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Musique enregistrée : BLURAY, CD & DVD musicaux, interprètes...

Les termes musicaux que vous voudriez connaitre

Message » 02 Déc 2004 16:21

Betekaa a écrit:
GBo a écrit::D
J'ai bien fait de remettre une pièce! super post!!!

Toute nouvelle hiérarchie ou lois d'organisation des hauteurs provoquent l'opération de comparaisons aux substrat acquis, jusqu'au moment ou la fréquentation importante des tournures "mélodiques" deviennent par l'imprégnation inconsciente des combinaisons acceptées.

Justement j'ai l'impression que ça, ça devient un big problème dès qu'on veut essayer de découvrir la musique contemporaine atonale. On compare avec ce qu'on connait, trop de delta, pas de mélodie chantante, pas de rythme dansant, pas de répétition hallucinogène, etc... bref rien à quoi se raccrocher, pas de susucre ( :wink: ) -> on laisse tomber!
pour ma part les seules portes d'entrées que j'ai entrevues (récemment) nécessitent de déposer les armes de l'acquis sur le seuil, et de me laisser captiver d'un oeil neuf par le simple plaisir des timbres, des variations de volumes, de hauteur, de matière, d'évolution dans le temps, de tous ces sons visiblement organisés mais d'après d'autres régles.

cdlt,
GBo


tout pareil que GBO :wink:

désespérant de "comprendre intellectuellement" ces musiques, faute de bagage, de culture, d'expérience et de vocabulaire (malgré ce super post, bravo tout le monde et en particulier Gilles :D ) j'en suis réduit à écouter, curieux, y trouvant même parfois du plaisir :lol:


Faisant une petite pose et découvrant ton post, Betekaa, je ne résiste pas au plaisir de répondre très vite au premier extrait de ton message.
Ton post dit des choses qui m'interpellent vivement.
J'y répondrai avec un peu de temps plus tard… il faut que j'avance dans mon travail…

Betekaa, GBo la musique "sérieuse" classique ou contemporaine n'a pas à être compris intellectuellement !!!!
Elle est comme toute forme d'art elle à être ressentie.
Nous avons tous des sensibilités et des références différentes… c'est ce qui donne à l'œuvre d'art cette multitudes de perceptions possibles et d'entrées possibles dans son univers. C'est ça une partie de l'intérêt.
Celui qui écoute (ou regarde) une œuvre d'art est aussi important est générateur de sens que celui qui joue ou qui écrit l'œuvre musicale.

C'est la période après guerre (jusqu'aux années 80) qui s'est teintée de scientisme-alibi et qui à donné cet aspect intellectualiste à certain discours et expressions. La musique qui s'écrit aujourd'hui en France est très vivante et beaucoup moins "frigide" que la période "sérielle" qui est restée, hélas, l'emblème de l'expression contemporaine qui demeure (bien qu'il est eu quelques bonnes œuvres de musiques obéissant aux lois du sérialisme… peu il est vrai…).

Il faut absolument ne plus croire qu'il faille se creuser les méninges pour écouter une œuvres d'art. Le cerveau y participe… bien sûr mais pas de cette façon là.

Si vous avez compris cela à travers mes explications… C'est loupé!!!
C'est justement le contraire… Mais on va en reparler…

Hé… Betekaa; continue à lire nos posts… !!!!

On va changer de ton ! 8)

À bientôt…

J'y retourne.

Cordialement

Gilles
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Message » 02 Déc 2004 16:36

argh, Gilles, les difficultés de la communication, fusse-t-elle par écrit :oops:

pour préciser ma pensée, j'essaye maladroitement d'exprimer l'idée selon laquelle le simple fait d'avoir conscience que l'on peut apprécier une oeuvre d'art d'un stricte point de vue intellectuel (place de l'oeuvre dans l'histoire de l'art par exemple, spécificités de telle ou telle interprétation, etc...) me gâche parfois le plaisir de l'écoute (mais pas tout le temps, dès qu'une chaine permet de suivre le rythme de la musique que l'on Charles martèle du pied droit, euh, scuse, on est pas dans la NRD... euh, hifi :oops: )

Autrement dit, je suis désolé de réfléchir et d'avoir quitté les rives de l'enfance innocente pour la rude vie d'adulte dit autonome 8)

Combien je vous dois, Docteur? :wink:

Betekaa

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Message » 02 Déc 2004 18:53

Ouf! ca y'est j'ai fini.... passionnant!!!

Je suis un peu d'accord avec Betekaa, même si personnellement c'est ni avec la musique classique ni avec la musique électronique contemporaine que je fais cette évolution. C'est avec le jazz, et je trouve que certeines choses que j'aimais avant ont maintenant perdu de leur interet car trop simplistes, parcontre il y en à que j'aimais et que maintenant j'aime et qu'en plus j'aprécie structurellement.
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Message » 02 Déc 2004 21:42

Betekaa, GBo la musique "sérieuse" classique ou contemporaine n'a pas à être compris intellectuellement !!!! [...]

'soir! j'ai pas vraiment voulu dire ça :oops:
GBo
 
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Message » 02 Déc 2004 23:19

Betekaa a écrit:désespérant de "comprendre intellectuellement" ces musiques, faute de bagage, de culture, d'expérience et de vocabulaire (malgré ce super post, bravo tout le monde et en particulier Gilles :D ) j'en suis réduit à écouter, curieux, y trouvant même parfois du plaisir :lol:

Concernant le débat initié/amateur, je concède que j'ai progressé quelque peu dans la connaissance "technique" de l'art (par ex la peinture ou la BD) en rencontrant régulièrement des artistes/auteurs, en observant la façon dont ils créent, et surtout en échangeant avec eux de visu ou par courrier.

