Compilations pour les 100 ans de la naissance de Karayan

[PAT 94]

Que penser de la qualité de toutes les compilations qui fleurissent pour le centenaire de sa naissance, certaines sont à des prix canons, ca vaut la peine de se laisser tenter, ou pas?

[haskil]

ça dépend desquelles !

Les deux coffrets EMI associent des prises qui vont des années 1940 à la fin de sa carrière et des prises de son qui vont de l'exécrable à l'excellent (rare pour les enregistrements des années 1970... assez souvent mauvais techniquement)...

[adriaticoboy]

Et finalement les enregistrements viennois de Walter Legge juste après-guerre, dans de l'excellente mono à la fois claire et chaleureuse, sont sans doute plus agréables que les prises de son tardives, plutôt baveuses et opaques.
D'ailleurs, Alain, sais-tu quelle est la part de responsabilité du producteur Michel G. là-dedans ? Etait-ce juste un producteur "agent de stars" qui laissait Karajan travailler directement avec les techniciens, ou bien "contrôlait-il" vraiment (autant que cela soit possible face à K.) les aspects musicaux et sonores de ses productions ?

[PAT 94]

ça dépend desquelles !

Les deux coffrets EMI associent des prises qui vont des années 1940 à la fin de sa carrière et des prises de son qui vont de l'exécrable à l'excellent (rare pour les enregistrements des années 1970... assez souvent mauvais techniquement)...

C'est vrai que les quelques disques que j'ai de cette époque, ne sont pas transcendants.

[haskil]

Et finalement les enregistrements viennois de Walter Legge juste après-guerre, dans de l'excellente mono à la fois claire et chaleureuse, sont sans doute plus agréables que les prises de son tardives, plutôt baveuses et opaques.
D'ailleurs, Alain, sais-tu quelle est la part de responsabilité du producteur Michel Glotz là-dedans ? Etait-ce juste un producteur "agent de stars" qui laissait Karajan travailler directement avec les techniciens, ou bien "contrôlait-il" vraiment (autant que cela soit possible face à K.) les aspects musicaux et sonores de ses productions ?

Il portait les gobelets de café au maestro...

Une chose étonnante dans les mêmes années les disques DGG sont souvent beaucoup mieux enregistrés que ceux d'EMI...

[adriaticoboy]

Il portait les gobelets de café au maestro...

Cela a le mérite d'être clair!
Mais il s'intéressait à la musique qu'il enregistrait quand même? J'ai du mal à croire qu'on puisse devenir le producteur de Callas, Karajan ou Beecham chez la vénérable EMI sans avoir de véritables préoccupations artistiques!

[haskil]

Il a été un jeune directeur artistique d'artistes qui ne supportaient pas d'en avoir un autoritaire et qui savaient ce qu'ils voulaient
Le seul directeur musical auquel HVK ait obéi était Legge... et encore !!!

Disons qu'il était là pour rassurer les artistes... et qu'il était surtout assez vite un agent...

Petite histoire que m'a racontée Lazar Berman : quand il a enregistré le Premier Concerto de Tchaikovski avec HVK... ce gars était le directeur artistique... quand le disque est sorti dans le commerce, il manquait quelques notes oubliées au montage dans une cadence pour piano seul... qui ont été corrigées en Russie : berman a réenregistré les mesures manquantes et elles ont été mixées avec les notes enregistrées à Berlin.

Les Allemands ont dû remonter le disque et en sortir une nouvelle version complète

Plus tard, Berman est retourné à Berlin. HVK l'a invité à suivre une séance d'enregistrement (Bruckner je crois)... A la pause, le directeur artistique en question faisait des bons de cabri : 'c'est merveilleux maestro, merveilleux".

Le maestro se tourne vers Berman et vous qu'en pensez-vous ? Berman répond : "Les bois ne sont pas justes et il y a des décalages... mais le climat est beau."


Exact, répond Karajan... c'est ça que je voulais entendre. Et HVK a refait le passage fautif...

[adriaticoboy]

Merci pour ces précisions! C'est bien ce genre d'anecdotes savoureuses que j'espérais!

(En fait je m'interrogeais car j'ai justement acheté le premier des 2 coffrets EMI et j'ai été assez étonné d'apprendre que ce Michel G., plutôt spécialisé dans le lyrique et connu surtout comme "le graaaand ami de la Callas", avait aussi produit presque tous les enregistrements symphoniques de Karajan pour EMI dans les années 70-80, aussi bien à Paris qu'à Berlin! )

[haskil]

Dans le genre... direction artistique du même : la symphonie de Bizet par Ozawa dont la réexposition du premier mouvement est la copie de l'exposition...

Disque chorals de Bach de Weissenberg dont les nuances sont faites au potentiomètre... disques Albeniz de Michel Block dont les montages s'entendent : ça fait pschitt

Concerto pour orchestre de Bartok par HVK chez EMI dont de mémoire les décalages et l'a peu près sont un peu too much... j'ai entendu ça il y a plus de 20 ans j'étais interloqué... et quelque temps plus tard, le flutiste James Galway qui était le flute solo de ce disque... m'a dit que c'était un de ces pires souvenirs d'enregistrement de disques... Et il l'a dit dans un entretient...

Bon j'arrête là

[adriaticoboy]

Tout n'est quand même pas de la faute de ce pauvre Michel!?

[haskil]

Bien sur que non ! Mais il a signé ces disques et commis quelques souvenirs livresques qui font un peu tartarinade quand on les lit

[adriaticoboy]

Je viens de réaliser un truc: tu parlais plus haut du Concerto de Tchaïkovski enregistré par Berman et HVK... après coup je me suis dit: "mais c'est un enregistrement DGG, pas EMI, donc pas de Michel G. là-dedans, Alain a dû se tromper..."
Mais en vérifiant, qu'est-ce que je découvre? Ce type a également produit presque tous les enregistrements du maestro pour le label jaune à partir des années 70!!! Pour que ce jeune français soit accepté parmi les gens de la DGG (qui ne devaient pas être des rigolos) comme le "recording producer" attitré du chef autrichien, il faut croire qu'il était sérieusement pistonné, que ses qualités humaines étaient indispensables en studio pour une star comme Karajan!

[haskil]

Il était l'agent de HVK... donc il était là... et je sais pour avoir beaucoup fréquenté la nièce de Klaus Hymann (patron des producteurs de DGG) qu'on s'en accommodait... sans tout à fait prendre au sérieux ce DA comme d'autres de la DGG qui étaient pianistes, chefs d'orchestres professionnels par exemple dans quelques cas, bref qui avait une oreille fantastique et pas seulement du goût, de l'intelligence et de l'instinct...