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Films (débats, critiques), personnalités (acteurs, réalisateurs), prochaines sorties, les salles, la presse spécialisée...

Stromberg et la science

Message » 01 Juil 2007 12:59

La science et l’œuvre de Stromberg : un rapport étonnant

Jules Verne et Stromberg ont la même approche. L’un et l’autre essayent dans le cadre de leurs oeuvres de diffuser de manière ludique et amusante les dernières avancées en matière de Science et Technique.

Stromberg, via le Peppermint, explore des voies nouvelles que la Science n’ose entr’apercevoir. Le sujet devient lui-même champ d’expérimentation.

Dans le défi du magicien, Olaf – sans en avoir l’air – tente de filmer un des aspects les plus étonnants de la loi de la relativité générale d’Einstein.

Son postulat de base : Tous les êtres humains – sauf Görgl – sont dans le même repère inertiel. Leur trajectoire est, pour ainsi dire, droite. Les uns peuvent se situer par rapport aux autres et tout baigne. Görgl, via les spirales et autres accélérations de grand 8 et peut-être le Peppermint, a « décroché » du repère commun pour se projeter dans le gouffre de l’espace temps.

Résultat aisément compréhensible depuis Einstein : son propre repère inertiel est bien sûr cohérent et sa trajectoire personnelle est restée d’une manière imagée – droite – du moins si on la compare avec les autres objets issus du même rapport inertiel (par exemple le chariot du Grand 8 ou la bouteille de Peppermint que Görgl tient dans sa main).

Par contre, l’accélération de Görgl, a un effet amusant : sous l’action conjointe de ce déplacement rapide et de la loi de la gravitation (mais cette fois ci, on se place du côté de l’observateur immobile) le cinéaste démontre que, petit à petit, un décalage apparaît.

Le temps de l’univers de Görgl, vu par ceux qui ne l’ont pas accompagné dans le chariot, s’est, selon eux, apparemment ralenti, soumis à une force puissante. C’est à cause de la gravitation ! Cette loi influe y compris sur la vitesse et provoque ce que les scientifiques appellent la courbure du temps. Görgl vit bien, dans son propre repère, une ligne droite, mais les autres immobiles observent, une discontinuité de la rectitude et la droite de Görgl devient curviligne.

Conséquence logique : Faute à cette satanée courbure du temps, le héros vieillit moins vite par rapport à ses amis. Lorsqu’il descend du manège, Stromberg imagine que Görgl a gagné 24 heures…

Bien sûr, dans la réalité, il faudrait que le manège roule à 300000 kilomètres/seconde pendant une journée, (la vitesse de la lumière) pour approcher le résultat mais l’imaginaire cinématographique d’Olaf se rit de ce genre de contrainte. Chez Olaf, seul le résultat compte…
peg-harty
 
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La quadrilogie de Garl

Message » 02 Juil 2007 2:47

1971 (suite)


Lorsque Stromberg commence le tournage de « Le combat », il ne sait pas encore qu’il va en fait réaliser une quadrilogie.
Le syndrome de « l’œuf » le hante encore et sa lutte contre une possible incompréhension du public tourne à l'obsession.

La quadrilogie de Garl

- le combat
- la victoire – acte II
- La mémoire de Garl
- Le trône contre-attaque

sont des films indissociables les uns des autres et Olaf refusera toujours leur projection séparée. 8 H 45 mn au total (la raison pour laquelle ils n'ont jamais été diffusés à la télévision). Intransigeant, Stromberg obligera son distributeur à promettre sur l'honneur de faire respecter sa volonté aux gérants de salle, quitte à cadenasser les portes pendant la projection pour que le spectateur ne puisse pas s'échapper.



