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Musique enregistrée : BLURAY, CD & DVD musicaux, interprètes...

Les termes musicaux que vous voudriez connaitre

Message » 17 Oct 2004 22:36

Une question à propos d'un terme musical posée dans un autre post ("Symphonie de Franck"), me fait penser qu'un thread, où chacun d'entre nous pourrait demander la définition d'une terminologie musicale ou bien l'explication d'une pratique musicale quel que soit le genre… aurait probablement son utilité…

Par exemple pour les jazzeux : qu'est qu'un "growl" de saxophone… ?
Qu'est ce qu'un "slap" pour une basse… ? etc…


Alors si vous ne trouvez pas de réponses… utilisez ce post. Quelqu'un peut-être pourra vous donner quelques renseignements…


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Dans le post dont je parle, il y avait deux questions :
La 1ère question posée était : Qu'est-ce que l'hétérophonie ?

Le terme de "hétérophonie" est d'abord une distinction par rapport au principe de la "polyphonie".

Rappel : La polyphonie est la superposition et la combinaison de plusieurs voix ou parties musicales. Ces superpositions obéissent à des lois régissant les synchronismes ou la succession des éléments de toutes les voix entres elles.
Le "contrepoint" est la discipline et la technique qui régle les superpositions des dessins mélodiques dans les musiques tonales et sérielles… mais les lois ne sont plus les mêmes.

L'hétérophonie est la superposition de parties musicales auxquelles il n'existe pas de règle dans la superposition de leurs éléments.
Un exemple célèbre dans l'histoire de la musique : Les expériences de Charles Ives qui du haut du clocher d'un village prenait plaisir à écouter la superposition de deux fanfares paradant à des endroits différents du village.

L'hétérophonie est aussi une technique utilisée par des musiques traditionnelles.
Dans certaines musiques de danses tziganes, les fanfares, chaque musicien a un parcours mélodique rythmiquement autonome. C'est à dire que tout le monde part à peu près en même temps pour jouer sa partie mais chacun est libre de précipiter ou de suspendre légérement sa phrase mélodique pendant son jeu. L'ensemble fonctionne avec la rencontre de tout les instruments sur certains temps forts de la musique qui est d'ailleurs pulsée par une partie de percussions obstinée et régulière (qui sert de repère pour les synchronisme de passage).
Cette pratique est apparentée à l'hétérophonie puisqu' il n'y a pas de régle de contrepoint dans la superposition de toutes les parties individuelles des instruments.

Depuis longtemps la musique classique contemporaine roumaine utilise cette technique.
Stefan Niculescu, compositeur roumain important, professeur de composition au Conservatoire de Bucarest a écrit de nombreuses pièces utilisant cette technique ("Cantos" ou symphonie concertante n° 3). Parmi ses nombreux élèves citons Calin Ioachimescu et Doina Rotaru qui ont écrit également des pièces dont certains passages obéissent à cette régle. Les œuvres de ces compositeurs ont été diffusées plusieurs fois sur France-Musiques, et certaines ont fait l'objet de commande de Radio-France.

Pour que vous puissiez éventuellement entendre plus facilement cette technique, je donne un autre exemple :
Gyôrgy Ligeti compositeur hongrois, mais né roumain, connait cette technique et l'a utilisée dans certaines de ses œuvres. "Lux aeterna" (Wergo 60 026) et le début de son "Requiem" (Wergo 60 045) sont des œuvres qui s'inspirent de ce principe en le rapprochant du procédé du "taléa" du XIVème siècle. Ce procédé consiste à répéter sous forme de canon une cellule rythmique, que l'on transforme individuellement de façon subtile. Vous entendrez clairement ce procédé dans l'enregistrement de "Lux aeterna".


Est-ce clair ?


La 2éme question dans le post suivant…


À bientôt


Gilles
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Message » 17 Oct 2004 23:40

La 2ème question concernait la "musique ouverte".


La musique ouverte.

La forme ouverte d'une œuvre, qu'elle soit musicale (ou littéraire) signifie qu'il y a plusieurs explorations possibles de l'œuvre, et en particulier pour la musique, plusieurs possibilités d'interprétations par des chemins de lectures différents.
Ceci donne pour chaque nouvelle interprétation un parcours différent donc une version nouvelle et unique.

