Modérateurs: Modération Forum Oeuvres & Multimédia, Le Bureau de l’Association HCFR • Utilisateurs parcourant ce forum: yotpe et 86 invités

Musique enregistrée : BLURAY, CD & DVD musicaux, interprètes...

Les termes musicaux que vous voudriez connaitre

Message » 22 Nov 2004 23:55

carbo a écrit:Et même si vous admettez que certaines oeuvres sont plus difficiles, qu'il faut y arriver progressivement, comment expliquer que l'on peut finir par apprécier un accord, une mélodie que l'on jugeait avant dissonnante ? simplement par l'éducation de l'oreille et du cerveau ?

Pour pousser plus loin mon interrogation, comment peut on expliquer qu'on ait bien souvent (je ne veux surtout pas généraliser) de la difficulté à apprécier des oeuvres issues de cultures très différentes de la notre ? Dans mon cas, il m'est arrivé d'écouter des opéras chinois ou de la musique indienne (Inde), et j'avoue que bien souvent, je retrouvais cette dissonnance ou cette dysharmonie, parfois agressive ou stridente ?

Nous sommes tous biologiquement très proches, en tout cas, le même système auditif (de l'oreille au cerveau), alors ..... ? la réponse se trouve t-elle simplement dans ma question : un choc entre cultures très différentes ?


Christophe, la notion de dissonance est associée à un système établi de hiérarchie des hauteurs.
Le système tonal en est un, avec ses lois. Rien n'est universel dans ce principe. C'est une convention d'ordre culturel. Pour quelqu'un qui est familier de ce principe, une superposition de hauteurs en dehors des conventions du système apparait immédiatement comme dissonance.

Pour le système tonal, la notion de consonance et de dissonance a évoluée à travers son histoire.
Au début du 17eme siècle Monteverdi avait des problèmes pour ses œuvres jugées dissonantes parce qu'il utilisait des accords de 7éme (= accord de 4 notes séparées chacune par une tierce). Aujourd'hui cela te semble très consonant ce type d'accord, tu en entends partout et cela ne te choque pas. Au 17ème siècle tu aurais peut-être été de ceux qui voulait le renvoi de Monteverdi…

De toute façon la notion de dissonance et de consonance fait partie du langage du système tonal. C'est son principe même de cadences harmoniques.

En effet, ces accords de 7éme n'ont pas la même stabilité selon les degrés de la gamme sur lequel ils se trouvent.
Sur le 1er degré, la tonique (ou si tu veux le do de la gamme de do) tout va bien… tout est consonant. sur le 2éme degré il sonne différement (il devient mineur) mais bon… il est toujours consonant.

Par contre lorsqu'il se trouve sur le 5éme ou le 7éme degré… cela sonne beaucoup plus instable. Ce n'est pas de la dissonance mais cela y ressemble un peu (d'ou les problèmes de Monteverdi).
Ces accords instables sur ces degrés (accord de dominante et accord de sensible) créé une tension, et c'est justement en créant des tensions par ces accords et en les résolvant par d'autres accords plus stables que l'on fait avancer le discours musical.
C'est pour cela que l'on appelle cela "les cadences harmoniques".

Donc… pour te dire que de la dissonance il en faut un peu !



Pour les autres systèmes qui ne fonctionnent pas selon le principe tonal (il y en a beaucoup), les systèmes modaux par exemple, il y a d'autres lois. Pour ceux qui sont habitués à ces lois il entendront les fautes ou des dissonances qui seront différentes du système tonal. Pour ceux qui ne sont pas habitués à ces lois, il vont trouver beaucoup de dissonance… jusqu'au jours où leur cerveau habitué à ces relations de hauteurs, tolère, puis finisse par prendre plaisir aux variations de cette musique…

Il y a même des système sans principe de hiérarchies entre les hauteurs. C'est le cas des musiques dodécaphonique et sérielle. Il n'y a pas dans cette musique de notion de dissonance d'ailleurs.


Pour te familiariser avec la musique de Ravel (qui n'est pas dissonante !) il faut en écouter !
Peu à peu ton cerveau va enregistrer les tournures de son langage. Parce que la musique est comme une langue, il faut enregistrer ses accents, ses formules.
Cela se fait avec du travail mais aussi inconsciemment.

