Non, Jeff, t'es pas tout seul: quelques CR d'écoutes…

» 14 Juil 2004 15:13

Salut à tous,
Hier, pendant presque trois heures, je suis allé faire une visite chez Jefferson-Hifi près de Belfort, et je m'en vais vous raconter un petit peu le topo. Pour vous y rendre et pour voir un peu le matériel proposé, allez faire un tour sur son site:
http://www.jefferson-hifi-video.com/

Préambule. Où, après avoir roulé 520 km entre la Normandie et la haute Marne, puis 180 km entre Langres et Pérouse à côté de Belfort, on se gare enfin chez Jefferson-Hifi.

Et alors: on est très bien accueilli par M et Mme Torno (regardez-les ici: http://jefferson-hifi-video.com/jefferson.php): certes, Jefferson est sans arrêt interrompu par vous tous, qui n'arrêtez pas de lui téléphoner (franchement, je vous ai tous trouvés un peu pénibles à téléphoner comme ça sans arrêt…), mais Sandrine vous propose (si vous êtes sage) un très bon café, et les collègues de Jefferson vous font écouter le matériel présent dans la salle — et on discute d'un peu tout, en échangeant des impressions et des souvenirs. Tout cela est fort agréable et fait passer une très bonne après-midi. J'ai reçu là l'un des meilleurs accueils qui m'ai jamais été fait depuis des années. Jefferson Torno est un homme passionné et très fin connaisseur de hifi en même temps qu'un amateur, au sens littéral du terme ("amateur" signifie "celui qui aime"). Pour vous donner une petite idée, après un bonjour, Jefferson Torno croyait que j'allais repartir sans rien écouter et s'est exclamé sur un ton déçu: "encore un qui est pressé et ne va pas prendre le temps d'écouter quoi que ce soit"… Et, pour ce qui est de faire écouter, on m'a fait écouter — étant bien entendu que ça n'avait strictement rien à voir avec quelque chose comme "essayer de vendre"…
Alors bon, j'ai écouté (j'étais venu avec quelques CD et, ayant lorgné la petite Clearaudio sur une étagère, j'ai regretté mes vinyles, mais il faut dire que Belfort est quand même à 800 km de ma Normandie quotidienne…):

Chapitre 1. Le degré zéro de l’écoute.
En premier des enceintes qui venaient d'arriver dans l'auditorium, toute fraîche sortie du carton: Anthony Gallo Nucleus Reference III. Elle est jolie, un peu dans le style ET ou robot du futur. Sinon, euh… bon… bof. L'écoute est un peu crispée (ce qui n'est qu'un problème de rodage, sans doute et ne suffit pas à expliquer mon impression négative) — mais surtout, le grave est envahissant et un peu brouillon (on a du mal à suivre la ligne mélodique du violoncelle dans un quatuor à cordes… Bref, ça ne m'a pas paru une réussite et, pour tout dire, je pense urgent d'oublier ce bidule certes rigolo mais bon, faut pas pousser. Ou alors c'est pour le fun de la déco et pour n'écouter que du rock et de la variété — et dans ce cas là je n'ai strictement rien à dire (sauf qu'il existe pareil et aussi mieux, et pour moins cher) mis à part que ce n'est pas mon truc.

Il faudrait sans doute aujourd'hui réviser ce jugement — correspondant pourtant bien à des impressions d'écoute réelles. J'ai appris en effet que ces enceintes, après avoir été rodées et correctement placées, donnaient un bien meilleur résultat. À réécouter, sans doute…

