Après près d’un an avec les Cezanne HD noires laquées, j’ai arbitrairement décidé que mes électroniques, NAD C375 et Arcam CD37 devaient être remplacées. Elles ne déméritaient pas, surtout au niveau de la puissance et de l’ampleur, mais j’ai cherché un peu plus de finesse et d’aération.
Me voilà lancé dans quelques séances d’écoute.
J’ai écouté 4 amplis entre 1500 et 2900 eur avec les enceintes, avec un très bon et très neutre lecteur cd Yamada cds 2100. Mes CD de test habituels sous le bras :
Metallica : black album – Pink Floyd : the Wall - Cabrel : la corrida – Ben Harper : Jah Work
- Audio Analogue Fortissimo, 2 X 100 w. 1800 eur. Sympa, mais pas assez de détail. Dans l’esprit de mon NAD. Pas vraiment de bénéfice sur ce coup-là. Ce n’est pas mauvais mais je ne suis pas emballé.
- Aura Note V2 Premier. Le fameux tout en un coréen que Davis utilise dans la plupart de ses démos et avec lequel les Cezanne ont été conçues. 2800 eur mais CD intégré donc sans le CD Yam pour l’écoute. C’est fou mais le minuscule tout en un Aura Note V2 Premier est vraiment excellent avec leurs gammes. Il comprend un module IcePower de Bang & Olufsen de 2 X 125 w en classe D (et 2 X 250 en 4 ohms), et la musique coule facilement avec ce bouzin. Ca contient un pré, un ampli, un dac, le bluetooth, le CD, la radio, l’USB, l'ampli casque. C’est une petite bestiole et psychologiquement, ce n’est pas du gros matos hifi. Ca pourrait en rebuter certains. Mais c’est dynamique, ça tient le grave de ouf et pas du tout agressif. Pas mal pour ma musique. Au salon à Paris en novembre, Davis a hésité à installer son Gryphon car l’Aura faisait aussi bien dans cette pièce… Confirmation de ma très bonne impression. Tenue du grave exceptionnelle. Bonne dynamique. Bons timbres. Réglage du volume par algorythme, sympa. En cherchant la petite bête, peut-être un léger effet classe D, pas agressif au contraire, mais quelques simplifications dans le rendu. Mais une belle énergie.
- Yamaha AS 2100 : 2 X 90 w en A/B. 2200 eur. Même gamme que le CD. Finition exceptionnelle, les vu-mètres. Je dirais finition au-dessus du lot des autres produits. Du très bon matos. Son naturel, pas agressif. En cherchant la petite bête : fonctionne magnifiquement dans une certaine plage de niveau, c’est-à-dire à volume moyen. A bas niveau, pas grand-chose / à haut niveau, un peu criard / entre les 2, nickel.
- Sugden A21 Signature. 2 X 22 w en pure classe A. 2900 eur. Alors ça commence très fort. Je crains que ça s’effondre sur Metallica, mais pas du tout. Il y a du courant en masse, et ça passe nickel. 2 énormes avantages : les voix donnent des frissons (Cabrel) et le relief est crédible à très très bas niveau (assez fréquent à la maison finalement). A très fort niveau, on atteint les limites, mais c’est au-delà de ce que je peux mettre à la maison. Un bémol peut-être : le grave n’est pas celui de la classe D de l’Aura. Corps et matière sont parfaits, mais attention peut-être parfois à ce que ça ne déborde pas un peu dans le bas. A surveiller avec les Cezanne. Il n’avait pas eu le temps de chauffer. C’est peut-être lié. Une très belle écoute quoi qu’il en soit.
Autre lieu, autre source (Rotel RCD 1570), mêmes enceintes, 5 nouveaux amplis :
- Atoll IN 200 SE. Je confirme le bien qu’on en dit, bons timbres, énergique, tout est en place, suffisamment puissant. Un son assez aérien, des aigus légèrement appuyés, peut-être un peu trop axé haut medium pour de longues écoutes. Très bon rapport qualité-prix.
- Rotel RA 1570. Excellente surprise. Belle machine en gris, pas mal de points communs avec l’Atoll, mais peut-être avec un meilleur équilibre, sans registre en avant. Toujours une belle rapidité. Une connectivité impressionnante. Ce n’est plus le son des modèles RA d’avant les séries SE, donc d’il y a 10 ans environ. Les lames de l’époque sont un peu moins aiguisées. C’est plus reposant, ce qui est certainement mieux à certains égards, mais c’est un peu rentré dans le rang. Je garde un souvenir particulier d’un RA04 qui avait fini par me vriller les oreilles mais qui avait aussi une personnalité incroyable. 0 concession à l'époque.