En 1995, face à un journaliste particulièrement pertinent, (phénomène rare dans la profession), il déclarera :

J’ai répété comme un Leitmotiv depuis mon premier tour de manivelle que je filmais pour le regard qui regarde mon propre regard. Ce n’est pas une affirmation en l’air. Je respecte trop le public, y compris celui qui dénigre mes films, pour ne pas lui proposer le meilleur de moi-même. Un film est un univers avec un début, un milieu et une fin. Mais contrairement à ce que vous pourriez croire, la « fin » ne se résume pas au mot que l’on écrit par habitude depuis les frères Lumière en surimpression du dernier plan de la dernière séquence. Non. Ceci n’est qu’une étape. La véritable finalité ou conclusion « in fine » est ailleurs : chacun de mes films est conçu pour vivre et connaître sa vraie conclusion chez le spectateur, dans sa tête. La magie du cinéma, c’est cela ! Mon regard est offert au regard qui le juge, le dénature parfois aussi malheureusement, mais surtout se l’approprie.
Cette transmission est indispensable mais il faut veiller à véhiculer cette « information » avec le plus de clarté possible pour que le public intègre la problématique sans dommageable distorsion. Certaines précisions sont indispensables parfois et c’est le phénomène qui s’est produit lors du tournage du « Combat ».

Garl, après avoir traversé toutes les batailles et déjoué alternativement avec force, ruse ou force tous les obstacles que Lothan lui jette en travers de sa route accède enfin au trône.
Tout au long de son épopée je m’étais attaché à mettre en éclairage le courage et la volonté de Garl. Son épée, rouge du sang des forces de l’ombre était encore humide au moment du cut final. J’ai soumis la projection à des amis qui n’y virent que l’aventure d’un homme globalement sympathique et déterminé à accéder au pouvoir. Ceci n’était pas l’intention initiale et je n’ai pas pu me résoudre à livrer une vision aussi manichéenne au public, effrayé par les conclusions qu’ils en tireraient éventuellement et surtout à juste titre compte tenu de mon imprécision.
J’ai eu envie de brûler le film. Il était inutile de laisser des souvenirs de souffrances physiques dans le seul but de montrer un héros assouvir une volonté de puissance.

Après réflexion, j’ai décidé de me remettre à écrire et montrer au spectateur ce que Garl réalisera à partir de la victoire de son peuple. J’ai tenté de démontrer que toutes les violences du premier épisode avaient un sens. Garl n’avait pris les armes que pour empêcher la destruction irrémédiable des idéaux de liberté et de bonheur. Les actes d’un souverain digne de ce nom ne pouvaient se justifier qu’avec la pleine réalisation de ce futur. Il était de sa responsabilité, et de la mienne, de montrer qu’ils fonderaient ensuite une société plus juste et respectueuse de la vie, en général.

La mémoire de Garl, le troisième volet, me semblait également indispensable. Il fallait absolument se souvenir que le bonheur de la « Victoire » reposait malheureusement sur la souffrance du « Combat » et qu’il fallait impérativement s’en souvenir pour espérer rompre enfin la dure réalité des cycles de l’Histoire. La paix et la prospérité avaient eu un prix que les peuples ont tendance à oublier rapidement. Il revenait à Garl de tout mettre en œuvre pour transmettre aux générations futures ces souvenirs, aussi violents, fussent-ils. Je sais que cette troisième partie ennuie généralement le spectateur et j’ai intentionnellement contribué à cet état de fait. Lorsque lors des projections, le public baille, paradoxalement, je suis très fier du résultat. Car je leur amène l’estocade avec le dernier film de la quadrologie.

« Le trône contre-attaque » est indissociable de l’ennui du film précédent. La boucle est bouclée. Garl meurt et son successeur reprend l’épée pour repousser les assaillants. Au spectateur ensuite d’en tirer ses propres conclusions. De déterminer les responsabilités…

Comprenez-vous, à présent, pourquoi le « combat » seul n’aurait pu que me décevoir ?
peg-harty
 
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La Quadrilogie de Garl

Message » 02 Juil 2007 14:15

La quadrilogie de Garl (1971)
Suède - Couleur - fresque historique fictive - Durée 8 H 45 mn.
Réalisé par Olaf Stromberg avec la complicité des habitants du village de Örmsttetten.
histoire : Garl, fils de Spröt le sabotier, prend les armes pour libérer le royaume de Jehrüsilemm du joug tyrannique de Lothan. Réussira-t-il à réunir assez de guerriers pour enfin mettre en fuite Lothan et s'assoir sur le trône ?

