» 05 Avr 2010 15:12
Je reviens sur le jugement que j'avais énoncé à propos de 2012 à l'intérieur de mon message concernant SDA : depuis mon premier visionnage, j'ai recalibré mon nouveau projo (un JVC HD550) en obtenant un gamma linéaire à 2,30 de 20 à 100 IRES (2,28 à 10 IRES ) et je dois dire que le niveau de noir est finalement pas mal dans l'ensemble (à part dans quelques scènes) sans rien perdre de ses nuances (mais je découvre qu'un JVC est excellent même dans ce domaine). En revanche, je confirme que quelques scènes en plan panoramique manquent de piqué. Ce qui m'a le plus surpris, c'est l'effet 3D sur de nombreuses scènes (CMD désactivé je le précise), comme 'il s'agissait d'une vidéo avec interpolation de trames et non d'un film... Bizarre et bluffant !
Concernant le film lui-même, il s'agit bien sûr d'un film de "genre" (fantastique), qui a ses détracteurs, mais il est toujours intéressant d'analyser de quelles façons le réalisateur est parvenu à intégrer un petit quelque chose de réflexion dans sa grosse machine à sensation. J'ai donc été plutôt agréablement surpris du traitement réaliste, voire cynique, qui est fait de la "matière" humaine dans ce qui reste, il ne faut pas l'oublier, un film catastrophe : on ne compte plus les formes humaines victimes du cataclysme, traitées par la nature avec une désinvolture qui n'a d'égale que l'indifférence et le mépris des politiques surtout intéressés par le projet secret de sauver ce que l'arbitraire des hommes de pouvoir décide de sauver ! La totalité est et sera toujours la négation de la singularité humaine. Mais c'est l'individu qui fait l'histoire (la petite et la grande) et les "héros" réussissent à se sortir des pires situations, à vaincre tous les obstacles : comme dans la "Guerre des mondes" de Spielberg, le héros est un perdant, un raté, en mal d'identité et de respectabilité (face au médecin - chirurgien esthétique, le comble du futile, métier qui rapporte gros - amant de la mère de ses enfants), qui trouve dans le caractère exceptionnel (révélateur des pouvoirs de notre humanité), voire improbable des circonstances, la force de reconquérir ce qui fait le sens même de la vie : la donation, l'amour, le sens du sacrifice (lui qui avait d'abord sacrifié sa famille au plaisir "facile" de l'écriture d'un roman dans lequel s'exprimait pourtant son sens du sacrifice : étonnant paradoxe d'un homme qui, comme tout homme, vise un idéal qui était à sa portée dans le quotidien. Il en ira de même pour la petite amie de l'homme d'affaire soviétique qui, après s'être fait refaire les seins pour plaire à son amant, se sacrifiera, non pour son "chienchien", mais pour des enfants). La morale économique et normative ("la fin justifie les moyens") devra finalement s'effacer devant l'impératif, le prescriptif éthique absolu qui caractérise notre humanité, justement à l'occasion d'événements hors du commun ("nous n'avons jamais été plus libre qu'en temps de guerre", ici guerre contre la nature). Dans ce film, on peut donc voir une critique plutôt subtile de la condition "économique" de l'existence humaine : face à l'inévitable, les politiques ne peuvent que s'enfermer dans la répétition (ce que le film dénonce à la fin) de la logique fondatrice de la civilisation qui, par delà l'anéantissement, menace plus gravement encore l'humanité en l'homme. Ainsi, le financement des "arches" par l'argent des "nouveaux riches" (l'argent sale de la mafia soviétique...) sauve la civilisation, civilisation malade, arrivée au terme de son développement et qui doit disparaître, puisqu'elle est capable de sacrifier ses forces vives, les forces créatrices (le chercheur indien découvreur de la terrible menace et abandonné par la société occidentale...) qui lui ont pourtant permis de sauver ses membres les plus "influents", ou comment privilégier les moyens sur la fin, le légal (sans conscience) sur le légitime (le juste), le fait (et l'habileté qui l'accompagne) sur le droit (et ses valeurs humaines)...