- Marantz PM8005. C’est peut-être à cause de la comparaison avec les autres, mais je n’insiste pas. Il m’avait bien plu sur des BC Acoustique Niger un peu nerveuses, mais avec les Davis, je ne trouve pas cela à mon goût. Le grave est un peu mou, la dynamique faiblarde. Il est aussi nettement moins cher que les autres.
- Line Magnetic LM-216iA, un push-pull avec 4 tubes KT88. Assez étonnant à ce niveau de prix (1700 eur). La richesse du tube, mais quand même un bel impact. Le grave est tenu, c’est étonnant. A considérer si on n’est pas rebuté par les contraintes des tubes.
- BC Acoustique EX-362D. Pure classe A. Je m’attendais à aussi bien que le Sugden. Il a bien fonctionné en pure classe A (avec le bouton allumé en bleu) mais je n’ai pas été emballé. Peut-être parce qu’il n’a pas eu le temps de chauffer, mais le son restait un peu collé. Je n’ai pas donné sa chance au produit.
Donc au final, considérant le rapport qualité prix, je classe sur le podium le Rotel, l’Aura Note V2 (plus cher, mais multisources intégrées) et le Line Magnetic. 3 technologies différentes d’ailleurs.
Donc je me décide pour… aucun de ceux-là.
La raison est que j’avais eu en prêt cette année, avec mes Cezanne HD déjà en place, 2 amplis plus haut de gamme, mais anciens (plus de 10 ans). Un Plinius 9200 et un Accuphase E213. Le Plinius était un monstre de puissance, avec une tenue exceptionnelle du grave (je le répète, importante avec les Cezanne), beaucoup d’impact, une énergie impressionnante. Côté moins : peut-être une certaine froideur, notamment à haut niveau. Ca pouvait picoter.
L’Accuphase m’avait enthousiasmé, j’avais eu beaucoup de mal à le rendre. Je dirais que tout y était : pêche, rapidité, timbres, et surtout une aération et une extension des notes sidérantes. Un grave moins impérial que le Plinius (200 W vs 90) mais pour le reste, une classe folle, et une très grande polyvalence (du classique au métal velu). Je reconnais apprécier la présence de potards grave - aigu débrayables.
Donc lorsque j’ai vu une occasion comme neuve d’un Accuphase E260 (le dernier en date) à côté de chez moi, je me suis rué dessus, même sans l’avoir écouté avec les Davis. Le risque était faible. Verdict : Rien à dire : raffinement, pêche, timbres, rapidité, spacialisation, tout y est. Le plus impressionnant est d’une part la facilité avec laquelle on reconnait distinctement quel tom de batterie est utilisé, avec une différence d’impact réellement ressentie selon l’intensité que le batteur y a mise, et d’autre part l’exploration de ce que le tweeter en kevlar Davis est capable de sortir dans ses derniers retranchements (ex : le charley du batteur, encore lui).
Difficile de comparer avec le E213 qui est passé chez moi car ça remonte à près d’un an, mais je suis vraiment content. Après, je ne pense pas que j’aurais mis 5500 euros non plus en neuf. J’ai bi-câblé : le grave avec le même câble que celui qui équipe mes enceintes (HP de grave uniquement), fabriqué en France par Omerin, et le medium / aigu avec un Real Cable BMT250, un bi-métal cuivre – argent. Cela me donne les détails sans agressivité, c’est remarquable. J’ai lu que les enceintes qui descendent sous 4 ohms ne vont pas avec le E260, mais ouf, pas de souci pour mes Davis.
Je reconnais utiliser souvent les correcteurs de tonalité (-1 en grave, +1 ou 2 en aigu le plus souvent).
Au final, si la plupart des amplis testés avaient au moins un point fort, seul le E260 réussit le grand chelem. J’ai bien aimé les tests de Pucelle d’Abidjan sur AudioFanzine, et je dois reconnaitre que son avis sur Nirvana m’a rendu curieux ; hé bien tout est vrai.
Quant à l’objet en lui-même, c’est une splendeur. La nouvelle télécommande est enfin au niveau du reste. J’aime bien les vu-mètres à l’ancienne, et la manipulation des 2 gros potards est une expérience en soi. J’arrête là le côté fanboy.
Bref, je pense que c’est parti pour un bout de temps.
Si je devais trouver à redire, ça pourrait être sur la reproduction des impacts de grave de la musique électronique moderne, qui n’est pas aussi tendue et franche que ce qu’on pourrait avoir avec des pures monitors, mais cela peut aussi venir de la cellulose, qui n’est peut-être pas le matériau ultime pour un boomer qui descend aussi bas.
Conclusion : le plus cher (et de loin) s’est avéré le meilleur (et de loin).