» 02 Déc 2003 20:20
Bonjour Gargamel!
Pour ce qui est de la cinquième symphonie de Mahler, je ne sais si on doit parler d'énergie sonore dans la mesure où son auteur la concevait, dit-on, comme une vaste pièce de musique de chambre! Un caractère surtout perceptible dans l'adagietto, où, malheureusement, la sensiblerie peut prendre facilement le pas sur la maîtrise du discours et la rigueur. Pour ma part, je préfère entendre très distinctement le contrepoint que le pathos, mais c'est une affaire de rapport personnel à la musique...
Le plus grand choc que m'a causé cette symphonie, c'est Svetlanov, entre-écouté un jour à la radio, qui l'a provoqué. Malgré la distraction d'un travail de bureau dans lequel j'étais plongé, je suis resté en arrêt devant ce qui me semblait être l'équilibre le plus parfait entre une énergie vivifiante de l'orchestre et un caractère subjectif presque mystique.
Le second qui m'a beaucoup plus, c'est Riccardo Chailly, en dépis d'une prise de son où les ingénieurs de Decca semble avoir mis l'orchestre à la louche dans une soupière (quelle que soit la qualité de la chaîne hifi, c'est toujours aussi consternant). Cela dit, ce gros pâté peut en impressionner plus d'un. Ce qui me touche, avec Chailly, c'est un rebond constant et communicatif autour d'une oeuvre mine de rien difficile, hermétique, qui,en tout cas, ne me parle pas avec aisance. Chailly fait un travail sur l'esthétique sonore qui donne à cette symphonie une allure plus ludique.
De la version d'Eliahu Inbal, je n'est jamais entendu une fois que les premières mesures... et elle me semble plus conforme à ce que l'on peut tirer de cette musique que ce que fait Chailly. La qualité de la prise de son m'avait paru décoiffante. Si elle est de la même eau que celle mis en oeuvre dans la 8e "Des Mille", ce doit être une petite merveille technique.
Je pense que la version de Simon Rattle mérite le plus haut intérêt, même si j'ai globalement du mal avec ce chef, je dois l'avouer. Je ne l'ai écouté qu'une fois: c'est trop peu pour en être imprégné (encore que Svetlanov m'a "imprégné" du premier coup, lui!), mais assez pour en avoir une haute estime.
Reste la version du trop méconnu Lorin Maazel, qui a l'allure d'une viennoiserie parfaite. Le genre de viennoiserie dont parle John Irvin dans son Hotel New Hamshire, peut-être. Je garde un bon souvenir de cette interprétation, qui ne révèle par les mystères de l'oeuvre, mais se drape dans ses joliesses sans se laisser aller à la facilité. Ce n'est peut-être pas essentiel, mais c'est assez unique, en tout cas dans ma maigre connaissance de la discographie de la 5e.
Une cinquième qui n'est sans doute pas ce qu'il y a de plus énergique chez Mahler (en tout cas, elle ne devrait pas l'être, à mon avis). La 1er, par exemple, la surpasse de ce point de vue, car le développement y est nettement moins unitaire que dans la 5e, les contrastes de caractères sont plus brutaux, plus saississants, le passage du tragique à l'illumination est parfois instantanée, le tout donnant lieu à de formidables déchaînements orchestraux. Le petit nom de cette symphonie est d'ailleurs "Titan".
Je ne connais pas la version de Walter, mais j'admire ses deux versions de la 1er symphonie, surtout celle des années cinquante en mono. En outre, je tiens sa deuxième pour une des meilleures!
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