Gilles R a écrit:Nous cherchons des avis sur les inteprètations des sonates de Domenico Scarlatti.
Nous avons sélectionné plusieurs grandes interprétations, les versions pour clavecin et les versions pour pianos et avons fait de très courts commentaires.
D'abord les historiques :
- Vladimir Horowitz (CBS) Les sonates sous les doigts d'Horowitz, c'est la virtuosité d'un jeu qui a marqué l'histoire de l'interprétation au clavier. (version piano)
- Ralph Kirpatrick (Archiv Produktion) Le découvreur de l'ensemble de l'œuvre pour clavier joué au clavecin de Scarlatti. (clavecin)
D'autres versions historiques importantes : celle de Dino Lipatti (piano), de Artur Rubinstein (piano) et une plus récente de Kenneth Gilbert (clavecin)
Les versions récentes :
- Scott Ross (Erato) une intégrale de référence, et un CD pour "les plus belles sonates". (clavecin)
- Pierre Hantaï (Mirare) Une autre version clavecin encore plus récente dans le sillage de Scott Ross, un autre son. (clavecin)
- Ivo Pogorelich (DGG) une vision personnelle, l'énergie pour une musique qui aime rayonner. (piano)
Cette liste n'est pas exhaustive, il y a d'autres versions intéressantes …
Si vous avez des commentaires à faire sur ces propositions, ils seront les bienvenus et sont attendus.
Merci
Gilles
Au rayon historique piano :
Clara Haskil dont les enregistrements Westminster et Philips sont d'une virtuosité et expression inoubliables.
Marcelle Meyer dont les enregistrements Discophiles Français réédités par EMI sont tout aussi magnifiques que ceux d'Horowitz et d'Haskil.
A noter qu'Haskil et Horowitz en plus de jouer de façon fascinante... ont su composer des programmes de disques qui font que l'ennui ne pointe jamais quand on écoute leurs galettes dans la continuité.
Au rayon historique, historique, il faudrait aussi citer des enregistrements de la fin du XIXe et du début du XXe siècle assez renversants, mais évidemment d'un son assez pitoyable. On y vérifie que contrairement aux idées reçues véhiculées par une bonne partie de la critique : les tempos ralentissent depuis plus d'un siècle... On jouait, globalement, beaucoup plus vite autrefois que maintenant.
Au rayon historique clavecin :
Wanda Landowska : instrument sans grâce, mais jeu fascinant de précision et d'invention... préméditée. EMI
Ruggero Gerlin, son élève : étrange, un scarlatti pesant, lourd mais jamais indifférent. Indisponible. Comme Puyanna, élève lui aussi de Landowska, mais assommant dans quasi tout ce qu'il joue en studio.
Enregistrements récents clavecin :
Problème Scott Ross : j'ai écouté la totalité de son intégrale Erato que j'ai finalement donnée tant les bonnes interprétations étaient la portion congrue de cette somme enregistrée à la va vite. Ne tient pas la route... Hélas, mille fois hélas. Peut-être une cinquantaine de sonates sur 550... Et encore...
Pierre Hantaï : d'un tout autre niveau : Horowitz au clavecin, démoniaque.
Gustav Leohnardt : chez Seon (repris par PHilips, puis par RCA, maintenant je ne sais pas ou) : le plus hispanique que je connaisse, ça claque du talon de façon indescriptible.
Enregistrements récents piano :
Anne Queffélec chez Erato (1970 environ) : remarquable en tout point et pas cher !
Zaccharias : grande variété du jeu, vif argent, splendide. EMI
Pogorelich : évidemment, même si ce jeu sent un peu trop la mise au point. Pour le coup, à écouter une sonate et passer à autre chose. Dans son genre, d'un niveau de réalisation pharamineux mais d'une uniformité dans les moyens mis en oeuvre trop voyante à la longue.
Le problème de l'instrument se pose pour Scarlatti : clavecin ou piano ?
Les sonates qui comprennent des accacciatures ne sonnent pas bien au piano (une accacciature est un accord dissonnant et violent sur le clavecin, vaguement assimilable à un cluster fait avec le plat de la main ou l'avant bras sur le piano dans la musique contemporaine).
Les autres sonnent très bien au piano. On sait aujourd'hui que Scarlatti en avait plusieurs à sa disposition à la cour de Madrid. Aucun n'est parvenu jusqu'à nous. Mais on en a reconstruit. Et je crois qu'un disque va sortir de sonates de Scarlatti jouées sur un piano forte reconstitué d'un type très proche en fait des premiers fabriquées par Cristofori.
Alain
