C'est un compositeur qui a subit comme Maurice Ohana le "régne" de Pierre Boulez qui le classait "conservateur".
Il n'a pas du tout été victime de l'ostracisme dont Ohanna a été malheureusement victime de la part des programmateurs sectateurs de Boulez.
Et notamment de la part de Claude Samuel qui dirigeait le festival de Royan.
Et Dutilleux s'est toujours vu confier des commandes de la part de prestigieuses formations françaises et étrangères et de la part de solistes qui ne l'étaient pas moins. Sa musique est aujourd'hui jouée et enregistrée de façon abondante et prestigieuse aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Allemagne, partout. Et au Brésil ou j'essaie de faire donner Shadow of time !
Ohanna était révolté, d'une rudesse terrible à cause du rejet dont il a été l'objet en France de la part des officiels... mais bien avant que Boulez ne revienne en France, c'était déjà le cas.
Mais, Ohanna a aussi eu, vers la fin de sa vie, la chance d'être défendu par des musiciens de grande valeur, dont les pianistes Jean Claude Pennetier, Jean Efflam Bavouzet, Marie Josèphe Jude qui l'ont beaucoup joué en public et parfois enregistré.
Et il a quand même été joué à Avignon et à l'Opéra si ma mémoire est bonne.
C'était un homme difficile, rugueux, un peu misanthrope, colérique qui se fachait parfois pour un rien et violemment avec ses amis.
La façon dont il a été ignoré par une partie du milieu musical est regrettable : il a eu beaucoup plus de chance avec une grande partie de la critique pas
embedded with les sectateurs de Boulez... qui ne leur demandait pas d'agir comme cela. Et sa musique a été accueillie au concert comme sur disque par des papiers très, très favorables. Ou par le silence des sectateurs, heureusement de moins en moins pris au sérieux à mesure que les années avançaient. Par chance, quelques grands interprètes lui ont commandé des oeuvres.
C'est un phénomène complexe qu'il est intéressant d'étudier : le phénomène de cour, la volonté de bien se faire voir par Boulez a été un puissant moteur dans la déconsidération et sur la sur considération de certains compositeurs par certains membres influents de la vie musicale qui cumulaient parfois les fonctions de Critiques et organisateurs de concerts. Heureusement, il y a un peu plus de déontologie aujourd'hui.
En tout cas, Dutilleux que j'ai la chance de connaître ainsi que la "petite Geneviève" comme il aime appeler sa femme, est aussi bienveillant à l'égard de Boulez compositeur que ce dernier, que je connais un peu aussi, l'est avec lui. Une neutralité bienveillante et mutuelle.
Alain
