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comparatif entre Rotel 1066-1075 et Sherwood P et A 965

Message » 07 Aoû 2004 1:10

Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? Vous vous demanderez sans doute (à juste titre au demeurant…) ce que vient donc faire ce vieux romantique de Lamartine paumé dans son parc moussu, ombreux et bourré jusqu’au fond des vignes vierges de regrets et de statues lascives, néanmoins cousines des plantes grimpantes sus citées, dans un comparatif entre deux (enfin quatre…) contenants métalliques chargés ras la gueule d’un amas de résistances, circuits imprimés, condensateurs, puces électroniques, potentiomètres et autres boutons-poussoirs… Justement, rien… Renvoyons-le donc ipso facto éponger ses désastres amoureux et étouffer ses lamentations éplorées dans un mouchoir de batiste et conservons néanmoins par-devers nous les deux alexandrins mis en exergue, ils nous resserviront ultérieurement…
Me voilà donc en service commandé, le grand Ronan Elecson (et non Ronan le grand, il ne faut pas confondre flagornerie et constat d’une particularité physique…) m’ayant mandé pour confronter les anciens et les modernes. Dans cette Hernani sonore, le rôle des anciens sera tenu par le Rotel RSP 1066 (pré-ampli) associé au Rotel RMB 1075 (ampli cinq canaux) et celui des modernes bénéficiera de l’interprétation des Sherwood P et A 965. Les particularités techniques et commerciales des deux concurrents étant aisément consultables sur les sites Internet appropriés, nous éviterons un fastidieux descriptif qui serait aussi long qu’inutile… Allons directement au cœur du questionnement : comment ça marche en Hi-Fi, en Home Cinéma ? Qui renvoie qui dans les cordes et, si KO il y a, de quelle manière est-il infligé ? Les écoutes Hi-Fi se sont déroulées en plusieurs parties, un premier passage sur des Divatech MC26 pour leur précision et leur fidélité de retransmission du message (comment ça je suis partisan ?), puis des essais successifs sur des colonnes diverses et variées afin de séparer les associations fructueuses des mariages calamiteux (pléonasme me diront certains aigris…). Un coup de taille- tympans, silence, moteur, ça tourne…
On attaque en douceur, il va s’agir de tenir la distance… Schubert et le Carus quintet, un ensemble vocal composé de deux ténors, deux barytons et une basse. Nous sommes dans la chapelle, pas d’instruments accompagnateurs. Entrons dans la nuit de la découverte (Die Nacht, c’est le titre du lied…Je sais c’est facile, mais il n’y a pas de petit plaisir…). C’est le Sherwood qui a les honneurs de l’inauguration (place aux jeunes…). Niveau d’écoute domestique, on ne va pas se fendiller les osselets d’entrée de jeu. C’est un air très délicat, méditatif et tendre à la fois, avec une partie de ténor très aérienne, sur le souffle, tout en retenue, soutenue et mise en avant par les voix de basses qui lui font un écrin, rien à voir donc avec un héros d’opérette en armure de carton-pâte poussant le contre-ut avec des élégances de bûcheron et le pouvoir de séduction d’un rhinocéros en plein rut. L’ensemble Sherwood fait preuve d’une grande précision, les interprètes sont aisément localisables, les aigus s’élèvent en finesse, c’est doux, aérien, l’ambiance est un peu « voix des anges », très ouverte, presque désincarnée. Oublions la trivialité des corps, élevons-nous vers le céleste… L’image sonore semble très haute, presque plus haute que large de prime abord. Passons au couple Rotel. On redescend illico des suaves hauteurs où nous avait emmené Sherwood pour se replonger dans l’humain, avec toute sa chair et sa densité. Les chanteurs (enfin leurs cordes vocales) prennent du « gras », de la matière. La zone d’émission de la voix se décroche du front pour venir se recentrer plus bas dans le visage et apparaître plus « palpable », plus réaliste. On perd de la hauteur (on passe du Gothique au Roman en quelque sorte…), on gagne de la largeur. Ce n’est ni mieux ni moins bien, c’est différent, nettement.
Jordi Savall et sa basse de viole prennent le relais. La difficulté avec ce genre d’engin, c’est qu’il peut rapidement virer à l’aigre s’il est mal servi. Rien de la sorte avec le Sherwood qui s’exprime de façon « enveloppante » et donne la sensation de baigner dans les vibrations de l’instrument. Les aigus jouent toujours les aérostiers et tutoient obstinément la stratosphère, mais sans aucune agressivité, raideur ou crispation. L’image sonore demeure excellente et révèle même les éventuelles faiblesses de l’enregistrement (en l’occurrence, sur la prise de son qui nous intéresse, une instabilité qui promène le musicien entre gauche et droite, sans doute un problème de pièce couplé à des micros trop écartés). Le Rotel apporte du grain, du corps, de la densité, il « violoncellise » l’instrument, mais sans excès ni ostentation, c’est juste le bois qui prend l’ascendant sur le boyau, la racine sur la frondaison, à l’inverse du Sherwood, plus proche du commandant James T. Kirk que du capitaine Nemo…