Pareil pour toutes les musiques… contemporaines… extra-européennes.

Il faut les écouter.


Moi, la première fois que j'ai écouté le début de "l'Oiseau de Feu" de Stravinsky (j'avais une douzaine d'années), je ne comprenais rien de ce méli-mélo de jeux des cordes… Peu après cela devint de la musique… Maintenant je ne comprends pas ce qui pouvait bien me faire obstacle.

Gbo dit le contraire de toi.
Il est à l'aise avec des musiques très éloignées géograpiquement des nôtres… seulement ce qu'il ne te dis pas le Gbo, c'est qu'il est musicien et compositeur et qu'il à déjà une solide culture musicale derrière lui, en fréquentant sérieusement la musique modale… comme le jazz.


Alors… pour soigner cette oreille capricieuse, il faut que tu écoute Ravel, Debussy, Stravinski et certaines œuvres de Schoenberg comme "La Nuit transfigurée"…

Tu verras que toi aussi tu seras transfiguré, mon cher carbo !

Aller…

Bonnes écoutes

À plus tard.

Gilles
Gilles R
 
Messages: 1485
Inscription Forum: 09 Juin 2004 15:34
Localisation: Ile-de-France
  • offline

Message » 23 Nov 2004 1:07

Bonsoir,

Pas pu écouter la 6ème comme je le voulais. Pas facile d'écouter autrement que dans la continuité en dehors de l'intimité ...

Mais je trouve que ce post sur la formation de l'oreille est intéressant, surtout dans ce forum HI-FI. On écoutait autrement les sons enregistrés il y a 50 ans. L'oreille s'est formée et on ne supporterait plus ce qui passait à la radio ou sur un pick-up... Même chose pour le cinéma, où le son à fait beaucoup plus de progrès que l'image. (Il n'y a que la télévision pour rester médiocre dans les deux domaines... mais ce n'est pas grave !)
Pour en revenir à l'oreille je pense que l'on peut lier cette facilité de progresser dans l'écoute à l'origine primale de l'ouïe. Quand l'oreille était le seul avertisseur du danger dans la nuit et qu'il fallait 'accepter' les bruits anodins pour déceler mieux les avertisseurs de péril. Car il n'y a pas de paupières pour le son et il faut donc se faire son filtre soi-même.
Je suis souvent surpris du nombre d'enregistrements où j'entends des bruits de voitures ou de motos dans le lointain. J'habite au bout du monde et la route s'arrête avant. Il ne passe pas de voitures. Ces bruits sont donc incongrus et je les remarque avec acuité, ce qui n'est pas le cas quand je suis à Paris.

DORMEZ EN PAIX BRAVES GENS ! Hurlaient les hommes du guet. Leur silence aurait alerté !

Merci Gilles pour le mot de plus. A, a, Aa, Ha, Ah, etc... Tu vois ! Je nuance...

Do Do ...

Hervé
Wevreh
 
Messages: 8
Inscription Forum: 18 Nov 2004 20:11
Localisation: 87700 et 75012
  • offline

Message » 24 Nov 2004 9:43

Wevreh a écrit:Mais je trouve que ce post sur la formation de l'oreille est intéressant, surtout dans ce forum HI-FI.


La hifi c'est bien… avec de la musique c'est mieux, et des oreilles fines musiciennes c'est encore "plus mieux"… :wink:

Gilles
Gilles R
 
Messages: 1485
Inscription Forum: 09 Juin 2004 15:34
Localisation: Ile-de-France
  • offline

Message » 24 Nov 2004 14:02

Gilles R a écrit: Gbo dit le contraire de toi [...]

Gilles c'est vrai que j'écoute beaucoup de musiques différentes, je les aime toutes également d'ailleurs (sauf certaines composées au Km et à visée "relaxante" peut-être :evil: :D ), mais des cours de piano étant jeune et une petite pratique plus récente de la musique électronique de façon autodidacte (dont tu as bien voulu critiquer qques éléments par MP, et je t'en remercie chaudement :wink: ) ne me semblent pas disqualifier tout ce que j'ai écrit plus haut, je repars donc à la charge (en toute amitié):

Est-ce que vous pensez qu'un enfant de 10 ans serait choqué à l'écoute de la mélodie modale de "So what" (M. Davis) par exemple, ou des gammes utilisées par Debussy? j'avoue que je ne comprendrais pas; des expériences ont-elle été faites en ce sens?

