Pourquoi Denon ? Parce qu'un vieux Monsieur établi de longue date comme vendeur m'a un jour d'emblée proposé un Denon pour amplifier mes Cabasse Iroise. Il me vanta leur conception tout ce qu'il y a de plus audiophile, faisant appel à une seule paire de transistors en sortie, même pour les fortes puissances (>100W), ainsi que leur rapport qualité/prix.
Inutile de vous dire que je n'ai pas pris cette piste au sérieux et que je me suis prudemment éloigné du lieu.
Mais, deux semaines plus tard, je suis invité par un de mes amis à venir éprouver son nouvel amplificateur audio/vidéo : un Denon AVC-A11. L'ami en question utilise des enceintes Davis Acoustics à peu près identiques à celles que je possédais moi-même il y a un peu plus de deux ans. J'ai été immédiatement frappé par la pureté du son en multicanal et par l'excellente restitution des timbres. Certes, si on écoute l'Ouverture 1812 de Tchaïkovski, ou Francesca da Rimini, l'appareil, même avec des colonnes très faciles à exploiter, se montre plutôt poussif à bas niveau, et peu dynamique si on cherche à monter le volume.
Cependant, la qualité du son m'a décidé à rouvrir la piste Denon pour l'acquisition d'un nouvel amplificateur. C'est alors qu'en fouinant sur le forum à la recherche de quelques (très maigres) informations, je tombe sur la petite annonce d'aurel tentant avec acharnement mais sans succès de vendre depuis plusieurs mois son PMA-S10II.
Renseignements pris sur l'Internet, l'appareil présente des caractéristiques qui paraissent impressionnantes, et en tout cas supérieures à celles de la gamme actuellement importée en France. N'écoutant que mon instinct, je me décide donc à acquérir cet appareil, qu'aurel vendait à un prix très compétitif.
Au déballage
Bien qu'ayant été prévenu, l'appareil à peine déballé étonne par la qualité de sa construction. Il faut s'y mettre à deux pour installer sans risques la bête... Les opérations de branchements contribuent encore à l'impression de qualité : les prises sont aérées, bien agencées, solides, ... bref d'un usage confortable. La première mise sous tension accroît encore la sérénité. Au terme de la période de temporisation, pas le moindre « Ploc ! » dans les enceintes. Le changement de sources, la mise en veille ou l'extinction complète s'opèrent avec la même absence de bruits désagréables et inquiétants en provenance des haut-parleurs. Il n'y a aucune interférence entre les entrées. Le volume peut être réglé sans « Scritch ! » et sans signal le silence est quasi-parfait, même volume presque à fond. La superbe télécommande achève de rasséréner sur le confort d'utilisation de l'appareil.
A l'écoute
Les premières écoutes sont désappointantes. Passée la période de prise en main pour la détermination du volume d'écoute adéquat (qui ne bouge pour ainsi dire pas en fonction des disques), la liberté dynamique, la puissance infernale, la précision et la douceur de la restitution ont du mal à faire passer un certain recul subjectif de la qualité des timbres et même de la transparence par rapport à mon Rega Elicit.
Sans me décourager, je me décide à revoir tout mon câblage en partant de câbles de base afin de déterminer s'il y a ou non des « bouchons » dans ma chaîne. Après quelques efforts, je parviens à un équilibre satisfaisant qui permet de me faire une idée plus précise des performances de l'appareil.
Après trois semaines de cohabitation, autant l'admettre : je ne pense pas que le Denon PMA-S10II soit l'appareil le plus raffiné de timbres, le plus spectaculaire en profondeur de champ, le plus attentif aux détails.
Sans doute même aurais-je été déçu de ses prestations s'il n'y avait cette capacité dynamique hors du commun qui, sans avoir à pousser le volume, transcrit avec une acuité remarquable la progression dynamique dans la 1er symphonie de Gustav Mahler interprétée par Evgueny Svetlanov (un disque Saison Russe, distribution Harmonia Mundi), tout en maintenant une lisibilité excellente sur les étagements latéraux et verticaux des plans sonores de l'orchestre. La réserve de puissance est telle que le Denon procure aux coups de timbales du mouvement final de la symphonie un impact si saisissant qu'ils frappent au plexus. Sensation grisante rare en dehors du concert ! Inquiétude pour l'intégrité des haut-parleurs ! Mais non, je me rassure : ce sont des Cabasse. Ils sont nés pour ça.