Chapitre 2. Où l'on passe à du sérieux: un lecteur universel Primare DVD 30, connecté d'abord à un préampli-processeur Tag MacLaren, puis à du Roksan (préampli et ampli — ce qui est mieux que le Tag MacLaren pour une écoute stéréo), fait chanter des enceintes Sonus Faber: les Cremona, une paire de colonnes trois voies (un 29mm, un 150 mm et deux 180 mm). D'abord avec un disque de Jazz (un Take Five en HDCD dans je ne sais plus quelle version, c'était pas à moi: je suis arrivé en même temps que quelqu'un d'autre et j'ai raccroché à l'écoute en cours), puis avec le quatuor 12 de Dvorak par les Fine Arts (CD Lyrinx LYR 184 de 1999) et pour finir la 4ème de Malher par Boulez et le Cleveland Orchestra (CD DG 463 257 de 2000).
Ces très belles colonnes dispensent une musique très aérienne, très ciselée — avec une retranscription très pointue des micro-informations qui donnent une approche de type "concert" et proche de la réalité vivante (balais sur les peaux de caisses claires, chuintement des crins de l'archet de violon ou du violoncelle dans les sillons de la corde, attaque douce des pupitres des cordes qui restent distinctes dans la masse orchestrale). Et tout cela descend très très bas dans le grave (le 32 hz-40kHz annoncé n'est sans doute pas du bluff) — voire, peut-être, une légère exubérance dans le bas qui demanderait à être tenue?
Dans tous les cas de figures, une paire d'enceintes HG à 7000€ la paire (ce qui la place à 675 FF le kilo…) qui les vaut largement. Ça m'a fait la même impression que les Dynaudio et les Thiel 6 que j'ai eu l'occasion d'écouter — et ça reste moins cher (en tenant compte du fait que les câbles utilisés durant cette démonstration sont des Taralabs à 2000 €, ça nous fait le même prix).
Seule restriction à mon sens: il faudra les placer dans un local adapté. Chez Jefferson, l'écoute se fait à trois mètres et l'écartement des deux Cremona étant elle aussi de 3 m, ça fait un creux au milieu si l'on reste à un niveau d'écoute raisonnable — or, il serait sans doute dommage de les rapprocher trop…

Chapitre 3. Où les petites soeurs font parfois mieux que les grandes.
Mais, mais, mais… il y a beaucoup mieux. Car ce sont (curieusement?) les petites Sonus Faber (Cremona Auditor à 3670 € avec les pieds dédiés qu'il serait dommage de ne pas leur offrir) qui m'ont réellement impressionné. Avantage du format type enceinte de proximité (peut-être?): on gagne encore en netteté et en précision de l'image (aération, fluidité et étagement des plans — avec les mêmes CD). Et toujours le même côté chantant (pas une rondeur, mais un léger arrondi dans le médium) qui est tou à fait séducteur. Evidemment, ça descend moins bas — mais au moins ces petites enceintes (en taille) ont la courtoisie de couper nettement au lieu de chercher à truquer. D'autre part, il ne faut rien exagérer: ça ne fera peut-être pas vibrer les fondations de Notre Dame de Paris, mais on n'en éprouve aucune frustration. Et puis le fait d'être soulagées de la restitution du premier pied du grand orgue donne un plus à ces enceintes. Je parierais qu'elles peuvent être MEILLEURES que leurs grandes soeurs — j'aurais été très curieux de les entendre épaulées par un caisson de grave (par exemple le majestueux Oméga 500 qui trône au milieu de la pièce, ou, pour ne pas sombrer dans la mégalomanie, un Omega 300 ou 380) et de les comparer aux plus grandes dans les mêmes conditions… En tous les cas, certainement plus adaptées à une écoute dans une salle de taille petite ou moyenne (entre 20 et 40 m carrés, ou plus).