- le combat
- la victoire – acte II
- La mémoire de Garl
- Le trône contre-attaque

_____________________________________________________________________________

Olaf, pour la première fois, réalise une fresque historique. Garl est un personnage qui a vraiment existé dans un livre de conte de fées.
Nous ne reviendrons pas sur chacun des épisodes (voir post précédent) mais nous contenterons d'observer certaines séquences hautement évocatrices ou symboliques.

Le combat.

La scène du puit : Garl, penché au-dessus du vieux puit en pierre semble observer le tréfond de son âme. Il vient de perdre successivement Goldaff, son ami d'enfance et Pöppel, son frère. Le doute l'assaille et loin des regards de ses guerriers, il sanglotte.
Il jette une torche dans la noirceur du puit, et distingue un éclat : l'épée ! Intrigué il descend dans la pénombre pour la ramener à la surface.
S'ensuit un dialogue assez surprenant qui laisse planer, aujourd'hui encore, certaines interrogations :
"Je suis descendu. Tu es remonté. Ils sont morts et par celà Tu es vivante. Eloigne l'ombre, divise les nuages et que l'Anneau du puit exauce le présage. Aussi sûr que le sang coagule, des morceaux épars tu feras l'un, par la force et la volonté de l'un. Fais se lever le jour qui vaincra la nuit et du moindre de nos sanglots rejaillira la vie. Je ne peux perds l'esprit (Peu perd mind ?) si sur ta lame est écrit : transperce ton dragon."

La scène des poules : Garl observe les gallinacées qui picore du grain. Il en désigne une du doigt et lui dit : "Et toi, que ferais-tu, si tu étais née Roi ? Crois-tu que ton destin eût été moins tragique ?". La poule ne répond pas. Et repart picorer.

La scène de l'auberge : Grisés par un breuvage verdâtre, les compagnons de Garl sont sur le point de juger un traître. La condamnation à mort semble inéluctable lorsque Garl s'interpose. "contentez-vous de le chatouiller. Ce sera plus utile car un rire vaut bien des morts". Silence général. Garl éclate de rire devant le prisonnier dont la surprise, à présent, a remplacé la peur.

La victoire.

la scène de la distribution du pouvoir : Elle commence sur un merveilleux discours du nouveau souverain "vous mes fidèles compagnons de lutte ! A présent déposez les armes. Nous devons forger des socs pour ensemencer la terre. Je veux dans chaque village une école, un hôpital, une crêche, une église, une auberge et une salle des réjouissances... honorez vos ennemis comme s'ils furent égarés dans une tempête... une ère nouvelle de paix commence, nous allons faire pouf-pouf pour distribuer les rôles". Dans la foule, une voix non identifiée hurle "ta gueule, Garl"... les gardes s'emparent du honteux personnage mais le Roi le relâche et déclare sentencieux "Je bâtirais mon pouvoir sur ton opposition. Va"

La mémoire .

la scène des courronnes devant le monument au mort pour le royaume : "Vingt ans se sont écoulés depuis la grande bataille, mais jamais nous n'oublierons votre sacrifice. Vous n'êtes pas morts pour rien". L'auteur du discours, solemnel, est seul. Il est payé pour le lire et s'éloigne rapidement. Derrière les grilles du cimetière, un ami l'attend "T'as fini ? Allons faire ripaille".

Le trône contre-attaque

Les premières images sont identiques à celles du "combat". Au premier plan, un puit. Un enfant y jette un caillou, on entend "plinc".

Rajout du 19 mars 2011 : Une partie du film n'a jamais été présenté au public. Jugés avec humour comme des "chutes" Olaf Stromberg les conservera néanmoins à l'abri dans un endroit confiné. Lorsqu'un journaliste lui demanda en 1986 s'il comptait un jour les montrer dans une version longue à l'occasion d'un director's cut édition BlueRay il se contenta de sourire.
Insistant le journaliste obtînt néanmoins une réponse sibylline : on ne peut pas, on ne doit pas éliminer le rôle du libre-arbitre dans les, ou non, chutes. Le bachelier qui obtient un diplôme sans réviser n'est pas un bachelier.