Bon, il commence à être temps de charger un peu la barque histoire de voir si elle ne se noie pas quand le temps sonore se couvre. « La marche pour la cérémonie des Turcs » de Lully (tous les matins du monde –le film-), des violes de toutes tailles en veux-tu en voilà, des timbales roulant de tous leurs maillets et surtout une petite flûte qui peut rapidement se transformer en moustique de minuit (vous savez, le truc qui vous transporte illico de l’état de dormeur béat à celui de paranoïaque meurtrier) si l’un des éléments s’oublie trop sur les aigus. Avec le couple A et P 965, notre roseau de pastoureau prend de facto un goût quelque peu « citronné » qui pourra agacer les gencives des personnes sensibles à cet aspect des choses. Rien d’insupportable, loin s’en faut, mais une signature indéniable. La mise en espace est très belle sur la sensation de hauteur, de profondeur (notion toujours très subjective au demeurant et à prendre avec précaution) et le positionnement des instruments. Une cathédrale en plein ciel.
Les traits de caractère déjà noté sur d’autres œuvres se confirment autant pour l’un que pour l’autre. En effet, la restitution proposée par le Rotel apporte plus de densité et de chaleur dans le médium, au détriment d’une précision un peu moindre et d’une scène ressentie comme moins convaincante. L’intermédiaire que constituent les enceintes entre la musique et l’auditeur devient plus patent de part une sensation de source gauche et source droite qui nous ramène de (presque) trois dimensions éthérées (Sherwood) à deux dimensions charnelles (Rotel).
Dégainons maintenant les pièges à sons. Du piano tout d’abord avec Pérahia se colletant aux variations Goldberg de J.S. Bach (un incontournable pour tout tripoteur de clavier qui se respecte paraît-il…) et ensuite Keith Jarrett sur le même terrain accidenté, mais au volant d’un clavecin 4X4 (une version d’ailleurs charitablement « oubliable » selon moi…). Toujours Sherwood en premier. Un piano posé sur un nuage, aérien, détaché des contingences humaines et terrestres, en apesanteur. Les notes semblent détourées, brillantes comme des bulles de savon dans le soleil… Excellentissime focalisation sur le Steinway, on l’imagine aisément devant soi.
La maison Rotel propose une restitution décidément plus solide, plus « matérielle », le piano sonne de toute sa table d’harmonie, du bout de ses roulettes à sa dernière cheville, on sent la masse de ses multiples parties se mettre en branle pour participer à l’émission des résonances, des harmoniques, de toutes ces vibrations qui font le caractère du clavier. Il s’avère moins aisé de définir un point d’émission précis, la focalisation est meilleure chez Sherwood.
Quant au clavecin, il surligne les comportements notés ci-dessus. La note jouée domine fortement avec Sherwood (j’irai même jusqu’à dire que les plectres dominent…), la perception de l’instrument est plus entière et globale avec le couple Rotel.
Sur une grosse masse orchestrale, la 3ème de Beethoven par le philharmonique de Vienne avec Abbado à la baguette, les prises de positions des concepteurs s’expriment à plein. Précision et découpage d’un côté (beau, enlevé mais un peu chiant pour tout dire…), matière, sensation d’un ensemble orchestral, timbres et énergie de l’autre (mais un peu tassé dans le haut tout de même).
A l’audition d’une voix avec guitare (Le Forestier en public avec J.F. Lalanne en accompagnateur), le penchant cristallin et minutieux, la belle mise en place (toujours la hauteur), l'ouverture de Sherwood demeure, la voix de Maxime manque de bas. A contrario, elle se révèle complète et enracinée dans son grave sur Rotel. Timbres riches, mais mise en espace moins convaincante et toujours ce petit tassement dans les cimes.
On retrouvera ces traits de caractère sur toutes les musiques écoutées avec plus ou moins de dominance selon les genres. Métallica plein pot fusillera à vue dans les aigus sur A et P 965 (ce qui ne sera pas forcément déplaisant par ailleurs, si tel est votre conception de la tornade Hertzienne…) et sera plus compact et massif sur Rotel. D’un côté le Zénith, de l’autre le Nadir. Il faudra choisir entre les pieds sur terre ou la tête dans les strato-nimbus…
Il apparaît évident que certaines associations d’enceintes rendront plus ou moins bien justice à ces deux excellentes électroniques. Comme il est spécifié dans un autre sujet, les Elipson Prestige 4, par exemple, s’accommodent infiniment mieux avec Sherwood qu’avec Rotel (n’est-ce pas NM74…). Le contraire aurait été surprenant, ces enceintes un tantinet extraverties demandent de la précision, une main de fer et une grande capacité d’analyse de la part de la main nourricière pour s’exprimer de la meilleure façon. A l’opposé, les Cabasse Altura (très belle réussite en passant…) m’ont semblé bien plus « confortables » sur du Rotel.Les matériels au tempérament janséniste (voir frugal…) gagneront en présence avec le tandem 1066 – 1075, les rabelaisiens contiendront leur logorrhée grâce aux pilules miracle du Docteur Sherwood. En décodage Home Cinéma, l’ensemble A et P 965 est une merveille de précision, de finesse et de définition, son comportement « anatomique » apportant un foisonnement de détails (le dialogue sous la tente entre l’empereur et le général dans Gladiator avec toute l’ambiance extérieure est, à ce titre, bluffant). Le 1066 et le 1075 apportent de la matière et du « gras » (les voix ont clairement plus d’assise, les bruits plus de densité), mais n’ont pas le côté pointilliste, disons même hyperréaliste à la Norman Rockwell des Sherwood. Il faudra trancher entre téléobjectif et large focale, s’arrêter au détail ou embrasser tout le tableau, un vrai dilemme philosophique…
Au final, ni gagnant ni perdant, juste deux excellentes propositions aux fortes convictions qui se défendent aussi bien l’une que l’autre. A vos oreilles de choisir…


