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Musique enregistrée : BLURAY, CD & DVD musicaux, interprètes...

Ludwig van B.: les sonates pour piano

Message » 21 Sep 2003 21:28

J'ai commencé à explorer les sonates pour piano de Beethoven interpétées par Arrau avec la n°12, et je suis surpris par la lenteur avec laquelle il prend cette musique. J'ai un peu de mal à entrer dans l'andante et le scherzo, que je souhaiterais plus "enlevés". En fait, sous les doigts d'Arrau, je ne reconnais pas un Beethoven que j'ai toujours considéré pour un être expensif, qui fait éclater en musique une forme de bouillonnement intérieur trop intense pour tenir dans sa pauvre carcasse (d'où mon adhésion aux interprétations "hyperactives" d'Harnoncourt dans les symphonies, Harnoncourt qui se précipite pourtant moins que le Karajan de la Pastorale des années 70, par ex.).

A cette allure, le jeu d'Arrau fait la part belle à une classe bâtie sur beaux écarts dynamiques ( dans les pp on est à la limite du murmure parfois, ou plutôt de la confidence, de "l'entre-nous"), le travail à la pédale, où les attaques enchaînent sur les notes tenues puis étouffées avec lisibité, ce qui est une constante dans cet opus.

Je suis séduit par la marche funèbre et l'allegro finale, dans lesquels l'allure posée donnent à la musique une grande distinction, qui fait ressortir les traits saillants de ces parties avec un espèce d'évidence tranquille (par ex. les suites de notes descedantes dans le finale).

Le tout est d'une unité de conception sans faille apparente, c'est juste que je ressens un malaise entre le Beethoven des deux premiers mouvements et celui des deux derniers. C'est fort curieux. Je ne sais que penser de mes sentiments.

Quant au son d'Arrau, je le trouve très riche, très roboratif, mais cela passe très bien eut égard à l'articulation de son jeu.
Scytales
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Message » 22 Sep 2003 18:10

Arrau est un pianiste un peu à part dont le jeu toujours d'une grande densité sonore élargit parfois un peu trop les perspectives d'une oeuvre. J'aime beaucoup ce pianiste, mais dans certaines oeuvres il est suffisamment atypique, si dense que parfois il est à la limite du "j'en dis trop".

Un peu le Furtwangler du piano ! Si tu veux des sonates de Beethoven à la Harnoncourt, il faut te tourner vers Nat ou Gulda, voire vers Schnabel mais le son de Schnabel remonte aux années 1930...


Alain :wink:
haskil
 
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Message » 22 Sep 2003 19:08

haskil a écrit:
Un peu le Furtwangler du piano ! Si tu veux des sonates de Beethoven à la Harnoncourt, il faut te tourner vers Nat ou Gulda, voire vers Schnabel mais le son de Schnabel remonte aux années 1930...


Alain :wink:


Bah... Si c'est le même type de son que celui d'Edwin Fischer dans le Clavier bien tempéré de Bach... 8)
Scytales
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Message » 22 Sep 2003 19:16

Un peu le Furtwangler du piano !

Si c'était tout à fait vrai, j'adorerais Arrau, mais je suis un peu comme Scytales, je suis géné par le "trop" des interprétations de Arrau (je parle en général et pour les enregistrements stéréo, je connais moins ses jeunes années).

Le rapprochement n'est pas totalement faux non plus car Arrau avouait une grande admiration pour Furtwangler, on peut penser qu'il se sentait proche de ce type d'interprétation. Et c'est évident que lui aussi essayait de retrouver le sens profond de l'oeuvre qu'il jouait, qu'il essayait de donner un poids adéquat à chaque phrase, chaque accent, chaque transition, comme Furt, qu'il usait volontier de tempo lent. Mais là où ils divergent finalement, à mon avis, c'est que Furt variait beaucoup plus les ambiances (dans le même mouvement il pouvait être le plus lent ici et le plus raoide là), avec Arrau, j'ai le sentiment qu'il restait le plus souvent dans la lenteur, sans oser les emballements et la furie Furtwanglerienne.
C'est en ça que je n'adhère pas totalement et que je reste souvent sur ma faim avec Arrau.

J'admire beaucoup Arrau, car je reconnais que c'est fait avec gout, talent voire génie, autrement dit j'admire le "comment il fait", mais je suis perplexe sur "fallait il vraiment faire comme ça".
JohnTChance
 
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Message » 22 Sep 2003 20:48

Ah! John, ce que tu écris est très intéressant. Je voudrais quand même juste préciser que la sophistication, c'est bien la chose que je veuille le plus ardemment entendre de la part d'un musicien. Je ne reproche pas ce côté-là à Arrau. Simplement, cette façon a un petit côté appliqué dans la 12e.

