Je m'extasiai sur le magnifique transfert DVD de "La fille de Ryan" ici :
http://www.homecinema-fr.com/forum/view ... t=29816165
Mais,
si la qualité de la photo de Freddie Young est effectivement impressionnante, j'ai eu le regret de constater qu'elle ne peut sauver le film d'un ennui mortel.
195 minutes (!) de très beaux paysages ne suffisent pas à faire un grand film :
sur un scénario de Robert Bolt ("Jivago", "Lawrence", quand même...) d'une inanité confondante, le pourtant grand Lean nous sert une soupe indigeste où l'immense Mitchum cachetonne et s'ennuie visiblement autant que les (rares, à l'époque) spectateurs.
L'histoire (si on peut appeler ainsi ce mince argument) s'inspire vaguement (et des vagues, il y en a !) de "Madame Bovary" transposé dans l'Irlande du début du XXème siècle, en proie, déjà, à la lutte inter-religions et à la résistance à l'occupant britannique.
Le pire, c'est que tout est "téléphoné" et qu'à chaque instant on devine ce qu'il va advenir des personnages.
Seule surprise, le méchant traître, torturé par le remords, ne se pend pas : ç'aurait été le pompon !
Sortie en 1970, à une époque où le cinéma (y compris américain) connaît une évolution majeure (là bas, les Scorsese, Coppola et j'en passe, frappent à la porte et chez nous la nouvelle vague a balayé les académismes pour longtemps), cette bluette interminable semble avoir été tournée dans les années 50 !
On comprend pourquoi, éreinté par la critique, boudé (c'est pire !) par le public, ce film sonne le glas pour la carrière de Lean, qui attendra 14 ans (longue nuit porte conseil) pour nous offrir son dernier opus, cette "Route des Indes" magnifique qui lui permettra de sortir par la grande porte.
Personnages grotesquement dessinés (dire que John Mills obtint l'Oscar pour ce personnage d'idiot du village peint à la truelle ! et que l'acteur qui joue le chef des rebelles fait penser à Peter Sellers !), pas crédibles pour un sou, intrigue mince comme un cheveu, plans léchés magnifiques, certes, mais sans génie...
Bref, pas grand chose à sauver de ce fiasco, si ce n'est quelques fulgurances, notamment des plans "écolos" (la grande scène d'amûûûr de l'acte 79) qui annoncent Mallick (mais n'est-ce-pas ce que beaucoup lui reprochent ?), et aussi, je l'ai dit, une image qui permettra d'apprécier les performances des video-projecteurs dernier-cri.
9/20
Pardonnons à Lean qui a donné beaucoup au Cinéma ("Oliver Twist", le vrai, "Brèves Rencontres" inoubliables, "Le pont de la rivière Kwai", "Lawrence d'Arabie" incandescent et "La route des Indes" en testament).