Un autre exemple: le générique des Simpsons m'a l'air assez complexe à composer, vous en conviendrez (je suis preneur d'une analyse musicale Gilles ou les autres pros :idee: ), mais je ne connais aucun gamin que ça choque particulièrement à l'écoute et certains le sifflent même juste! Idem pour certaines musiques de film d'action ou de jeunes lascars (désolé pour le cliché) apprécient des motifs dont ils ne savent sans doute pas qu'ils sont pour certains pompés sur du Stravinsky, ou plus "moderne" encore.

cdlt,
GBo
GBo
 
Messages: 3377
Inscription Forum: 03 Avr 2002 2:00
Localisation: RP 78
  • offline

Message » 24 Nov 2004 20:40

GBo a écrit:Est-ce que vous pensez qu'un enfant de 10 ans serait choqué à l'écoute de la mélodie modale de "So what" par exemple, ou des gammes rêveuses de Debussy? j'avoue que je ne comprendrais pas.


Gil, un enfant de 10 ans peut apprécier des musiques complexes et contemporaines… tout dépend de son acoutumance aux modes d'expressions de ces musiques. Il peut d'ailleurs ne pas être choqué par une musique très élaborée sans pour autant l'apprécier.

"So What" ou la musique de Debussy entendue pour la première fois par un enfant de 10 ans peut lui apparaitre très évidente ou au contraire pluôt très confuse… tout dépend du genre de musique qu'il a eu l'expérience d'écouter auparavant.
Si ses parents écoutent du jazz, tout porte à croire qu'il suivra sans problème le discours de Miles Davis… ce qui ne veux pas dire que cela l'intéressera (c'est encore autre chose). Idem pour Debussy si ses parents écoutent en sa présence du Debussy.


Il n' y a pas de musique "universelle". La musique est l'un des arts les plus abstraits. Son langage est fait d'apprentissage culturel.

Mais il y a deux niveaux de "messages" dans la "communication" musicale.
Un niveau présent dans toutes les cultures, C'est celui qu'intégre tout homme individuellement dans son inconscient et notamment dans ce que son cerveau a enregistré dans les régions profonde de sa mémoire… je veux parler des souvenirs ou des "conditionnements sonores" de l'enfant pendant le séjour pré-natal dans le ventre de sa maman.
Oui… cette période ou se forme une couche de notre subconscient a été une période très sonore ! Dans l'utérus l'enfant entend par tout son corps (milieu aqueux) les pulsations du cœur et du flux sanguin de sa mère. Cette pulsaton continuelle explique en grande partie la fascination pour les rythmes répétitifs.

Les civilisations aussi ont pris pour références dans certaines actions musicales des modèles naturels qu'ils ont d"abord imités puis stylisés et ensuite intégrés au principes élémentaires de la musique.
Imitations du vent, de la pluie, de l'orage… des végétaux creux (roseaux… flûtes), des animaux et des oiseaux et parfois pour leurs rituels, les danses nuptiales d'oiseaux.
Il y a aussi l'influence des activités de l'homme : bruit de la corde de l'arc de chasse (instruments à cordes), taillages des pierres, façonnages des outils et travaux agricoles (percussions)…
Voilà pour le premier niveau qui est souvent lié à des principes rythmiques ou de morphologies sonores qui rejoint un ensemble plus vaste d'archétypes.



Et puis vient le deuxième niveaux, la partie abstraite organisant les degrés des hauteurs… les gammes modales puis tonales.
Là tout est conventions et demande un apprentissage.
Il y a des études musicologiques qui trouvent des relations étroites entre le système de hiérarchie des hauteurs et le principe d'organisation de la société.

Cet apprentissage se fait sans pratiquer directement la musique. L'entendre régulièrement suffit. On peut ignorer les règles et pourtant apprécier les effets de son langage.
En fait, cela vient encore de nos origines préhistoriques… lorsque nous étions plus souvent proies que chasseurs. bien que le cerveau de l'animal prédateur soit très sensible aux variations des bruits environnant.