Je viens à l'instant d'écouter la 15e par le même Arrau. Quel chef-d'oeuvre que cette sonate! Mais cette fois, point de déception, le mystère de l'osmose entre le musicien et l'oeuvre a joué. Je ne pouvais rêver plus beau contraste avec la pointe de pesanteur d'Arrau dans la 12e que le rebond constant dont il fait preuve dans la 15e, qu'il ne joue pourtant pas avec beaucoup plus de célérité. Et pourtant, quelle fraîcheur, quelle nonchalante énergie dans cette main gauche. Et toujours ces attaques qui saillent, changent de force et d'expression, cette dynamique protéiforme et taillée au cordeau!

De l'allegro à l'andante, ma joie grandissais, le sourire au lèvre et les larmes aux yeux. Seul le scherzo est un peu en-dedans, manque de la lisibilité dont j'ai peut-être fait un peu hâtivement la grande qualité d'Arrau. Mais au final, c'est l'une des plus belle chose et l'un des pianos les plus sublimes qu'il m'ait été donné d'entendre jusqu'ici. Je n'ai plus envie d'écouter quoi que ce soit ce soir.

Peut-être cette sonate-là ressemble-t-elle à Arrau?
Scytales
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Message » 22 Sep 2003 23:23

je suis toujours sur un petit nuage lorsque j'écoute les sonates de Beethoven par Wilhelm Kempff :P :P :P
Le jeu de ce pianiste et sa sonorité me donnent un grand bonheur à chaque écoute..il joue comme dans mes rêves.(et pas seulement dans ces sonates)
Je n'ai jamais fait réellement d'écoute comparative, sauf pour l'appasionnata que j'ai comparé à la dernière version de Pollini....pour moi il n'y a pas photo...Kempff...très au dessus :P
blounote
 
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Message » 22 Sep 2003 23:27

blounote a écrit:je suis toujours sur un petit nuage lorsque j'écoute les sonates de Beethoven par Wilhelm Kempff :P :P :P
Le jeu de ce pianiste et sa sonorité me donnent un grand bonheur à chaque écoute..il joue comme dans mes rêves.(et pas seulement dans ces sonates)
Je n'ai jamais fait réellement d'écoute comparative, sauf pour l'appasionnata que j'ai comparé à la dernière version de Pollini....pour moi il n'y a pas photo...Kempff...très au dessus :P


C'est mon préféré aussi ! mais pas dans le genre Harnoncourt ! Pas dans le genre Furt non plus !

Ce qui est étonnant, c'est que les réserves faites par John au sujet d'Arrau, ce sont, en partie celles que je fais à Furt dans Beethoven, Mozart, Haydn... :wink:

Scytales fonce à la Waldstein, mais quelle version écoutes tu : la dernière ou celle des annees 60 ? Je préfère celle des années 60...

Alain :wink:
haskil
 
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Message » 23 Sep 2003 0:00

Quelle version? Bonne question! Celle de 1989.

Ainsi, la flamme de la jeunesse aurait animé les doigts d'Arrau de plus belle façon que la maturité de la vieillesse?
Scytales
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Message » 23 Sep 2003 9:29

Ce qui est étonnant, c'est que les réserves faites par John au sujet d'Arrau, ce sont, en partie celles que je fais à Furt dans Beethoven, Mozart, Haydn...

Ce n'est pas vraiment étonnant (et j'avais bien pensé en écrivant que ça allait t'inspirer exactement la réflexion ci-dessus), car les deux ont bien des points communs, des "intentions interprétatives" assez proches, mais une réalisation différente, plus libre, inventive, variée chez Furt. Pour moi la différence est là, dans l'animation interne donnée à chaque mouvement, qui manque un peu à Arrau. C'est peu et beaucoup à la fois.
JohnTChance
 
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Message » 23 Sep 2003 10:11

JohnTChance a écrit:
Ce qui est étonnant, c'est que les réserves faites par John au sujet d'Arrau, ce sont, en partie celles que je fais à Furt dans Beethoven, Mozart, Haydn...


Ce n'est pas vraiment étonnant (et j'avais bien pensé en écrivant que ça allait t'inspirer exactement la réflexion ci-dessus), car les deux ont bien des points communs, des "intentions interprétatives" assez proches, mais une réalisation différente, plus libre, inventive, variée chez Furt. Pour moi la différence est là, dans l'animation interne donnée à chaque mouvement, qui manque un peu à Arrau. C'est peu et beaucoup à la fois.


Tu confonds plusieurs choses : les variations de couleurs, d'articulation et d'éclairages propre a la musique d'orchestre ...

