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Jackie (2017)

Message » 05 Fév 2017 20:38

Synopsis : 22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.


Jackie est un portrait psychologique intime qui se mérite. Ce n'est pas un film facile d'accès mais, à bien des égards, il est remarquable. Il essaye de décrire l'indescriptible : la tempête qui secoue une femme qui perd tout et qui va rendre un dernier hommage à son mari devant la terre entière pour le faire entrer dans l'Histoire et construire son mythe, à la manière d'Abraham Lincoln. Le film est assez chaotique et très fragmenté dans sa 1ère moitié, à l'image des pensées de Jackie. Il y a un montage complexe autour de l'interview d'un journaliste au milieu duquel s'intercale un mélange de tranches de vie très courtes et sans continuité temporelle. Il montre l'avant et l'après de manière froide, presque clinique. Il montre aussi une veuve sonnée qui se débat pour continuer à exister dans une histoire en marche qui va rapidement l'effacer : qd un président meure, le suivant le replace et toute la machine du pouvoir se met en place pour "la suite". Le vice président prête immédiatement serment et son épouse devient la nouvelle first lady. C'est une nouvelle trajectoire où elle et ses deux enfants n'ont plus aucune place. C'est l'effacement programmé, inéluctable, inexorable. Impitoyable. Seulement Jackie est une femme de caractère, qui sait cacher sa souffrance. Elle ira au bout de ce qu'elle veut offrir à son mari défunt en imposant notamment, au dernier moment, une longue procession en dépit des risques d'attentat qui semblaient élevés pour les hommes d'états invités.

La deuxième partie est plus facile cinématographiquement. Plus forte aussi avec des personnages secondaires bien construits qui apportent beaucoup. On y voit toute l'humanité de l'assistante de Jackie, du journaliste et du prêtre. Les séquences privées avec le prêtre sont denses avec des paroles échangées qui pénètrent loin dans l'âme. L'émotion est là. On finit par intégrer en soi le cheminement intime final que va vivre cette femme avec la disparition progressive du chaos. L'Histoire s'installe alors avec la cérémonie des funérailles et on savoure les plans magnifiques de Jackie pendant la procession.

Pablo Larrain signe là un premier film anglophone très personnel et original qui ne cherche pas à plaire en obéissant aux codes traditionnels des biopics. Il se façonne par petites touches à la manière d'une peinture cubiste. C'est un hommage intimiste, complexe et torturé qui nécessite probablement plusieurs visions pour permettre de se l'accaparer complètement. Qt à la performance d'actrice de Natalie Portman, j'ai trouvé qu'elle collait parfaitement à la construction formelle du film. Étonnant.
Emmanuel Piat
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Message » 03 Mar 2017 16:05

Posté également dans "CRITIQUE des derniers films vus" ...

JACKIE (CINE)

Synopsis : Jackie Kennedy, après la mort de son mari, est interviewée à sa demande par un journaliste de Life Magazine. Elle souhaite recadrer les tragiques événements et expliquer, justifier son comportement et celui de sa famille, pour la postérité.

L'ensemble se suit sans aucun ennui, de par le montage astucieux (Interview, flash-back, images d'archives, reconstitutions), la mise en image soignée, et le jeu très impressionnant de Nathalie Portman, qui incarne vraiment la Première Dame, sans pourtant lui ressembler physiquement. Nous assistons à la lutte farouche de cette jeune femme dévastée, qui traîne son chagrin, son désarroi et devine sa future solitude, mais qui doit, en temps réel, affronter en parallèle sa belle-famille, les impératifs glacés d'efficacité de la Présidence Américaine, sous pression paranoïaque, qui doit nécessairement "enchaîner" dans une Amérique abasourdie par le drame.

En tant qu'Européen, nous avons sans doute du mal à apprécier le soin (que j'oserais qualifier de "maniaque"), pris par Mlle Portman pour "s'imprégner" de la personnalité, du phrasé particulier de la vraie Jackie, et par l'énergie développée par le réalisateur dans la reconstitution des événements (Parfois violente, verbalement ou en images) et les montages vidéo "d'époque", qui replacent magiquement l'actrice dans les images de ses prestations de première dame et du drame de 1963 : Un poil surfait ? Chacun jugera ...

Reste en mémoire un biopic cohérent et bien fait.

15/20
alcatol
 
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