Test HCFR AKG N90Q, casque audio

Test HCFR AKG N90Q, casque audio

Eric_dub : 

AKG N90Q: un casque futuriste?

 

Lorsqu’André_AJR m’a parlé du nouvel AKG N90Q, ça a bien évidemment mis ma curiosité en alerte. Pas tellement parce que l’apparition d’un très haut de gamme dans le monde nomade me mettrait sur le sentier de la guerre: je ne pratique presque pas le nomadisme… Ça m’arrive d’emmener un casque ou des intras quand je suis en déplacement, mais même écouter dans le train n’est pas mon truc: le soir, dans une chambre d’hôtel, écouter un disque sur mon DAP ou regarder un film sur l’ordinateur portable, oui, mais en marchant ou dans les transports en commun, non. Et puis, autant le dire tout de suite, j’ai du mal à supporter les casques fermés (donc aussi les intras) trop longtemps et l’expérience que j’avais faite, il y a dix ou douze ans, avec un casque portable AKG à réduction active de bruit ne m’avait pas vraiment plu. Ça produisait une sorte de “souffle” qui m’incommodait… Bref… Mais surtout, un nouveau casque haut de gamme chez AKG est toujours un événement car j’aime les AKG et j’en ai un certain nombre, depuis les anciens K340 et K240, en passant par le K1000, le K501, le K601, les K et Q701 et 702…… J’ai un gros faible pour les AKG, peut-on dire.

 

Et, ce qui m’intéresse ici, c’est le concept d’un casque embarquant son DAC et son ampli, capable de s’adapter à la morphologie de l’auditeur, et d’offrir des possibilités d’équalisation: de quoi, me disais-je, augmenter considérablement une écoute faite à partir de nos ordinateurs portables et smartphones… Ce en quoi, je me trompais – en partie au moins.

 

La bonne nouvelle, c’est que la calibration du casque m’a paru avoir un véritable effet. J’ai d’abord essayé de la faire sur les aplats d’un gros volume en guise de mise à zéro, puis d’écouter un peu, puis de la refaire sur moi avant de comparer. Bien sûr, la mémoire est volatile, mais on passe d’une écoute plate et pas très équilibrée, à un médium/haut médium agréable et plein de vie. D’autre part, le système d’équalisation par ajout de grave et/ou d’aigu est également un plus – même si j’avoue préférer, pour ma part, la position médiane, la plus neutre, donc… Je passe sur les DSP, puisque les modes surround et 3D m’ont paru tout sauf convainquant: ça brouille l’écoute plus qu’autre chose (et pour tout dire, on est àmha en-dessous du niveau du Parrot Zik 3 que j’ai ressorti de son tiroir pour l’occasion). Je n’ai donc adopté que les modes “studio” et “standard”…

 

En revanche, je n’avais pas pris la mesure des contraintes liées à la question des connexions. Le N90Q propose, en effet, une entrée mini-USB et une entrée mini jack: et il ne propose que ces entrées. On ne peut donc le relier qu’en analogique ou en actif. Et ce dernier mode de liaison impose qu’il soit reconnu comme une interface audio: ce qui veut dire qu’on ne peut le relier en USB qu’à un ordinateur et pas, comme je le croyais à un smartphone… Il n’est d’ailleurs proposé qu’un câble USB/mini-USB et non un câble USB ou OTG pour liaison vers un smartphone: j’ai donc dû dire adieu à l’idée d’écouter de la musique en streamant qobuz depuis mon téléphone portable (ce que le Parrot Zik 3 permet de faire). D’autre part, comme il ne propose pas d’entrée numérique, et, alors même qu’il embarque un DAC, il n’est pas non plus possible de le relier à la sortie numérique d’un DAP.

 

Car, première déception, si l’on branche ce casque en analogique sur son téléphone portable, je doute qu’on en tire quoi que ce soit: le son est étranglé, manquant de vie, de dynamique et de transparence, que ça soit sur mon Sony XA1 ou sur mon Z Ultra. Et même branché sur un petit iBasso DX50, ça reste, disons, extrêmement moyen — et en tout cas nettement inférieur à ce que donnent, dans le même contexte, les petits intras N40 de chez AKG que je me suis récemment offerts. Par comparaison directe, le N90Q manque beaucoup de richesse et de transparence dans le médium/haut médium: l’écoute de musique classique, en particulier du baroque, s’avère ainsi très décevante. Mais il y faudrait, dira-t-on, un ampli supplémentaire… C’est possible, mais en ce cas, les miens ne conviennent pas car c’est à peine un peu mieux une fois branché sur mon système sédentaire… Il faudra donc considérer que l’emploi en mode passif n’est qu’un pis-aller, et n’y recourir qu’en cas d’urgence, quand la batterie est au plus bas. Branché passivement, le N90 est très loin de valoir son tarif et il existe de nombreux casques, souvent très nettement moins coûteux, qui font infiniment mieux.