En musique, dans les années 1960, de nombreux compositeurs s'intéressèrent à la forme musicale ouverte. Souvent les œuvres ouvertes utilisaient le hasard comme éléments de décision pour leur réalisation.

Quelques œuvres : la "3éme sonate" pour piano de Pierre Boulez
L'ensemble des "Archipels" de André Boucourechliev.
Le "Klavierstück XI" de Karlheinz Stockhausen.
"Duel" pour deux orchestres de Iannis Xenakis

Mais le véritable initiateur de cette mode musicale fut John Cage qui poussa ce concept le plus loin. Une œuvre comme “Atlas Eclipticalis” utilisait des cartes astronomiques comme partitions, et John Cage faisait jouer couramment plusieurs de ses œuvres simultanément.

Aujourd'hui cet usage est peu utilisé, ou du moins de manières beaucoup moins systématiques que dans cette période.

Salut :wink:

Gilles
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Message » 18 Oct 2004 10:56

L'interview de John Cage tel que diffusé à l'expo actuelle de Beaubourg ("Sons et Lumières" - à moitié réussie AMHA -) va tout a fait dans ce sens, il y dit (de mémoire) que pour lui l'art consiste à imiter la façon de faire de la nature, plutôt que ses propres sentiments. Une position bien radicale.
L'exemple des cartes d'astronomie est amusant car je viens de lire un article qui montre que l'homme qui veut dessiner une portion de ciel étoilé à partir de son imagination échouera dans sa tentative d'imiter ce type de hasard naturel (il se trahit en ayant tendance à éviter des groupes d'étoiles très proches les unes des autres).
cdlt,
GBo
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Message » 18 Oct 2004 10:58

La différence entre un orchestre Symphonique et un Orchestre Philarmonique (voire de chambre) ... c'est la composition ? mais dans le détail...c'est quels instruments ? ;)
ThP
 
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Message » 18 Oct 2004 12:52

ThP a écrit:La différence entre un orchestre Symphonique et un Orchestre Philarmonique (voire de chambre) ... c'est la composition ? mais dans le détail...c'est quels instruments ? ;)


Les notions de symphonique et de philharmonique ne concernent en rien les instruments et les compositions jouées.

Un orchestre philharmonique est un orchestre symphonique. Il est appelé philharmonique (qui aime la musique) par le type d'engagement des musiciens qui le constituent. À l'origine les orchestres philharmoniques étaient constitués par des musiciens amateurs.
Aujourd'hui les musiciens d'un orchestre philharmonique sont des professionnels, mais ils participent à l'orchestre selon la distibution des pupitres que demandent les formations orchestrales prévues pour les concerts et les tournées de l'orchestre.

Radio-France gére deux orchestres, l'Orchestre Philharmonique de Radio-france et l'Orchestre National.
La différence est que les musiciens de l'Orchestre National sont des musiciens permanents, alors que ceux du philharmonique sont appelés selon les nécessités des musiques programmées.

Ce n'est pas une raison économique qui justifie les contrats des musiciens de ces deux orchestres. Le dispositif de la philharmonie permet de constituer des formations les plus divers, comme l'orchestre symphonique, l'orchestre de chambre, l'orchestre à cordes, les grands ensembles et les petites formations de chambre… plus adaptées pour le répertoire récent. Alors que le National, lui se consacre plutôt au grand répertoire symphonique.

Voilà :wink:

Gilles
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Message » 18 Oct 2004 14:30

Bon une question
La réponse est vague dans mon dictionnaire de la musique donc je la pose ici :wink:

Comment classer les tessitures des voix suivantes :
castras, sopranos (je sais yen a plusieurs types), haute taille, hautre contre, contre-ténor, mezzo soprano ...