L'audition de la 5e symphonie du même Mahler dans l'interprétation fameuse de Riccardo Chailly (Decca) permet de constater la même aisance de l'amplificateur. Bien que le disque sollicite énormément les électroniques, je ne constate pas, comme souvent, de phénomènes de battement, de tremblement du son lors des explosions sonores. La lisibilité de l'orchestre est là aussi maintenue en toutes circonstances en dépit de timbres que l'on souhaiterait plus beaux. La différence entre la pâte sonore des passages legato et la netteté des pizzicati de cordes dans le 3e mouvement est frappante.
Cette alliance de la vivacité et du soyeux est particulièrement marquante sur le disque Glück de Cecilia Bartoli (SACD Decca). Les instruments baroques mordent mais ne perdent pas leur modestie naturelle, liée à leur facture. Ce disque, sur la piste SACD, est troublant de naturel, particulièrement sur la voix. Sensation indescriptible de prise directe avec une réalité imaginée.
Sur le disque « Voix Solos » du coffret « Le Chant russe » (Saison russe), la différenciation entre les plages, qui sont autant d'extraits d'oeuvres et de prises de son, rassure sur la transparence de l'appareil, même si je ne peux me défaire d'un sentiment de relativité sur ce point. Là encore, la liberté dynamique de l'amplificateur contribue à créer une sensation de prise directe avec les artistes, bien dans la veine des prises de son de ce label. Les voix sont, à mon avis, particulièrement révélatrices d'une absence de compression dynamique. Difficile de procéder à une analyse fine alors que les nuances ne sont pas étagées « en escalier » mais se déploient en une courbe qui semble ininterrompue.
La fluidité est une caractéristique frappante de cet appareil, qui se rapproche de très près des qualités que l'on attribue en général aux tubes. Une caractéristique d'autant plus notable à l'écoute de SACD.
La dynamique, bien répartie sur tout le spectre, ne s'accompagne pas de projections, autres que celles, naturelles, des puissantes sopranos ou des trompettes jouant fortissimo. De cette absence de projections naît une impression de retenue qui ne nuit pas au vivant de la restitution sonore. La scène sonore est large et se forme un peu en retrait du plan des enceintes. Elle est pleine et bien structurée. Le grave paraît subjectivement moins présent par rapport à mes habitudes (mais le Denon à des correcteurs de tonalités efficaces, que je n'utilise pourtant pas), sauf que sur le disque We get Requests du trio Oscar Peterson, même à niveau modéré, il est bien là ! De même, l'album compilation The right time de Ray Charles ne me choque pas par un manque de matière. Là encore la différenciation entre les prises de son d'époques et de techniques différentes ressort bien, avec un côté « chaleur tube » très agréable.
Il serait intéressant de discuter des qualités et défauts sonores de cet appareil à l'égard duquel, finalement, j'ai du mal à définir une attitude tranchée. Je pense que c'est surtout sa dynamique, libre, coulante, qui me le fait adopter. Pour le reste, on peut trouver mieux ou moins bien. Ce qui est certain, c'est qu'il tient les Iroise d'une main de fer dans un gant de velours. Ce n'est pas l'amplificateur ultime, certainement pas un amplificateur audiophile (au mauvais sens du terme), mais c'est un véritable amplificateur qui a la carrure d'assumer son job.
Si cet appareil a une personnalité sonore reconnaissable, il met en exergue les caractéristiques de câbles de modulation peu différenciés jusqu'alors sur le critère de la cohérence spatiale. Ainsi, les câbles «ouverts » détachent-ils avec lui (de) la réverbération du son initial, ce qui déstructure et écrase la scène sonore et tend à détimbrer.
À un tarif public de 1830 euros, c'était un appareil intéressant et rassurant. Au prix auquel me l'a vendu aurel, que je remercie au passage pour sa gentillesse, c'est une très bonne affaire


Finalement, que demander de plus ?