Je l'ai déjà dit, le cerveau est très sensible et réagit extrêmement rapidement aux bruits soudains même très légers… cela pourrait être un agresseur dans son travail d'approche qui brise une brindille… Alerte spontanée du cerveau !
Par contre les bruits qui sont au-delà d'une certaine durée signale un danger moindre, plutôt un bruit de l'environnement (ruisseau, vent…) au bout d'un moment le cerveau relâche le suivi de ce bruit pour attendre un bruit plus significatif de danger.

Le cerveau a, pour élaboré le langage et tous ces apprentissages, procédé un peu de la même manière… il reçoit des flux de bruits comme des signaux dans lequel il repère des éléments qui correspondent à ceux d'un ensemble de signaux déjà acquis.
Si un signal lui vient qu'une seule fois, il met après un moment ce signal de côté, pour mieux repèrer ceux pour qui il a assimilé le sens. Si le signal vient un grand nombre de fois il conserve sont empreinte et compare les relations dans lequel se signal s'articule à un ensemble de relations qu'il connait. Si les modes d'articulations se répètent, il les compare encore à l'ensemble des combinaisons de relations acquises… il part donc du plus simple pour construire des comparaisons de plus en plus complexes.

Pour l'apprentissage de l'écoute de la musique cela fonctionne exactement de la même manière.
Les références de base du "cerveau" sont les archétypes acquis par son état de mammifère et "d'homo faber". Toutes les lois des hiérarchies des hauteurs sont mémorisées par la répétition fréquente du "bain culturel musical" comme une imprégnation inconsciente.
Toute nouvelle hiérarchie ou lois d'organisation des hauteurs provoquent l'opération de comparaisons aux substrat acquis, jusqu'au moment ou la fréquentation importante des tournures "mélodiques" deviennent par l'imprégnation inconsciente des combinaisons acceptées.

Plus l'individu entend de modes d'articulations des hauteurs différentes plus l'opération d'apprentissage sera rapide… parce que le cerveau établira très vite des correspondances entre ces modes.
Plus l'individu possède d'éléments sémantiques plus il est facile pour lui d'en acquérir de nouveau.

Voilà un résumé… jeté sur les touches de mon clavier… cela n'a sûrement pas la clarté d'un texte rédigé et longuement revu et corrigé… Veuillez m'en excuser!

GBo a écrit:Un autre exemple: le générique des Simpsons m'a l'air rudement complexe, vous en conviendrez (à quand une analyse musicale savante :idee: ?), je ne connais aucun gamin que ça choque particulièrement et certains le sifflent même juste! idem pour certaines musiques de film d'action ou de jeunes lascars apprécient des motifs musicaux dont ils ne savent pas que certains sont pompés sur du Stravinsky, ou plus "moderne" encore!


Bien sûr que cela ne leur pose aucun problème… ils ont acceptées inconsciemment les tournures de ces langages musicaux.

Mais attention ! cela ne veux absolument pas dire qu'il puissent à tout coup y prendre plaisir ou même de l'intêret. Avoir l'oreille musicienne procède d'un autre niveau de sensibilité et un autre niveau d'apprentissage, celui du plaisir ou de l'émotion esthétique… c'est encore autre chose… même si les deux sont liées.

Mais pour ce soir… cela suffira.

Dites-moi comment vous recevez ces propos.

Je ferais probablement quelques éditions… pour les fautes d'orthographe et les phrases tortueuses.
Cela est sorti rapidement et d'un jet… un peu précipité… je voulais répondre à Gbo ce soir…

Salut Gil !


Cordialement

Gilles
Gilles R
 
Messages: 1485
Inscription Forum: 09 Juin 2004 15:34
Localisation: Ile-de-France
  • offline

Message » 24 Nov 2004 22:57

:D
J'ai bien fait de remettre une pièce! super post!!!

Toute nouvelle hiérarchie ou lois d'organisation des hauteurs provoquent l'opération de comparaisons aux substrat acquis, jusqu'au moment ou la fréquentation importante des tournures "mélodiques" deviennent par l'imprégnation inconsciente des combinaisons acceptées.