Rajout du 21 février 2014 : un morceau de bobine secrète a été présenté au Festival du Film Jamais Vu de Briançon . Nous ignorons comment les organisateurs se le sont procurés (hasard ? complicités internes ? vol ? faux vol avec la complicité d'Olaf ? autre ?). Intitulé T3- 3 il fût présenté lors d'une soirée unique à un public trié sur le terrain de volley. Selon un Strombérologue et comme son nom T3-3 pouvait le laisser supposer, il s'agirait d'une chute du 3ème volet, celui de la Victoire. 4 minutes qui montrent la réussite de la transmission de la mémoire à la population mais du danger de son utilisation hors cadre. La mémoire, selon un des personnages occupés à la ranimer ne saurait être sectorielle ni utilisée à d'autres fins qu'au bénéfice de la moindre de ses parties.
Dernière édition par peg-harty le 21 Fév 2014 6:09, édité 3 fois.
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message informatif

Message » 02 Juil 2007 19:11

ce post contenait un lien vers un site minitel devenu inaccessible. N'en tenez pas compte. Ne lisez pas ce message.
Dernière édition par peg-harty le 25 Nov 2018 12:05, édité 1 fois.
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Message informatif 2

Message » 02 Juil 2007 19:14

inutile de lire cette phrase. C'etait, là aussi, un lien vers un site minitel mais je ne sais pas comment supprimer le texte. Les arcanes de hcfr et de son éditeur de texte sont d'un maniement trop complexe pour votre serviteur. Faites comme si de rien n'était. Merci.
Dernière édition par peg-harty le 25 Nov 2018 12:09, édité 1 fois.
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Petit Rappel.

Message » 02 Juil 2007 19:18

Nous rappelons aux étudiants et visiteurs que les affiches sont minuscules car notre équipe technique ne sait pas bien utiliser Image shack.


Pour les observer plus attentivement vous pouvez cliquer dessus et, comme par magie, elles grossissent presque de 1000 pour cent.

C'est une expérience estraordinaire dont vous auriez tort de vous priver.

LE SERVICE TECHNIQUE
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1972. Une année risquée...

Message » 03 Juil 2007 14:11

1972


Le monde confirme sa lente descente en enfer.

Bokassa joue avec des diamants et se prend pour Napoléon. Septembre noir, pour attirer l’attention du monde sur la Palestine prend l’équipe israélienne en otage lors des Jeux Olympiques de Munich (17 morts). Les britanniques tirent à balles réelles sur des catholiques irlandais (Bloody Sunday : 14 morts). Optimiste, Polnareff pense qu’on ira tous au paradis, même eux.
Sinvite45 Allende forme un nouveau gouvernement au Chili. Après une visite à Cuba et en Urss, il décide de nationaliser des grosses boîtes dont ITT. Ailleurs, en Irak, le gouvernement nationalise 51% de la production de pétrole de son pays. Dans les deux cas, les États-Unis grincent des dents…
le Canada et l'Iran concluent un accord de coopération nucléaire. L’atome civil, y’a que ça de vrai ! En Italie, la droite exulte, l’extrême gauche se radicalise.
La jeunesse rêve d’un monde nouveau. Certains pensent déjà que la lutte armée est une solution. Plus tard, certains écriront des livres…

Gary Glitter se déguise en paillettes et observe les petits garçons. Deep Purple se rend au japon avec un riff basique mais ravageur.
Parmi les bébés qui naissent, y'a du beau linge : le chanteur, le batteur et le bassiste de Green Day, le bassiste des smashing Pumpkins, le guitariste des Red Hot, le bassiste de Fear Factory, le chanteur d'Oasis, Eminem. Ecoeuré, Maurice Chevalier meurt.

