Preview du Sony VPL-HW30ES

ImageSelon une tradition désormais bien établie, c’est dans sa prestigieuse « boutique » de la non moins prestigieuse avenue George V à Paris que Sony France présente à la presse sa cuvée annuelle de nouveaux vidéoprojecteurs.
Véritable vitrine du matériel grand-public de la célèbre firme japonaise, cette luxueuse succursale tient lieu d’Apple Store de Sony ! A plus d’un titre d’ailleurs, tant la place est de blanc vêtue, y compris la salle de projection… qui de ce fait ne dispose pas vraiment des conditions idéales pour révéler les aptitudes réelles des impétrants.

Conformément aux usages de la profession, la séance du mardi 21 juin 2011 a débuté par un état des lieux commercial… évidemment très élogieux pour Sony (il semblerait qu’à lui tout seul, le VPL-VW90ES ait permis à Sony de s’emparer de 45% des parts de marché du secteur des VP HC haut de gamme en Europe !), et par des comparatifs technologiques… forcément moins flatteurs pour la concurrence (ainsi, à en croire Sony, la technologie

 

SXRD offrirait une meilleure colorimétrie que la technologie DLP !). :roll:
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Fait plus rare toutefois, et particulièrement appréciable, la société Sony a révélé être très attentive aux retours d’utilisateurs, en assumant ouvertement les insuffisances des modèles de vidéoprojecteurs précédents afin d’apporter tous les correctifs attendus sur les nouveaux modèles. 8)

Dans cet esprit, l’ensemble de la présentation a été placée sous le signe de l’échange et de l’écoute mutuelle. :thks:
ImageCela m’a d’ailleurs permis de suggérer à l’ingénieur japonais présent de faire bénéficier le VPL-VW90ES de certains des progrès implémentés dans le VPL-HW30ES au moyen de mises à jour logicielles (par exemple pour le RCP mark II, le 720p SBS, voire le ghosting qui est peut-être davantage un problème de software que de hardware).
En effet, pourquoi des vidéoprojecteurs de plusieurs milliers d’euros ne connaitraient-ils pas un suivi technique aussi assidu qu’une console de jeu de quelques centaines d’euros ? Certes, tout le monde connait (ou devine) la réponse, mais bon, ça valait tout de même le coup (et le coût) d’essayer… :oops:

Bilan comptable

Voici la liste des upgrades réclamés par la clientèle du VW90ES et exaucés par le HW30ES :
– une 3D significativement améliorée (réduction du ghosting et augmentation de la luminosité) ;
– une version à châssis immaculé pour les pièces à vivre (et davantage WAF compatible) ;
– un nouveau RCP potentiellement aussi pratique que les CMS de JVC ;
– des commandes d’accès direct à la 3D sur la télécommande, et des présélections dédiées à la 3D ;
– la compatibilité 3D SBS en 720p ;
– de nouvelles lunettes à filtres polarisants intégrés (TDG-PJ1), plus lumineuses, et de port plus confortable ;
– l’absence de défocus (en réponse aux doléances des utilisateurs de VPL-HW20) ;
– et bien entendu, un tarif « démocratique » pour un VP SXRD full HD doté de la 3D et duMotionflow.

Malgré tout, voilà les points qui permettent au VPL-VW90ES de continuer à légitimer son positionnement tarifaire (double) :
– deux fois moins de contraste dynamique (sur le papier) pour le HW30ES (70 000:1 contre 150 000:1) ;
– la 2D du HW30ES est plusieurs crans en dessous de celle du VW90ES (sous réserve toutefois – car ce HW30ES est un prototype) ;
– l’optique du VPL-HW30ES n’est pas motorisée (bien que pourvue des mêmes latitudes de zoom, et de lens shifts vertical & horizontal que le VW90ES) ;
– le Motionflow du HW30ES n’est disponible qu’en mode Meilleur mvt (interpolation) et non en mode Projection (Dark frame insertion) ;
– l’ajustement des convergences est (nettement) moins précis sur le HW30ES ;
– l’émetteur 3D est seulement externe (liaison avec le HW30ES au moyen d’un câble RJ-45) ;
– l’émetteur 3D et les lunettes 3D sont vendues séparément.