Je sais qu'il y a des termes 'abusifs' dans ceux que j'ai cité, mais j'aimerais savoir ce que peut chanter l'un et l'autre

merci :wink:
cow2
 
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Message » 18 Oct 2004 19:07

cow2 a écrit:Comment classer les tessitures des voix suivantes :
castras, sopranos (je sais yen a plusieurs types), haute taille, hautre contre, contre-ténor,


Bonsoir cow2,

Il y a un petit mélange dans ton classement…




Reprenons au début. D'abord le classement des voix à une histoire.

Jusqu'au XVIII e siècle les voix étaient classées en quatre tessitures, soit du plus haut au plus grave :
- en latin : superius, altus, tenor, bassus
- en italien : soprano, alto, tenor, basso
- en français : dessus, haute contre, taille, basse

J'énumère les tessitures dans ces trois langues, car c'est de là que viennent souvent les confusions.

Le répertoire demandant des registres de voix plus caractérisés, des subdivisions des registres s'imposaient .

On classa d'abord les voix pour les voix de femme (ou d'enfant ) :
- Soprano ou premier soprano ou premier dessus
- Mezzo soprano ou second soprano ou second dessus
- Contralto

et pour les voix d'homme :
- Premier ténor
- Second ténor
- Première basse ou baryton
- Seconde basse ou basse-taille.

Les tessitures usuelles devinrent : du plus aigu au plus grave :
Soprano, Mezzo soprano, Contralto, Ténor, Baryton, Basse.

Mais l'évolution et la diversité des styles musicaux puis les fonctions théatrales des couleurs des voix dans les rôles des personnages d'opéras amènent à une répartition encore plus subtile (du plus aigu au plus grave):

Pour les voix de femme :
- Soprano léger et "coloratur" (souvent chant de virtuosité et volubile)
- Soprano lyrique ou de demi-caractère (la plus courante)
- Soprano dramatique (voix puissante, pour Wagner)
- Mezzo soprano
- Alto
- Contralto (voix grave émouvante) le contralto n'étant qu'un peu plus grave que l'alto.
C'est la tessiture de Kathleen Ferrier, chanteuse extraordinaire, à la voix et à l'expression inoubliable notamment dans les "Kindertotenlieder" et "Le Chant de la Terre" de Gustav Malher dirigés par Bruno Walter.

Pour les voix d'homme :
- Haute-contre
- Ténor léger (sonorités douces)
- Ténor lyrique ou de demi caractère (très utilisé par les compositeurs du XIX e siècle).
- Ténor dramatique
- Baryton
- Baryton martin (utilisé pour la mélodie française, pour Pélléas et Mélisande)
- Baryton verdi (pour les opéra vériste)
- Baryton basse
- Basse chantante
- Basse noble (utilisé dans Boris Godounov de Moussorgski)

Ce classement est donné par Jean Planel dans son livre "L'école du chant" (1948).

Pour la voix de castrat, elle ne définit pas à proprement parler une tessiture mais un type de chanteur qui a subit une opération de nos jours interdite… et qui chante naturellement avec sa voix d'enfant, c'est à dire en soprano, chose que tous les hommes peuvent faire en chantant artificiellement en voix de tête, mais de façon beaucoup moins belle sans une très longue pratique. C'est la technique qu'utilise l'alto pour les voix d'homme.

Je crois avoir fait le tour… :roll:

Et si tu ne connais pas… écoute la voix de Kathleen Ferrier dans Malher !

Salut :wink:

Gilles
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Message » 19 Oct 2004 8:30

Bonjour,

en tout cas, merci pour tes explications. On sent le pédagogue et l'expert derrière tes écrits.
C'est vraiment gentil à toi de prendre ainsi du temps. J'avoue que parcourir les posts où interviennent des gens comme Haskil, Scytales, toi-même et tous les autres érudits passionnés du forum est une mine d'enrichissement comme on en trouve peu.

Du coup, j'en profite honteusement. Je suis novice en musique classique, je la parcours un peu au hasard de mes trouvailles dans les médiathèques et de mes lectures. Par contre, je trouve que les ouvrages de vulgarisation accessibles sont rares. Tu passe sans transition de l'étude pour musicologue à la bête liste des 100 incontournables sans plus d'explication.
Pourrais-tu, au fur et à mesure, nous expliquer, à moi et à tous les apprentis classiqueux, les bases de cette musique, comme la structure des différents morceaux (symphonie, sonate...) et détailler certaines oeuvres pour que l'on puisse en appréhender la substantifique moëlle.
Cela serait, je pense, trés largement apprécié et permettrait à beaucoup de franchir le pas vers ce genre musical, qui fait si souvent peur.