Chapitre 4. ''Un jour'', se dit notre héros, ''quand je serai le maître du monde, je m'achèterai ça, et plus personne ne me fera remarquer que mon système n'est pas du haut de game''…
Mais ce n'est pas tout. M. Jefferson Torno ayant eu cinq minutes de paix (vous avez arrêté de l'appeler pendant dix minutes), qui avait déjà fait échanger le Tag Mac Laren contre l'ensemble Roksan, m'a ensuite fait écouté autre chose que le Primare DVD 30: le lecteur Cyrus 8 (avec son alimentation PSX-R. Et là, une ou deux barrières tombent: tout cela est beaucoup plus fluide et beaucoup plus aérien, plus naturel. Le même effet que la comparaison que je peux faire tous les jours entre mon petit lecteur Planet (Rega) et le petit lecteur polyvalent Pioneer 656 — mais en beaucoup mieux, évidemment. Ce qui n'est pas un mal: les électroniques coûtent deux fois plus cher et le câbles coûtent le prix d’un (petit) système…
Conclusion: le Primare DVD 30 ne vaut pas ce que l’on obtiendra avec le Cyrus 8 (additionné d’un lecteur SACD correct et/ou d’un lecteur de DVD acceptable). Je ne serais sans doute pas reparti avec les Sonus Faber Auditor que j’ai pourtant plus qu’aimées (j’ai déjà mes Thiels à soigner et bon, ça m’occupe déjà) — mais j’avoue avoir été plus que tenté par ce Cyrus et continuer d’y réfléchir. L’essai, bref, mais très net du lecteur universel Linn Unidisc 1.1 permet pourtant de ne pas conclure trop vite que "les lecteurs multistandards c’est pas terrible" — mais ce n’est pas non plus le même tarif, et même pas du tout.
Mais il y a toujours encore mieux que le mieux d’avant.

Chapitre final. ''Mettez m'en une douzaine'', s'exclama-tout-il avant de rendre l'âme.
Au dernier acte: lecteur Linn Unidisc 1.1 et amplificateur Goldmund SR 2… Eh oui, là c'est vraiment de la très grande hifi — inaccessible financièrement, mais de quoi motiver le meurtre de sa grand-mère pour hériter… Et pour finir de vous achever et de me laisser, disons, "pensif": lecteur de CD Ayre CX-7 (4500€ "seulement"). Lequel lecteur appelle deux ou trois mots. Quand je lis dans les revues des choses comme "le cd n'a pas dit son dernier mot", je me demande toujours ce que les auteurs de ces lignes ont en tête: comme si j'allais jeter mes CD sous prétexte que j'avais acheté des SACD et des DVD (je ne me souviens pas avoir jeté mes vinyles). Là je vois: à condition de mettre le prix, ce lecteur, comme le Cyrus, procure une écout plus proches de l'expérience du concert — quoique le Ayre soit peut-être un poil chatouilleux dans le haut médium et que son mariage devra être soigné. Dans les conditions décrites ci-dessus (Ayre+Roksan puis Goldmund+Sonus Faber), le début de la 4ème de Malher ne sonne plus "naturel" — on y éprouve l'insoutenable douceur d'un orchestre qui commence à jouer au milieu du silence… Raison pour laquelle je dis que ce lecteur Ayre coûte "seulement" 4500€: à supposer qu'il puisse supporter un usage long, fréquent et étalé sur des années, je ne suis pas sûr que ce ne serait pas un achat finalement raisonnable… En tout les cas, il donne une musique plus naturelle que bien d'autres lecteurs (Linn 1.1 compris) et je ne sais pas trop lequel je préfèrerais, entre lui et le Cyrus.
Voilà. Fin d'un trop long CR.

Cdlt :wink:

» 14 Juil 2004 22:24

Super ton petit cr!
Un CX7,ça doit ètre chouette!

A+GG

» 14 Juil 2004 23:00

avec une retranscription très pointue des micro-informations qui donnent une approche de type "concert" et proche de la réalité vivante (balais sur les peaux de caisses claires, chuintement des crins de l'archet de violon ou du violoncelle dans les sillons de la corde, attaque douce des pupitres des cordes qui restent distinctes dans la masse orchestrale)

On entend tout ça dans une salle de concert ?

» 15 Juil 2004 0:27

Philippe Muller a écrit:avec une retranscription très pointue des micro-informations qui donnent une approche de type "concert" et proche de la réalité vivante (balais sur les peaux de caisses claires, chuintement des crins de l'archet de violon ou du violoncelle dans les sillons de la corde, attaque douce des pupitres des cordes qui restent distinctes dans la masse orchestrale)

On entend tout ça dans une salle de concert ?