Mais la rencontre de ces artistes, et plus singulièrement ceux dont j'admirai auparavant le travail de façon totalement subjective/émotionnelle, a aussi gâché le plaisir que je ressentais auparavant, comme si une certaine magie liée au "mystère" de la création, mystère vu de mon coté d'amateur/consommateur, s'était envolée. :-?


C'est un peu le risque de connaitre le goût du fruit de l'Arbre de la Connaissance !
Tu vois où cela mêne…

Ah… nimbes de l'innocence.

Cela peut-être vrai. Il y a des œuvres qui ne tiennent pas derrière la connaissance ou la vue de leurs constructions, du procédés de fabrication… procédés plutôt légers.

C'est le cas de quelque tubes, indigents au possible (je ne donnerai pas les noms… je ne règle aucun compte ici). qui jouent souvent sur des trucs offerts par les nouvelles machines "qui en jettent" mais ou le compositeur exploite le filon.

À tous les niveaux tu as ce genre de rapport du créateur à son travail (je ne dis pas œuvre volontairement). L'artiste fonctionne sur un "truc" avec peu de travail en profondeur… peu de "matière" comme on dit. Ces œuvres ne tiennent généralement pas derrière l'analyse.
D'autres œuvres apparemment simples sont l'expression d'un long processus de maturation et de périple d'une pensée…
Je fréquente quelques peintres comme Pierres Soulages. Sa vie est complétement envahie par son travail et la passion de son "métierl". La travail sur la matière picturale, la composition… sont le résultat de journées d'isolement dans son atelier. Il en parle d'ailleurs comme un artisan. Jamais d'envolée. Mais quand tu découvre ces toiles… certaines te font tomber à la renverse d'émerveillement. Pourtant rien de compliqué…


En musique, c'est la même chose… Il vaut mieux pour certains, que l'innocent continu d'ignorer… (je suis en total désaccord avec ça).
Un chef d'œuvre ou un travail maitrisé artistiquement en composition résistera à l'analyse ou à sa désacralisation… au contraire l'auditeur y verra des pistes de perceptions impossibles jusqu'aloirs. Et l'émotion ne tombera pas d'un iota.
Si on t'explique la "forme-sonate" dans une œuvre de Beethoven… cela ne changera rien à ton émotion… seulement tu percevras le jeu des variations des thèmes, leurs métamorphoses et leurs changements de "personnages".

L'excellente émission TV "Palettes" sur la peinture, de la 5, ne retire aucune émotion lorsque tu retrouves l'œuvre devant toi.

Pour résumé… ce que tu dis, vaut pour des œuvres sans grandeur… excuse moi de cette affirmation. qui risque de te paraitre définitive. Devant une authentique œuvre d'art… rien ne lui sera retirer du savoir qu'on aura d'elle.

Betekaa a écrit:En outre, la découverte du travail réel des artristes (édit: elle est drôle celle là, mais je ne l'avais pas fait exprès :lol: ) m'a fait prendre aussi conscience qu'ils n'étaient assurément pas des êtres particuliers, en tout cas pas plus que les forumeurs de Hc-Fr :lol: 8)

Je veux dire par là qu'ils sont comme tout le monde, et que leur travail est comme un autre.

Ca m'a longtemps perturbé (mais il m'en faut peu), car, comme de nombreux forumeurs francophones certainement, je suis victime plus ou moijns consciente d'un discours dominant de la société qui a "idéalisé" (via l'éducation scoaloire, les médias...) le créatueur (re édit: idem que précédemment :lol: ), le confiant dans un rôle de quasi démiurge.


Là tu me fais plaisir… et oui se sont des êtres commes les autres. D'abord des artisans et malgré eux des artistes et pour certains des génies.

Les artistes et les génies n'ont pas plus de mérite que les artisans. Pour les uns et les autres c'est le travail qui est la source de leur style et de leur expression. Mais il faut avouer qu'il y a quelques injustices devant les facilités d'être créateur. Certains dans leur approche de l'art sont comme du papier buvard… tout est absorbé, d'autres sont comme de la toile cirée… rien ne pénétre.
Il y a un forme de "sensibilité intelligente" qui est présente chez les créateurs.


Betekaa a écrit:Bref, je suis tenté de comprendre et connaitre la fabrication d'un produit culturel, alors même que je sache pertinemment que je n'en tirerai pas forcément un plaisir plus grand, bien au contraire :(

Mais que faire?


Il ne faut pas croire que la quantité de savoir sur une œuvre, augmente en proportion les émotions (esthétiques) que l'on a d'elle. Rien oblige. Mais une petite information permet une piste, au début… après à soi d'y trouver ses propres sentiers et parfois quand ça marche… ses boulevards.

De prendre connaissances d'œuvres difficiles mais remarquables m'a toujours permis les premiers pas… ensuite. je me suis retrouvé parfois en opposition avec ces introductions… mais il m'avaient fait avancer !
J'ai milles exemples… mais je crois que c'est clair.


Betekaa a écrit:Continuer à lire ce post ou pas? :lol:
:wink:

Ce post sert à poser des questions et à exposer des contestations… mais ne supporte pas l'indifférence… :wink:

Il faut que cela bouge…

Si je viens ici c'est parce que j'ai la passion de mon métier et que justement (pour reprendre tes propos) je ne suis pas un démiurge… et qu'il y a trop d'illusions et d'erreurs dans la vision de monde de l'art musical… un peu d'échanges entre forumeurs ne réglera pas tout… très loin de là même… mais des petits ruisseaux naît… etc…
(je suis convaincu de ça… et pour toutes les "luttes" associatives)

ouf… Voilà… et j'ai pas tout dit !

