J’aurais pu passer Thiéfaine En concert — le bel album avec la pochette en forme de clap de cinéma: mais ç’aurait été hors sujet (trop tardif). Ou Ummagumma, mais trop tôt et hors sujet aussi. Restons strict!

Donc, premier disque: Beaucarne — et finalement, pas Chandeleur 75 parce que c’est triste. «Je dois le dire, elle fut assassinée au couteau par un fichu mauvais garçon», dirait l’autre… J’avoue que je n’étais pas d’humeur assez noirâtre pour me repasser ce disque serre-cœur (à écouter d’urgence pour ceux qui ne connaîtraient pas encore). Alors un disque spectacle typiquement Beaucarne, Au Théâtre de la Ville en janvier septante sept — qui respire la gaieté et la bonté. Pas que tout soit oublié : «t’es partie sur l’coup d’une heure, en février à la chandeleur, et l’hiver à repris vigueur au fond d’mon cœur, je suis resté seul sur le pont avec mes deux p’tits moussaillons……» — chante-t-il encore.
Mais «Si la Garonne elle avait voulu» et «elle me l’avot toudis promis, eun belle petite gaïolle pour mettr’ eum canari… » —


J’ajoute rien — mais si tu n’as jamais écouté ça court vite: un chanteur fantaisiste, comme on dit (en France, explique Ricet Barrier, si t’es catalogué «chanteur fantaisiste», t’es fichu — quel pays sérieux). Soit dit en passant, et pour ceux qui pensent que le 33t c’est toujours meilleur que le CD, tel n’est pas le cas sur ce disque — les aigus sont remontés et agressifs (en particulier sur les applaudissements, ce qui d’ailleurs tient peut-être aux micros employés sur scène)…
Et de deux: Maxime chante Brassens — en mars 79, évidemment. On dira tout ce qu’on veut, mais à tout prendre, je continue à préférer ces premières interprétations de Brassens par Maxime à celles qui suivirent (et que j’ai toutes, évidemment, y compris le dernier joli coffret en forme de totalisation).
Certains, en 79, trouvaient qu’il y avait “trahison” — moi je dis “interprétation”. Les arrangements sont superbement bien faits et c’est la patte de l’habituel trio (seconde guitare de toute beauté avec Le Douarin et contrebasse jazzie, forcément, avec Caratini). Il y aussi le disque de Maxime LF et Græme Allwright au Palais des Sports (en 1980: donc hors sujet!), dans lequel on retrouve une version d’une chanson du folklore du milieu de XXème siècle, comme dit Maxime: À l’ombre du cœur de ma mie.
— Et ensuite, et bien, ensuite, choix fut fait de servir une interprétation plus brassensisante de Brassens (et évidemment j’aime aussi). Toujours est-il que ce disque ouvre une période en même temps qu’il referme une époque — Maxime le Forestier annonça la mort de tonton Georges sur scène, les larmes aux yeux, et au temps pour les neiges éternelles d’antan.
Allons-y: un petit Dautin pour suivre — petit par la durée, mais pas par le contenu à mon goût. Lé fame é les enfan dabor, sorti en 76, est l’un des meilleurs albums de l’Yvan. Un chanteur rare, qu’on n’entend que trop peu souvent — la dernière fois, pour moi, sur France Culture, qui râlait, à juste titre du néant dans les média français. Nouvelle scène ou pas nouvelle scène — quoi qu’il en soit de la qualité de celle-ci — les média ne passent pas grand’chose de difficile ou d’écrit.
Et à réécouter les mots de l’album — «je suis comme je fuis: un robinet de poésie»; «la portugaise est morte ensablée en enfilant son tablier bleu de cloporte»; «la malmariée est à la traîne, dans ses, dans ses (dansez?) petits souliers» etc etc — j’en viendrais presque à être d’accord avec lui. Je me souviens être allé le voir sur scène vers 77-78: un mélange de fantaisie — la méduse de la plage de Saint-Malo faisait du vélo sur la plage (de Saint-Malo) — et de poésie à l’état pur, du poème express: la bougie bouge à Bourge – les cailloux caillent à Caen!, — au machin le plus construit, y compris musicalement. À la fin du spectacle, il vendait ses disques en venant sur scène avec ses disques («beaux mes disques! Beaux! Alors: les billets de 500 en premiers!

Retour à Maxime — mais chantant Maxime — N°5 de 1978 — et rien à dire du tout. Voilà, c’est comme ça: on aime ou on n’aime pas — moi j’aime bien. Comment disait Philippe Val vers la même époque? “Un chanteur qui n’a rien à dire devrait avoir la politesse de fermer sa g…”? ou quelque chose de proche.
Et pour finir l’après-midi — et pour dire de, Guet-Apens de Ange — l’une des innombrables versions du groupe… Bon, je continue à trouver que ça a vraiment beaucoup vieilli! Déjà à l’époque? Ben, oui, mais là j’avais l’excuse de la jeunesse!

Mais bon, la conviction y est. Et puis je trouve la prise de son et le matriçage tout à fait excellents (je ne sais pas sur le CD: je ne l’ai pas — mais sur le 33t, c’est un modèle d’école).
Ztass ole folle Xe!
Cdlt