Justement j'ai l'impression que ça, ça devient un big problème dès qu'on veut essayer de découvrir la musique contemporaine atonale. On compare avec ce qu'on connait, trop de delta, pas de mélodie chantante, pas de rythme dansant, pas de répétition hallucinogène, etc... bref rien à quoi se raccrocher, pas de susucre ( :wink: ) -> on laisse tomber!
pour ma part les seules portes d'entrées que j'ai entrevues (récemment) nécessitent de déposer les armes de l'acquis sur le seuil, et de me laisser captiver d'un oeil neuf par le simple plaisir des timbres, des variations de volumes, de hauteur, de matière, d'évolution dans le temps, de tous ces sons visiblement organisés mais d'après d'autres régles.

cdlt,
GBo
GBo
 
Messages: 3377
Inscription Forum: 03 Avr 2002 2:00
Localisation: RP 78
  • offline

Message » 24 Nov 2004 23:43

GBo a écrit::D
J'ai bien fait de remettre une pièce! super post!!!

Toute nouvelle hiérarchie ou lois d'organisation des hauteurs provoquent l'opération de comparaisons aux substrat acquis, jusqu'au moment ou la fréquentation importante des tournures "mélodiques" deviennent par l'imprégnation inconsciente des combinaisons acceptées.

Justement j'ai l'impression que ça, ça devient un big problème dès qu'on veut essayer de découvrir la musique contemporaine atonale. On compare avec ce qu'on connait, trop de delta, pas de mélodie chantante, pas de rythme dansant, pas de répétition hallucinogène, etc... bref rien à quoi se raccrocher, pas de susucre ( :wink: ) -> on laisse tomber!
pour ma part les seules portes d'entrées que j'ai entrevues (récemment) nécessitent de déposer les armes de l'acquis sur le seuil, et de me laisser captiver d'un oeil neuf par le simple plaisir des timbres, des variations de volumes, de hauteur, de matière, d'évolution dans le temps, de tous ces sons visiblement organisés mais d'après d'autres régles.


Salut Gil,

D'abord, ce que je tente d'expliquer, et que tu as surépaissi, se passe principalement de façon inconsciente.

Il faut dire qu'il y a eu quelques œuvres sérielles qui personnellement me sont encore restées comme indigestes…

Qu'il n'y est pas de mélodie chantante n'est pas vraiment le problème… il y a beaucoup de musique sans mélodie qui sont très accessibles. Idem pour les rythmes dansants et les répétitions hallucinogènes…

Par contre dans ce que tu dis (en gras) il y a une façon de s'ouvrir à d'autres aspect du son de la musique, les textures du son, les mutations de timbre (rapides ou lentes…) les jeux ou oppositions des morphologies… Mais là aussi, une initiation minimum est parfois nécessaire.

Bonsoir

Gilles
Gilles R
 
Messages: 1485
Inscription Forum: 09 Juin 2004 15:34
Localisation: Ile-de-France
  • offline

Message » 25 Nov 2004 11:17

GBo a écrit: :D J'ai bien fait de remettre une pièce!


Et faut pas vous gêner d'en remettre encore !

Je manque de monnaie…

À bientôt… j'espère. :wink:

Gilles
Gilles R
 
Messages: 1485
Inscription Forum: 09 Juin 2004 15:34
Localisation: Ile-de-France
  • offline

Message » 27 Nov 2004 12:09

Gilles R a écrit:Toutes les lois des hiérarchies des hauteurs sont mémorisées par la répétition fréquente du "bain culturel musical" comme une imprégnation inconsciente.


Bonjour Gilles R,

Très très intéressant ce post, celà éclaire vraiment nos comportements d'écoute des nouvelles musiques.
Vous dites que celà est inconscient. C'est tout à fait inconscient ?

Merci encore.

orpheo
orpheo
 
Messages: 16
Inscription Forum: 08 Oct 2004 10:14
  • offline

Message » 28 Nov 2004 2:31

orpheo a écrit:cela éclaire vraiment nos comportements d'écoute des nouvelles musiques.
Vous dites que celà est inconscient. C'est tout à fait inconscient ?



