Test HCFR Sennheiser HD660S, casque audio

Test HCFR Sennheiser HD660S, casque audio

Un “petit” qui n’a pas peur des “gros”?

 

Gilmour Live At Pompeii

David Gilmour – Live At Pompeii

À la demande générale d’une ou deux personnes, j’ai aussi comparé le HD660S à mon HD800 — quoique cela ne soit pas très fair-play, ni, donc, très instructif. Certes, chacun devrait se souvenir qu’il est toujours possible, en payant beaucoup plus cher, d’obtenir beaucoup moins bien. Mais dans le cas présent, en écoutant le Live à Pompéi de Gilmour, le miracle ne se produit pas. Certes, le HD660S ne laisse pas d’impression de manque, mais le passage sans transition au HD800 (SD) fait clairement entendre une extension supplémentaire dans le grave et, surtout, une aération très nettement supérieure sur le plus coûteux des deux. C’est, comme on dit, comme un voile qui se lève. Reste que, reste que… À l’endroit où l’équilibre général du HD800 peut frustrer les fans des Sennheiser “classiques” (pur jus de la treille, élevés en plein air et nourris bio), à savoir le médium, je continue à le trouver moins plein, moins riche. De là, à mon sens, l’envie qui prend de monter le volume pour rattraper un peu de présence sur les voix. Certains diront que c’est la rançon de la qualité, voire son avantage, que de pouvoir monter le volume pour s’exploser le cinéma: ça reste à voir, diront les autres. Évidemment, si je devais à toute force, ce qu’aux Dieux ne plaise, choisir entre les deux casques, je garderais probablement le 800… Mais, à considérer le tarif (qui pourrait aussi grimper côté ampli pour le HD800) et en adoptant le point de vue de qui voudrait se monter un système dédié au casque, la question pourrait se poser autrement, et la conclusion être opposée. Car je doute que le HD800 apporte vraiment 2,6 fois plus que le HD660 — et d’ailleurs, je ne sais comment mesurer pareille chose.

 

Arvo Pärt Tabula Rasa

Arvo Pärt – Tabula Rasa

À l’écoute de Tabula Rasa d’Arvo Pärt, par Gidon Kremer et Alfred Schnittke, sorti en 1984 chez ECM: jeu et silence — mais, cette fois-ci, en commençant avec le HD800. Ah! le début tintinnabulant de la deuxième partie! La première fois que j’ai entendu cette pièce, il y a plus de trente ans, sur France Musique, j’avais été irrésistiblement poussé à aller chez le disquaire (on en trouvait encore, à l’époque, qui savaient ce qu’ils vendaient) pour acheter ce disque. Là-dessus, je dois bien reconnaître que revenir du HD800 vers le HD660 donne de ce dernier une cruelle impression sur le chapitre de l’aération — un voile venant se poser sur l’ensemble — et sur celui de l’image sonore, plus “collée au casque” et nettement moins large. Ça ne fait pas sombrer le 660S dans l’infamie, entendons-nous, mais t’es prévenu: si tu vas essayer le petit, n’essaie pas le gros (à moins d’être prêt à sortir le budget qui va avec, même si pour ma part je dirais que, dans ces tarifs-là, il y a du monde au balcon et qu’il faudrait prendre le temps d’écouter d’autres choses). Je ne sais si “l’échelle des tarifs est respectée” (formule de marketing qui n’a aucune signification précise à part de tenter de créer le désir), mais en tout cas, l’écart est indéniable, qui sépare un (très?) grand casque d’un très bon casque. Certes, le HD660S est dans la gamme du dessous, mais il n’a pas à rougir de la comparaison.

 

Ce que révèle surtout cette comparaison, à mes oreilles, c’est que la restitution du 660s est bien “intégrée”, qu’elle ne donne pas l’impression de tout miser sur un registre (le grave, ou le médium, ou l’aigu), et reste honorablement aérée. Évidemment l’image sonore du HD800, son espèce de bulle élargie, ajoutée à l’ampleur qu’il propose, donne une restitution spectaculaire et agréable, à quoi l’on peut ajouter le confort nettement supérieur, avec une impression de poids nettement moindre en raison d’une pression d’arceau (clampling) supérieure sur le 660: 330g pour le 800 contre 280g pour le 660s; à noter, au passage, que les 600, 650 et 660 sont identiques de ce point de vue, et que si, avec le temps, la pression d’arceau diminue très légèrement sur ces modèles, ce sont plutôt les coussins qui ont tendance à se tasser avec le temps (et qu’il faut les changer régulièrement si l’on veut bénéficier réellement de leur restitution, en particulier dans le grave).

Restent, côté 800, d’autres restrictions: difficile, par exemple, de l’utiliser dans un contexte nomade ou sur un baladeur. Certes, le 660s n’est pas fait pour prendre le métro, mais il n’en est pas moins un peu plus polyvalent, et n’a pas à rougir face au grand frère. Sur ce point, l’usage tranchera et, avec lui, l’état bancaire de l’amateur.

 

Dvorak Quatuor Américain Fine Arts Quartett

Dvorak Quatuor “Américain” par les Fine Arts

Dernière tentative, pour achever ce cycle: le Quatuor “Américain” de Dvorak par les Fine Arts (quatuor fondé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à Chicago), disque sorti chez Lyrinx en 1998, il y a tout juste 19 ans à quelques jours près (http://fineartsquartet.com/history/) — en commençant par l’écouter avec le HD660S. De cette pièce je ne dirai rien, à part que l’interprétation des Fine Arts est sublime, que le premier violon propose un chant vibrant et plein d’émotion, une complainte funèbre pleine de lyrisme (aux mélancoliques profonds, je suggère de passer directement au final). Certes, certains préféreront le côté métronomiquement précis et performant des Prazak chez Praga (pour ma part je trouve que ça manque tout de même de cœur), ou, à l’inverse, le côté totalement Europe centrale, à la fois endiablé et d’une couleur inimitable (on entend distinctement l’odeur des cordes et de la colophane) des Panocha (Supraphon), ou encore celle, aussi sentimentale que subtile, des Hagen (chez DG). Pour ma part, je mets la version des Fine Arts à égalité avec celle des Hagen (et je trouve que les Panocha en “font trop”) et le superbe enregistrement de chez Lyrinx ne gâche rien, au contraire.

 

Là encore, le HD660 ne faiblit nullement, ni sur ce premier mouvement, ni sur le final: le placement des musiciens, la discrimination des timbres, la légèreté et le chant incisif du premier violon, son brillant (et son brio), les traits incisifs, mais jamais agressifs, tout y est et il ne manque rien. Et aucune coloration inopportune ou assez prononcée pour venir gâcher le plaisir. Le 660 présente sans doute, pris dans l’absolu, une signature très nette, avec un médium très présent, mais pas de doute, ce type de restitution, justement, me plaît énormément.

Par comparaison, d’ailleurs, le HD800 n’ajoute pas grand-chose, à part un premier violon plus présent (trop présent? importun? qui tire la couverture à lui?), et il se pourrait même que son médium un peu désincarné, qui fait reculer l’alto, sans ajouter énormément d’ampleur au violoncelle… Je n’ajoute rien, car on finirait pas croire que je suis de parti pris — ce qui est d’ailleurs exact.

 

– le lien vers le sujet HCFR dédié au casque Sennheiser HD660S : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-sedentaires/sennheiser-hd-660-s-t30083151.html

 

 

 

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