Le rédacteur (qui n'écrit plus dans Son Mag mais travaille pour Ronan Elecson, ça va mieux en le disant non?)
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Message » 07 Aoû 2004 2:27

wow, magnifique CR, bravo !
ajds
 
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Message » 07 Aoû 2004 9:00

Notre Jacques est donc en manque de publication de son verbe et de sa dithyrambe, il a trouvé ici un nouveau support à sa prose parfois délirante et toujours imagée.
LaurentV
 
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Message » 07 Aoû 2004 10:43

très jolie CR, mais qui ne donne pas de vainqueur, j'ai juste une question, quel couple donne dans le réel ?

je m'explique, un piano (par exemple) tout le monde en a écouter un, quel couple retransmet (sans le modifier) exactement son son ?
popoa
 
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Message » 07 Aoû 2004 10:53

popoa a écrit:très jolie CR, mais qui ne donne pas de vainqueur, j'ai juste une question, quel couple donne dans le réel ?

je m'explique, un piano (par exemple) tout le monde en a écouter un, quel couple retransmet (sans le modifier) exactement son son ?


La perception du piano ne sera peut être pas la meme d'une personne a l'autre. Deja d'une marque a l'autre le son n'est plus le meme, alors je ne te parle meme pas des concerts ou les instruments sont amplifiés :roll: .Tout ceci est hautement subjectif :mdr:
ggta
 
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Message » 07 Aoû 2004 10:56

Quel CR :lol: :o :mdr:
ggta
 
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Message » 07 Aoû 2004 13:21

ggta a écrit:
La perception du piano ne sera peut être pas la meme d'une personne a l'autre. Deja d'une marque a l'autre le son n'est plus le meme, alors je ne te parle meme pas des concerts ou les instruments sont amplifiés :roll: .Tout ceci est hautement subjectif :mdr:
ce n'était qu'un exemple,

si on écoute un violon, je voulais savoir quel ampli rendait le mieux l'odeur / le son / l'intimité du violon et non quel était le plus harmonieux ;)
popoa
 
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Message » 07 Aoû 2004 21:47

Excellentissime !!!!!!!!!!!!!!!!!!!! :o :o :o :D
va faire un cr après ça :oops: :wink:

xavier
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Message » 08 Aoû 2004 12:26

bravo pour ce CR !
coachito
 
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Message » 08 Aoû 2004 14:34

Un seul mot : BRAVO ! Nous allons enfin pouvoir te relire ici. Personnellement, ça me manquait.
Terry
 
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Message » 10 Aoû 2004 0:11

Terry a écrit:Un seul mot : BRAVO ! Nous allons enfin pouvoir te relire ici. Personnellement, ça me manquait.


Moi aussi ça me manquait, mais pour la remise des CR mes amis il va falloir être patient, car le Jacquot non seulmenet il vient de partir en vacance mais en plus il a le clavier feignant ces temps ci (normal, il a beaucoup bossé cette année)

En tous les cas, Jacques va pouvoir désormais se servir de notre site (quand il remachera) pour pouvoir parler en bien comme en mal et avec sa pate unique de ce qu'il voudra.

Faudra pas lui en vouloir, il commencera par le bien.... et pas avant semptembre.

Ronan
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Message » 10 Aoû 2004 9:28

Ronan Elecson KLS a écrit:
Terry a écrit:Un seul mot : BRAVO ! Nous allons enfin pouvoir te relire ici. Personnellement, ça me manquait.


Moi aussi ça me manquait
Ronan



non di dioux ca fait du bien de le lire a nouveau 8) :wink:

FGO
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Message » 10 Aoû 2004 9:53

Excellent CR :o (WAOUH ! WAOUH ! :D ) qui prouve une chose : le match est serré :wink: et rien ne vaut une écoute personnelle...

...mais ça, tout le monde la savait !

Djé
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Message » 10 Aoû 2004 9:58

Bonjour,

Effectivement c'est un excellent CR détaillant les différences sonores entre 2 des marques qui marchent fort en ce moment. :lol:
Bravo!!! :lol:


@+
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Message » 10 Aoû 2004 10:23

Très joli CR auquel il ne manque qu'un peu d'AIR par sauts de lignes, c'est...dense :mdr:
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