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Rattle et Berlin : 5ème de Malher sur Arte

Message » 25 Sep 2002 19:15

Le dernier directeur musical de la Philharmonie de Vienne était bien Felix Von Weingartner qui l'a été de 1908 à 1927. Après quoi, les Viennois n'en n'ont plus eu. Furtwängler a été leur chef invité régulier en 1927-1928, puis de 1933 à 1954. Clemens Krauss en a été le chef invité régulier de 1929 à 1933. Bruno Walter de 1933 à 1938. L'anshluss à contraint ce dernier à quitter l'Autriche pour s'installer à Paris où il a pris la nationalité française avant de fuir, rattraper par les nazis, aux Etats-Unis.

Pour la jalousie maladive de Furtwängler à l'encontre de Karajan et de Toscanini, notamment, pour ses manigances dans l'ombre, je vous renvoie aux nombreux ouvrages traitant, entre autres, de ces problèmes connus. CF. les manigances de Furtwängler contre Toscanini à Salzbourg et Bayreuth : les lettres ont été publiées dans différents ouvrages.

Qu'il ait, par ailleurs, été un chef adoré de ces musiciens. ça ne fait pas l'ombre d'un doute. Que Karajan ait été plus admiré qu'aimé cela ne fait pas non plus l'ombre d'un doute.

Il est par ailleurs indéniable que Karajan a concentré sur lui les reproches qui auraient pû être faits à d'autres chefs et musiciens après la guerre. Et sans cesse ça lui a été mis en pleine face et jusqu'à la fin, non sans quelques raisons parfois. CF. Böhm qu'on a laissé tranquille quand...

Pour en revenir à Furtwängler, comme le dit Bruno les avis sont divergents sur son attitude qui varia entre 33 et 44. Il est certain qu'il a finit par choisir le bon camp mais qu'il a commencé du mauvais côté, manipulé ou pas.

C'est tout le problème explicité par Goldhagen dans son ouuvrage sur l'implication du peuple allemand dans cette horreur. Il affirme, lui et d'autres d'ailleurs, que les Allemands savaient à quoi s'en tenir en portant Hitler au pouvoir. Et que sans le peuple, Hitler n'aurait pas tenu.

Un livre publié en France par un compagnon de route d'Hitler (Hitler m'a dit est son titre, j'ai oublié le nom de l'auteur, mais on le trouve réédité en livre de poche) est à lire. Publié en France, bien avant la guerre, il a été à peine cru...

Il est à noter que la famille Buch, que Kleiber père, catholiques, immenses musiciens vénérés ont quitté l'Allemagne dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Ils planaient sans doute moins que Furtwängler.

Furt était un grand chef, un immense chef, mais il est inconcevable de le tenir pour l'interprète de Beethoven qui dominerait tous les autres. Et Karajan qui a laissé beaucoup plus de témoignages que son confrère ne lui est en rien inférieur quand il est à son meilleur. Ce qui brouille un peu l'image de HVK, ce sont quantités de disques pas bien utiles, pour ne pas dire inutiles, son côté jet set et son goût pour la construction de sa propre légende, pour en quelque sorte se tenir pour immortel.

Alain :wink:
haskil
 
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Message » 25 Sep 2002 20:33

Il est à noter que la famille Buch, que Kleiber père, catholiques, immenses musiciens vénérés ont quitté l'Allemagne dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Ils planaient sans doute moins que Furtwängler.


Est-il plus courageux de rester ou de partir dans ce genre de circonstance ?
Le fait de rester sur place envers et contre tout peut aussi etre considéré comme une forme de protestation, surtout si on aime son pays.
Et qu'on bénéficie d'une relative immunité (la fameuse photo ou il tends la main du haut de l'estrade à un hitler lui faisant le salut nazi)
YETI
 
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Message » 26 Sep 2002 8:34

YETI a écrit:
Il est à noter que la famille Buch, que Kleiber père, catholiques, immenses musiciens vénérés ont quitté l'Allemagne dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Ils planaient sans doute moins que Furtwängler.