On verra la prochaine fois…

J'espère que Soulman lira ce post… il y a quelques mots pour lui là dedans.

Bonne fin de soirée… et j'espère à demain.

Amicalement

Gilles
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Message » 02 Déc 2004 23:48

GBo a écrit:
Betekaa, GBo la musique "sérieuse" classique ou contemporaine n'a pas à être compris intellectuellement !!!! [...]

'soir! j'ai pas vraiment voulu dire ça :oops:


Non, Gil, je n'ai pas voulu dire que tu avais dit cela… ouf !
Mais comme tu étais cité, je t'ai pris à témoin… et cela. rejoint l'autre post sur l"'écoute de Tchaikovski".
Où les petits bouts d'analyses peuvent peut-être pris pour de l'intellectualisme (je prends les devants).
Mais justement… c'est le contraire de l'intellectualisme! Nous parlons que des choses que nous entendons et surtout pas de choses appris dans les livres ou extrapolées de sources fumeuses.

C'est ça l'orientation de ce post sur Tchaikovski "la simple écoute" et non pas de raconter la vie du compositeur et de faire de la littérature ou de parler de strctures abstraites non-entendues.
Là on écoute et on précise son écoute. Avec quelques essais cela va très vite… Au début, on dit son émotion… ensuite on creuse……
Non, rien d'intellectuel là dedans.

Salut Gil,

Nous sommes d'accord…

Gilles
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Message » 07 Déc 2004 20:55

Bonsoir Gilles R,

Merci pour ton nouveau topique.

J'ai regardé avec intérêt la liste pour une CDThèque de musique contemporaine. Je mesure ma grande ignorance devant beaucoup de noms de ces compositeurs. Il va falloir faire un effort.

Je profite toujours de ce topique pour te poser une question sur un terme utilisé dans les conversations avec Pyjam.

Qu'est ce que la musique minimaliste ?
et en quoi la musique répétitive est une musique minimaliste ?
Cela à l'air bête, mais c'est vraiment flou pour ma part.

Je te remercie beaucoup de toutes ces informations.

orpheo
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Message » 08 Déc 2004 22:56

orpheo a écrit:Bonsoir Gilles R,
Qu'est ce que la musique minimaliste ?
et en quoi la musique répétitive est une musique minimaliste ?


Bonsoir orpheo.

Faisons un effort minimal pour la musique minimaliste…

La musique minimaliste est née dans les années 1960 aux États-Unis dans le sillage de compositeurs comme LaMonte Young, Phili Glass, Steve Reich et Terry Riley.
Cette musique a pour principe de prendre un matériaux musical restreint autant dans le dispostif que dans sa technique : motifs simples, références souvent au système tonal et harmonies simples.
Le plus souvent les minimalistes utilisent la répétition de motifs simples comme principe d'écriture. Mais toute la musique minimaliste n'est pas répétitves, LaMonte Young a des œuvres à l'opposé de la répétitions comme : son "Trio à cordes" (1958) , "Composition 1960 n°10", "Composition 1961", "Drift Studies"
Dans ces longues œuvres (d'une durée d'une journée) le compositeur entretient un seul son dont la durée virtuelle ne vise rien d'autre que l'éternité.

LaMonte Young eut des positions aussi radicales que John Cage et eut une importance considérable sur toute la jeune école américaine et… jusqu'à Karlheinz Stockhausen même, qui, il faut le dire, détourna avec génie et talent les concepts de LaMonte Yong, à sa manière (-> Stimmug).
Il est donc faux de dire que la musique minimaliste soit uniquement répétitive.

Les minimaliste reconnaissent comme première œuvre minimaliste les "Vexations" de Erik Satie qui dans cette pièce reprend 840 fois le même passage.
D'autres pièces célèbres minimalistes sont les 4'33" pour piano de John Cage et le "In C" de Terry Riley.

Morton Feldman, qui est dans la liste de la CDthèque de musique contemporaine, est un minimaliste. Ses compositions sont souvent extrémement simplifiées dans leurs formes puisque elles se présentent sous formes de suites d'accords tenus à enchainer selon des durées non mesurées et libres.

J'espère avoir dit l'essentiel…

À bientôt orpheo.

Gilles
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Message » 09 Déc 2004 20:47

blounote a écrit:tiens Gilles...j'avais entrepris une démarche de ce type il y a quelques temps 8)

tu n'étais pas encore là, mais il n'est jamais trop tard et si tu veux bien aussi t'y coller, ton analyse sera la bienvenue :wink:

black, brown and beige


blounote,

j'ai reçu enfin le CD "Black, brown and beige" hier.
Je n'ai pu que l'écouter une fois.

Et bien : Merci du conseil !

Un disque qui est d'une fraicheur comme au premier jour, servi par une prise de son idéale pour la formation.
Des compositions à l'orchestration très efficaces et d'une grande cohérence.
Des musiciens qui jubilent.
Un bonheur.

Je peux en dire quelques mots avec plaisir, comme promis.

Le mieux est de faire remonter ton thread de départ, j'y ajouterai mes commentaires.
Et nous réactualiserons les écoutes de ce grand disque.

Bravo blounote pour ce conseil.


Cordialement


Gilles
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Message » 09 Déc 2004 21:48

Gilles R a écrit:
...