Impressions subjectives (à défaut de mesures)

La pièce maîtresse de la démo aura été le Blu-Ray 3D d’Avatar, lu sur une PS3.
L’assistance fut unanimement médusée par le rendu d’image subjectif, aussi bien au travers des nouvelles lunettes 3D (TDG-PJ1) que des anciennes (TDG-BR100) ! :o
Il convient de noter à ce propos que si le nouveau modèle de lunettes est plus confortable, plus élégant, plus souple à l’emploi (recharge par prise micro-USB), et de portée accrue (synchro stable à plus de 5 m de l’écran), il ne se démarque que peu du précédent en terme de filtrage lumineux propre (au mieux 5% à 10% d’amélioration).
Les filtres polarisants sont hélas toujours de la partie, mais désormais intégrés aux verres de lunettes. Un choix technologique qui demeure une énigme, dans la mesure où aucun des vidéoprojecteurs 3D concurrents à technologie active n’y recourt. Je n’ai pas manqué de questionner l’ingénieur japonais à ce propos, mais son argumentation fut étrangement la même que pour les technologies 3D passives, à croire que nous parlions soudain du projecteur LG CF3D !
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Pour qui connait la 3D honorable (mais limitée) des petits vidéoprojecteurs DLP (Optoma HD67N), la 3D lumineuse (mais saccadée) de Sharp (XV-Z170000), la 3D équilibrée de Mitsubishi (HC9000), la 3D « THX » (mais fatigante) de JVC (DLA-X7 et X9), la 3D élégante (mais ghostée) de Sony (VPL-VW90ES)… eh bien le Sony VPL-HW30ES semble réussir le tour de force de mettre tous les prétendants d’accord ! Mais à la façon du chat Grippeminaud dans la célèbre fable de La Fontaine. :mdr:

En l’absence d’instruments (ou de possibilités) de mesures, pour savoir si la luminosité est satisfaisante en 3D, il faut tenter de l’assujettir subjectivement aux exigences communes envers la 2D.
Condition apparemment vérifiée sur le VPL-HW30ES, puisque sur l’écran de 2,20 m de base du Sony Store, les 12 ftL canoniques semblaient subjectivement atteints (bien sûr, cela reste à vérifier objectivement).
Et dans le sillage de la luminosité, viennent bien sûr la netteté et la justesse colorimétrique…

En l’absence de mires de crosstalking, pour savoir si l’image 3D souffre de ghosting, il faut activer les sous-titres du Blu-Ray (peu importe la langue). Dans la mesure où il sont généralement situés au premier plan (celui du « jaillissement »), ils révéleront implacablement tout ghosting (sauf si le réglage de Profondeur 3D est au maximum).
Condition une nouvelle fois vérifiée sur le VPL-HW30ES, puisqu’il était impossible de détecter à l’œil le moindre crosstalking (ni au niveau des sous-titres ni « derrière »), et cela pour les quatre modes de luminosité des lunettes (eh oui, un de plus que sur le VW90ES !). Seul le mode maximal bordait occasionnellement les sous-titres d’un « double contour », mais tellement discret qu’il ne pouvait distraire du visionnage.

Pour le reste, la 3D (séquentielle full HD) du VPL-HW30ES présente exactement les mêmes caractéristiques – et provoque donc les mêmes sensations – que celle du VPL-VW90ES : très fluide (motionflow oblige), jaillissante, peu fatigante (du moins comparativement à la concurrence). Bref : belle !