Salut,

+1 :lol:

Amicalement.

» 15 Juil 2004 11:59

Un CR numéro deux d'écoutes effectuées plus tard se trouve là:

http://www.homecinema-fr.com/forum/view ... #168762879

Philippe Muller a écrit:On entend tout ça dans une salle de concert ?

AlexLaBerlu a écrit:On entend tout ça dans une salle de concert ?

S'il s'agit de la Symphonie des Mille de Malher, pas nettement, à moins d'être assis sur les genoux du premier violon :lol:

Mais lors d'un concert de quatuor à cordes, dans une petite salle pas trop claire, bien sûr que oui. Et c'est quelque chose de tout à fait caractérisitique du quatuor. Idem (mais là c'est un ami qui me l'a dit comme un point de comparaison) des peaux de caisse claire et des bruits d'archet sur la contrebasse dans certains morceaux.

Dès que l'on écoute un ensemble plus large (octuor), ça s'amenuise. Je me souviens d'avoir entendu l'ensemble Binchois plusieurs fois dans une église et une fois dans une salle de château (tentures, meubles etc.): les pincés de luth et les vibrations des peaux des percussions que la réverbération noyait s'entendaient dans la petite salle… Ce qui, à mon sens, dans le cas de la musique pré-baroque de cet ensemble n'était pas forcément un plus. De la même manière le bruit de l'air sur l'embouchure d'une tête de flute traversière n'est pas fait pour s'entendre (on projette le son), et n'est pas très agréable lorsqu'il s'entend. Mais dans le cas du quatuor, cela fait partie du plaisir de l'écoute "intime"… :wink:

Je signalais ce type de détail parce qu'il est fort rare, à ma connaissance d'entendre cela sur des enceintes (sur des casques, c'est déjà plus facile).

» 15 Juil 2004 14:10

Mais lors d'un concert de quatuor à cordes, dans une petite salle pas trop claire

Ben, il se trouve que j'ai un studio dans lequel on enregistre 95% de musique classique, du soliste à l'orchestre de chambre de 25 musiciens. Perso, je n'entends rien qui ressemble à ce qui est décrit là et puis cela ne me fait pas tellement envie.

Ce que l'on perçoit d'un quatuor à corde est bien plus poétique que tous ces bruits. Parlons de tout mais pas de ça. Le son d'un quatuor se décrit assez difficilement du reste.

Le crin sans colophane, ce n'est pas très efficace et le chintement des crins de l'archet dans les sillons de la corde me fait penser aux grosses cordes filées d'un piano (combien de sillons y a-t-il sur une corde filée ?).

Pardonne-moi mais on dirait du Rhedéko (peut-être est-ce la proximité de Belfort et de Bavans qui mènent à cette poésie lyrique). Heureusement que ça n'a pas gagné tout le Doubs.

J'ai enregistré des violoncelliste dans mon studio et pas des moindres : Gary Hoffmann, Philippe Muller (pas moi, mais le plus connu de nous deux) et Jerôme Pernoo et je viens de terminer l'enregistrement de la sonate pour violon seul de Bartok à l'alto par Elisabeth Balmas. Je n'ai jamais rien perçu de ce qui est décrit la et je ne parle pas du système d'écoute mais du son en vrai, dans une acoustique qui a toujours fait plaisir aux luthiers qui sont venus (Charton à Saint Etienne par exemple), aux musiciens et aux spectateurs car nous pouvons faire des enregistrements en live avec une centaine de spectateurs sans tuer le son car ici tout n'est que pierre et bois et le plafond est très haut.

C'est vrai qu'il se passe des tas d'évènements mais la description qui en est faite ici a quelque chose de paroxystique qui me laisse songeur.

» 15 Juil 2004 15:06

Ce n'est pas parce que l'on ne les entend pas que ces petits détails ne sont pas là. Les micros sont souvent plus proches des instruments que ne le sont les oreilles d'un auditeur du premier rang.