Dans ces longues œuvres (d'une durée d'une journée) le compositeur entretient un seul son dont la durée virtuelle ne vise rien d'autre que l'éternité.


...

Gilles


Tu veux dire que pendant une journée entière, ce compositeur n'a joué que la même note (ou le même son) ? :o

Loin de moi l'intention de polémiquer ou de dénigrer ce compositeur, mais à quel moment parle-t-on encore de génie avant de basculer dans le "se moquer du monde" ?

J'aimerai vraiment que tu m'expliques cette frontière qui me parait si ténue :wink:

Un exemple : en peinture, Yves Klein a un jour mélangé 6 ou 7 bleus différents pour en créer un 8ème qu'il a modestement baptisé "bleu Klein" (je crois même que ce bleu est "breveté"). Il a ensuite peint une immense toile (4 x 2 mètres) avec ce bleu, de façon uniforme, sans relief ni dégradé ...... et les gens ont crié "au génie" !!! :o , là où moi, j'aurais tendance à crier "au scandale" :D . Pour moi, Yves Klein se moque du monde et je cherche toujours son génie !

Malheureusement, il y a des gens pour cautionner ce genre d'oeuvre, peut-être par sincérité, mais j'ai un peu tendance à croire que c'est surtout par snobisme !

Dans ton exemple, je dois reconnaitre que j'ai également de la peine à comprendre l'intérêt d'une telle oeuvre. Et surtout, je n'arrive pas à m'expliquer que si moi, il me venait l'idée de jouer une seule et même note toute la journée, je deviendrais illico la risée de mon auditoire, alors que manifestement, il n'en est pas de même pour LaMonte Young ?

Une explication s'impose !!! :D (et je le répète, c'est sans intention de polémique, simplement je ne comprends pas).

Merci,

Carbo :wink:
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Message » 09 Déc 2004 22:44

carbo a écrit:Malheureusement, il y a des gens pour cautionner ce genre d'oeuvre, peut-être par sincérité, mais j'ai un peu tendance à croire que c'est surtout par snobisme !

Et, encore, il a passé du temps à confectionner son bleu... mais il y a encore mieux 8) le porte-bouteilles de Marcel Duchamp, qu'il avait acheté au Bazar de l'Hôtel de Ville à Paris. :lol:

Tien :

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C'est un de ses "ready-made"... et il y en a d'autres...

         Max, adorable membre des    Image
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Message » 09 Déc 2004 22:55

Cette discussion me rappelle les vidéos de Ben à l'oeuvre dans l'expo "Son et Lumières" cet été au musée G. Pompidou: Ben avait recruté pour un de ses spectacles "total" des années 70 un musicien de rue trouvé par hasard dans la journée, dans la rue donc: ce musicien a été choisi parce qu'il ne savait jouer qu'UN air (de tango), un SEUL!!! joué et rejoué sur scène avec beaucoup d'entrain et moultes gesticulations au bandonéon, pendant une heure si je me souviens bien! :lol: :lol:
Personnellement que des activistes explorent les limites l'art ne me dérange pas du tout (tant que cela n'est pas dangeureux ou dégradant), même si les explorations dépassent les limites justement, car sous une apparente provocation, cela nous questionne forcément sur ce qu'est l'art! Cette expérience parfaitement inutile était sûrement à faire un jour... à refaire peut-être pas! Effet secondaire agréable: j'en ris encore! :lol:
cdlt,
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Message » 10 Déc 2004 1:19

carbo a écrit:
Gilles R a écrit:...
Dans ces longues œuvres (d'une durée d'une journée) le compositeur entretient un seul son dont la durée virtuelle ne vise rien d'autre que l'éternité.
...
Gilles


Tu veux dire que pendant une journée entière, ce compositeur n'a joué que la même note (ou le même son) ? :o

Loin de moi l'intention de polémiquer ou de dénigrer ce compositeur, mais à quel moment parle-t-on encore de génie avant de basculer dans le "se moquer du monde" ?

J'aimerai vraiment que tu m'expliques cette frontière qui me parait si ténue :wink:

Un exemple : en peinture, Yves Klein a un jour mélangé 6 ou 7 bleus différents pour en créer un 8ème qu'il a modestement baptisé "bleu Klein" (je crois même que ce bleu est "breveté"). Il a ensuite peint une immense toile (4 x 2 mètres) avec ce bleu, de façon uniforme, sans relief ni dégradé ...... et les gens ont crié "au génie" !!! :o , là où moi, j'aurais tendance à crier "au scandale" :D . Pour moi, Yves Klein se moque du monde et je cherche toujours son génie !

Malheureusement, il y a des gens pour cautionner ce genre d'oeuvre, peut-être par sincérité, mais j'ai un peu tendance à croire que c'est surtout par snobisme !

Dans ton exemple, je dois reconnaitre que j'ai également de la peine à comprendre l'intérêt d'une telle oeuvre. Et surtout, je n'arrive pas à m'expliquer que si moi, il me venait l'idée de jouer une seule et même note toute la journée, je deviendrais illico la risée de mon auditoire, alors que manifestement, il n'en est pas de même pour LaMonte Young ?

Une explication s'impose !!! :D (et je le répète, c'est sans intention de polémique, simplement je ne comprends pas).

Merci,

Carbo :wink:


Mon cher Christophe,

J'aime la fraicheur de ta révolte. Elle a la qualité des idées exprimées et qui ne restent pas coincées dans le mépris silencieux et pourri de certitudes.