A Cannes, on couronne des films qui puisent leur scénario dans la réalité sociale : « La classe ouvrière va au paradis » (Elio Petri), « L’Affaire Mattei » (Francesco Rosi).
Ont-ils visionné « le Parrain » de Coppola ? Certains autres cinéastes se payent des scandales à deux balles : Bertolucci et son dernier tango, Boorman et sa délivrance. Plus rigolo, Allen s’interroge lui aussi sur le sexe. Les scandinaves sont en forme : Stromberg réalise « Les chevalières » et « Autopsie d’un vivant ». Bergman signe « Cris et chuchottement ».
peg-harty
 
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Les chevalières (1972)

Message » 03 Juil 2007 15:04

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Les chevalières 1972

Réalisé par Olaf Stromberg avec Rössli, Marguerite, Peter et Thierry la Fronde.
Documentaire dramatique de la réalité sociale – sous titré –
Suède/Suisse – couleur – durée 1h25 mn.

Histoire : La condition féminine dans la Suisse profonde. Rössli, solide paysanne des alpages, mariée à Peter, parle de sa vie, de ses petites contrariétés, du temps qui passe…

___________________________________________________________________________



Olaf jette un regard impudique sur un couple moderne.
Pour d'évidentes raisons linguistiques tout le film est sous-titré. Olaf suit le quotidien d'une jeune femme tiraillée entre tradition et révolution culturelle.


Lever à l’aube, Rössli va traire les vaches. Sur une poutre de l’étable, une photo de Marlon Brando (dernier tango à Paris). Rössli, la tête ailleurs que sur son cou, soupire et boit, à même la bouteille, un petit « Schnörkel », l’eau de vie locale, pour se donner du courage. Elle a 25 ans mais en paraît beaucoup plus. Son mariage a été arrangé de longue date par ses parents pour récupérer le petit terrain près de la rivière. « c’est pour les vaches, c’est pratique ». Ensuite, elle ira fabriquer le fromage traditionnel, le « Stenker » comme on dit par ici. Deux heures plus tard, elle préparera le petit déjeuner de Peter qui – pour la charrier – la traitera de fainéante. Petites scènes de bonheur champêtre entrecoupées de véritables questionnements :

- Chérie, t’as donné à manger aux cochons ?
- Chérie, t’oublieras pas de saler les stenker !

Mais même dans ce petit village reculé de la suisse profonde, la révolution est en marche. Tous les après-midi, Rössli, prend sa mobylette et se rend dans la ferme voisine pour regarder Thierry la fronde à la télévision. En compagnie de Marguerite, son amie libérée qui vient de la ville et qui a lu Colette, elle disserte sur l’acteur en toute liberté :

- t’as vu s’il est pas beau thierry. Avec son short et ses collants. Yeuuuuu…

Sans le dire à Peter, en utilisant l’adresse postale de Marguerite, Rössli s’est inscrite au fan club de Thierry la Fronde.
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document historique

Message » 04 Juil 2007 15:10

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Jean claude Drouot - interprete de Thierry la fronde (1963 1966) multi rediffusé
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Message » 05 Juil 2007 14:46

peg-harty a écrit:
- t’as vu s’il est pas beau thierry. Avec son short et ses collants. Yeuuuuu…



Si je peux apporter ma petite pierre personnelle à l'édification de ce formidable panégérique de notre maître Olaf, je préciserai que dans mes souvenirs d'enfant, Thierry La Fronde ne porte pas de short, mais juste des collants, et probablement une coquille de danseur pour sauvegarder la bienséance de cette série, elle-aussi un monument de la jeune TV française ...
alcatol
 
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le short de Jean Claude

Message » 05 Juil 2007 15:20

Merci, cher Alcatol, pour cette précision.

Dans le feuilleton "Thierry la Fronde" Jean Claude Drouot porte effectivement un collant.

Par contre, dans "Les Chevalières", pour des raisons de budget, Stromberg a fait l'impasse sur le collant. Si tu regardes attentivement, mais ça ne se voit que très peu, il a également dans la reconstitution du feuilleton remplacé son cheval par une vache.

Les cinéastes ont très souvent recours à ce genre de stratagème pour réduire les frais.
Il faut savoir que réutiliser des extraits de feuilleton dans un film coûte une fortune en droits d'auteur et il est souvent (presque systématiquement) plus avantageux de retourner la scène intégralement.


Dans "Les Chevalières" il y a d'autres petits arrangements avec la réalité :
la mobylette bleue est en fait un vélo Solex noir...
Vers la fin du film, elle va chez sa voisine (Marguerite) à pied en faisant "brrrrm - brrrm" et pourtant, magie du cinéma, personne ne remarque le trucage.