Roro

» 15 Juil 2004 16:53

on entend tous les sons qui sont émis mais c'est vrai aussi que l'on peut se passer de certains details ...

» 15 Juil 2004 16:59

a ma connaissance...

le jefferson il fait pas l'unanimité en alsace

il semble faire tu tres haut de gamme à present ?

dub pourrais tu nous narrer pourquoi t'as ete a belfort ?

et pas à mulhouse ?....

et françois qu'en penses tu ?

» 15 Juil 2004 17:04

Certes Roro, mais vois-tu, j'ai un ami proche qui est violoniste et vient me jouer ces programmees et j'ai tourné je ne sais combien de fois les pages des pianistes lors de concerts de musique de chambre, sans compter des cours d'interprétation dans des salles minuscules dans des académies, des jurys de conservatoire, dans des petites, des grandes, des sèches, des réverbérées. Et même une fois, plus grand souvenir de ma vie dans ce domaine, assis par terre à coté de la banquette de Rudolf Serkin à Marlboro pendant les répétitions d'un trio de Brahms... dans une salle... qui devait faire 4 m par 4 !

Je n'ai jamais entendu ces bruits cliquetants des archets sur les cordes comme on peut les entendre sur certains disques.

Et tu sais une bonne prise de son d'un violon dans une bonne acoustique ça ne mets pas le violon à 50 centimètres du micro... Mais plutot à 2,5 mètres. Et là Philippe Muller ne se trompe pas ! Il sait !

Sinon, compte-rendu captivant (salut le normand : nous sommes "pays"!).

Un bémol : la platine CD Ayre... qui vaut nettement moins cher aux Etats-Unis et a occasionné pas mal de soucis à l'un de ses propriétaires du forum qui a réussi finalement à la faire reprendre par le magasin de Belfort !

Disons que 4 500 euros pour trois fois rien dedans, dont une base lectrice de CD-rom à une trentaine d'euros et une carte de conversion et de sortie de bonne qualité... c'est un peu cher !

Pour 4500 euros on peut espérer produit plus abouti....

En cherchant bien, tu trouveras des kilomètres de posts sur le sujet Ayre CD... et c'est pas triste !

Alain :wink:

» 15 Juil 2004 17:06

Ne parlez pas trop fort, le furieux pourrait revenir..... :-?

» 15 Juil 2004 17:26

Philippe Muller a écrit:Ben, il se trouve que j'ai un studio dans lequel on enregistre 95% de musique classique, du soliste à l'orchestre de chambre de 25 musiciens. Perso, je n'entends rien qui ressemble à ce qui est décrit là et puis cela ne me fait pas tellement envie.

Ce que l'on perçoit d'un quatuor à corde est bien plus poétique que tous ces bruits. Parlons de tout mais pas de ça. Le son d'un quatuor se décrit assez difficilement du reste.

Le crin sans colophane, ce n'est pas très efficace et le chintement des crins de l'archet dans les sillons de la corde me fait penser aux grosses cordes filées d'un piano (combien de sillons y a-t-il sur une corde filée ?).