D'autres part LaMonte young ne s'est pas mis du jour au lendemain, à jouer des sons d'une journée. C'est la suite d'une démarche qui évidemment parait ridicule auprès de personne n'ayant eu aucun contact avec des expériences spirituelles extrèmes. Parce qu'en ce qui concerne LaMonte Young, c'est de cela dont il s'agit.

Je ne vais pas chercher à te convaincre, que cette pièce ou que cette démarche sont géniales ou non.
Personne et rien, à part ton expérience et l'épreuve de ta sensibilité devant une œuvre d'art ne pourra t'éclaircir au sens artistique de cette œuvre et à cette démarche.

Mais je peux t'en dire deux mots tout de même, sans chercher dans des livres des réponses toutes prêtes, puisque durant mon parcours j'ai un peu fréquenté de près le cercle de John Cage et en pariculier David Tudor.

Tout d'abord, cette génération de compositeurs (vers les années 1958) n'avaient absolument pas la même notion d'œuvre musicale que nous en avons… et c'est vrai encore aujourd'hui.
Nous voyons l'œuvre d'art comme un objet fini aboutissement d'un travail artistique clos. c'est l'objet fini qui a valeur.

D'une façon globale, pour les artistes américains c'est d'abord la conception et le fonctionnement du dispositif ou l'evénement constitué par l'execution qui a de l'importance, très peu le "résultat sonore".

C'est inspiré en partie d'une résurgence du mouvement Dada et des expériences de Charles Ives (entre autres…) mais surtout d'un fond important de spiritualité, (bouddhiste zen pour Cage et indien pour La Monte Young), que ces compositeurs ont développé leur radicalité.


John Cage élève de Schönberg a été le principal révélateur des nouvelles conceptions de l'usage du son.
Le son n'est plus un objet que l'on manipule mais un accident que l'artiste révéle.
Là je le sais… je t'ai déjà perdu.

Je ne crois pas que de t'expliquer une œuvre ou deux de John Cage, cela t'informera beaucoup, sinon te décourager encore plus. Alors allons au principal comme je l'ai fait pour mon ami blue dream :
- Pour commencer à pouvoir comprendre la pensée et le sens des œuvres de John cage, hélas… il faut aborder le substrat de sa pensée, c'est à dire la pilosophie du bouddhisme zen (japonais). Oui cela parait extrême comme approche… Mais pourtant c'est essentiel.

Sinon, ses œuvres toutes vides d'intentions musicales peuvent très bien sonner… si les interprètes "nourrissent" l'œuvres d'intentons musicales (qui ne sont pas notées) ou être totalement inécoutables (dans le pire des cas) si ce sont des "machines" à souffler ou à frotter qui les jouent selon les notations lndiquées.
Beaucoup commentent la qualité des œuvres de John Cage comme des œuvres européennes ou selon des positions d'acceptation posées par snobisme (john cage = génie puisque tous les livres le disent).

John Cage aime à provoquer des évenement sonore ou plutôt lancer des processus sonores qui s'autonomisent comme des être vivants. Je l'ai vu jubiler de plaisir dans des concerts ouverts (halles à Paris) devant des phénomèns sonores imprévus. Grand mycologue il voyait les phénomènes sonores avec le même émerveillement que la découverte d'un nouveau champignon dans la forêt avec l'imprévisibilité de son apparition.

John cage était d'abord inventeur et philosophe.
Une œuvre comme 4'33" pour piano, où le pianiste ne fait qu'ouvrir le piano et attendre 4'33" en silence (je crois qu'il tourne une page), est typiquement un acte emprunt de philosophie zen. Alors que beaucoip ont glosé sur une remise en question de la position du musicien.

Voila un réponse là-dessus que j'ai donné à blue dream , qui est directement en rapport.

(J'ai fais un copier-coller pour que le fil ne soit pas perdu).
Je te soigne, hein, mon cher Carbo…

------------------------------------------------------

blue dream a écrit:Comment justifier devant un détracteur des arts conceptuels les 4 minutes 33 secondes de silence de Cage ? Quels arguments pas trop fumeux que le simple quidam peut accepter ?


Ce n'est pas une petite question Bernard, que tu poses là…

Si tu as un détracteur des arts conceptuels à "la racine" le combat est à mon avis perdu d'avance… surtout en prenant les 4'33". Il y a des énergies qu'il faut savoir s'économiser…
Et puis après tout avoir un peu de la sagesse de John Cage… et d'accepter le refus…

Si la discussion a des chances d'être moins systèmatiquement bloquée… Tout en sachant que pour toute initiation les mots sont stériles… il faut replacer toute la démarche de John Cage… Les 4'33" sont célèbres par leur justeboutisme.



John Cage ne voulait pas faire "des œuvres d'art" dans les conventions traditionnelles. Toute sa vision se porte vers une forme de communion du temps et des visages innatendus de détails de l'existence.
Comme tu le sais, John Cage était adepte du bouhddiste zen.

4'33" est en effet, similaire à un "koan" pratiqué dans les dojos zen de l'école Rinzai.
Le "koan" est une forme de question "choc" que les maîtres posent à leurs disciples. Cette question est du type :

"Le bruit résulte d'un claquement de mains. Quel est le bruit produit par une seule main? "

La bonne réponse n'existe pas… (et y a t-il une question?) et le maître attend dans la réponse, un signe de la disposition de l'esprit de l'élève, à l'acceptation de la non-dualité vis à vis du Monde.
John Cage n'en est pas loin… (dans la question et dans la réponse).
John Cage par cette "non-œuvre" touche à l'essentiel du rôle et de la place de l'œuvre dans nôtre civilisation.
Toute tentative à faire découvrir 4'33" hors de ce questionnement est voué à l'echec ou au ridicule. Au moins mal, sa découverte doit être accompagné d'une petite approche da la philosophie zen.