Merci d'avance.

Eric
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Message » 19 Oct 2004 9:04

Chapeau bas pour ce post Gilles ;)
Han Solo
 
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Message » 19 Oct 2004 9:28

EB87 a écrit: J'avoue que parcourir les posts où interviennent des gens comme Haskil, Scytales, toi-même et tous les autres érudits passionnés du forum est une mine d'enrichissement comme on en trouve peu.

Merci EB87 de nous remercier.
Si je prend un peu de temps pour intervenir sur ce forum, c'est que j'ai été moi aussi impressionné par le niveau d'information et de débats soutenus par Haskil, Scytales et tous les autres passionnés.
Mais lorsque tu lis certains post en Hi-Fi ou Home-cinéma, là aussi le niveau est "sérieux"… alors pourquoi pas aider un peu le forum "Œuvres - Musique" surtout pour la musique dite "savante" qui mérite d'être beaucoup défendue de nos jours…

EB87 a écrit:Pourrais-tu, au fur et à mesure, nous expliquer, à moi et à tous les apprentis classiqueux, les bases de cette musique, comme la structure des différents morceaux (symphonie, sonate...) et détailler certaines oeuvres pour que l'on puisse en appréhender la substantifique moëlle.
Cela serait, je pense, trés largement apprécié et permettrait à beaucoup de franchir le pas vers ce genre musical, qui fait si souvent peur.

Faire un petit CR sur la forme musicale classique et son évolution… C'est un bonne idée.

Mais je ne suis pas sûr que cela soit une clef pour tout le monde pour "appréhender la substantifique moëlle de la musique". Cela peut aider à comprendre la forme, entendre les variations des deux thèmes d'une forme sonate… mais la moëlle de la musique pour l'auditeur, c'est surtout sa qualité d'écoute, sa capacité à vivre l'émotion musicale à hauteur de l'expression des l'interprètes… ressentir toutes les inflexions, de la plus douce à la plus rageuse et sans faire trop marcher son cerveau gauche "saisir" la forme de l'œuvre, l'architecture de la composition.

Seuls ces états de "communion" peuvent permettre d'entrer dans certaines grandes œuvres très expressives ou au contraire très retenues. Si tu écoutes dans cette qualité d'écoute la 2e Symphonie de Malher ou la 5e de Sibelius, cela n'a plus rien à voir avec les notions de plaisir commun des musiques de divertissement. Dans ces œuvres l'expression devient bouleversante et le compositeur en les composant s'est battu pour avoir l'écriture de les transcrire. Il y a dans les œuvres d'art cette folie de transmettre les émotions que l'homme a devant la nature et devant sa condition de mortel… tout artiste a plus ou moins cette mission. Cela peut s'apparenter au sacré ou à de la spiritualité. En tout cas voilà pourquoi je crois en l'importance de l'Art et que je me méfie toujours des amalgames avec le divertissement qui n'est d'ailleurs pas inutile et qui peut parfois "dire de grandes choses"…

D'accord pour essayer d'aider… il faut aussi réfléchir à la bonne manière.

À bientôt.

Cordialement

Gilles
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Message » 19 Oct 2004 10:22

Merci aussi pour ces explications :wink:

J'ai volontairement mélangé les termes, car j'ai deux autres questions :
- a-t-on idée de la tessiture des castras ? Sait -on s'il y avait des castras type 'colorature' ou type 'mezzo'
- à quel niveau se recoupe les tessitures hommes et femmes ?
I y a-t-il un chanteur qui chante réguilèrement en voix de tête avec la tessiture d'une soprano ?