Avec l'animation interne fondée sur l'articulation, les nuances et tous les paramètres liés au jeu instrumental ...

Dans le premier cas Arrau évidemment n'y peut pas grand-chose !

Dans le second en revanche ! Il suffit juste d'écouter Après une lecture du Dante et la Sonate de Liszt et aussi la Waldstein et l'Opus 110 de Beethoven... et d'autres disques encore : la Sonate en fa mineur de Brahms aussi... pour s'apercevoir qu'Arrau va plus loin, et parfois trop loin du reste, que Furtwängler car le piano n'est pas le lieu de l'exercice du pouvoir et que le pianiste n'a pas à mettre ensembles des musiciens. Nous sommes donc en prise directe avec lui quand lui même fait corps avec son instrument. Et dans le genre Arrau fait corps avec son piano.

Alain :wink:
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Message » 23 Sep 2003 11:54

Tu confonds plusieurs choses : les variations de couleurs, d'articulation et d'éclairages propre a la musique d'orchestre ...

Avec l'animation interne fondée sur l'articulation, les nuances et tous les paramètres liés au jeu instrumental ...

Non je ne confondais pas du tout et il ne m'avait pas échappé que l'orchestre offrait bien plus de possibilités que le piano.
pour s'apercevoir qu'Arrau va plus loin, et parfois trop loin du reste, que Furtwängler car le piano n'est pas le lieu de l'exercice du pouvoir et que le pianiste n'a pas à mettre ensembles des musiciens. Nous sommes donc en prise directe avec lui quand lui même fait corps avec son instrument. Et dans le genre Arrau fait corps avec son piano.

Je ne suis pas sur de te suivre sur l'aspect "exercice du pouvoir", je ne vois pas trop l'effet que ça a sur la musique.
Je ne connais pas, loin s'en faut, tous les enregistrements d'Arrau, je n'ai pas de doute sur le fait que ses interprétations soient parfaitement pensées, conçues, exécutées, avec une richesse de touché fabuleuse, comme tu dis "il fait corps avec son piano". Ce n'est pas ça qui me gène, au contraire, je trouve ça on ne peut plus appréciable.
Quand tu dis que Arrau va plus loin que Furtwangler, je ne sais pas si on pense à la même chose, mais j'ai ce même sentiment : il a tendence à parfois trop sophistiquer son interprétation, là ou Furt est plus simple, direct et évident. Comme tu l'a fait remarqué, le pianiste ne dispose pas des mêmes moyens que le chef, mais toute proportion gardée, la comparaison est valable.
Si j'osais, je dirais qu'Arrau a un coté hédoniste, il s'écoute jouer (c'est sans doute exagéré mais c'est l'idée), qui du coup, le rapprocherait de Karajan, que par ailleurs il détestait, et l'éloignerait de Furtwangler.

Bon, je me rends compte en essayant de mettre des mots sur ma perception du style de Arrau, que ce n'est pas si facile et qu'il y a des pianiste bien plus facile à cerner que lui.
JohnTChance
 
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Message » 23 Sep 2003 21:29

Si j'osais, je dirais qu'Arrau a un coté hédoniste, il s'écoute jouer


John, Arrau c'est le contraire absolu de cela !

Tu confonds avec Krystian Zimerman :lol: dans le meilleur des cas du pianiste hédoniste. Avec Luisada dans un des pires ! :roll:

Alain :wink:
haskil
 
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Message » 24 Sep 2003 0:26

Concernant Luisada, je confirme, j'ai eu l'occasion de le voir l'an dernier dans un programme allant de Haydn à Debussy en passant par Chopin... :(
darshy
 
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Message » 24 Sep 2003 21:49

Kempff a une sonorité plus brillante, un jeu plus franc, plus direct, plus vif dans la Pastorale (n°15). On pourrait dire qu'il est plus humain, ou plus humble. Il ne va pas aussi loin que Arrau ('89) dans la sophistication. Avec ce dernier, la pulsation est plus marquée, la sensation de domination de l'instrument va beaucoup plus loin. Il imprime une espèce de sérénité à cette musique.

J'aime bien Kempff, en particulier dans le mouvement final, mais sur cette sonate, je préfère finalement Arrau.
Scytales
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Message » 18 Déc 2003 18:58

justement je cherche des sonates de beethoven : je pense aux classiques "appassionata" "clair de lune" et "pathetique" par kempff.
quelle version acheter ?
car j'ai ecouter un enregistrement des années 40 et franchement c'etait pas le top cote enregistrement mais le jeu m'a tout de suite plu :)

de meme un vendeur me conseille la version par pollini chez DGG. quels sont vos avis? :roll:
gauchepatte
 
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