alexandre t a écrit:haskil a écrit:alexandre t a écrit:Avec le dématérialisé, la tendance à n'écouter que des bouts d'album, voire une plage, à n'écouter que ses playlists va se généraliser. Il y a un article intéressant dans Classica ou Diapason de ce mois (l'auteur prend l'exemple du dernier Tharaud, qui est vraiment pensé comme un tout).
C'est curieux, mais je ne pense pas doute cela du tout : je pense que cela ne va que permettre à celui qui écoute de le faire comme il le souhaite... avec plus de facilité !
Pour le Tharaud Scarlatti : ce n'est pas parce qu'Alexandre Tharaud le dit, et il a raison de le dire s'il l'a ainsi conçu, que bien d'autres disques ne sont pas ainsi conçus...comme des programmes devant être écoutés dans leur intégralité, sans que les interprètes le déclarent publiquement pour autant. Si l'on s'en tient à Scarlatti : c'est le cas de TOUS les disques consacrés à ce compositeur que je connais : sans quoi, leur écoute serait impossible... les interprétes varient tous et toujours ambiances et tonalités pour que ça s'enchaîne... Horowitz, Haskil, Meyer, Zacharias, et donc Tharaud après eux.
Joli disque par ailleurs auquel manque néanmoins l'éclair qui en ferait un aussi grand disque que le Rameau ou le Ravel.
Mais et l'on va retomber sur nos pieds : du point de vue prise de son : il est remarquable !
Bonjour Alain,
Le journaliste prenait l'exemple de Tharaud car c'était le disque du mois (faut que je l'achète ! Je suis bien d'accord sur les autres disques Scarlatti, comme le Leonhardt chez Seon). Il y a apparemment une ou deux plages d'un intérêt moindre, mais qui sont insérées entre (ou avant?) des sonates plus intenses (pour créer des contrastes ?). Il en profite défendre l'intérêt d'un disque conçu comme un récital (comme le Kissin en live, ou le Planès "Chez Chopin"). Il juge en revanche inégal l'intérêt des intégrales (les "préludes", les "nocturnes" etc) qui ne sont pas forcement conçues pour être jouées à la suite.
C'est après qu'il s'interroge sur le papillonnage musical.
Ma phrase était bien sûr un raccourci, mais je vois plusieurs arguments qui vont dans le sens d’un renforcement du papillonnage :
Tout d’abord, il ne doit y avoir beaucoup de gens qui ne font rien d’autre qu’écouter de la musique le temps d’un disque. Sans doute le forum regorge d’exceptions, mais il faut voir la tête de copains de passage quand ils comprennent, que là, assis dans ce fauteuil au milieu des enceintes, on peut ne faire rien d’autre qu’écouter de la musique ! Combien d’entre nous n’ont fait qu’écouter en intégralité un opéra (pas moi !) ? Et je ne crois pas avoir écouté un disque entier sans lire quelque chose (ne serait-ce que le livret)...Du coup, l’activité « écouter de la musique » me semble soit n’être qu’une pratique rare, soit être une activité secondaire dans le sens où elle accompagne une autre activité (lire, surfer, repasser ? etc.). Sans doute que sur ce forum nous somme une majorité à estimer que la lecture va accompagner l’écoute et non l’inverse, mais on ne doit pas être bien nombreux…
Ensuite, le temps…Ouch ! Je ne sais pas pour vous, mais ça devient compliqué d’avoir une vraie plage d’écoute de musique…Entre le boulot, la vie de famille (et les bambins), les comains, les contraintes (voisinage par exemple), je me retrouve à écouter tranquillement qu’à partir de 11h /11h30 (le soir…) pendant au mieux une petite heure…Le manque de temps pousse au papillonnage. A la limite, c’est quand je dois travailler le soir à la maison que je peux écouter 2 ou 3 heures de musique à la suite (généralement au casque).
Enfin je rejoins l’argument de Dinosaure : l’accès à une grande (immense via le web, les disques durs qui tournent etc.) librairie musicale ne pousse-t-elle pas à une écoute rapide des albums et à ne retenir qu’à la première écoute que 2 ou 3 morceaux par albums (au mieux ?). C’est sans doute moins vrai en classique, mais j’avoue bien volontiers procéder de la sorte devant un coffret de 15 CDs de cantates de Bach…Quand aurais-je le temps de réécouter ces 15 cd ? Et encore, j’ai des horaires de travail tout à fait normales.
D’ailleurs, quand on avait 20 cd ou vinyles, on les écoutait frénétiquement, en apprenant à en découvrir tous les titres. Hormis quelques marottes, les djeun’s ingurgitent une quantité impressionnante de musique (tout David Bowie en 48h !). Ils (et les gens en général) dégustent la musique de manière différente (enfin, c’est mon sentiment rapide…), ce qui ne laisse pas forcement beaucoup de place à l’album concept ou hyper léché (avec plein de détails qu’on ne découvre qu’au fil des réécoutes).
Dans le prolongement, la facilité de la dématérialisation (conjuguée à l’étendue des librairies musicales) renforce en ce sens l’effet zapping. Car c’est bien la facilité d’usage qui peut être créatrice de nouveaux comportements et modes de consommation. Le téléchargement illégal a prospéré non pas parce que les gens deviennent délinquants, mais parce que c’est facile, et immédiat. Deux qualités qui paraissent aujourd’hui primordiales…Un media type Deezer HD sera-t-il la norme domestique dans 10 ans ? Si c’est le cas, alors oui, ça va papillonner !
Bon, pour résumer en quatre lignes pour ceux qui préfèrent écouter de la musique que lire le forum :
Il n’y a déjà pas beaucoup de gens qui « écoutent » de la musique.
On a de moins en moins de temps pour le faire (ceux qui ne le font déjà pas ne le feront pas plus, et ceux qui le font risquent de moins le faire !)
On a accès à de plus en plus de musique (ce qui favorise plus le zapping, d’autant qu’on à moins de temps…)
Et en plus la facilité et l’immédiateté sont des caractéristiques la dématérialisation, ce qui pourrait renforcer l’effet papillonnage).