Test HCFR Earsonics ES5, écouteurs intra-auriculaires

Test HCFR Earsonics ES5, écouteurs intra-auriculaires

Julien_cleriensis

Chers amis casqués, bonjour,

Charge à moi aujourd’hui de vous présenter les ES5 d’EarSonics, ce fabricant français bien connu, qui commence à se faire une place de choix dans le monde des IEM. Je suis doublement heureux de me plier à cet exercice car je possède depuis quelques temps une paire d’ES3 qui me donnent je dois le dire parfaite satisfaction. Qu’en est-il de ses grands frères au patronyme upgradé ?

Packaging et design

C’est un sans faute, il y a tout ce dont on a besoin et même au delà. La présentation est sobre et pro. Le design est proche de celui des ES3 avec une petite touche transparente, qui les rend moins sobres, plus funs et « d’jeuns » sans être bling-bling en accord avec leur sonorité. Que je vais me faire un plaisir de vous détailler !

La signature sonore globale

Pas de mesure cette fois-ci car je n’ai pas le matériel pour mesurer des intras.

La première chose qui saute aux oreilles, c’est qu’elle est typée mid centrée, prégnance des 1khz relativement marquée, quoique légèrement variable en fonction de la source. Elle apporte une sorte de luminosité, un côté ludique, une ouverture, mais également une nasalité artificielle en ce qui me concerne, très audible sur un piano, une clarinette ou une voix. Les ES5 offrent une bonne définition générale. Toujours un rendu un peu artificiel sur le haut du spectre, mais moins que les ES3 que je trouve un peu « plastique »( c’est sans doute là leur plus « gros » défaut). De ce point de vue, EarSonics a progressé dans la mise au point de ses drivers. On n’a pas le délié, la définition et la fluidité des meilleurs casques sédentaires sur ce registre, sans doute une des particularité de la technologie à armature, mais le rendu reste tout de même très satisfaisant. J’observe une bonne progression générale sur la définition, notamment dans le haut du spectre (au dessus de 8Khz) qui est plus précis que celui des ES3 (particulièrement audible sur les transitoires). Le bas médium est un peu plus présent sur les ES3 mais plus par manque de définition que par énergie, c’est un peu plus « boomy », les ES5 montrent une meilleure maitrise dans ce registre. Néanmoins la signature globale des ES3 est plus équilibrée (comparaison faite avec mes casques linéarisés), moins typée, même si légèrement creusée dans le médium, une petite pointe de luminosité vers 1khz également mais moins marquée, ceci est dû également je pense à la plus grande étendue dans les aigus des ES5 qui éclaircissent encore d’avantage le rendu global. J’aurais aimé avec les ES5, et c’est un goût personnel, plus de corps, un médium plus linéaire. Finalement une signature plus neutre, comme j’avais pu la percevoir sur les magnifiques SM9, mais sans doute alors, ils n’auraient pas été légitimes dans la gamme du constructeur. Le médium (dans sa globalité) est plus défini sur les ES5, c’est là, à mon avis, la principale différence qui marque le gap de gamme. Car somme toute, une signature différente uniquement ne justifierait pas une montée en gamme. Très perceptible sur un piano par exemple, les transitoires sont plus nets, le rendu du spectre harmonique plus lisible, moins bouillie. Le grave a un peu plus d’impact, mais sans doute dû à un bas-médium un peu plus défini, et descend jusqu’à 40hz environ avant de chuter en énergie. Idem pour les ES3 sur ce point, ceci avec mes embouts comply qui m’offrent la meilleure isolation. Sans doute on peut faire mieux avec des earmods.

La signature accordée aux sources

La particularité de ces IEM c’est la variabilité marquée d’une source à l’autre et d’un type d’embout à l’autre. Peut-être est-ce un trait général des IEM à armature, mais je pense que c’est lié au nombre de drivers et à leur filtrage. Les ES3 sur ce point sont un peu plus conciliants et versatiles, mais sans doute est-ce là la résultante d’une moins grande définition en plus d’un nombre de driver réduit. Il faut également veiller au choix des embouts, et j’ai pu remarquer que plus on monte en gamme, plus le choix d’Earmods ou carrément de moulés devient indispensable. Les ES5 sont très sensibles au couplage avec les conduits auditifs, la moindre « fuite » et la signature change du tout au tout et peut même devenir très médiocre. Cela dit c’est logique, investir dans des intras de ce calibre sans soigner ce qui les accompagne me semble fort incongru, on ne parle pas d’IEM basiques, mais bien d’un produit HDG.

Ecoute sur smartphone HDG Samsung Galaxy S7 Edge, embouts silicone bi-flange

L’équilibre est assez satisfaisant. Moins de définition, mais qui donne un rendu plus coulant. On a des graves plus marqués (un peu trop boomy), beaucoup moins définis. On sent que le smartphone n’a pas le meilleur système d’amplification qui soit. Toujours cette prégnance du médium à 1khz. Mais c’est moins flagrant (sans doute par compensation avec le grave plus bedonnant). Il y a toujours un rendu des aigus qui me laisse un peu sur ma faim, un peu « plastique ». Même si le terme est fort, on a pas la fluidité des meilleurs casques sédentaires, sans doute une limite de la technologie à armature. Mon smartphone montre ses limites dans les fortés orchestraux où là tout s’effondre. Donc un DAP dédié me semble indispensable pour tirer le max de ces ES5. Sur mon smartphone, les ES3 me semblent plus à leur aise. Du moins ils soulignent moins les défauts inhérents à l’appareil. La courbe d’impédance doit être plus chahutée avec les ES5 qui disposent de plus de filtres, car ils ont plus de drivers, et du coup doivent compliquer un peu la tâche de l’amplification.

