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William Basinski/Disintegration Loops: mon disque de l'année

Message » 05 Mai 2004 10:37

Est-on conscient de sa propre destruction ?
Du fait que chaque jour , le nombre de vos cellules diminue , inexorablement , pour finir par devenir insuffisant , rendant le corps incapable d'assurer les divers processus indispensables à votre survie .
Que pouvons-nous tirer de ce constat ?
Rien , ou si peu , par manque de reflexion , de sagesse ou tout simplement par résignation .

William Basinski semble faire partie , d'une catégorie , originale , en voie d'extinction , celle de l'optimiste .
Oh , pas de l'optimiste béat , incapable d'avoir la moindre emprise sur cette réalité , mais l'optimiste actif , qui ne cesse d'essayer de convaincre son entourage que chaque mort contient en elle une renaissance.

william Basinski est un artiste . Le genre d'artiste qui voit la beauté dans le hasard .
Sans oser parler de nature qui imite l'art , son oeuvre The Disintegration Loops est une des plus extraordinaires expérience qu'il m'ait été donné d'entendre.

Le 11 septembre 2001 , à Brooklyn , W.Basinski travaillait sur de vieux enregistrements qu'il avait réalisé il y a quelques années sur cassettes . Des boucles de synthé , des fragments de rythmes .
Il décida de sauver ses oeuvres de la destruction en les enregistrant sur un support numérique.
Or , les enregistrements , au fur et à mesure de leur transfert , se modifiaient , se dégradaient , laissant apparaitre , de nouvelles mélodies , palimpseste auditif , qui semblaient avoir toujours existé , attendant le moment idéal pour etre révêlées .
Ce jour là , précisément .
Le 11 septembre 2001 .


Le résultat est un album 4 cd absolument époustouflant , de simplicité et d'émotions . Très particulier toutefois , car il s'agit de boucles , l'ensemble est donc répétitif pour certains et hypnotisant pour d'autres .

On relève à l'écoute , telle ou telle note (son ?) qui s'étale , majestueusement pendant une vingtaine de minute , puis d'un seul coup , disparait .
Et l'auditeur en est bouleversé. Quelquechose manque , mais impossible de deviner de quoi il s'agit précisément , cela reste indistinct .
Il ressent cette absence , l'éprouve quelques minutes , et reporte son attention sur une autre partie de la boucle , dans l'espoir d'y trouver quelquechose digne de stimuler son interet , autant que le passage manquant avait pu le faire.
Et il y parvient .


Bouleversant.




Image

William Basinski - The Disintegration Loops

Il a également , le 11 septembre 2001 , fixé une caméra dv de sa fenêtre et a filmé les Twin Towers , sur une journée , en y associant sa musique.
Le film fait 64 mo est il est dispo ici :

http://www.subtonic.jp/archives/000017.html
PatrickBateman
 
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Message » 17 Mai 2004 13:16

Ce n'est vraiment pas évident à trouver comme CD :o Il n'est dispo que sur le site "officiel" de William... Mais ça me tente car apparemment, les labels indus/electro/Dark/ambiant le propose à leur catalogue. Et je suis dans une période assez... dark :lol:

Merci pour cette découverte en tout cas :wink:
Pacaya
 
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Message » 17 Mai 2004 16:35

En tout cas, tu en parles très bien !

Ca donne envie de découvrir ça !

Fred :wink:
Mabuse
 
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Message » 20 Jan 2005 1:30

Allez, j'en remets une couche propagandiste. :mdr:


L'autre jour en écoutant une nouvelle fois l'album Disintegration Loops de Williams Basinski , je me demandais ce qui pouvait bien provoquer l'admiration que j'ai pour cette oeuvre , tant son ascendance autiste est incontestable.

C'est vrai aprés tout , qu'est-ce qui peut autant époustoufler dans une musique qui serait le pur fruit du hasard ,dénué de toute construction logique et volontaire ? La dechéance serait-elle si plaisante à contempler ?
N'y aurait-il pas dans ces boucles sonores se délitant , le miroir de l'avenir de tout être ou toute chose ?
Mais au delà de ces considérations vaguement philo-critique , l'aspect le plus intéressant de ces mélodies est le côté
quasi-hypnotique que l'on obtient aprés quelques minutes d'une écoute , tout d'abord attentive , puis de plus en plus relachée ,pour enfin arriver à ce que l'on pourrait considérer comme une complète indifférence à la mélodie .
Mais c'est un peu plus que cela : ces morceaux incroyablement longs mettent l'auditeur dans une situation inhabituelle , particulière , chamboulant ses répères , bouleversant ce pauvre cerveau , habitué au binaire abrutissant des formations classiques , voix/instruments , aigu /grave , doux/violent , 3 minutes 50 et basta , coupez le son , de toute façon , au delà , plus personne ne vous écoute et vous passez pour un rétro-fifties fana de rock progressif ou alors un néo-rocker aux hymnes immondes,à la Muse , dégoulinant de guitares héroiques , dénuées d'humilité , de mesure , ou de toute autre chose qui pourrait s'apparenter à un fragment d'humanité fait son .

Et pour revenir à des constructions non-mécanistes , l'auditeur aventurier , l'Indiana Jones de la mélodie ,ne peut que se tourner vers ces ensembles hasardeux, s'effilochant comme la mémoire, pour ensuite disparaitre dans le bruit blanc du néant sensoriel , enfin dégagé de toute contraintes, usé et las , mais heureux de partir dans le brouhaha d'une piste qui semble se refuser à s'éteindre.

Ici, au sein de ces constructions destructurées , tout est est diffus , doux et fort à la fois , d'une incroyable violence toute suggérée, sous-tendue de ce rythme lancinant qui parait vous faire mourir indéfiniment , en même temps que ces vagues qui déferlent et se dissolvent , sans qu'aucune ne soit jamais indispensable mais parfaitement remplaçable par la suivante.
Et vous découvrez au fur et à mesure que le canevas se défait , ce qui vous habite quand votre esprit s'abandonne et consent enfin à gagner ces territoires de l'imaginaire, dont l'existence même vous est inconnue.

Les formats musicaux habituels , radio , grand-public , ou même un tant soit peu indépendant ne sont que des entraves au développement d'une musique que l'on pourrait imaginer multiple, diverse ,d'une richesse incroyable , au lieu de se contenter d'une musicalité à l'aridité , à la sécheresse intellectuelle épouvantable.
Et c'est grâce à l'écoute de ce type d'album que l'on se rend compte du cadre réducteur dans laquelle nous enclavent ces soit-disant artistes, , dont l'originalité déclinante ne fait que se construire en un parallèle inversé avec les courbes des ventes.
Eux qui se voudraient peintres ne sont que les clowns tristes d'un immonde spectacle qui n'est pas prêt de s'arrêter.

Ni distrayant, ni amusant , c'est une page blanche cet album , ou vous déversez vos pensées , malgré vous , involontairement , elles se fixent sur ces ondes et révêlent vos desseins, terribles,heureux ou détestables , mais réels , comme une prise de
conscience , une extériorisation extrême de votre imaginaire.



Oulah, il est tard. :mdr:
PatrickBateman
 
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