A l’heure d’entamer cette grande histoire du reggae je m’interroge sur le paradoxe d’une petite ile de moins de trois millions d’habitants qui nous a fournis tant d’artistes de qualité et une icône mondiale : bob marley. C’est tout simplement hallucinant !
Je vais articuler ces chroniques selon un ordre non chronologique, plus par themes. Tout d’abord, le reggae est une musique de producteurs autant que d’artistes ! Je vais donc commencer par vous parler de trois légendes : duke reid, coxsone, lee perry.
L’histoire est toujours la même : On crée un sound system, il faut des disques pour l’alimenter, on se rend aux USA pour cela, puis la compétition entre sound système devenant plus rude on en vient a produire des artistes locaux et pour cela on crée son studio d’enregistrement et son label !
Car le phénomène sound system est essentiel a la compréhension de cette musique. Un sound système c’est une discothèque itinérante qui parcourt l’ile de villages en villages. Le DJ se servait des faces B instrumentales des 45tours et racontais les nouvelles des villages traverses et ses propres délires du moment. Très rapidement une compétition s’est installée entre les meilleurs sound system du pays et la surenchère sonore était accompagnée d’une surenchère dans la nouveauté musicale. Pour les amateurs de matériel hifi, ils utilisaient des amplis a tubes pour les basses et des amplis a transistors pour les aigus….Bref pour alimenter leurs sound les propriétaires faisaient le voyage aux USA pour ramener les meilleurs disques de rhythm’n blues et s’arrachaient a prix d’or les meilleurs DJ’s qui deviendront les futures stars du DUB, style dont je parlerais plus tard. Comme on est sous les tropiques, tous les coups sont permis : on achète tous les exemplaire d’un disque, on arrache les étiquettes pour rendre anonyme tel ou tel disque, on vole le matériel hifi, on envoie des voyous provoquer des bagarres chez la concurrence, bref c’est le cirque et parfois on règle ses comptes par les armes.
Le pionnier en la matière c’est Duke Reid, ancien flic, toujours armé, fondateur de deux labels historiques « trojan », son surnom et « treasure isle » du nom du studio d’enregistrement qu’il a créé. en 1956, 1957 et 1958, il est sacré roi du sound & blues par le public. Il commence par produire du calypso, on peut affirmer qu’il est a l’origine de la popularisation du SKA (accélération du rythme), puis il produit le meilleur ROCKSTEADY (ralentissement du rythme), refuse de produire du ROOTS, et popularise les DJ,s. Duke reid est essentiel car c’est lui qui fait tout demarrer. On enregistrés pour lui les Skatalites, Alton Elis, The Ethiopians, U Roy, entre autres. Il tombe gravement malade en 1974, et finit par s’éteindre en 1975 à l’âge de 60 ans.
La discographie : « Ska after ska after ska », l’anthologie en 3 cd « treasure isle The Ultimate Collection ».


On ne peut passer sous silence son rival historique : Sir Coxsone Dodd ! Tout le monde, je dis bien tout le monde, as un jour enregistre pour coxsone et son célèbre label Studio one. Et quand je dis tout le monde c’est vraiment tout le monde. D’illustres inconnus qui n’on enregistre qu’un 45 tour (leon crossdale par exemple) aux wailers. Studio one c’est LE son de l’ile plus que tout autre. Il est le premier a maitriser toute la chaine économique avec un sound system, un studio et une boutique de disques. Qu’il alimente sans cesse avec ses célèbres dimanches ou tout un chacun peut venir enregistrer son 45 tours avec les meilleurs sessions man de l’ile et rien moins que lee perry aux manettes de la table de mixage. 45 tours testés immédiatement auprès du public dans son sound system puis qu’il commercialise si le succès est au rendez-vous. C’est coxsone en personne qui supervise les enregistrements et son gout est sans faille. Studio one est fermé dans les 80’s, le climat politique de l’ile devenant délétère. Coxsone est mort en 2004 d’une crise cardiaque alors qu’il avait rouvert son studio.
Discographie : le label soul jazz a commercialise des cd florilèges thématiques qu’il faut TOUS acheter. J’irais même jusqu’à dire qu’on peut quasiment se passer de tous les autres disques de reggae si on possède cet ensemble d’une trentaine de cd.

Coxsone étant réputé pour sa dureté en affaire et sa radinerie, lee perry, son ingénieur du son prend son envol et crée « the black ark » son propre studio. Si coxsone n’as pas son pareil pour dénicher le moindre talent de l’ile, perry est un pur génie de la production qui a eu une influence largement au-delà du reggae. Le personnage est totalement loufoque, en roue libre permanente, producteur, chanteur, danseur, compositeur, ingénieur du son, bricoleur, porte-parole virulent et visionnaire. Avec lui la table de mixage deviens un instrument, aide en cela par le groupe du studio, les formidables Upsetters qui vont fournir deux section rythmiques de légende : les frères barrett qu’on va retrouver plus tard avec bob marley et le couple robby shakespeare/sly dunbar. Il va produire LE disque de reggae par excellence, l’exceptionnel « heart of the congos » des mythiques Congos. Les exégètes de bob marley affirment que c’est sous sa direction que les waylers ont produits leurs meilleures chansons. La black ark est détruite par un incendie en 1983, la légende, alimentée par perry, prétendant que c’est lui-même qui a provoqué la catastrophe. Perry vis actuellement retiré en suisse.
Discographie : » Arkology » compilation 3cd, « apeology » compilation 2 cd.
.jpeg)