Dans la scène de la piscine, si tu regardes bien le maillot de bain de Peter, tu t'apercevras qu'il s'agit du short de Thierry la fronde. (c'est ce qu'on appelle un effet spécial).

En tous cas, tu es très observateur car il faut bien connaître Thierry la fronde pour connaître tous ces détails.

Cordialement
peg-harty
 
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Autopsie d'un vivant

Message » 06 Juil 2007 16:44

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Autopsie d’un vivant (1972)

Suède – film policier – Durée 1 H 25 mn (couleur)
Réalisé par Olaf Stromberg avec Kathia Strhölen, Rust Schneeman et Hildegaarde Vorm

Histoire : Gurkel, un homme amnésique est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Du moins, c’est ce qu’il croit. En fait, il n’en sait rien.
_____________________________________________________________________________

Olaf Stromberg s’attaque pour la première fois au film noir. Une intrigue solide qui laisse le spectateur en alerte jusqu’aux dernières minutes. Le stratagème est simple et efficace : Si le personnage principal, coupable présumé, ne sait pas s’il a commis ce crime, comment le public le saurait-il ? (voire le réalisateur).

Le thème de l’amnésie a souvent été traité à l’écran mais rarement d’une manière aussi virtuose. (cf : la scène où Gürkel se prend la tête dans les mains et répète deux cent fois « je n’en sais rien…je n’en sais rien »).
Le cadavre est découvert dans le coffre de sa voiture, le couteau porte ses empreintes digitales, la victime l’avait déshonoré en public. Il le détestait, avait proféré des menaces de mort en présence de nombreux témoins et un photographe présent au moment du crime a pris un cliché. Mais qu’est ce que ça prouve ?
Stromberg invite le spectateur a ne pas se fier aux apparences. Une seule personne croit à l’innocence de Gürkel : Gudrun, une ivrogne qui, après une quinzaine de vodkas « voit » bien des choses que personne ne daigne croire. Il a confiance en elle.
Lors de son procès, Gürkel tente d’étrangler son avocat pendant l’audience et cet incident, dont il ne se souviendra pas, joue forcément contre lui. Il est condamné et s’échappe, bien décidé à prouver son innocence. Envers et contre tous !

La bande son à l’harmonica, signée Miles Davis, est disponible chez elektra Ref. D45b238
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1973

Message » 08 Juil 2007 15:04

1973

Olaf découvre avec étonnement que le passé, le présent conditionne le futur.

Les actualités de 1973 sont rythmées par le cycle "actions/Réactions". Deux visions du monde en lutte sans merci. Les victoires ont un goût de défaite.

Révolution populaire en Lybie. Mouammar Kadhafi nationalise 51% de la production du pétrole. Ca va encore énerver certains. Plus tard, l’aviation israélienne va abattre un Boeing 727 des Lybian Arab Airlines venu s’égarer au-dessus du désert du Sinaï.

Guerre du Kippour. La Syrie et l’Egypte attaquent Israël. Mal en point (ils viennent de perdre 900 chars) Israël menace d’utiliser l’arme nucléaire si les américains ne leur livrent pas des armes. Pont aérien décidé dès le lendemain… contre-offensive et la victoire change de camp.
Des contingents irakiens et jordaniens rejoignent Damas (Syrie) pour la protéger.

Réaction ! Premier choc pétrolier. L’Opep (hors Iran) réduit de 5% la production pétrolière jusqu’à évacuation des territoires occupés et reconnaissance des droits des palestiniens.

Violence au Liban entre population chrétienne et diaspora palestinienne.

A Alger, les états arabes sont solidaires de la Palestine et exigent non seulement le retrait des terres conquises en 1967 mais aussi la libération de la Jérusalem arabe. Ca sent l’embrasement général…

La Russie se demande si elle ne va pas profiter de la situation. Nixon met ses forces nucléaires en état d’alerte. Kissinger tente de calmer le jeu…

Pendant ce temps, en Ethiopie et d’autres pays du Sahel, c’est la famine…

Ailleurs, au Vietnam, on arrête les frais. Les ricains se retirent. Dès lors, le Vietnam du sud, anticommuniste mais corrompu, perd le soutien de sa population démoralisée et paupérisée. Ca bombarde encore au Cambodge mais le 15 août marque la fin de douze années de guerre dans le sud est asiatique.

