Ben c'est pas si facile....
Leo ferre: La vie d'artiste.
Une incroyable face b d'un 45 tour me semble t'il!

Monumental, depouille a l'extreme avec juste la voix et le piano, une claque magistrale.
Je t'ai rencontrée par hasard,
Ici, ailleurs ou autre part,
Il se peut que tu t'en souviennes.
Sans se connaître on s'est aimés,
Et même si ce n'est pas vrai,
Il faut croire à l'histoire ancienne.
Je t'ai donné ce que j'avais
De quoi chanter, de quoi rêver.
Et tu croyais en ma bohème,
Mais si tu pensais à vingt ans
Qu'on peut vivre de l'air du temps,
Ton point de vue n'est plus le même.
Cette fameuse fin du mois
Qui depuis qu'on est toi et moi,
Nous revient sept fois par semaine
Et nos soirées sans cinéma,
Et mon succès qui ne vient pas,
Et notre pitance incertaine.
Tu vois je n'ai rien oublié
Dans ce bilan triste à pleurer
Qui constate notre faillite.
" Il te reste encore de beaux jours
Profites-en mon pauvre amour,
Les belles années passent vite."
Et maintenant tu vas partir,
Tous les deux nous allons vieillir
Chacun pour soi, comme c'est triste.
Tu peux remporter le phono,
Moi je conserve le piano,
Je continue ma vie d'artiste.
Plus tard sans trop savoir pourquoi
Un étranger, un maladroit,
Lisant mon nom sur une affiche
Te parlera de mes succès,
Mais un peu triste toi qui sais
" Tu lui diras que je m'en fiche...
que je m'en fiche..."
Le plus grand poete francais du 20eme siecle.
JS Bach, les variation goldberg par Maria Yudina.
Pas facile de s’y retrouver dans le dédale de ce qu’il est convenu d’appeler “ l’Ecole russe de piano ”. Car on distingue plusieurs filières : celles de Goldenweiser et de Igoumnov d’un côté (avec comme descendance Kabalevski, Nikolaïeva, Oborin ou Siloti), Neuhaus (œufs : Richter ou Guilels), mais également Leschetzky, qui procréa Scriabine, Medtner et Nikloaïev, ce dernier étant le maître de Maria Yudina (1899-1970). Cette dernière se retrouva bientôt au conservatoire de Saint-Pétersbourg mais ses profondes convictions religieuses firent qu’elle en fut radiée trois fois – et, de surcroît, interdite de se produire en public et de voyager (on dit pourtant qu'elle fut la seule pianiste que tolérait Staline…) –. Ce n’est qu’en 1921, après bien des révolutions, qu’elle put enfin triompher au Conservatoire dont elle devint même l’un des professeurs les plus recherchés. Ajoutons encore qu'elle était d'une très grande culture, parlant plusieurs langues et qu'elle laissa de nombreux écrits, et qu'elle fut très ouverte à la musique nouvelle – celle des Berg, Schönberg, Webern, Stravinski, Bartok– qu'elle fut l'une des premières à jouer en URSS…
Estimant qu’un artiste doit souffrir et que l'art permet de trouver le chemin de Dieu, elle vécut toute sa vie dans la plus grande misère, ne possédant pas même un piano. Ce qui ne l’empêcha pas d’en jouer merveilleusement, ainsi qu’en témoignent les présents enregistrements autour des années 1950.
Voilà une très forte personnalité, très enthousiaste, véritablement hors du commun, qui a révolutionné le cadre stylistique de l'école pianistique russe, en ce que ces interprétations étaient très personnelles, tournant même souvent le dos aux normes de l'exécution traditionnelle. Nous dirons, nous, que son jeu est un magnifique équilibre entre la rigueur et cette forte inspiration, visionnaire, qui lui fit bousculer, justement, l'ordre établi. De ce fait, les œuvres connues deviennent sous ses doigts des révélations, du moins pour ceux qui ne sont pas attachés à un système mais tout simplement au pouvoir émotionnel de la musique.
Je crois que je n'aurais pas assez de toute une vie pour venir a bout de ce disque qui me bouleverse a chaque ecoute et qui renvois les magistrales versions de gould (j'ai les 3 et j'adore) dans la cour de recreation.
Hound Dog Taylor: Freddies blues.
Sur l'album live posthume "beware off the dog".
Hound Dog Taylor , considéré à juste titre comme le plus sauvage des bluesmen de Chicago commença sa carrière dès les années 40 ; adepte de la slide guitare et très inspiré par Elmore James, il faisait partie de ces nombreux musiciens qui aspiraient à la reconnaissance sans toutefois y arriver. Durant les années 60 il enregistra quelques faces de bonne facture (que l'on peut retrouver sur l'anthologie Slidin'/Charly) mais qui ne préfiguraient en rien le style qu'il allait adopter dans les années 70. En effet son jeu de slide clair et lumineux devint bourdonnant, lourd, menaçant, et ses compères les Houserockers emboîtèrent le pas : Le second guitariste Brewer Phillips aux solos d'écorché vif , à l'accompagnement souple ,et le fabuleux batteur Ted Harvey au drive irrésistible, formaient l'un des groupes les plus homogènes que le blues ait connu.
Ce disque, que j'avais en disque noir, c'est le compagnon des nuits que vous passez avec vos amis a refaire le monde en sirrotant peinardement votre boisson preferee, il vous accompagne jusqu'au bout de la nuit, a tourner en boucle, et quand le jour se leve, vous etes epuise mais heureux.
Sur le morceau que je cite, le dog parle avec le public tout le long et il repond, au debut il reclame le silence en disant, "je l'ai". Le public repond "qu'as tu" et le dog balance "le blues monsieur" et tout es dit. Tout au long de ce chef d'oeuvre le public le soutiens et il se livre a fond.
Le dog en guise d'epitaphe avais dis a son producteur "when i died, don't have funeral, have a party". Nous l'avons avec ce disque dont tous les titres brulent du feu du genie.