Bonsoir orpheo,

Bien sûr, l'écoute et l'émotion musicale ou bien au contraire l'ennui nous en sommes conscients. Mais cette imprégnation progressive du cerveau est complétement inconsciente.
Cela fait partie des activités du cerveau que nous ignorons. En fait nous utilisons seulement 30% de nos capacités cérébrales, le reste est pour nous indépendant de notre volonté.

L'accoutumance musicale s'établit par imprégnation un peu comme chez les animaux… Pierre Schaeffer dans ses cours, nous a donné quelquefois cet exemple des troupeaux de phoques sur la banquise. Parmi ces foules serrés et bruyantes des cris des jeunes, une maman phoque reconnait de trés loin le cri d'appel de son petit parmi les miliers d'autres. Pourtant pour nous les humains, le cri du petit est identique aux autres. Mais la mère, par de très petites variations significatives pour elle, ne se trompe pas.

En musique, le même principe se retrouve… je l'ai déjà évoqué. Cette expérience d'accoutumance à des tournures musicales se retrouve aussi dans la vision et la perception des objets picturaux dans les arts plastiques.

Un exemple banal : imagine une liste de plusieurs nom d'individus, si ton nom figure dans cette liste, lorsque tes yeux balairont les noms, ton nom sautera à tes yeux lors de leurs passages sur lui, il apparaitra comme quelque chose de plus distinct. Parce que le cerveau reconnait la forme, il y a comme un signal de détection.

Je suis toujours fasciné de voir la différence de perception d'un geste pictural par un initié en peinture et un ignorant de la chose peinte. L'un il y voit une trajectoire d'énergie, un dynamisme… l'autre une tâche de peinture quelconque, comme une giclure banale d'un peintre en bâtiment…
Pour le premier l'ensemble de la toile vibrera, les signes picturaux crééront des profondeurs, des nuances de lumières, des variations de matières… le second n'y verra que du barbouillage indigne…
Éternel problème de l'art et de son initiation… Qui se réalise par sa fréquentation en premier lieux. Les livres seuls sont souvent impuissants. Ils peuvent épauler la partie consciente et aider à trouver des pistes.

Pour apprendre les langues, des méthodes préconisent de se passer des dialogues et des récits dans la langue étudiée, pour que le cerveau assimile les accents et les inflexions… Je ne veux pas dire pour autant de faire l'équivalent en musique…
Cela deviendrait du bourrage de crâne à la Stanley Kubrick comme dans "Orange Mécanique"… C'est d'ailleurs un peu de cela dont il s'agit dans ce film…
Non ?

Bonne nuit orpheo…
et ne te retourne pas.

pardon :oops:

À bientôt :wink:

Gilles
Gilles R
 
Messages: 1485
Inscription Forum: 09 Juin 2004 15:34
Localisation: Ile-de-France
  • offline

Message » 30 Nov 2004 0:49

Gilles R a écrit:et ne te retourne pas.


Je me retourne pour dire que je suis curieux de connaitre les modes à transpositions limités d'Olivier Messiaen, (si je n'ai pas fait d'erreur en recopiant) dont il est question dans ta réponse à GBo, au sujet de la 6éme symphonie de Tchaïkovski.

Si ce n'est pas trop compliqué…


J'ai repéré quelques définitions à nous donner.

Merci

orpheo
orpheo
 
Messages: 16
Inscription Forum: 08 Oct 2004 10:14
  • offline

Message » 30 Nov 2004 23:23

orpheo a écrit:je suis curieux de connaitre les modes à transpositions limités d'Olivier Messiaen.


Je ne sais pas si ces modes à transpositions limités intéresseront beaucoup de lecteurs de ces pages, mais je les donne, cela peut servir.

Les modes à transpositions limitées d'Olivier Messiaen sont au nombre de 7.
Messiaen les a exploités parce les transposer successivement, de demi-ton en demi-ton conduit à retomber trés vite sur les mêmes notes. Alors que les autres modes (majeur et mineur par exemple sont transposables sur les 12 notes du total chromatique (j'en vois qui froncent les sourcils). À chaque transposition, les gammes auront des notes différentes.

Le total chromatique est la gamme de demi-ton en demi-ton :
do-do#-ré-ré#-mi-fa-fa#-sol-sol#-la-la#-si-do.