Le 11 septembre (tiens, on connait cette date) le gouvernement du Chili est renversé par Pinochet avec l’aide technique des américains. Sinvite45 Allende se suicide, certains disent « qu’on » l’aide à mourir. Les « Chicago boys » aident les militaires locaux à mettre au point un modèle de société basé sur le néo-libéralisme. Il convient d’éradiquer l’idée de marxisme… Les résultats économiques sont bons.
Petite ombre au tableau, 250 000 chiliens s’exilent pour éviter la prison. 11 000 disparaissent, parfois sans laisser de traces.

Coup d'État en Uruguay. Appuyé par l'armée, le président Juan María Bordaberry prend tous les pouvoirs. Un régime autoritaire s’installe. L’état de siège est déclaré afin de pouvoir lancer la guerre contre la subversion. Les partis de gauches sont interdits et leurs dirigeants arrêtés.

En France, ca bouge aussi : Brigitte Bardot annonce son arrêt définitif du cinéma. Un nouveau journal fait son apparition : Liberation. Le PCF arrive en tête des partis de gauche aux élections. Le soleil se paye l'éclipse totale du siècle : 6 minutes 20 secondes ! 80.000 personnes sur le plateau du Larzac contre l'extension du terrain militaire. Inauguration de la tour Montparnasse. Le canard enchaîné découvre des micros dans ses locaux.

En musique tout va bien : Pink Floyd enregistre "dark side of The moon" et son célèbre Money Get away... Kiss se maquille pour la première fois... Elvis se tape un ridicule "aloha from Hawaï"... Jesus Christ est superstar sur les planches... Bowie se ziggistardustise... les Who quadrophénisent... les Beatles doublalbumisent en bleu et en rouge... Lou Reed chante Berlin... les New York dolls s'habillent en filles... La france souffre de la maladie d'amour, à cause de Michel Sardou...

Le cinéma essaye de calmer la furie ambiante. Palmes d'or pour "Scarecrow" de Schatzbert et "la méprise" de Bridges (dont personne ne se souvient).
Scarecrow est plus emblématique de son époque. Deux anti-héros américains (Hackmann et Pacino) traversent à pied les Etats-unis d'Ouest en Est (de Californie à detroit). A l'inverse des conventions et des traditions. Du matériel vers le spirituel...

La Grande Bouffe provoque un scandale... Naissance de Bruce Lee, mort de John Ford...

_______________________________________________________________________

Olaf, témoin de son temps, observe la folie humaine et ses idéologies. Il se demande comment apporter son caillou à la révolution culturelle. Ce sera avec "A l'Est, tout est neuf".
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Olaf Stromberg et le fan club allemand

Message » 09 Juil 2007 9:51

A l'heure de l'Europe nous ne pouvons que remercier le O.S.F.K.D. (l'Olaf Stromberg Fan Klub Deutschland) qui a décidé de mettre en ligne la "rencontre" d'Olaf et d'Hollywood.


http://www.youtube.com/watch?v=kPpUBOxDy4k
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"A l'Est tout est neuf"

Message » 10 Juil 2007 12:22

A l’Est tout est neuf
Film suédois – Militantisme gauchiste - Couleur 1973 – Durée 1 h 52 mn
Réalisé par le collectif Stromberg avec Gerd Frontz, Katarina Schluh, Oskar Yorull.

Histoire : Kurt, un professeur de philosophie de Klosterstadt (Republique Federale d’Allemagne) rêve de franchir le mur pour s’installer à Berlin Est (République Démocratique d’Allemagne). Pas facile car la frontière est bien gardée.