Bémol prophylactique toutefois… Selon les diagrammes projetés en début de séance et les explications du maître de cérémonie, le VPL-HW30ES confère à la 3D une pareille luminosité (et un si faible crosstalking) grâce à un système nommé « Contrôle dynamique de la lampe », consistant à booster son rendement 240 fois par seconde (en synchronisation avec l’obturation séquentielle des lunettes 3D) sur une plage d’amplitude d’au moins ±10% déployée autour de la puissance de fonctionnement recommandée de la lampe.
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Le principe est astucieux, le résultat convaincant, mais il est tout de même permis de s’interroger sur l’innocuité de ce violent asservissement de la lampe UHP dans le long terme…

Bémol statistique maintenant… Le VPL-VW90ES est réputé générer pas mal de ghosting en 3D. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas sur tous les films et selon les lecteurs. Or justement, le VW90ES ne génère quasiment aucun ghosting sur Avatar depuis une PS3 !
Etant donné la parenté entre le VPL-VW90ES et le VPL-HW30ES, il est donc impératif de tester le nouveau modèle sur d’autres sources 3D (œuvres et lecteurs) avant de rendre un verdict définitif sur ses aptitudes réelles en 3D.

La seconde démonstration 3D s’est en revanche avérée nettement moins satisfaisante. Sur la sellette : le jeu PS3 Motorstorm Apocalypse, troisième du nom. Image certes lumineuse comme Avatar, mais alors bourrée de ghosting, même dans le mode de luminosité le plus bas !
Faut-il imputer ce défaut au jeu lui-même, parfois décrié pour ses effets 3D par certains gamers exigeants, ou au HW30ES qui exploiterait alors moins efficacement le signal 3D séquentiel 720p que le signal 3D séquentiel full HD ?
Cette incertitude mérite un approfondissement, mais il est d’ores et déjà permis de supposer que seule la 3D séquentielle 1080p bénéficie d’un rendu exceptionnel (lumineux ET sansghosting) sur le VPL-HW30ES.

La conversion 2D->3D demeure sur le VPL-HW30ES un gadget aussi anecdotique que sur le VW90ES, voire moins performant encore (en raison d’artefacts – notamment des scintillements – non observés sur le VW90ES).
Seules quelques rares scènes (des plans larges, des vues aériennes) sont convaincantes. Mais nous sommes bien loin des convertisseurs 2D->3D broadcast de JVC à plus de 30 000 EUR, et non exempts eux-mêmes d’aberrations…

La séance s’est achevée par une projection en 2D, réclamée – avec insistance – par l’assemblée. Et c’est bien de là qu’est venue la principale déception (eh oui, il y en a hélas toujours une) !
Non pas que la 2D est à proprement parler mauvaise. Mais elle ne semble pas tout à fait du niveau de celle du Sony VPL-HW20 dont le HW30ES s’érige pourtant en successeur. Elle est en tout cas loin, très loin, de la 2D du VPL-VW90ES, encore largement inégalée à ce jour (du moins sur les vidéoprojecteurs à moins de 10 000 EUR).
En cause sur le HW30ES : un manque de profondeur (contraste intra-image ?), une « propreté Sony » faisant parfois défaut aux images, des convergences insuffisantes, quelques décrochages du Motionflow…
Bien entendu, les conditions de test étaient loin d’être idéales (une pièce entièrement blanche impacte davantage la 2D que la 3D), le contexte n’autorisait pas vraiment à optimiser les réglages, et le vidéoprojecteur n’était qu’un prototype (à 80% finalisé).

En tout état de cause, la 2D du VPL-HW30ES définitif devra faire l’objet d’une attention accrue, tant en raison des premières impressions mitigées, que parce qu’un vidéoprojecteur 3D est utilisé 90% du temps en 2D ! En effet, l’attrait exercé par les nouvelles technologies ne doit jamais faire perdre de vue l’essentiel…

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Sony VPL-HW15, Sony VPL-HW20, et Sony VPL-HW30ES : des clones… mais seulement en apparence !