Je peux donner un livre qui est une bonne lecture : "'Matière à reflexions" de Alan W. Watts (Denoël collection poche "Médiations")pour commencer puis "l'Esprit du zen" aux Editions Dangles.

Il y a des œuvres plus sonores de Cage. Toutes font pourtant références à cette vision du Monde, est placent l'œuvre d'art comme expérience philosophique et sensible.
J'ai eu comme professeur, un adversaire de Cage en la personne de Pierre Schaeffer. J'ai entendu Schaeffer en parler très durement…
Estimant les deux hommes et les deux œuvres, je reconnais que la démarche de John Cage toute honnête soit elle, est l'objet de malentendus énormes… Puisque très peu de personnes pouvaient comprendre que certaines pièces avaient la même position qu'une question d'un "koan". Qu'il n'y avait pas de projet musical mais une forme de méditation avec le support du son comme modèle du monde.

Cela agassait vivement Pierre Schaeffer, lucide de ce décalage entre le public et la pensée de Cage, alors que lui se battait pour définir de nouveaux critères de la perception musicale en évitant absolument le flou de la pensée. Deux natures différentes et opposées.

Les réactions d'autres créateurs comme Boulez et Stockhausen furent encore différentes, mais c'est le début d'une autre histoire…



Ce malentendu est la raison pourlaquelle je n'ai pas mis d'œuvres de john Cage dans la CDThèque pour la muique contemporaine à ce jour, sans avoir tenté d'éclaircir un peu de ce malentendu auprès de nos forumeurs.

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Pour La Monte Young, je vais être plus rapide… La production de sons continu par des oscillateurs électroniques pendant une journée, une semaine et plus tard à l'infini (The Theatre of Eternal Music) sont une expérience sensorielle et spirituelle (très orientale). La Monte Young et Marianne Zazeela travaillèrent le raga indien auprès dut Pandit Prân Nath.
Les sons continus accordés selon certains modes, devenant par leur persitence, totalement intériorisés et vécus comme un prolongement d'eux même… tous les sons de l'environnement : bruits d'insectes, vents, branches, oiseaux, océans… créent des frottements avec l'accord des sons continus.
L'écoute très fines sans limites de temps et sans contraintes d'espaces furent des méditations révélant des rapports particulièremet sensibles au monde est à perception du temps. Ces méditations, La monte young et son épouse Mariann Zazeela les renouvelèret dans le monde entier.

Ces perceptions sont inracontables comme est inracontable, l'expérience d'anachorète dans sa perception du monde.


Je te mets un lien vers un interview de LaMonte Young :

www.exporevue.com/magazine/fr/interview_monteyoung.html

Carbo… toute farfelue que puisse te paraitre la démarche d'un artiste… garde toujours une petite parcelle de doute dans ton jugement que tu ressens pourtant juste. Tu risques sinon d'être injuste totalement. Creuses un peu… Laisses les portes ouvertes.

Il y a des usurpateurs en art… Pas forcément ceux que l'on croit et pas les plus loufoques.

Nous aurons l'occasion d'en reparler… je sais que je ne convaincrai peut-être jamais.
En tout cas tu as de la lecture… ça t'apprendra à poser de si bonnes questions !

En tout cas j'espère que certains autres forumeurs avertis vont réagirent !
Du dialogue !

Je vous attends avec toujours le même plaisir…


Gilles
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Message » 10 Déc 2004 13:12

Tout à fait autre chose.

Réponse à oOoXoOo et à Ganymède au sujet de la 37éme symphonie de Mozart :

Mozart a commencé une 37éme symphonie, il a seulement écrit le 1er mouvement nommé Ouverture K. 444.

Elle existe pourtant sous forme de 37éme symphonie complète, le reste des mouvements suivants ont été rédigés par Michael Haydn.

Je n'ai jamais entendu cette symphonie.

Par contre vous pouvez par ce site, télécharger la partition :

www.bh2000.net/score/orchmoza/m37.pdf

C'est tout ce que je peux en dire ce matin…

cordialement

Gilles
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Message » 10 Déc 2004 14:49

Tout d'abord, merci de cette longue réponse, qui si elle ne me convainc (? pas sûr de l'orthographe :D ) pas complètement sur "l'authenticité" de la démarche de ce compositeur, m'apporte au moins une explication sur cette démarche ou philosophie :wink: .

Quelques annotations ou rectificatifs :

Gilles R a écrit:
Mon cher Christophe,

J'aime la fraicheur de ta révolte. Elle a la qualité des idées exprimées et qui ne restent pas coincées dans le mépris silencieux et pourri de certitudes.

D'autres part LaMonte young ne s'est pas mis du jour au lendemain, à jouer des sons d'une journée. C'est la suite d'une démarche qui évidemment parait ridicule auprès de personne n'ayant eu aucun contact avec des expériences spirituelles extrèmes. Parce qu'en ce qui concerne LaMonte Young, c'est de cela dont il s'agit.

La, je comprends déjà mieux. S'il y a effectivement tout un cheminement en amont qui "crédibilise" l'artiste. Un peu comme Picasso, dont la plupart des oeuvres abstraites me laissent indifférent ou insensible, mais que je défendrais toujours lorsque j'entends quelqu'un dire qu'un enfant de 5 ans serait capable de faire aussi bien. Parce que pour avoir vu des tableaux, dessins, esquisses, croquis et autres de ses débuts, il est évident que c'était un immense peintre :mdr:

Je ne vais pas chercher à te convaincre, que cette pièce ou que cette démarche sont géniales ou non.
Personne et rien, à part ton expérience et l'épreuve de ta sensibilité devant une œuvre d'art ne pourra t'éclaircir au sens artistique de cette œuvre et à cette démarche.