__________________________________________________________________________


Dans ce long métrage, Stromberg, prend clairement position pour l’idéal communiste. Le scénario, très initiatique, propose le voyage de l’Ouest vers l’Est. Des valeurs matérialistes occidentales vers l’idéal de fraternité gauchiste. Mais ce film restera surtout gravé dans les inconscients pour une autre raison : c’est le premier film autogéré de l’histoire du cinéma. Tous les intervenants, du premier rôle au dernier accessoiriste, Stromberg compris, seront autogérés (par eux-mêmes). Pour l’occasion, Olaf créera le « collectif Stromberg » et énoncera quelques règles simples, acceptées par l’équipe avec enthousiasme.

Chacun fera ce qu’il croit bon de faire et jouira d’une liberté totale.
On partagera tout. Dépenses et recettes.
On mangera le fruit de notre propre agriculture durant le tournage.
On fera de grandes discussions pour décider de comment on doit être libre.
On vivra tous dans la même maison dans un grand lit.
On votera pour savoir qui jouera le premier rôle.
On aura pas le droit d’interdire.
Chacun aura le droit de contribuer à l’affiche du film.

Le résultat est assez poétique. Des cadrages expérimentaux, des dialogues qui vont dans tous les sens. Des accessoires incongrus. Des trucs bizarres, à la limite de l’incohérence.
Fidèle à lui-même, Olaf ne peut s’empêcher de préciser à intervalles réguliers l’intention initiale. Il prend le spectateur à témoin « faites comme nous ! refusez le libéralisme et le pouvoir de l’argent » « faites des grèves et l’amour »…
C’est l’époque de tous les extrémismes. Une équipe de journalistes de Libération se rendent dans la maison (bleue) et le photographe prend un cliché qui fera rapidement le tour du monde : Gerd Fronz, nu, avec un écriteau « fous toi tous à poil ! ».

Bien plus tard, Olaf apportera quelques précisions sur « A l’Est, tout est neuf ».



Interview du 14.03.2005 dans Kino International :

Journaliste : avec du recul, quel est votre sentiment sur ce film et vos convictions durant cette période ?

Olaf Stromberg : c’était une expérience hallucinante. On faisait vraiment n’importe quoi. Parfois on donnait la caméra à des enfants et ce sont peut-être eux qui ont filmé les plus belles images (le camion rouge, le chien, les chaussures…). Après quinze jours, à cause de la dope, on avait plus un sou pour le tournage.

J : pourtant, ce film a été globalement bien accueilli par la critique…

O.S. : ils étaient encore plus déchiré que nous les bougres. Je ne suis pas sûr qu’ils l’aient visionné. De toute manière, nous souhaitions que le public soit libre de le regarder ou non. Nous avions remplacé le prix d’entrée par un principe plus communautaire. Chacun amenait quelque chose et pouvait assister à la projection. Nous nous sommes retrouvés avec de l’herbe en pagaille, des pommes de terre, des disques, des poteries…

J : avec le temps qui a passé, reniez-vous vos convictions gauchistes de 1973 ?

O.S. : comment voulez-vous que je renie un truc aussi extraordinaire ? Pensez-vous que la droite rigolait autant à l’époque ? Impossible… vous savez, il y avait vraiment deux mondes totalement excessifs et complètement opposés. Le tergal contre le jean, l’argent contre la liberté. On était peut-être idiots mais ailleurs, au titre de convictions politiques très sérieuses, y’en a qui brûlaient des populations au napalm… allez leur demander s’ils renient leurs convictions de l’époque…

Note complémentaire - Ajouté le 8 octobre 2010
L'écrivain Alexandre Soljenitsyne, qui a vu le film "a l'Est tout est neuf" bien plus tard, lors de son exil américain, a déclaré à de proches amis que Stromberg avait, en son temps, fait le chemin qu'il eût aimé faire s'il avait vécu en Démocratie. Le 27 mai 1994, pour parachever le principe, Soljenitsyne décide de revenir sur ses terres et de traverser sa patrie via le réseau ferroviaire. Contrairement à tous les usages il arrive par l'Est. Par Magadan. Il mettra un mois à parcourir les vastes étendues. De l'Est à l'Ouest. Un clin d'oeil à l'imaginaire de nombreux cinéastes qui n'auront pas forcément saisi l'ensemble de la symbolique.
Dernière édition par peg-harty le 08 Oct 2010 14:12, édité 2 fois.
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