Voici ma contribution, très subjective, à ce petit appareil très réjouissant. Pardonnez moi d'avance la longueur...
Face à un Sabaj A4 plus généreux mais parfois à la limite de l’exubérance incontrôlée, à un SMSL AD18 bluffant mais parfois un peu étriqué, l’Alientek D8 apparaîtrait-il comme le concurrent ‘‘parfaitement’’ normal de ce trio ?Tout d’abord je dois prévenir, surpris moi-même, que la question du rodage de l’électronique, que je pensais être une lubie ‘‘d’idiophile’’ s’est révélée pour cet ampli Alientek D8, particulièrement effective. Au déballage, j’ai cru l’appareil en panne tant le son était aigrelet et saturant dans les hautes fréquences. Au bout de quelques minutes il est devenu écoutable…ouf !, mais toujours très ingrat. J’ai vérifié et modifié les branchements... Les heures et puis les jours passants il s’est peu à peu amélioré et est devenu très acceptable, révélant son potentiel . Et puis, tout d’un coup, au milieu d’une journée de travail (je l’écoute dans mon bureau) , une sorte de digue a cédé et le son s’est enfin libéré, s’est densifié… et les basses fréquences aussi sont sorties de leur retenue. Présentes et fermes
Je pensais ces questions de rodage de l’électronique plutôt des questions de psychologie acoustique.
A tort apparemment. Ici le phénomène est trop important pour ne pas reconnaître que quelque chose d’autre s’est passé ( je ne sais pas quoi ) qu’un phénomène de psychoacoustique . A vrai dire j’en reste surpris, mais c’est comme cela. Je ne comprends pas mais j’accepte le constat.
Je me suis d’ailleurs souvenu que le AD 18 m’avait aussi laissé cette impression, mais comme le phénomène avait été moins puissant, et que je n'y croyais pas, par principe, je l’avais attribué au temps d’adaptation de mes oreilles à l’appareil.
Donc, patience à ceux qui seraient déçus au déballage. J’ai manqué de renvoyer mon exemplaire, le croyant défectueux....
Je peux comparer cet Alinetek D8 au SMSL AD18 et au SABAJ A4 que je possède et écoute tout le temps. Je les ai comparés bien entendu dans le même local et sur les mêmes enceintes. Subjectivement ! Durant plusieurs jours sur des enregistrements que je connais très bien.
Ce sont trois appareils très semblables en résultat d’écoute, mais néanmoins différents lors d’une écoute attentive.
Leurs timbres et leur dynamique sont vraiment très proches, je ne suis pas en mesure d’en dire quelque chose de notable pour les comparer. Ils sont tous les trois fins et détaillés. Pour aller plus loin il me faudrait un sélecteur de sources, que je ne possède pas.
A l’usage, leur puissance me semble aussi très comparable. Même avec des enceintes à faible rendement ( des petites colonnes Highland 4303 à 85db/w/m) dans des petites pièces entre 10 et 20 m² ( mais plafonds entre 3 et 3,5 m) il est impossible de les écouter à fond.
L’Alientek D8 dispose d’une belle image stéréophonique, particulièrement en profondeur et même en hauteur ( même s’il paraît que l’impression de hauteur est purement psychologique) , bien meilleure en tout cas que celle du AD18 qui se contente, en gros, d’une localisation gauche droite remarquablement stable et précise, mais qui aplatit la scène sonore.
Le D8 a tout de même moins d’ampleur que le Sabaj A4, mais il gagne par contre par rapport au Sabaj en stabilité de cette image, en netteté. Le Sabaj A4 de son côté bénéficie d’une superbe ampleur, très profonde, remarquable, notamment pour l’ambiance de salle, ce qui bénéficie aux grandes masses orchestrales, mais un peu moins stable (les instruments semblent parfois flotter en fonction de leur niveau sonore).
Le D8 a des basses bien présentes et bien fermes. Un peu plus présentes que sur le AD 18, mais un peu moins que sur le Sabaj. Mais elles sont peut-être mieux tenues que sur ce dernier, plus généreux sur bien des points, mais peut-être moins rigoureux aussi.
Ce qui frappe et différencie le D8 immédiatement, c’est d’aller plus loin encore que les deux autres dans la révélation des micros détails d’ambiance. C’est stupéfiant. Presque gênant au départ. On arrive avec lui à caractériser beaucoup plus nettement encore ces micros informations ( craquement du plancher, déplacement sur la pointe des pieds de quelqu'un sur la scène, présence d’un public nombreux ou pas, respirations, froissements de partitions, ambiance du studio, problèmes de micros etc.) C’est le AD18 qui est le ‘’moins’’ analytique de ce point de vue, quoi que déjà extraordinaire. C’est la marque de fabrique de ces petits amplis FDA .
Ce D8 est par ailleurs à l’aise dans toutes les situations, comme le Sabaj A4, alors que le AD18 s’il se révèle bluffant, et même subjectivement meilleur que les deux autres pour les petites formations ( Jazz, musique de chambre, solo etc.) montre ses limites sur les grandes masses orchestrales qui semblent comme emprisonnées dans le carcan d’une image stéréophonique étriquée. Ca peut devenir gênant sur certains enregistrements exigeants, particulièrement riches.
Concernant l’ergonomie, hormis qu’il est le seul à ne pas posséder de Bluetooth, le D8 l’emporte haut la main, principalement parce qu’il dispose d’une véritable télécommande dédiée au son, pratique, et bien pensée, pas comme les ersatz de télécommandes, identiques d’ailleurs, de l’AD18 et du Sabaj A4.