Est-il plus courageux de rester ou de partir dans ce genre de circonstance ?
Le fait de rester sur place envers et contre tout peut aussi etre considéré comme une forme de protestation, surtout si on aime son pays.
Et qu'on bénéficie d'une relative immunité (la fameuse photo ou il tends la main du haut de l'estrade à un hitler lui faisant le salut nazi)


Vraisemblablement de rester en faisant comme le compositeur Hartmann : il est resté et a interdit que l'on joue sa musique. Il a lui même cessé de composer en signe de protestation.
Les Bush sont partis car on leur a interdit de jouer avec des juifs. Comme ils refusaient de ne plus jouer avec le tout jeune Serkin, Goebbels en personne leur a proposé de faire de Serkin un aryen honoraire. Le lendemain, ils sont partis. Avec Serkin dans leurs bagages, bien entendu. A un certain moment, Furt a voulu partir pour Chicago, mais un télégramme des nazis a faussement annoncé que le chef acceptait d'être réintégré dans la plénitude de ses fonctions. Les Américains ont alors rangé Furt parmi les nazis, ce qu'il n'était pas. Tous les témoignages concordent : il était indécis, faible, persuadé longtemps que l'art et la politique évoluaient dans des sphères qui ne se rencontrent jamais, bien qu'il faisait de la musique dans un régime ou toute activité artistique, bien toute, était soumise au ministère de la culture et de la propagande. D'où le malaise que l'on peut ressentir en écoutant certains disques enregistrés pendant la guerre : la passion selon saint Matthieu de Bach, par Gunther Ramin, par exemple : enregistrée pendant que la solution finale était mise en place et pas loin d'un camp. Et bien sur les enregistrements publics réalisés pendant la guerre par Furt. Dont une Neuvième Symphonie, bande son d'un film de la UFA enregistré en présence d'Hitler et donnée pour son anniversaire. C'est disponible en disque sans appareil critique.
Furt a par ailleurs été l'otage de la querelle entre Goebbels et Goering. Furt était le favori du premier; HVK du second. Et Furt, même pendant cette période, a lutté contre HVK qui était cependant beaucoup plus jeune que lui car il en était artistiquement jaloux. ça ne s'est pas calmé après la guerre. Paradoxalement, HVK, membre du parti nazi, n'était artistiquement pas du tout dans la grande tradition allemande de direction d'orchestre héritée de Wagner. Il la rejetait, se sentant beaucoup plus proche, à cette époque de Toscanini.
Ce qui fait qu'une opposition esthétique, tout aussi forte que celle que l'on peut connaître aujourd'hui entre les chefs traditionnels et les chefs d'inspiration baroque, s'est retrouvé en plein régime nazi manipulée par des rivaux politiques qui poussaient leurs pions et les manipulaient.
A noter que Furt et HVK, ce dernier membre du parti nazi par deux fois, le premier jamais mais beaucoup plus admiré par Hitler (qu'il détestait : la poignée de mains est une initiative d'Hitler pour sa propagande et Furt n'a pu que la prendre...) n'ont jamais dénoncé le moindre juif et ont toujours défendu qui ils pouvaient défendre.

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Message » 26 Sep 2002 10:54

on peut en effet, pour ceux qui sont plus dans le camp anti-karajan (si tant est que ça ait un sens d'opposer les deux camps), au moins lui reconnaître que le fait qu'il a par deux fois adhéré au parti Nazi n'a visiblement rien changeé en quoi que ce soit à son comportement : il ne s'est pas pour autant compoeté en gros salaud dénonçant à tours de bras, heureusement !!!!

est-il vrai également que Furt a protégé sa secrétaire, Bertha Geismar qui était juive ?

c'est vrai que si l'on cherchait bien, il y aurait visiblement quantité d'autres chefs de l'époque qui n'ont éprouvé aucun complexe à jouer devant les nazis et pour les nazis, et qui n'ont que très peu été inquiétés après la guerre.

et vrai aussi qu'écouter maintenant certains enregistrements réalisés à la toute fin des années de guerre, en pleine 'tourmente' donne inévitablement froid dans le dos (le 5° de beethoven par Gieseking où l'on entend clairement les bombes qui explosent durant les pianissimos, ou le Lamento d'Ariane par Margarethe T.Klose, bouleversant, aux antipodes du baroque de maintenant et dirigé par Rother qui a sacrément dû pactiser avec les nazis pour diriger la Staatskapelle de Berlin)...............
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Message » 26 Sep 2002 15:56

Retour au sujet initial : Rattle - Berlin - Malher n°5

Il y a ce mois ci une interview de Rattle dans le Monde de la musique où il s'explique justement sur ses projets avec Berlin (apparament il a un contrat de 10 ans), ses relations avec les musiciens, l'opéra etc.
Il y a 2 pages relativement intéressantes.

Le concert Mahler vu sur Arte a été enregistré par EMI et sera disponible prochainement en CD (pas de DVD vidéo annoncé, ni SACD à l'horizon)
JohnTChance
 
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