Ecoute avec iFi microDSD, embouts silicone bi-flange, réglage sur minphase filter, eco power

La signature est encore plus typée que sur le Samsung. Écoute un peu froide et ultra détaillée. Là on voit tout de suite la supériorité de définition des ES5 par rapport au ES3. Les balais d’une caisse claire, apparaissent avec plus de netteté, peut-être de manière un peu artificielle… Question de goût. Le grave est sec et dégraissé au maximum, trop pour moi. Comme si la restitution était tendue à son maximum. Je comparerais ça avec le réglage du piqué au max sur un téléviseur. Les ES3 sont plus doux, plus paisibles, mais nettement moins définis, clairement dépassés sur ce point par les ES5.

Ecoute avec embouts comply à mémoire de forme sur iFi microDSD

Le grave prend un peu plus de rondeur, pour le reste on est assez proche, par effet de masque le médium jaillit moins, toujours cet aigu un peu artificiel. Le microDSD n’est pas un champion de la finesse dans l’aigu et je crois que les ES5 mettent particulièrement ce point en valeur… Des IEM avec une belle transparence somme toute.

Ecoute avec embouts comply et Lehmann BCL (ampli sédentaire)

C’est la meilleure écoute sans correction EQ. Le grave est magnifique, juste rond comme il faut, moins sec et punchy qu’avec le microDSD, mais plus équilibré.  Du coup, les aigus ont perdu une grande partie de leur artificialité, la prégnance du médium à 1khz est toujours là. Mais c’est joli, une typicité bien faite, car elle a trouvé son équilibre avec l’assouplissement des aigus. On retrouve d’ailleurs ce médium en avant un peu sur l’Utopia. Ça met en lumière le discours musical, c’est un artifice, donc ça trouble un peu les timbres dans leur justesse, mais ça reste équilibré. Bref sur cette configuration, certes le choix avec les ES3 devient pour ma part plus compliqué. Les ES3 sont très équilibrés, mais simplifient un peu le signal, on a moins de tout, donc moins de personnalité, question de goût…

Comme vous pouvez vous en douter, j’ai bien sûr joué de l’EQ pour voir si mes impressions sur la signature globale se confirment. Je précise que c’est une linéarisation SUBJECTIVE, n’ayant pas pu faire de mesure.

Linéarisations subjectives avec sweep linéaire embouts comply sur Lehmann BCL :

Linéarisation subjective des ES5 avec sweep.

Linéarisation subjective des ES3 avec sweep.

Conclusion

On touche là à la difficulté de réalisation des IEM à drivers multiples, tout comme les enceintes qui multiplient les HP. L’avantage réside dans le fait que l’on peut attribuer une plage de fréquence plus petite à un driver. Et donc obtenir une meilleure définition. Mais c’est très délicat à réaliser au niveau des filtrages et souvent la courbe d’impédance se trouvera plus chahutée et de facto l’amplification plus compliquée. On observe avec les ES5 une réponse fréquentielle plus typée. Même si les ES5 restent des intras relativement équilibrés, ils le sont moins que les ES3 qui gardent pour eux, à mes oreilles, un rendu plus naturel, moins extraverti. Plus en adéquation avec leur aspect esthétique. Ce que je soulignais au début de mon laïus, sur un piano un violon ou une voix, c’est un avantage, mais ils marquent nettement le pas sur la largeur de la bande passante ( surtout dans l’aigu au dessus de 10khz) et la définition générale. Les ES5 feront mouche sur des styles plus musclés ou le naturel des timbres est moins prépondérant que l’aspect plus démonstratif et spectaculaire… A mon sens, les ES3 et les ES5 ne s’adressent pas au même public. Les ES3 sont plus dans la veine des SM9 d’un point de vue signature sonore, plus linéaires plus discrets, même si ceux-là les devancent sur tous les points. Les ES5 sont plus typés et répondent mieux aux musiques actuelles, pêchues et détonantes. Ils ont pour eux une meilleure maitrise dans le rendu global du son, meilleures transitoires, médium plus défini et lisible, plus d’impact dans le grave. Les amateurs de musique acoustique, dont je suis, qui ne veulent pas s’embêter à linéariser leurs intras, iront peut-être d’avantage vers les ES3, plus coulants, plus naturels, sacrifiant une part de résolution pour un meilleur équilibre. Si le prix n’est pas un frein, alors ils iront sans hésitation vers les SM9, qui sont une parfaite synthèse entre les ES3 (question équilibre) et les ES5 (question définition), les amateurs de musique qui cogne, je pense à l’électro notamment, où les ES5 font merveille, iront plus vers ces derniers qui vont plus loin dans la définition et la largeur de la bande passante. Question de choix…

Earsonics a bien rempli son cahier des charges. Avec intelligence, il propose des intras plus performants mais aussi plus typés que les ES3. Ainsi, je trouve, ils n’empiète pas sur leur flagship les SM9, tout en proposant une alternative cohérente en gamme, à la fois dans le design et dans les performances sonores. Bravo ! et cocoricoo!

J’insiste sur la nécessité pour des intras de ce niveau d’avoir des tips parfaitement adaptés. C’est absolument essentiel. Les différences de rendu entre les tips silicone bi-flange et les comply sont importantes, à l’avantage certain des comply, et des earmods sont plus que conseillés. Des mousses à mémoire de forme sont une bonne alternative tant l’amélioration du rendu a été importante, alors qu’elle était moins prépondérante sur les ES3.

Sur ces quelques bafouilles, amis casqués, je vous souhaite plein de bonheur en musique.

Julien_cleriensis
HCFR – Févier 2018

 

– Lien vers le sujet HCFR dédié aux écouteurs Earsonics ES5 : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-haute-fidelite/earsonics-iem-made-in-france-t30059158.html 

 

 

 

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