Le 1er mode correspond au mode par ton (souvent employé par Debussy) :
1ton-1ton-1ton-1ton-1ton-1ton soit do-ré-mi-fa#-sol#-la#.
Il n'y a que 2 transpositions possibles (ex : partant de do et partant de do#. en partant de ré onretombe sur la même gamme que celle de do)

2éme Mode : 1ton-1/2ton-1ton-1/2ton-1ton-1/2ton-1ton-1/2ton soit en do :
do-ré-mib-fa-solb-lab-la-si-do : 3 transposition possibles.

3éme Mode : 1ton-1/2ton-1/2ton-1ton-1/2ton-1/2ton-1ton-1/2ton-1/2ton soit :
do-ré-ré#-mi-fa#-sol-sol#-la#-si-do : 3 transposition possibles.

4éme Mode : 1ton-1ton-1/2ton-1/2ton-1ton-1ton-1/2ton-1/2ton soit :
do-ré-mi-fa-fa#-sol#-la#-si-do : 5 transpositions possibles.

5éme Mode : 1/2ton-1/2ton-1ton+1/2ton-1/2ton-1/2ton-1/2ton-1ton+1/2ton soit :
do-réb-ré-fa-fa#-sol-lab-si-do : 5 transpostion possibles.

6éme Mode : 1/2ton-1ton-1ton-1/2ton-1/2ton-1ton-1ton-1/2ton soit
do-réb-mib-fa-fa#-sol-la-si-do : 5 transpositions possibles.

7éme Mode : 1/2ton-1ton+1/2ton-1/2ton-1/2ton-1/2ton-1ton+1/2ton-1/2ton-1/2ton soit :
do-réb-mi-fa-fa#-sol-la#-si-do : 5 transpositions possibles.

L'utilisation permet de créer des superpostions de figures mélodiques dans différentes transpositions dans une sorte de cohérence harmonique. Messiaen les a beaucoup utilisé pour le travail des accords, cela donne de grandes possibilités d'articulations hors des cadences tonales.
Ces modes ont une couleur… nous les entendons très bien dans les œuvres de Messiaen.

Personnellement, il m'arrive de les utiliser pour des instruments à tempérament fixe (claviers et percussions claviers).
Pour les percussions-claviers cela permet d'écrire des traits ou des figures très véloces, l'effet de la simplification des combinaisons facilitant la mémorisation des jeux. (Je signale tout de même que cela ne sonne pas du tout comme chez Messiaen… Quand même !)

J'ai donné l'intégralité des 7 modes… car je sais qu'il y a des compositeurs parmi nous… cela pourrait peut-être leur donner l'envie de les essayer.
Je reconnais que leur lecture n'est pas très aisée de cette manière… une petite recopie sur portée et c'est très clair.

Tout point obscur peut être éclairci…

À bientôt… :wink:

Gilles
Gilles R
 
Messages: 1485
Inscription Forum: 09 Juin 2004 15:34
Localisation: Ile-de-France
  • offline

Message » 01 Déc 2004 14:52

Merci Gilles,

C'est très gentil de ta part de nous donner à chaque fois toutes les informations que nous demandons. Mêmes les plus pointues.
Je ne me servirais pas de ces modes, mais j'avais lu des notices sur certains disques faisant référence à ces modes d'Olivier Messiaen. Me voila renseigné. C'est vrai que beaucoup de musiques de Messiaen ont, comme tu le dis, un style très reconnaissable par l'emploi de ces modes. J'aime beaucoup son Quatuor pour la fin du Temps (qui doit être composé avec ces modes).

Merci encore.

orpheo
orpheo
 
Messages: 16
Inscription Forum: 08 Oct 2004 10:14
  • offline

Message » 02 Déc 2004 14:53

orpheo a écrit:J'aime beaucoup son Quatuor pour la fin du Temps.



Oui, c'est, son œuvre la plus expressive. Des moments qui vont très haut…

Le "Livre d'orgue" est aussi une œuvre à connaitre, une des plus originales. Une belle version avec une belle prise de son d'un très beau son d'orgue, très instrumental, clair, tout y est très lisible : celle de Louis Thiry (Calliope) avec la "Messe de la Pentecôte" une autre belle œuvre pour orgue… (mais il n'y a pas de messe).

