courbe R constitue l’énergie globale rayonnée, « ce que nous entendons le plus souvent au point d’écoute » ajoute-t-il. Or, ce que nous entendons au point d’écoute, c’est sans doute pour une part l’onde directe mais aussi pour une part égale sinon plus grande l’énergie rayonnée. Il semblerait donc que la courbe R devrait être plus efficace que les autres dont elle est la somme. Nous sommes en tout cas loin de la chambre sourde et des mesures qui ont pu y être captées. Comment peut-on passer de l’une à l’autre et comment mesurer à la fois la courbe 0°isolée de son champ naturel de réverbération et la courbe R dans un même lieu d’écoute et surtout les représenter dans un seul graphique? Par le fenestrage ? une technique pour laquelle je souhaiterais obtenir quelques explications et qui n’est pas celle mise en pratique par Paul dans les relevés qu’il publie et qui ont été captés en bruit rose normalisé.

- L’effet cocktail ou l’écoute dite intelligente qui permettrait de converser avec un interlocuteur dans un milieu bruissant d’autres conversations, je ne le mets pas en doute mais je doute que le phénomène soit purement auditif comme semble le soutenir Paul. Je crois que, dans cette sorte de focalisation de l’attention auditive, la vue, le regard que l’on porte sur la source sonore sont extrêmement importants. Faites un essai et fermez les yeux sur l’interlocuteur qui vous parle un verre à la main, au milieu d’un cocktail. J’ai l’impression que vous perdez beaucoup de l’intelligibilité de ses paroles, si du moins vous êtes toujours en mesure de rester debout les yeux fermés. Les malentendants comme moi essayent de lire sur les lèvres ce qu’ils comprennent mal. Il en va de même au concert où la vue du soliste ou des instrumentistes de l’orchestre facilite grandement la compréhension du texte musical. C’est vrai même à la télévision dans les émissions musicales. Or, la reproduction musicale domestique ne permet pas de voir la source sonore et par conséquent d’identifier aussi par la vue les sons directs dans l’environnement des sons diffus. Pour tout dire, je ne suis pas absolument convaincu de l’antagonisme entre son directe et son réverbéré. Je pense qu’ils se complètent et que la bonne installation est celle où ils se complètent harmonieusement, tout simplement. Cordialement Olivier
Dernière édition par Le daim le 22 Mai 2013 17:19, édité 2 fois.

La configuration dans mon profil


La haute-fidélité est une servante de la musique et non une fin en soi.
Le daim
Membre HCFR
Membre HCFR
 
Messages: 559
Inscription Forum: 11 Aoû 2012 7:59
  • offline

Message » 22 Mai 2013 16:45

Le daim a écrit: L’effet cocktail ou l’écoute dite intelligente qui permettrait de converser avec un interlocuteur dans un milieu bruissant d’autres conversations, je ne le mets pas en doute mais je doute que le phénomène soit purement auditif comme semble le soutenir Paul. Je crois que, dans cette sorte de focalisation de l’attention auditive, la vue, le regard que l’on porte sur la source sonore sont extrêmement importants.




Des effets d’interactions entre vision et audition peuvent également apparaître
dans le cas de la parole (Calvert et al., 2000) qui est un signal continu et variable exigeant
des opérations perceptives de segmentation et de normalisation pour que des unités
(syllabes, mots...) puissent être reconnues automatiquement, en dépit de leur variabilité
acoustique. De plus, il est montré que la vision du mouvement des lèvres facilite la
reconnaissance de la parole en milieu bruité et même que la perception correcte de ce qui
est dit dépend de la possibilité de voir correctement les mouvements des lèvres. Ainsi, la
première étude, menée par Sumby & Pollack en 1954, a montré que le fait de fournir la
modalité visuelle en plus de la modalité auditive pour percevoir la parole en milieu bruité
était équivalent à améliorer le rapport signal sur bruit de 15 dB (Sumby et Pollack, 1954).

extrait de Intégration multisensorielle et motrice chez le primate non humain : approches anatomique, comportementale et électrophysiologique, Céline Cappe http://cerco.ups-tlse.fr/pdf0609/cappe_c_07_these.pdf
dinococus
 
Messages: 3000
Inscription Forum: 22 Déc 2012 18:31
  • offline

Message » 22 Mai 2013 16:53

Si j'ai bien compris, le système est égaliser avec un egaliseur????

Sur toutes les voies ???

On peut avoir le synoptique du matos ???

Cdt Philippe
BPhil
 
Messages: 8890
Inscription Forum: 13 Juil 2001 2:00
Localisation: La Vallée De Chevreuses 91
  • offline


Retourner vers Discussions Générales