Descriptif technique
Le Denon PMA-S10II dispose de six entrées lignes, une entrée phono et deux sorties destinées à des appareils d'enregistrement. Les entrées et les sorties sont au standard RCA et l'entrée CD est commutable en symétrique sur prises XLR. Des fiches spéciales fournies avec l'appareil sont destinées à court-circuiter les bornes de l'entrée phono lorsque cette dernière n'est pas utilisée. Une borne à serrage permet de mettre à la masse de l'amplificateur les platines tourne-disques. Il y a quatre paires de bornes haut-parleurs pour l'alimentation de deux paires d'enceintes ou le bicâblage. Ces bornes acceptent les fiches bananes de 4 mm, les fourches ou le câble nu jusqu'à 6 mm de diamètre. Les bornes RCA et haut-parleurs, ainsi que la borne de masse à serrage, toutes très robustes, sont en laiton doré. Enfin, trois renvois secteurs (deux pôles), dont deux commutés en même temps que l'interrupteur général ou la fonction de veille de l'amplificateur, permettent d'alimenter des appareils externes. Le cordon secteur pour haute intensité est détachable.
Le châssis ajouré recouvert d'un enduit spécifique de couleur noire est en acier épais de 1.6 mm. La façade est formée par l'assemblage d'une plaque interne en matière synthétique et d'une face de métal brossé en finition dorée. L'intérieur du boîtier est divisé en six blocs qui isolent respectivement les circuits d'entrée, le préamplificateur ligne, les alimentations, l'amplificateur de puissance du canal de gauche et celui du canal de droite, éloignés l'un de l'autre sur les flancs, et enfin les circuits de commande et de protection. Cette organisation sépare les circuits selon le niveau du signal et permettrait d'uniformiser la température à l'intérieur du boîtier. Le compartiment des circuits d'entrée (dont l'étage phono) est abrité derrière une plaque de blindage longitudinale. Le préamplificateur ligne est logé dans un compartiment en acier derrière la façade. Les circuits de contrôle et de protection sont placés dans un compartiment en acier vissé au fond du boîtier. L'appareil est fermé par un couvercle ajouré de 1 mm d'épaisseur formé de plaques de différents métaux superposées, nervurées et pliées. Ce couvercle est découplé du châssis avant par quatre morceaux de feutrine.
Le boîtier fait l'objet d'un traitement antivibratoire très poussé. Des pièces en alliage de métaux frittés sont sensés retarder la conductivité thermique produite par les vibrations. Des lames de cette matière sont collées longitudinalement sur la plaque de blindage qui compartimente les circuits d'entrée ainsi que sur la face interne des flancs du couvercle. En outre, des plaques de cuivre sont utilisées comme amortisseurs. Une est collée sur la face arrière en acier et deux autres plus une lame de cuivre sont collées sous le couvercle. Le boîtier repose sur quatre pieds massifs en alliage de métaux frittés chaussés de patins et découplés du châssis par des disques en matériau amortissant.
Les alimentations sont placées au centre du boîtier sur le plafond du compartiment des circuits de contrôle, qui leur fait office de socle. Les carénages des deux transformateurs principaux sont vissés sur un millefeuille composé de couches de cuivre, de Téflon et de caoutchouc synthétique. Les transformateurs sont flanqués par deux plaques cuivrées de blindage. Elles sont percées d'ouies de ventilation et sont doublées par d’autres plaques de blindage (probablement en matériau ferromagnétique) vissées sur leurs faces internes. Une troisième plaque cuivrée, sur laquelle figure le schéma de montage des transformateurs, ferme le compartiment par le dessus.