Et je ne suis pas fanatique de toute l'œuvre de Messiaen… alors… si je vous le conseille…


À bientôt…

Gilles
Gilles R
 
Messages: 1485
Inscription Forum: 09 Juin 2004 15:34
Localisation: Ile-de-France
  • offline

Message » 02 Déc 2004 15:30

GBo a écrit::D
J'ai bien fait de remettre une pièce! super post!!!

Toute nouvelle hiérarchie ou lois d'organisation des hauteurs provoquent l'opération de comparaisons aux substrat acquis, jusqu'au moment ou la fréquentation importante des tournures "mélodiques" deviennent par l'imprégnation inconsciente des combinaisons acceptées.

Justement j'ai l'impression que ça, ça devient un big problème dès qu'on veut essayer de découvrir la musique contemporaine atonale. On compare avec ce qu'on connait, trop de delta, pas de mélodie chantante, pas de rythme dansant, pas de répétition hallucinogène, etc... bref rien à quoi se raccrocher, pas de susucre ( :wink: ) -> on laisse tomber!
pour ma part les seules portes d'entrées que j'ai entrevues (récemment) nécessitent de déposer les armes de l'acquis sur le seuil, et de me laisser captiver d'un oeil neuf par le simple plaisir des timbres, des variations de volumes, de hauteur, de matière, d'évolution dans le temps, de tous ces sons visiblement organisés mais d'après d'autres régles.

cdlt,
GBo


tout pareil que GBO :wink:

désespérant de "comprendre intellectuellement" ces musiques, faute de bagage, de culture, d'expérience et de vocabulaire (malgré ce super post, bravo tout le monde et en particulier Gilles :D ) j'en suis réduit à écouter, curieux, y trouvant même parfois du plaisir :lol:

Concernant le débat initié/amateur, je concède que j'ai progressé quelque peu dans la connaissance "technique" de l'art (par ex la peinture ou la BD) en rencontrant régulièrement des artistes/auteurs, en observant la façon dont ils créent, et surtout en échangeant avec eux de visu ou par courrier.

Mais la rencontre de ces artistes, et plus singulièrement ceux dont j'admirai auparavant le travail de façon totalement subjective/émotionnelle, a aussi gâché le plaisir que je ressentais auparavant, comme si une certaine magie liée au "mystère" de la création, mystère vu de mon coté d'amateur/consommateur, s'était envolée. :-?

En outre, la découverte du travail réel des artristes (édit: elle est drôle celle là, mais je ne l'avais pas fait exprès :lol: ) m'a fait prendre aussi conscience qu'ils n'étaient assurément pas des êtres particuliers, en tout cas pas plus que les forumeurs de Hc-Fr :lol: 8)

Je veux dire par là qu'ils sont comme tout le monde, et que leur travail est comme un autre.

Ca m'a longtemps perturbé (mais il m'en faut peu), car, comme de nombreux forumeurs francophones certainement, je suis victime plus ou moijns consciente d'un discours dominant de la société qui a "idéalisé" (via l'éducation scoaloire, les médias...) le créatueur (re édit: idem que précédemment :lol: ), le confiant dans un rôle de quasi démiurge.

Bref, je suis tenté de comprendre et connaitre la fabrication d'un produit culturel, alors même que je sache pertinemment que je n'en tirerai pas forcément un plaisir plus grand, bien au contraire :(

Mais que faire?

Continuer à lire ce post ou pas? :lol:

(mon post n'a aucun intérêt, il n'est là que pour signifier mon enthousiasme à votre lecture :lol: )

Betekaa

La configuration dans mon profil


Attention, il se peut que ce post comporte des private joke navrantes, des poils de troll, voire des morceaux de boulets. Employé de l'année 2015. Aussi connu comme Admin dada. M'embêtez pas.
Avatar de l’utilisateur
Betekaa
Membre d'Honneur
Membre d'Honneur
 
Messages: 52148
Inscription Forum: 15 Jan 2002 2:00
Localisation: omnichiant
  • offline


Retourner vers Musique enregistrée : BD, CD & DVD