Et effectivement, Ka. Ferrier avait une voix envoutante, j'écoute souvent ses lieders :o

Merci beaucoup en tout csa :wink:
cow2
 
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Message » 19 Oct 2004 10:47

Je tiens à vous remercier pour vos post. Si vous lisez un tant soit peu mes interventions en musiques, vous avez du constater que j'coute beaucoup de musique dite industrielle ou atmosphérique, musique fille de Stockahausen, Krafwerk et les différents performers des années 60/70 comme Charlemagne Palestine ou Brian Eno. Beaucou de compositeurs contemporains partent dans cette voie là, expérimentale et sombre.

Je me suis mis petit à petit à la musique classique, et comme je venais de la tendance Dead Can Dance et autre, j'ai bien sur démarré par la musque sacrée et plutôt sombre.
Ma première découverte a été le Stabat Mater de Vivaldi (CD à L'oiseau Lyre) et Henrick Goresky (dont j'ai vu la symphonie des lamentations à la basilique de St Denie - quel souvenir !).

Bref, tout ça pour dire, que le fait de lire tous ces détailsa aide à se faire une idée de ce qu'est une musique qu'on connait peu et permet d'"oser" plus l'aborder.

ed - je suis à votre disposition pour expliquer - de même - les différences entre indistrielle, harsh, climatique, atmosphérique, rituelle ....
Eldudo
 
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Message » 19 Oct 2004 11:29

Gilles R a écrit:Pour la voix de castrat, elle ne définit pas à proprement parler une tessiture mais un type de chanteur qui a subit une opération de nos jours interdite… et qui chante naturellement avec sa voix d'enfant, c'est à dire en soprano, chose que tous les hommes peuvent faire en chantant artificiellement en voix de tête, mais de façon beaucoup moins belle sans une très longue pratique. C'est la technique qu'utilise l'alto pour les voix d'homme.

Des chanteurs comme Alfred Deller ou Andreas Scholl sont donc des Haute-contre ?

Si j'ai bien compris :oops:
PascalBé
 
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Message » 19 Oct 2004 11:51

Merci EB87 de nous remercier
.
Merci de me remercier de te remercier :D

Mais lorsque tu lis certains post en Hi-Fi ou Home-cinéma, là aussi le niveau est "sérieux"…

Oh que oui! J'ai jamais dit le contraire. Peut-être même trop sérieux des fois :wink:

Mais je ne suis pas sûr que cela soit une clef pour tout le monde pour "appréhender la substantifique moëlle de la musique". Cela peut aider à comprendre la forme, entendre les variations des deux thèmes d'une forme sonate… mais la moëlle de la musique pour l'auditeur, c'est surtout sa qualité d'écoute, sa capacité à vivre l'émotion musicale à hauteur de l'expression des l'interprètes… ressentir toutes les inflexions, de la plus douce à la plus rageuse et sans faire trop marcher son cerveau gauche "saisir" la forme de l'œuvre, l'architecture de la composition.

Seuls ces états de "communion" peuvent permettre d'entrer dans certaines grandes œuvres très expressives ou au contraire très retenues. Si tu écoutes dans cette qualité d'écoute la 2e Symphonie de Malher ou la 5e de Sibelius, cela n'a plus rien à voir avec les notions de plaisir commun des musiques de divertissement. Dans ces œuvres l'expression devient bouleversante et le compositeur en les composant s'est battu pour avoir l'écriture de les transcrire. Il y a dans les œuvres d'art cette folie de transmettre les émotions que l'homme a devant la nature et devant sa condition de mortel… tout artiste a plus ou moins cette mission. Cela peut s'apparenter au sacré ou à de la spiritualité. En tout cas voilà pourquoi je crois en l'importance de l'Art et que je me méfie toujours des amalgames avec le divertissement qui n'est d'ailleurs pas inutile et qui peut parfois "dire de grandes choses"…