Les deux dissipateurs thermiques en aluminium anodisé noir opposent un écran supplémentaire entre les transformateurs et les amplificateurs de puissance. Ces dissipateurs sont fixés à l'avant et à l'arrière du châssis par des équerres aux formes complexes. Les équerres arrière sont doublées par des plaques de cuivre. Chaque dissipateur est amorti sur son pourtour par deux bandes d'un matériau aux propriétés antivibratoires baptisé Excene, fait d'un mélange de plomb et de bitume. Des bandes d'Excene sont collées en divers autres endroits : équerres arrières des radiateurs, lames en métal collées sur le couvercle, plaque de cuivre collée sur la face arrière, compartiment du préamplificateur ligne, partie interne de la façade, plaques de blindage des transformateurs. Des rubans adhésifs absorbants sont collés sur certaines bandes d'Excene, ainsi que sur plusieurs pièces de l'appareil.
Le Denon PMA-S10II dispose d'une entrée phono universelle MM/MC. Les étages d'entrée de l'égaliseur sont de type différentiel à transistors à effet de champ (FET) 2SK369 à bas niveau de bruit. Ils sont suivis d'amplificateurs opérationnels (AOP) JRC NJM082D. La correction RIAA s'effectue à la fois de façon passive, au moyen d'un filtre d'entrée, et active, dans la boucle de contre-réaction des AOP. La sélection entre les circuits dédiés aux deux types de cellules s'effectue au moyen d'un petit bouton-poussoir en face arrière.
Les entrées XLR sont actionnées par un bouton-poussoir en façade. Elles attaquent des étages actifs de désymétrisation à base d'AOP JRC NJM2068DDC. Le deuxième "D" dans la désignation de cette puce signifie qu'elle a été triée par le fabriquant, qui l'a mesurée avec le circuit de test RIAA afin de garantir ses performances en terme de bruit.
Le préamplificateur ligne est doté d'un sélecteur de sources, de trois boucles d'enregistrement, d'un réglage de la balance, de correcteurs de grave et d'aiguë, et d'un contrôle de volume. La sélection entre les entrées est réalisée au moyen de relais. Le relais de l'entrée CD est recouvert d'un ruban adhésif absorbant. D'autres relais actionnés par un sélecteur rotatif permettent de choisir la boucle d'enregistrement ou de débrayer les boucles d'enregistrement pour éviter qu'elles influent sur l'impédance d'entrée du préamplificateur lorsqu'elles ne sont pas utilisées. Après le réglage de la balance, les signaux audio passent par un étage tampon à base d'AOP NJM2068DDC, qui précèdent les circuits correcteurs, de type passif. Les correcteurs de grave et d'aiguë agissent autour de la fréquence charnière de 1000 Hz sur une plage de ±8dB aux fréquences de 100 et 10000Hz. L'action de ces correcteurs décroît à mesure que le contrôle de volume est tourné dans le sens horaire. La balance, les étages tampons et les correcteurs peuvent être contournés en mode « source directe ». Le bouton de volume est traité contre les vibrations par sa structure formée par l’imbrication de quatre éléments massifs alternativement en différents métaux. Le circuit imprimé du potentiomètre et le sélecteur de source sont fixés à la façade sur de larges supports en cuivre qui font aussi office de masse électrique. Le bouton du sélecteur de sources est, comme le bouton de volume, en cylindres de métaux massifs. Les petits boutons de réglage et le sélecteur de boucle d'enregistrement ont, eux, un corps en plastique et une face en métal. Les principales fonctions du préamplificateur peuvent être télécommandées.
Le schéma des étages de gain en tension est relativement simple. Il apparaît comme une mise en oeuvre raffinée du schéma Hitachi pour MOSFET. Il est composé d'une entrée différentielle à FET 2SK369 montés en cascode avec des transistors bipolaires 2SC2705. Cette entrée différentielle est associée à deux sources de courant actives stabilisées. Les références de ces sources de courant sont des diodes Zener elles-mêmes alimentées en courant constant par un FET. L'étage suivant est un autre amplificateur différentiel en classe A à transistors bipolaires 2SA1145. Le premier transistor du différentiel est monté en cascode avec un 2SA1145 dont le rôle est de faire travailler le second étage à puissance constante. Un miroir de courant à un transistor 2SC2705 fixe le courant de collecteur des transistors du différentiel et forme avec ce dernier un amplificateur push-pull pour attaquer l'étage de sortie. Tous ces transistors de petits signaux sont de marque Toshiba.
