jpu017 a écrit:Ouaip, ça me rappelle le débat qu'on a eu l'année dernière (c'est fou ce qu'on radote sur les forums...) : ton concept de PC, certes très pur et très quali, comporte qqes limitations en termes de gestion de sources. En particulier, pas de vinyle ! Et aussi, bien que tu puisses mettre un tuner FM dans ton PC, je ne suis pas sûr que ça matche un Dynalab.
Je reviens en arrière. Pour recentrer le sujet, je vous propose quelques réflexions.
Vous le savez probablement, j'aime illustrer mes propos d'histoires personnelles. Celle ci m'est arrivée la semaine dernière.
De passage à Paris je suis allé fouiner à la FNAC Saint Lazare. Soldes, gros déballage de CD, DVD, ... Un coffret DVD attire mon attention, il contient 2 CD et un DVD du concert 2003 « Autour de la guitare » animé par Jean Félix Lalanne. J'avais regretté de ne pas être aller à celui de l'année dernière. En vérifiant si le son est bien en DTS, Ô miracle, je lis DTS 24/96. J'avais l'intention de l'acheter, mais là, c'est tellement rare, j'ai failli le ... voler ! (joke)
Revenu près de mes montagnes, je mets en « chauffe » PC, carte son, Power DVD Deluxe, amplis pour une écoute 5,1. Et là c'est le miracle, le grand pied. Une dizaine de guitaristes de haute volée, Nourith, Daniel Lévi, Catherine Lara, Graeme Allwright, Michael Jones, Zebda, Maurane, Lara fabian ... Frissons, oeil rougi garantis, toutes les harmoniques de toutes les guitares, des voix sublimes, une image de très bonne qualité, un DVD haute Définition (au moins pour le son) ! ... Au fait, c'est quoi, aujourd'hui, la Haute Définition ?
Les publicitaires nous répondent immédiatement, les contenus, images et sons, des supports HD, Blue Ray et HD DVD, les DVD vidéo d'avant HD étant, par définition BD ... C'est un peu court, non ? Je vous propose de reprendre les choses à leur commencement.
Il était une fois ... un cylindre de cire sur lequel une aiguille gravait un sillon. Elle tirait son énergie des vibrations captées par un pavillon faisant office d'adaptateur d'impédance et d'amplificateur acoustique. Plus tard le procédé a été amélioré par gravure sur un disque de cire, à ceci prés , la vitesse du stylet était beaucoup plus élevée, et la gravure plus fidèle, sur les sillons extérieurs que sur les sillons intérieurs. La vitesse de rotation, la taille du stylet ont été réduits par la suite. La cire a été remplacée par une matière plastique plus compatible avec la production industrielle. Dans le même temps on a réduit l'épaisseur, la densité, donc le poids du disque, ce qui n'allait pas dans le sens de la qualité (déjà !).
La gravure du master d'un microsillion de haute qualité est conforme au courant sortant du micro ou, selon le cas, de la console d'enregistrement. Origine d'un signal analogique, cette gravure respecte totalement les fréquences fondamentales et harmoniques contenues dans la prise de son (20 à 20000Hz sans rotation de phase, 45000Hz pour la quadrophonie).
Première remarque, le signal analogique récupéré est forcément en haute définition. On l'appelait simplement Haute Fidélité, HiFi pour les intimes. Avec un, deux, puis quatres canaux, en mono, stéréo, quadrophonie (SQ ou QS), la qualité était là, le multicanal aussi.
Par la suite, avec le numérique et son codage, on s'est mis à lui faire des infidélités, à la Haute, avec de la basse et même très basse fidélité que l'on a continué à appeler HiFi.
A sa première présentation le nouveau Compact Disc Philips (co-développeur avec Sony) faisait appel à un convertisseur de seulement 14 bits. Il ne tenait pas dans le petit boitier de lecture placé sur la table, mais tout juste sous la table, caché par la nappe (je sais, j'y étais). Le problème était que ce format sous seulement 16bits ne permettait pas la reproduction parfaite des fréquences les plus hautes. Sa fréquence d'échantillonnage de 44100Hz était trop basse et imposait un filtre passe bas à la fréquence de coupure trop proche de 20000 Hz, pourvoyeur de rotations de phase.
Deuxième remarque, la conversion analogique/numérique, du fait de l'échantillonnage d'un signal analogique a créé un signal dégradé par rapport à l'original analogique, donc indirectement la notion de basse définition.
Les premiers lecteurs CD, malgré leur potentiel en matière de détails, de bruit de fond et d'absence de bruits surajoutés, n'étaient pas très Haute Fidélité, il faut le reconnaître. Ils ont donné naissance à l'idée que décidément le numérique ne pouvait pas faire de la musique. Le concept d'audiophilie était né pour défendre la vraie Haute Fidélité, bien sûr analogique. Pourtant un appareil me donnait de l'espoir, le CD1 de chez Yamaha, lecteur CD le plus cher, 18 000 Frs, de l'époque. Sa qualité de fabrication ne serait pas désavouée par le haut de gamme actuel. Certains devraient d'ailleurs s'y reporter. La seconde génération était moins chère et au niveau du Yam CD1. J'ai acheté pour 7 000 Frs un Technics qui me semblait le meilleur rapport musicalité/prix.
Pendant la décénie qui a suivi les améliorations successives sur les lecteurs ont porté leurs fruits. Elles concernaient la lutte mécanique contre les vibrations, les algorythmes de correction d'erreur, le lissage de la courbe de réponse, la qualité des alimentations, la conception des préamplis de sortie, le filtrage numérique et analogique, le suréchantillonnage, le reformatage / rééchantillonnage, les progrès des processeurs. Finalement les lecteurs CD actuels sont très satisfaisants. Le bas de gamme n'existe pratiquement plus, les derniers appareils étaient remarquables (en particulier chez Philips (721, 722, 723) et technics. Le moyen de gamme (Pioneer, Marantz) et le haut de gamme sont en train de faire une très belle progression. Peut on encore parler de basse définition, certainement pas.