Pour le reste, le type de commandes - à la fois rudimentaires pour leurs accès et assez ‘’riches’ dans leurs possibilités de modelage du son - est à peu près comparable sur les uns et les autres modèles. Simplement je n’utilise pas ces fonctions et écoute seulement en mode ‘‘flat’’, ou ''tone'' pour ce D8, c'est à dire sans aucunes corrections .
Pour mémoire, on peut juste reprocher au Sabaj A4 d’avoir un écran extrêmement petit et des commandes uniquement de type numériques/tactiles, mais à l’usage ça n’a pas vraiment d’importance, pas plus, ni moins, que l’écran plus généreux et les pseudos oscilloscopes du D8 qui ne sont que des gadgets, sympas d'ailleurs, et qu’il est heureusement possible de désactiver.
Question format le D8 est tout petit (et son alimentation aussi) , c’est vraiment impressionnant. C’est un lilliputien. Le Sabaj A4, quoi que lui-même de petite taille est trois fois plus volumineux, le Ad 18 se trouvant entre les deux.
La qualité de fabrication des trois modèles est semblable, c’est-à-dire bonne. Les trois respirent le sérieux.
Celui qui selon moi a le plus travaillé son look est le Sabaj A4. C’est le plus radical des trois au niveau du design. Le D8 est un peu minable à côté des deux autres. Il ressemble un peu à un autoradio d’enfant. Heureusement, s’il est petit, il est aussi costaud. Le AD 18 quant à lui est assez bien fichu et son look vertical est à la fois osé et intéressant. C’est aussi lui qui possède l’affichage le plus logique et le plus qualitatif, réglable en couleur et en intensité en plus. C’est appréciable.
Toutefois le D8 a un défaut rédhibitoire probablement pour certains, surtout pour ceux qui disposent d’enceintes à haut rendement ( ce n’est pas mon cas, tout au contraire ). Cest que le niveau 1, minimal, du volume sonore est déjà assez élevé. Impossible donc de jouer à un niveau de sourdine minimal… Il faut le savoir. La nuit par exemple ça pourrait se révéler gênant. Un vrai défaut de conception…Par contre, après cette position 1, la gradation est très fine.
Point très positif pour moi qui craignais ce défaut, sur l’exemplaire du D8 que je possède je n’ai absolument pas de ce souffle léger mentionné à propos de cet ampli… Même mon oreille collée aux haut-parleurs … ??! Je ne m’explique par pourquoi ? Je n’utilise pas Windows, mais Linux, en bitperfect, pour lui servir les données par USB… Peut-être est-ce dû au bas rendement de mes enceintes, puisque ce très léger souffle n’est, paraît-il, pas dépendant du volume. Il n’augmente pas avec le volume sonore. Il est possible aussi, vu mon demi siècle passé, que mes oreilles ne soient tout simplement plus de première fraîcheur.
Globalement le D8 me paraît le plus « équilibré » des trois appareils, peut-être aussi ce que l’on appellerait, à tort ou à raison, et très subjectivement, l’appareil le plus « neutre », quoique ce ne soit que d’une nuance dans la mesure où ils sont tous trois très proches.
Il paraît que l’électronique dédiée à la sortie casque du D8 est de particulièrement bonne facture . Il se trouve que le D8 est justement de ces trois amplis celui dont la comparaison de sonorité entre le casque ( un AKG 702 ) et l’écoute sur enceintes, est le plus cohérent, le plus proche. Ce qui semblerait accréditer l’idée d’une certaine forme de « neutralité » du résultat sur enceintes...
Le D8, des trois amplis n’est peut-être pas forcément le plus ''agréable'', le plus ''séduisant''. Encore que…pas sûr...
Peut-être que c’est le Sabaj A4 qui remporterait pour moi cette ''palme''. Le Sabaj est généreux, ample, chatoyant, raffiné, mais peut-être parfois aussi un rien désordonné et qui sait perdant une certaine finesse. Le AD18 quant à lui, comparativement, peut paraître un peu guindé, friser la caricature, la simplification. Avec des gros guillemets, parce qu’il est très réjouissant lui aussi.
Tout cela est profondément subjectif.
Le D8 en comparaison des deux autres est peut-être bien tout de même le plus ‘’rigoureux’’, le plus ‘’droit’’. Le plus ‘’honnête’’. Je vais le réserver à des grandes colonnes un peu plan-plan qu’il devrait réveiller agréablement, sortir de leur engourdissement. Elles, de leur côté, le promèneront un peu.
Le Sabaj A4, plus ample encore que le D8 en image sonore mais un peu plus « flou » , un peu plus « mou » au niveau de basses plus présentes, je le réserve pour les enceintes et l’écoute très directive, plus sèche, plus de proximité, de mon bureau. Il donne à l’ensemble de la fluidité, de la douceur.
Le SMSL AD 18 quant à lui, je le réserve au salon dont la configuration et le mobilier, amplifient naturellement le relief du son et le niveau des basses fréquences, ce qui palliera le côté parfois un peu plus plat de sa sonorité (en comparaison, parce qu’il n’est pas vraiment « plat » non plus. C’est exagéré de l’écrire. C’est pour faire comprendre la nuance d’écoute) , avec néanmoins un bluff incroyable. C’est en effet, comme je l’ai déjà souligné l’AD18 qui est le plus impressionnant en situation spécifique de solo ou de petits ensembles en termes de présence sonore, véritablement stupéfiante, quasi physique. Aucun des deux autres ne l’égale de ce côté-là
Comme quoi, le monde n’est pas encore parfait. Et c’est tant mieux ! Il permet l’adaptation.