Les étages de gain en courant adoptent une topologie de type cascode suiveur (cascode bootstrap). Ce montage permet notamment de faire fonctionner les transistors de sortie sous une tension constante dans la plage où ils sont les plus linéaires. Sur chaque canal, l'amplification est assurée par un unique push-pull de MOSFET complémentaires Hitachi 2SK1303 (100 volts, 30 ampères continus, 120 ampères crête, 100W) et 2SJ216 (-60 volts, -35 ampères continus, -140 ampères crête, 50W), de type UHC-MOS (Ultra High Current MOS). Le circuit de polarisation est stabilisé par un transistor monté sur le dissipateur thermique via un radiateur en cuivre. Le courant de repos est fixé à la valeur élevée de 750 mA. Chaque MOSFET est monté en cascode avec trois transistors bipolaires en parallèle. Il s'agit de Wing Shing 2SC3854 (transistor NPN) ou de 2SA1490 (transistor PNP) de 120 volts, 8 ampères, 80W. Les cascodes sont commandées par le signal d'entrée au niveau de l'étage de polarisation. Chaque circuit de commande est composé d'un transistor couplé à une source de courant active régulée par une LED, suivi d'un transistor driver polarisé à travers une LED et monté en Darlington avec les bipolaires de puissance. Les rails d'alimentation des cascodes ainsi que les liaisons entre ces cascodes et les transistors de sortie sont réalisés au moyen de languettes en cuivre soudées sur le circuit imprimé. Les six transistors des cascodes ainsi que les transistors de sortie sont insérés entre des plaquettes en cuivre et deux radiateurs du même métal par lesquelles ils sont solidarisés au dissipateur. L'étage de sortie sort sur un câble dont les extrémités sont fixées par sertissage à des supports implantés sur le circuit imprimé. Il est relié aux sorties haut-parleurs sans self en série.
L'ensemble des étages de gain en tension et de gain en courant est à couplage direct et est soumis à une contre-réaction globale d'environ 55 dB. Les condensateurs de filtrage secondaires des alimentations des étages de gain en tension et de celles des étages de gain en courant sont collés au circuit imprimé pour les empêcher de vibrer.
Les sorties haut-parleurs sont protégées par des relais doubles dont les contacts sont mis en parallèle afin de réduire la résistance de contact. Ces relais sont recouverts par des rubans adhésifs absorbants. Un circuit analogique de protection très évolué déclenche les relais en cas de présence de continu sur les sorties haut-parleurs, de surcharges de courant ou de tension à travers l'étage de sortie, ou encore de dérives thermiques. La commutation des relais est également temporisée à l'allumage. Le circuit de protection est mis à la masse par une plaque de cuivre. Une prise casque utilisable alternativement aux sorties haut-parleurs complète ce tableau. Le signal est pris à la sortie des amplificateurs de puissance, puis atténué par des résistances. Les relais des sorties haut-parleurs sont automatiquement déclenchés lors de l'insertion d'une fiche jack dans la prise casque de l'appareil.
L'alimentation repose principalement sur deux transformateurs classiques de type EI, réputés avoir, entre autres qualités, la meilleure capacité en courant impulsionnel. Contrairement à ce qui se lit partout, le Denon PMA-S10II n'a rien d'un double mono. Les secondaires sans point milieu des deux transformateurs sont reliés en série et référencés à la masse. La raison du dédoublement des transformateurs réside dans leur montage orienté pour annuler les fuites magnétiques (leakage cancelling) afin d'augmenter le rapport signal/bruit. Le câblage secteur et les sorties des secondaires à haut ampérage des transformateurs sont soigneusement torsadés. Les transformateurs sont imprégnés de résine ; leurs enroulements et noyaux sont recouverts par des bandes de cuivre. Les transformateurs ont des secondaires séparés pour l'alimentation des étages de sortie et pour celles des autres circuits. Les puissances apparentes totales à vide sont respectivement de 564 VA et de 32 VA.