Mais je peux t'en dire deux mots tout de même, sans chercher dans des livres des réponses toutes prêtes, puisque durant mon parcours j'ai un peu fréquenté de près le cercle de John Cage et en pariculier David Tudor.

Tout d'abord, cette génération de compositeurs (vers les années 1958) n'avaient absolument pas la même notion d'œuvre musicale que nous en avons… et c'est vrai encore aujourd'hui.
Nous voyons l'œuvre d'art comme un objet fini aboutissement d'un travail artistique clos. c'est l'objet fini qui a valeur.

D'une façon globale, pour les artistes américains c'est d'abord la conception et le fonctionnement du dispositif ou l'evénement constitué par l'execution qui a de l'importance, très peu le "résultat sonore".

C'est inspiré en partie d'une résurgence du mouvement Dada et des expériences de Charles Ives (entre autres…) mais surtout d'un fond important de spiritualité, (bouddhiste zen pour Cage et indien pour La Monte Young), que ces compositeurs ont développé leur radicalité.


John Cage élève de Schönberg a été le principal révélateur des nouvelles conceptions de l'usage du son.
Le son n'est plus un objet que l'on manipule mais un accident que l'artiste révéle.
Là je le sais… je t'ai déjà perdu.

Non, non, je suis toujours là :mdr: ... mais tu as quand même partiellement raison, j'ai un peu décroché :-? :D

Je ne crois pas que de t'expliquer une œuvre ou deux de John Cage, cela t'informera beaucoup, sinon te décourager encore plus. Alors allons au principal comme je l'ai fait pour mon ami blue dream :
- Pour commencer à pouvoir comprendre la pensée et le sens des œuvres de John cage, hélas… il faut aborder le substrat de sa pensée, c'est à dire la pilosophie du bouddhisme zen (japonais). Oui cela parait extrême comme approche… Mais pourtant c'est essentiel.

Sinon, ses œuvres toutes vides d'intentions musicales peuvent très bien sonner… si les interprètes "nourrissent" l'œuvres d'intentons musicales (qui ne sont pas notées) ou être totalement inécoutables (dans le pire des cas) si ce sont des "machines" à souffler ou à frotter qui les jouent selon les notations lndiquées.
Beaucoup commentent la qualité des œuvres de John Cage comme des œuvres européennes ou selon des positions d'acceptation posées par snobisme (john cage = génie puisque tous les livres le disent).

C'est justement ce snobisme qui me révolte, bien davantage que l'authenticité ou la sincérité de l'artiste lui-même.

John Cage aime à provoquer des évenement sonore ou plutôt lancer des processus sonores qui s'autonomisent comme des être vivants. Je l'ai vu jubiler de plaisir dans des concerts ouverts (halles à Paris) devant des phénomèns sonores imprévus. Grand mycologue il voyait les phénomènes sonores avec le même émerveillement que la découverte d'un nouveau champignon dans la forêt avec l'imprévisibilité de son apparition.

John cage était d'abord inventeur et philosophe.
Une œuvre comme 4'33" pour piano, où le pianiste ne fait qu'ouvrir le piano et attendre 4'33" en silence (je crois qu'il tourne une page), est typiquement un acte emprunt de philosophie zen. Alors que beaucoip ont glosé sur une remise en question de la position du musicien.

Là, par contre, permets moi quand-même de trouver cela "artistiquement limite" :D . Que John Cage soit emprunt de philosophie zen est parfaitement respectable. Qu'il s'en serve ensuite pour cautionner et argumenter son oeuvre me laisse plus perplexe. Je serais assez curieux de connaitre l'avis des "maitres" de cette philosophie sur l'oeuvre de leur disciple :P

Voila un réponse là-dessus que j'ai donné à blue dream , qui est directement en rapport.

(J'ai fais un copier-coller pour que le fil ne soit pas perdu).
Je te soigne, hein, mon cher Carbo…

C'est vrai, et j'apprécie énormément :wink:

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blue dream a écrit:Comment justifier devant un détracteur des arts conceptuels les 4 minutes 33 secondes de silence de Cage ? Quels arguments pas trop fumeux que le simple quidam peut accepter ?


Ce n'est pas une petite question Bernard, que tu poses là…

Si tu as un détracteur des arts conceptuels à "la racine" le combat est à mon avis perdu d'avance… surtout en prenant les 4'33". Il y a des énergies qu'il faut savoir s'économiser…
Et puis après tout avoir un peu de la sagesse de John Cage… et d'accepter le refus…

Si la discussion a des chances d'être moins systèmatiquement bloquée… Tout en sachant que pour toute initiation les mots sont stériles… il faut replacer toute la démarche de John Cage… Les 4'33" sont célèbres par leur justeboutisme.



John Cage ne voulait pas faire "des œuvres d'art" dans les conventions traditionnelles. Toute sa vision se porte vers une forme de communion du temps et des visages innatendus de détails de l'existence.
Comme tu le sais, John Cage était adepte du bouhddiste zen.