Comme quoi, l'attention portée dans l'écoute fait varier l'entente. Beaucoup de mes amis sont musiciens — et une partie de ma famille. Ce qui me donne une expérience quotidienne (tous les jours: violon, violoncelle et piano à la maison). Il ne s'agit pas (encore une fois) de masse orchestrale mais seuleement de petites formations. Il ne s'agit pas non plus de colophaner ses cordes correctement, et je n'ai pas dit crissement — ce n'est pas d'un défaut dont je parle. Les cordes sont légèrement filetée: si on tire ou pousse le crin sans le faire "entrer" (c'est une image qui force le phénomène) dans la corde, ça crisse. Lorsque l'on a une tenue correcte d'archet, on obtient un son plein accompagné d'un "souffle" ou d'un "chuintement" — c'est le frotté de l'archet sur les cordes de l'instrument. le son de la note et le frotté sont 2 sons distincts et inséparables l'un de l'autre, qui font une bonne partie de l'harmonie de la chose… (Idem le souffle que l'on entend accompagnant la note sur une traversière — lequel varie et est plus ou moins beau (si!si!) suivant la qualité de la tête…).
Il y en a un équivalent ddans le cd test de PAV — que tu es mieux placé que moi pour bien le connaître. Dans la plage des clochettes tibétaines, je me trompe ou l'on entend distinctement le bruit des ongles à la surface ET le son très cristallin de la cloche?
Je voulais simplement dire que dans les écoutes dont j'ai pu avoir l'expérience, j'ai en gros trois catégories:
1° on n'entend qu'une note dont le timbre et la richesse harmonique sont plus ou moins bien respectés
2° tous les sons s'entendent (ici les deux sons de la note + le frotté), mais ils se mélangent pour n'en former qu'un seul, plus ou moins fidèle
3° les deux sons sont reproduits fidèlement et sans effet de séparation (comme c'est le cas dans une écoute de studio à laquelle j'ai assisté, avec des enceintes Yamaha dont j'ignore la référence (le HP sont blancs) alimentée par de gros blocs Denon) — les deux sont au contraire reproduits dans leur liaison intime

Quand tu dis que la sonorité du quatuor est difficile à décrire, cela n'est vrai que jusqu'à un certain point de vue. Si l'on écoute les quatuors les plus conttemporains, Lachenman, Millhaud, Ph Glass, etc. — joué par des quatuors comme les Kronos ou les Arditti, on voit que ces musiciens insistent justement sur l'usage de tous ces sons qui, d'habitude sont conçus comme des effets secondaires plus ou moins indésirables. Dire que ce n'est pas beau ou que cela ne fait pas envie n'est pas un jugement du même ordre (on peut préférer Beethov et Schubert à John Adams, mais cela ne veut pas dire que les sons dont l'artiste fait usage dans son projet musical n'existent pas). Cela dit, je suis tout à faiit d'accord sur ceci que ce type de détail n'offre pas un intérêt absolu — et même souvent aucun sur le plan artistique (ce n'est pas ça qui me fait préférer les Prazak aux Berg dans l'interprétation de la Grande Fugue, mais le coloratur qui me paraît plus lié aux timbres). Pourtant je pense que ce sont des points de comparaison intérressant à signaler lors d'un CR d'écoute, pour permettre un début de comparaison terme à terme qui ne se limite pas à des appréciations difficiles à vérifier comme "c'était vivant, dynamique, ça respectait le tempo, etc."… On fixe son attention sur certains détails (donc à partir d'un enregistrement qui les propose) et sur la capacité d'un système à les traduire sans les effacer ni les grossir, et avec naturel.
Sur l'ampi Sunsui 800 (datant de 73 et acheté par moi d'occasion en 79), personne ne sera étonné de ceci que l'on n'entend pas les oiseaux qui accompagent discrètement les Quatuors (enregistrés entre 1975 et 1977) de Chostakovitch par les Fitzwilliam. Ça peut paraître un détail anecdotiques — ça me paraît pourtant du même ordre que la plage de sons naturels (campagne et cloche d'église) que propose ton CD et qui me paraît à ce point de vue exemplaire: reproduire l'espace et l'étagement des plans, sans effacer ni déformer les détails.

dub

» 15 Juil 2004 17:43

Pour le souffle si particulier qui accompagne le frottement de l'archet sur la corde je te l'accorde mais c'est pas ce qu'avais compris en te lisant. Et surtout, on l'entend surtout quand l'archet glisse lentement...

Tu ne l'entends pas salle Gaveau au 10 e rang. Et ce qui a du intriguer Muller comme moi, c'est la façon dont il était décrit.

J'ai accompagné des violonistes...

Alain :wink:

» 15 Juil 2004 18:13

novo a écrit:Ne parlez pas trop fort, le furieux pourrait revenir.....

qui ça ?