 

Donc, puisque le casque est fait pour être branché en USB: branchons-le en USB… Cela ne pose aucun problème technique, en tout cas sur mon MacBook. Dès qu’il est branché, le N90Q est immédiatement reconnaissable comme n’importe quel périphérique et disponible à partir de n’importe quel player (celui de qobuz, comme iTunes ou Audirvana, etc.). Dans ce contexte, l’AKG N90Q révèle son vrai potentiel: sur des morceaux comme ceux du dernier album d’Higelin, récemment disparu à ma (très) grande tristesse, 75, ou du dernier live de Gilmour à Pompeii, on profite d’un registre grave ample et, en mode standard, le petit retrait dans le médium conduit à monter le volume, d’autant plus facilement que les aigus restent assez doux pour ne pas agresser l’auditeur. Sur de la musique classique, en revanche, je reste plus réservé: l’un de mes derniers achats étant l’album Maestro del Siglo de Oro, par Jordi Savall, Hesperion XX et la Capella Reial de Catalunya sorti chez AliaVox il y a peu (et j’en profite pour dire que j’attends avec impatience la sortie de Musica Nova par Jordi Savall et l’ensemble Hesperion XX), je me suis passé successivement ces deux albums, le premier en 16/44.1, le second acheté en 24/88.2 chez qobuz. C’est, disons, correct, mais un peu décevant dans le haut médium et l’aigu: à moins que je n’ai pas trouvé la bonne combinaison, l’emploi de l’équalisation et celle des DSP (en éliminant 3D) fait osciller entre une écoute correcte, mais qui manque un peu de richesse dans le médium, et une écoute plus équilibrée de ce côté là, mais qui devient mécanique et trop insistante dans l’aigu. Là encore, vu la possibilité offerte par les ordinateurs et les players du type d’Audirvana, qui permettent d’embarquer un équaliseur de bonne facture (Voxengo, pour ce qui me concerne), je ne suis pas certain que le jeu en vaille la chandelle: mes “petits” intra de chez AKG, les N40, décollent littéralement avec une petite correction permettant de renforcer un peu l’aigu et de donner à l’écoute plus d’aération… Certes, l’isolation est peut-être moindre qu’avec le système actif du N90Q (quoique…), mais la qualité d’écoute n’est pas la même).

 

En clair, j’avoue que je reste plus que perplexe face à la démarche adoptée par les concepteurs de chez AKG quand on prend conscience des restrictions imposées à l’emploi. Sachant que l’écoute en liaison analogique n’est pas réellement mauvaise, mais qu’on est très très loin de ce que le tarif dépensé permet d’avoir (mes petits intra N40 sont aussi bons sur tous les plans, voire meilleurs), sachant que, si mon petit DAP iBasso arrive à amplifier correctement le N90Q, aucun des mes téléphones portables n’en tire quelque chose d’acceptable, sachant ensuite qu’il ne révèle réellement son potentiel qu’en écoute active, la conclusion s’impose: à part le brancher sur un ordinateur portable, son utilisation ne peut, à mon goût, qu’être anecdotique. À quoi j’ajoute que, même dans ce contexte, les réglages disponibles ne sont pas “visibles”, moins faciles à utiliser dans leur ergonomie que ceux du Parrot Zik 3 et surtout qu’ils ne sont pas totalement convaincants… Autrement dit, ceux qui utilisent exclusivement un ordinateur (ou peut-être une tablette) pourront peut-être être comblés… mais les autres… Sachant que l’ordinateur doit être allumé et qu’il prend de la place, de même qu’une tablette, j’ajoute que ça limite l’usage nomade à une utilisation où on reste… assis!… Par exemple en prenant l’avion, ou le TGV sur une grande distance. Mais qui va sortir son ordinateur portable dans le métro ou dans le bus?… Je reste persuadé qu’AKG est sur une piste et qu’il s’agit bien là d’une technique appelée à se développer dans le futur: mais, pour l’instant, il ne s’agit encore à mon avis que d’un casque à venir.

Bon, j’arrête-là, de peur qu’on me trouve trop sévère, mais j’avoue ne pas bien comprendre de quoi il est question. Mettons ça sur le compte de l’âge: le dub, il vieillit mal et il comprend rien aux évolutions techniques. C’est bien possible — et ça va pas s’arranger avec les années qui viennent, c’est moi qui te le dis!

Éric_dub
HCFR – Mai 2018

– lien vers le sujet HCFR dédié À l’AKG N90Q: <https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-sedentaires/akg-n90q-test-hcfr-post-1-t30086651.html

 

 

 

 

 

Partager :