Bonjour,
Vu que c’est moi qui ai prononcé le 1er le nom de cette symphonie, je me dois d’en faire aussi un CR…mais ce n’est pas sans appréhension.
Tout d’abord, le système d’écoute est constitué de 2 oreilles largement dimensionnées et entretenues régulièrement grace à un coton-tige traité anti MIS. Le tout est relié à un cerveau moyen de gamme, largement rodé mais à la dynamique fortement réduite à certaines heures.
La principale caractéristique de cet ensemble est…l’absence totale de musicalité

. Je me caractérise principalement par une oreille complétement fausse, un manque presque complet de pratique et théorie musicale et surtout la particuliarité étonnante d’oublier toute mélodie au fur et à mesure que j’écoute, et cela de manière quasiment pathologique. Donc, c’est pas gagné, gagné…Mais je compense en partie par un profond amour de la musique et une réceptivité artistique, laborieuse mais réelle.
Je précise également que je n’ai volontairement pas ouvert ce thread pour ne pas être influencé et que je n’ai fait que lire en diagonale la notice. Je suis donc seul responsable de ce qui va suivre. Vous voilà prévenus. Allons-y.
1er mouvement :
Dés le début, un motif au basson et aux cordes s’éléve d’une manière suave mais opressante avant de retomber dans…le silence. On est tout de suite dans le pathétique, le climat est posé.
Ce motif se répete pour déboucher sur toute une série de variations de ce motif initial (hautbois, violons…) avant d’arriver sur un épisode plus vifs où les bois retrouvent un nouvel élan, moins oppressant mais avec un sentiment fort d’anxiété. Mais tout cela semble s’effondrer pour retrouver notre théme initial présenté d’une manière moins étouffante. On arrive ainsi à une nouvelle partie où se succéde des phrases courtes et nerveuses.
3 :32 Les cuivres entrent en scéne de façon tonitruante mais bréve. Ce pic passé, on diminue en intensité jusqu’à se retrouver dans le silence.
4 :30 Un nouvel épisode commence. La musique est ici plus romantique. Elle fait clairement penser à ses films en technicolor où le beau héros meurt à la fin dans les bras de sa bien-aimée

.
7 :00 L’orchestre continue de plus belle ces envolées lyriques, avant que le hautbois ne les cloturent en douceur, avant un coup de tonnerre orchestral.
9 :10 La sensation d’angoisse est portée à son paroxysme. Cuivres, timbales, tout participe à ce déchainement furieux. A partir de là, plusieurs tempetes vont se déchainer, culminant toujours plus haut. Les cuivres sont omniprésents, mais de manière âpre et rugueuse. Ils ne fanfaronnent pas.
13 :45 Les violons reprennent le théme romantique, mais avec encore plus de force. L’orchestre entier les soutient, un hautbois se détache mais le sourd tonnerre des timbales, au lointain, maintient une tension palpable.
Il me semble percevoir dans ce 1er mouvement une succession d’alternances entre des phases de fatalisme résigné et des épisodes d’angoisse révoltée. Le pathétisme de la situation réside soit dans l’attente d’une fin inéluctable que rien ne viendra troubler, ou dans le caractére vain et inutile d’une tentative de fuite devant cette échéance. Pour moi, ce mouvement est le plus riche de l’œuvre, le plus descriptif et le plus riche en nuances sur une sombre palette.
2nd mouvement : Il s’agit d’une valse (enfin, je le crois). Entrainante et légére, elle garde quand même, par je ne sais quelle alchimie musicale, un caractére angoissant. Elle n’a pas un caractére sordide ou caricaturale comme on peut le rencontrer chez Mahler par exemple, mais elle prend par moments des accents tristes et dérisoires, comme s’il ne s’agissait en fait que d’une mascarade. Peut on y voir la description de la vie, de ses apparences trompeuses et futiles qui ne servent en fait qu’à se masquer la réalité de notre destin ? Je ne sais.
Ce mouvement est moins contrasté que le précédent, il revéle pourtant bien des nuances que je perçois sans arriver à les restituer ici, ainsi que certaines analogies avec le mouvement initial.
3ème mouvement : Il s’agit d’une marche, je dirai même d’un défilé. L’intensité varie en dents de scies, de longs crescendos aménent à des explosions orchestrales plus ou moins retenues. Tout au long de ce mouvement, on a l’impression d’une parade. Ce n’est pas forcément martial, même si le martélement des trompettes et des timbales est particuliérement impressionant.
La notice parle du triomphe de l’auteur ou de la mort. Et si c’était plutôt le triomphe de la vie avec son déroulement avec des hauts et des bas avant d’arriver à la conclusion du
4ème mouvement.
Celui ci commence en effet de manière funèbre. Après le triomphe de la vie, la mise en terre ? Les cordes imposent leurs sanglots longs qui brisent…. Même si les bois leur répondent, c’est avec la même langueur.
2 :25 La couleur change. Un long crescendo instaure une tension qui sera résolue par une pause. La suite est ensuite entrecoupée de silences avant de de retrouver le théme romantique du 1er mouvement.
Le silence deviendra de plus en plus un élément important de cet ultime mouvement. L’œuvre s’enfonce peu à peu dans le néant.
A la fin de la symphonie, je ressens une sensation de plénitude, comme si un cycle complet venait de se dérouler. Cette sensation est très proche de ce que je peux ressentir après la 9ème de Mahler, qui me semble très proche de par sa couleur, même si elle est plus violente et critique.
Voilà, félicitations à ceux qui ont réussi à lire l’intégralité. C’est courageux.
Je me tiens face à vous. Ayez pitié.
Eric
PS: Je viens de parcourir, aprés rédaction du CR, les 4 premières pages de ce post

. Je renouvelle mes appels à la pitié, m'excuse pour les redites et félicite les intervenants.