Focus sur les nouvelles fonctionnalités

Trois nouveaux profils pré-configurés et customisables (Jeux, Photos, et Utilisateur 2) viennent désormais s’ajouter aux six déjà proposés par le VPL-VW90ES (Dynamique, Standard, Cinéma 1, Cinéma 2, Cinéma 3, Utilisateur).
Ils sont tous doublés pour la 3D (profils 3D indépendants des profils 2D), ce qui fait bénéficier le VPL-HW30ES de 18 profils éditables au total contre seulement 6 sur VW90ES.
Ce différentiel est néanmoins à nuancer, car chacun des 6 profils du VW90ES est éditable séparément pour chaque type de signal projeté (41 mémoires distinctes en réalité).

Avec le VPL-HW30ES, Sony aura franchi une étape significative, du moins pour les férus de calibration ISF, en upgradant ENFIN son puissant mais antique RCP ! Désormais, la nouvelle version baptisée RCP ver.2 est dotée d’une commande dédiée à l’ajustement du grand Y (ou profondeur du gamut), nommée RCP Brightness, et venant s’ajouter aux quatre autres commandes existantes (Position, Plage, RCP Couleur, RCP Teinte).
Sans avoir eu toutefois la possibilité d’en mesurer l’efficacité, il est très probable que ce RCP mark II permette d’optimiser le gamut aussi aisément que le CMS des JVC DLA-X7/X9.
Il faut néanmoins être équitable : nonobstant ce que prétend la légende urbaine, le gamut demeure malgré tout parfaitement (bien que laborieusement) ajustable au moyen du RCP mark I…

A l’instar du VPL-VW90ES, le VPL-HW30ES dispose d’un outil d’alignement fin des convergences, au dixième de pixel près (contrairement à JVC et à Mitsubishi où la précision d’ajustement se limite au pixel près).
Mais contrairement au VPL-VW90ES, l’alignement des convergences du VPL-HW30ES ne bénéficie que du mode Déplacement, correspondant à un alignement global (indivisible) sur l’ensemble des panneaux. Le mode Zone – permettant d’ajuster l’alignement sur 144 zones distinctes – reste malheureusement réservé au VPL-VW90ES (et à son éventuel successeur en gamme).
Voilà qui limite tout de même pas mal l’intérêt de cette fonctionnalité, car il est bien rare que les décalages RVB soient homogènes sur toute la surface projetée…

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Par rapport à ce prototype, le modèle définitif ne disposera vraisemblablement d’aucune fonctionnalité supplémentaire. Seuls ses performances d’image devraient être améliorées (il faut du moins l’espérer pour la 2D) et son bloc optique changé (à la fois pour des raisons cosmétiques et pour éviter tout défocus, mais il restera évidemment manuel comme sur le VPL-HW20).

Le mot de la fin

Le VPL-HW30ES bénéficie d’un progrès spectaculaire en 3D (du moins en 3D séquentielle full HD) ! A tel point que pour la première fois, la 3D devient presque aussi viable que la 2D (absence d’artéfacts, luminosité, confort, puissance d’immersion), réduisant ainsi significativement l’écart avec les meilleures technologies 3D passives des salles obscures (Dolby 3D, IMAX 3D) ! :D
Soit une belle démonstration de l’attention que le constructeur Sony porte aux retours d’expérience de sa clientèle. :thks:

En revanche la 2D du VPL-HW30ES – pierre angulaire du choix d’un vidéoprojecteur 3D – réclame une expertise plus approfondie… :wtf:
Car en l’état (du prototype), le VPL-HW30ES s’apparente d’avantage à un remarquable complément 3D au VPL-VW90ES qu’à un véritable successeur du VPL-HW20. :hehe:

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Affaire à suivre donc…
HCFR publiera un banc d’essai complet du Sony VPL-HW30ES aussitôt que le matériel finalisé sera disponible.

Pour l’album, voici l’aimable comité d’accueil de Sony :


A droite, le maître de cérémonie.
Et à gauche, le très sympathique ingénieur japonais, non francophone. Il a avoué avec autodérision ne pas comprendre grand-chose au RCP ! :lol: Et au détour d’un échange en anglais, il s’est « trahi » en révélant involontairement la référence « VW95 » – confirmant ainsi les rumeurs. ;)

Yves Raducka (yrad)

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