4'33" est en effet, similaire à un "koan" pratiqué dans les dojos zen de l'école Rinzai.
Le "koan" est une forme de question "choc" que les maîtres posent à leurs disciples. Cette question est du type :

"Le bruit résulte d'un claquement de mains. Quel est le bruit produit par une seule main? "

La bonne réponse n'existe pas… (et y a t-il une question?) et le maître attend dans la réponse, un signe de la disposition de l'esprit de l'élève, à l'acceptation de la non-dualité vis à vis du Monde.
John Cage n'en est pas loin… (dans la question et dans la réponse).
John Cage par cette "non-œuvre" touche à l'essentiel du rôle et de la place de l'œuvre dans nôtre civilisation.
Toute tentative à faire découvrir 4'33" hors de ce questionnement est voué à l'echec ou au ridicule. Au moins mal, sa découverte doit être accompagné d'une petite approche da la philosophie zen.

Très intéressant et instructif. Je suis très respectueux des philosophies zen et bouddhistes. Mais ce qui me gène c'est la démarche de ce compositeur de vouloir retranscrire de façon artistique des concepts purement philosophiques ou religieux, ou tout au moins de se servir de cette philosophie pour expliquer sa démarche. Je repose ma question : comment son oeuvre a été perçue par les "maitres" zen ou les moines bouddhistes ?

Je peux donner un livre qui est une bonne lecture : "'Matière à reflexions" de Alan W. Watts (Denoël collection poche "Médiations")pour commencer puis "l'Esprit du zen" aux Editions Dangles.

Il y a des œuvres plus sonores de Cage. Toutes font pourtant références à cette vision du Monde, est placent l'œuvre d'art comme expérience philosophique et sensible.
J'ai eu comme professeur, un adversaire de Cage en la personne de Pierre Schaeffer. J'ai entendu Schaeffer en parler très durement…
Estimant les deux hommes et les deux œuvres, je reconnais que la démarche de John Cage toute honnête soit elle, est l'objet de malentendus énormes… Puisque très peu de personnes pouvaient comprendre que certaines pièces avaient la même position qu'une question d'un "koan". Qu'il n'y avait pas de projet musical mais une forme de méditation avec le support du son comme modèle du monde.

Cela agassait vivement Pierre Schaeffer, lucide de ce décalage entre le public et la pensée de Cage, alors que lui se battait pour définir de nouveaux critères de la perception musicale en évitant absolument le flou de la pensée. Deux natures différentes et opposées.

Les réactions d'autres créateurs comme Boulez et Stockhausen furent encore différentes, mais c'est le début d'une autre histoire…



Ce malentendu est la raison pourlaquelle je n'ai pas mis d'œuvres de john Cage dans la CDThèque pour la muique contemporaine à ce jour, sans avoir tenté d'éclaircir un peu de ce malentendu auprès de nos forumeurs.

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Pour La Monte Young, je vais être plus rapide… La production de sons continu par des oscillateurs électroniques pendant une journée, une semaine et plus tard à l'infini (The Theatre of Eternal Music) sont une expérience sensorielle et spirituelle (très orientale). La Monte Young et Marianne Zazeela travaillèrent le raga indien auprès dut Pandit Prân Nath.
Les sons continus accordés selon certains modes, devenant par leur persitence, totalement intériorisés et vécus comme un prolongement d'eux même… tous les sons de l'environnement : bruits d'insectes, vents, branches, oiseaux, océans… créent des frottements avec l'accord des sons continus.
L'écoute très fines sans limites de temps et sans contraintes d'espaces furent des méditations révélant des rapports particulièremet sensibles au monde est à perception du temps. Ces méditations, La monte young et son épouse Mariann Zazeela les renouvelèret dans le monde entier.

Ces perceptions sont inracontables comme est inracontable, l'expérience d'anachorète dans sa perception du monde.


Je te mets un lien vers un interview de LaMonte Young :

www.exporevue.com/magazine/fr/interview_monteyoung.html

Carbo… toute farfelue que puisse te paraitre la démarche d'un artiste… garde toujours une petite parcelle de doute dans ton jugement que tu ressens pourtant juste. Tu risques sinon d'être injuste totalement. Creuses un peu… Laisses les portes ouvertes.

Là, je me permet de réagir, car je suis quelqu'un qui doute souvent de son jugement. Je ne pense pas avoir d'idées arrêtées, préconçues ou influencées par d'autres, surtout dans le domaine de l'art. Mes nombreuses interventions et questions (souvent naïves je le reconnais, même si parfois je force un peu le trait, pour me faire l'avocat de la partie civile :mdr: ) sont là pour en témoigner, non ? Justement, je crois creuser, laisser les portes ouvertes, d'autant plus si l'argumentation que l'on me propose "tient la route" 8) . Après, est ce que cela me convaincra ou tout du moins me fera apprécier l'oeuvre incriminée ... c'est une autre question :P . Je pense, j'espère (grace à toi notamment) arriver un jour à apprécier Ravel en utilisant une démarche progressive qui me fera tendre vers lui ... Pour John Cage ou La Monte Young, je suis beaucoup beaucoup plus sceptique ... :mdr:

Il y a des usurpateurs en art… Pas forcément ceux que l'on croit et pas les plus loufoques.

Entièrement d'accord !

Nous aurons l'occasion d'en reparler… je sais que je ne convaincrai peut-être jamais.
En tout cas tu as de la lecture… ça t'apprendra à poser de si bonnes questions !

Tu m'as en tout cas convaincu de ta sincérité et de l'absence totale de snobisme de ta part dans l'appréciation de ces oeuvres "difficiles" :wink: . Quelle force et quelle passion dans tes argumentations !!!

En tout cas j'espère que certains autres forumeurs avertis vont réagirent !
Du dialogue !

Je vous attends avec toujours le même plaisir…


Gilles


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