Les tensions alternatives délivrées par les enroulements à bas ampérage sont redressées par un pont de quatre diodes à recouvrement rapide. Le filtrage est assuré par deux condensateurs Elna Silmic de 2200 µF/100 V collés au circuit imprimé. Ces valeurs de capacité et de tension de service ne figurent pas dans le catalogue d'Elna ; ces condensateurs sont donc fabriqués sur mesure. Ils sont complétés par des condensateurs à film. Deux circuits de régulation symétriques réalisés en composants discrets alimentent les étages de gain en tension des amplificateurs de puissance. Deux autres régulateurs symétriques également réalisés en technologie discrète alimentent les circuits à bas niveau : entrée phono, entrées symétriques, étages tampons du préamplificateur ligne.
L'alimentation de puissance n'est reliée qu'aux cascodes de sortie et aux circuits de commande de ces dernières. Le redressement est confié à un pont de quatre doubles diodes à recouvrement ultrarapide de type FMG-22 montées individuellement sur des dissipateurs thermiques. Des condensateurs à film filtrent les entrées et sorties du pont de diodes. Le filtrage est assuré par deux condensateurs chimiques de grade audiophile fixés au socle de l'alimentation par un collier métallique cuivré. Initialement, il s'agissait d'Elna LPO de 12000µF/80V, mais sur mon appareil, on trouve des Nichicon Gold Tune de 10000µF/80V plus performants (ils supportent un courant ondulé près de deux fois supérieur que les LPO). Ces deux types de condensateurs ont pour point commun d'être dotés de borniers à vis qui ne figurent pas au catalogue de leurs fabriquants ; ils ont donc été produits spécialement pour le PMA-S10II. L'alimentation n'est pas montée sur circuit imprimé, mais partiellement câblée en l'air. Les liaisons sont en câbles OFC de forte section. La masse des condensateurs de filtrage est réalisée au moyen d'une large plaque en cuivre dans laquelle sont découpés les chemins de masse afin de mieux maîtriser la circulation des courants. Les masses d'autres circuits sont soigneusement câblées sur cette plaque.
Enfin, il y un troisième petit transformateur de type EI relié aux alimentations régulées des circuits de protection, de commutation des relais et de contrôle. Ce transformateur est blindé et il est monté sur un circuit imprimé fixé sur un châssis en acier solidaire de la face arrière. Le circuit imprimé est amorti par une bande de caoutchouc.
Les composants ont manifestement évolué vers la fin de vie de ce modèle, entraînant quelques corrections du schéma. La nomenclature des composants actifs montre que les classes de gain de la plupart des transistors sont soigneusement sélectionnées. Les désignations de certains transistors suggèrent des appairages d'usine. Les condensateurs chimiques des premiers appareils produits sont tous de grade audiophile. Des Elna Silmic sont utilisés partout, excepté dans les circuits correcteurs, en découplage des AOP de l’étage tampon et sur le trajet du signal dans les circuits à bas niveau, où on trouve des Nippon Chemicon ASF. Les condensateurs de faibles valeurs sont différents modèles à film polypropylène, polystyrène (styroflex) avec enrobage amortissant, ainsi que différents types de condensateurs à film métallisé avec sorties sur fils plaqués or. Bien que les condensateurs à film ne soient pas polarisés, un sens de branchement est figuré pour la plupart d'entre eux. Sur mon appareil, les condensateurs styroflex ont tous été supplantés par des modèles à film avec sorties sur fils plaqués or, et les Nippon Chemicon ASF ont été remplacés par des SME, plus communs, dans l'étage tampon et les circuits correcteurs. La plupart des résistances, de différents types, sont également de grade audio. On remarque des Riken RMG (résistance carbone non inductive avec sorties sur fils de cuivre OFHC plaqués or) aux points critiques (entrées des amplis de puissance, boucles de contre-réaction), ainsi que des Riken PSNB et RS-FKL. Le potentiomètre de réglage du volume est un ALPS RK18 motorisé avec le même moteur qui équipe la série de potentiomètre RK27. Le RK18 est un modèle pour audio qui peut supporter une certaine tension continue; on le trouve également dans les amplificateurs intégrés Musical Fidelity A5 et KW500. Les relais de petits signaux, de marque Takamisawa, sont des modèles étanches sous gaz inerte, avec des contacts argent-palladium plaqués or. Les circuits imprimés sont de type simple face. Les sérigraphies du circuit et les mentions des schémas évoquent un soin particulier porté au tracé des pistes et à l'implantation des composants. Pour relier entre elles des pistes imprimées via le recto de la carte, il y a deux types de cavaliers. Curieusement, un sens de branchement est figuré pour quelques-uns d'entre eux. Le câblage interne est en matériaux de type OFC, essentiellement de marque Hitachi. La modulation audio est transportée dans des liaisons bifilaires blindées avec masse commune. Les câbles les plus épais (alimentations, sorties des amplificateurs...) sont sertis par des cosses vissées sur des supports en cuivre soudés sur les circuits imprimés. Les extrémités du câblage secteur sont wrappées autour de tiges soudées sur les circuits. Les liaisons aux secondaires des transformateurs sont wrappées puis recouvertes de brasure.