Troisième remarque, le CD est devenu un vrai support haute définition.
De fait, le multicanal est revenu en force dans les années 90 sous le vocable Home Cinéma. Il a toujours été possible de « sortir » les signaux en opposition de phase d'un enregistrement stéréo pour créer un canal central et un arrière par un modèle matriciel dit « A, B, A+B, A-B ». A l'époque j'ai réalisé de tels montages passifs. Les effets étaient plus qu'intéressants. La séparation des canaux n'était peut être pas très bonne, mais le signal était analogique, donc en haute définition. Le Dolby stéréo ou surround en était dérivé, appliqué au signal analogique des bandes son films ou cassettes VHS. Le Doly pro-logic y ajoutait un traitement actif pour augmenter. Dans certains cas le traitement passait par une numériqation du signal et donc ... le dégradait.
Quatrième remarque, la haute définition en multicanal existe depuis longtemps.
Par la suite, les signaux numériques venus en force dans le cinéma, avec l'avénement du Dolby Digital (codec Ac3), la création du DVD et l'apparition du haut débit sur Internet ont développé les formats video et audio compressés. Le MP3, MP4, DD, DTS, WMA etc ... sont tous des formats dégradés, basse définition, y compris le DD EX et le DTS ES en 6,1 canaux.
Cinquième remarque, nous n'écoutons pratiquement plus que des formats compressés, donc dégradés.
Avec le progrès technique de nouveaux formats audio sont apparus. Échantillonés PCM sous 20, 24 bits, en 48, 96, 192 kHz ou DSD, certains sont cependant compressés sans perte. Ils sont au moins au niveau du CD et compatibles avec le DVD. Ils peuvent être considérés comme HiFi s'ils sont lus et convertis sur quelques rares lecteurs de DVD haut de gamme qui reprennent réellement les recettes des lecteurs CD Audiophiles (premier prix, le lecteur « universel » Denon 1930).
La qualité concerne un peu le DTS plein débit, mais surtout les formats DTS 24/96, DVD Audio et SACD tous compatibles avec le multicanal 5,1.
Sixième remarque, malheureusement on ne s'est pas donné le moyens de démontrer au public tout l'intérêt un son de qualité à cause de démonstrations dans des conditions et sur du matériel indignes des signaux à traiter.
Pourtant, « Autour de la Guitare » en DTS 24/96, écouté dans de bonne conditions, fait immédiatement comprendre les limites du CD, même avec des lecteurs de haut de gamme ! En plus on a l'image. L'expérience du DVD Audio et du SACD vont dans le même sens.
Septième remarque, finalement, le concept Home Cinéma est purement commercial, pour faire passer la « pilule » de formats basse définition pris en charge par des lecteurs et des amplis « HC » qui ne méritent pas le nom de Haute Fidélité pour de simples raisons de prix de vente, donc de conception.
Le multicanal HiFi existe mais il est forcément rare et plus cher. Mais quand on n'y a goûté ...
Huitième remarque, le DSD fournit un signal proche du signal analogique, plus que le PCM, serait-il en 24/192k. Le SACD, seul média audio HD actuel utilisant le DSD, est compatible (en BD) avec tous ce qui lit des CD. Il sort au choix un signal HD stéréo ou multicanal. Pour l'audio pur, il est unique !
Avec tous ces avantages il a été boycoté par les éditeurs (on se demande pourquoi, dans ces conditions, ils n'ont aucune raison de se plaindre des téléchargements sauvages en MP3 alors qu'il pouvaient proposer systématiquement des CD/SACD), renié par ses concepteurs. Pour les fabriquants de matériel, les lecteurs restent confinés au haut de gamme de lecteurs CD ou DVD. Pourtant on pouvait proposer de bons lecteurs CD/SACD multicanal à prix raisonnable, Sony la fait, puis ... défait. Les amoureux de bons artistes et de beau son, nous existons tout de même, nous représentons un marché. Il aurait fallu y penser et que l'on se donne la peine de présenter le SACD sur autre chose qu'une "chaine" multicanale à 400€ comme l'a fait la FNAC ! Il aurait fallu informer et sensibiliser le public. La FNAC, "pourvoyeur de culture" semble revenir en arrière actuellement en proposant du matériel plus digne de la vraie Haute Fidélité.
De fait, qu'apportent réellement les nouveaux formats HD ?
Pour l'image, avant tout une définition compatible avec des écrans de plus d'un mètre de diagonale. Mais tout est relatif, c'est de la basse définition comparativement aux formats numériques professionnels destinés aux salles de cinéma, à fortiori aux films argentiques destinés à des écrans de plus de 10 mètres.
Pour le son, presque rien, sinon 7,1 canaux discrets en 24/192k maximum. Très difficile de faire accepter au WAF 7 enceintes plus un caisson dans un salon (même si je l'ai réussi). Un signal haute définition c'est bien, mais à part nos rares PC HiFi multicanaux HD, rien n'est capable de lire ces formats dans de bonnes conditions (celles qui font la différence sur les harmoniques). Pour l'instant aucun lecteur, HD DVD ou Blue Ray, n'est, au moins, au niveau d'un Denon 1930 sensé être BD !
Conclusion, mais ce n'est qu'une opinion, être patient et attendre que tout ceci se décante, en broutant notre maigre pâture de DVD Audio, SACD, DTS 24/96. On nous prend vraiment pour des ...
Si vous avez été jusqu'au bout du pensum, vous avez la patience nécessaire.