Spécifications du constructeur
Puissance (les 2 canaux en service) :
- 2x200 W (DIN, 4 ohms, 1 kHz, THD 0.7 %)
- 2x100 W (8 ohms, 20 Hz - 20 kHz, THD 0.07 %)
Distorsion harmonique totale : 0.01 % (-3 dB de la puissance nominale sous 8 ohms)
Réponse en puissance (8 ohms, THD 0.1 %) : 5 Hz - 50 kHz
Réponse en fréquence (0 dB, -3 dB à 1 W/8 ohms) : 1 Hz - 80 kHz
Déviation de la courbe RIAA (Entrée phono) : +/- 0.5 dB
Sensibilité :
- PHONO MM : 2.5 mV/47 kohms
- PHONO MC : 0.2 mV/100 ohms
- Ligne : 150 mV/47 kohms (15 kohms en mode source directe)
- Entrées symétriques : 300 mV/100 kohms
Niveau d'entrée maximum :
- PHONO MM : 130 mV/1 kHz
- PHONO MC : 10 mV/1 kHz
Rapport signal/bruit (pondéré A ; entrées court-circuitées) :
- PHONO MM : 91 dB (5 mV)
- PHONO MC : 76 dB (0.5 mV)
- CD, TUNER, AUX, TAPE 1, 2 (Mode source directe) : 110 dB
Impédance nominale de charge :
- mono ou bicâblage : 4 à 16 ohms
- deux enceintes en parallèle : 8 à 16 ohms
Alimentation : 230 V/50 Hz
Sorties secteurs :
- 100 W total sur les sorties commutables
- 100 W sur la sortie non commutée
Consommation électrique : 400 W (IEC)
Dimensions (toutes excroissances comprises) : 434 (L) x 180 (H) x 478 (P) mm
Masse : 30.0 kg
Informations tirées du manuel de maintenance
Gain :
- PHONO MM : 35.5 dB
- PHONO MC : 57.5 dB
- amplificateur de puissance : 45.5 dB
Niveau de référence 0 V :
- PHONO MM : -137 dB
- PHONO MC : -142 dB
- ligne : -126.5 dB
Tests
* Hi fi Vidéo Home Cinéma n°264, avril 1999, p. 38
Mesures (sur un modèle de début de série) :
Puissance, les deux canaux en service :
- continue (distorsion 0.2 %) : 2x111 W/8 ohms, 2x199 W/4 ohms
- impulsionnelle : 2x115 W/8 ohms, 2x210 W/4 ohms
Distorsion harmonique à mi-puissance :
- 40 Hz : 0.008 %
- 1 kHz : 0.008 %
- 10 kHz : 0.026 %
Rapport signal/bruit :
- linéaire : 114 dB
- pondéré A : 119dB
Sensibilité :
- entrée phono : 2.5 mV (rapport signal/bruit : 81 dB/87 dB(A))
- entrée Compact Disc : 170 mV (rapport signal/bruit : 105 dB/117 dB(A))
Dans le corps de l'article, on apprend que le rapport signal/bruit est amélioré de 3 dB en mode "source directe".
* Prestige Audio Vidéo n°29, janvier 1998, p. 30
Mesures (sur un modèle de début de série, N°7881500067) :
Puissance, les deux canaux en service, sur 8 ohms (distorsion 0.2 % ; « tension secteur un petit peu faible ») :
- continue : 2x110 W (pour 155 mV sur les entrées)
- impulsionnelle : 2x110 W
Rapport signal/bruit à la puissance continue maximale :
- linéaire (sur toute la bande passante de l'appareil) : 106 dB
- pondéré A : 117dB
Distorsion harmonique :
- 100 Hz : 0.012 % à 87 W, 0.008 % à 55 W, 0.007 % à 28 W, 0.006 % à 5 W
- 1 kHz : 0.014 % à 87 W, 0.009 % à 55 W, 0.007 % à 28 W, 0.006 % à 5 W
- 10 kHz : 0.030 % à 87 W, 0.025 % à 55 W, 0.020 % à 28 W, 0.010 % à 5 W
Signal carré à 40 Hz : déformation 0 %
Signal carré à 1 kHz : déformation 0 %
Temps de montée : 3.4 µs
Signal carré 1 kHz sur charge capacitive (8 ohms + 1 µF) : oscillations rapidement amorties ; infime interaction avec un canal chargé par une résistance pure de 8 Ohms
Spectres de distorsion harmonique à 1 kHz, sur 8 ohms, à -1 dB de la puissance efficace maximale et à mi-puissance (échelle horizontale du rang 1 au rang 10 ; échelle verticale de 0.01 à 1 %) : aucune pointe d'harmonique
En allemand :
* Stereoplay n°7, juillet 1997, p. 34
Mesures (sur un modèle de début de série) :
Réponse en fréquence sur la bande 10 Hz - 50 kHz (réf. 1 kHz) :
- entrée CD, mode source directe : 0 dB, -0.8 dB
- entrée CD, correcteurs en positions neutres : -0.4 dB, -0.8 dB (à +0.2/-0.4 dB près)
- phono MM : 0 dB, -0.1 dB (à +0.4 dB près)
- phono MC : -0.5 dB, -0.3 dB (à +0.4 dB près)
Réponse impulsionnelle sur enceinte réelle avec un signal carré filtré de 25 kHz et de 25 V d'amplitude : « bonne à très bonne » ; aucune oscillation
Puissance sur charges résistives et entre parenthèses sur charges complexes (déphasage +60°), mesurée au maximum d'un signal de 60 Hz d'amplitude variable dans un rapport cyclique de 30 % (sorties 4 ohms) :
- 16 ohms : 2x60 W (2x60 VA)
- 8 ohms : 2x115 W (2x115 VA)
- 4 ohms : 2x210 W (2x210 VA)
- 2 ohms : 2x320 W (2x320 VA)
- 1 ohm : 2x365 W
Puissance continue mesurée à 1 kHz et 0.7% de distorsion, tenue pendant au moins 10 mn sur charge résistive de 4 ohms (norme DIN) : 2x210 W
Facteur d'amortissement (mesure dynamique) :
- grave (100 Hz) : 500
- aigu (10 kHz) : 220
Rapport signal/bruit (pondéré A) :
- entrée CD : 94.5 dB
- phono MM : 79.5 dB
- phono MC : 74.5 dB
Spectre de distorsion harmonique sur 1 kHz à 10 W/4 ohms dans la bande 20 Hz - 20 kHz :
- harmonique 2 : -94 dB (0.002 %)
- harmonique 3 : -109 dB
- pas d'autres harmoniques
- composantes d'alimentation : à -105 dB ou moins
- plancher de bruit : constant à -130 dB
Temps de montée :
- sur 8 ohms : 3.2 µs
- sur 2 ohms : 3.6 µs
Consommation en mode veille : 1,5 W
En italien :
* Suono n°312, juillet/août 1999
En japonais :
* Stereo, été 1999
Mesures
Composante continue en sortie après 30 mn de mise sous tension, entrées lignes chargées, quelle que soit la position du potentiomètre de volume :
- canal de gauche : environ -5.5 mV
- canal de droite : environ -1.5 mV