On est d'accord. La forme sans le fond n'est rien. Une des 1eres oeuvres de classique qui m'a ému a été justement la 2eme symphonie de Mahler. J'ai été saisi par cette énergie, ce désespoir par moments et j'ai ressenti tout au long de l'oeuvre un pannel d'émotions plus ou moins intenses. Ensuite, le fait de chercher des renseignements sur cette symphonie (merci le forum et internet) m'a permis de mieux appréhender le sens de l'oeuvre, de mettre un nom sur ces émotions. Le déclic qui déclanche la curiosité est évidemment une émotion perçue à l'écoute. Depuis, j'ai lu une biographie de l'auteur, fuit devant certains commentaires ésotériques de son oeuvre mais surtout écouté plusieurs de ces oeuvres
Il n'empéche que le fait de connaître quelques bases, notamment grace au livre "La musique classique pour les nuls" 8) , m'a permis également de mieux comprendre ce que j'écoutais. Le pom-pom-pom-poom de Beethoven touche tout le monde (enfin je pense), appréhender la symphonie dans son ensemble, distinguer l'opposition entre les 2 thèmes principaux améne une profondeur d'écoute supplémentaire sans vouloir non plus se transformer en musicologue.
Par exemple, j'ai écouté hier soir pour la 1ere fois la 6eme symphonie "Pathétique" de Tchaikovsky. Quel choc, quelle violence maitrisée, ce second mouvement qui m'évoque une valse désespérée, ces cris angoissants des cuivres...tout cela m'a parlé. Maintenant, j'éprouve le besoin d'en savoir plus sur l'oeuvre et l'auteur pour pouvoir comprendre ce que cette oeuvre a voulu me dire. Et c'est en cela que je cherche de l'aide, et je pense et espére ne pas être le seul.

Je retrouve aussi de l'émotion dans d'autres styles musicaux que tu classes peut-être dans le divertissement. Le trio jazz de Bill Evans m'émeut, la voie de Barbara Luna me transporte en Amérique du sud, Les chansons de Florent Pagny...non, rien 8)
C'est peut être cela le vrai divertissement aprés tout. Etre à l'écoute, empathique...et laisser partir son imagination et sa sensibilité là ou la musique (ou la lecture, la peinture...enfin l'art quoi) l'améne.

Voila, tout cela pour dire que je n'attends heureusement pas de ta part la fourniture clé en mains de la découverte de la musique classique. Cela se doit d'être un cheminement personnel mais avoir quelques balises ne peut qu'aider.

Bien à toi.

Eric
Le Blaireau
 
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Message » 19 Oct 2004 13:11

EB87 a écrit:On est d'accord. La forme sans le fond n'est rien. Une des 1eres oeuvres de classique qui m'a ému a été justement la 2eme symphonie de Mahler. J'ai été saisi par cette énergie, ce désespoir par moments et j'ai ressenti tout au long de l'oeuvre un pannel d'émotions plus ou moins intenses. Ensuite, le fait de chercher des renseignements sur cette symphonie (merci le forum et internet) m'a permis de mieux appréhender le sens de l'oeuvre, de mettre un nom sur ces émotions. Le déclic qui déclanche la curiosité est évidemment une émotion perçue à l'écoute. Depuis, j'ai lu une biographie de l'auteur, fuit devant certains commentaires ésotériques de son oeuvre mais surtout écouté plusieurs de ces oeuvres
Il n'empéche que le fait de connaître quelques bases, notamment grace au livre "La musique classique pour les nuls" 8) , m'a permis également de mieux comprendre ce que j'écoutais. Le pom-pom-pom-poom de Beethoven touche tout le monde (enfin je pense), appréhender la symphonie dans son ensemble, distinguer l'opposition entre les 2 thèmes principaux améne une profondeur d'écoute supplémentaire sans vouloir non plus se transformer en musicologue.

Ma remarque était une précaution pour ne pas laisser croire qu'un post apportera énormément d'informations sur le fond des musiques. Ce que tu dis, est ce que j'attendais comme réaction pour être sûr qu'il n'y ai pas de malentendu sur l'attente. Et tu montres que dans ce sens nous pouvons faire partager des informations sur l'artisanat ou le génial savoir faire ou sur l'idée musicale étonnante du compositeur. De petits éclairages suivis d'un peu de curiosité peuvent entrainer des passions insoupçonnées pour des musiques jugées inaccessibles. Rien n'empêche aussi de faire partager son émotion…

EB87 a écrit:Par exemple, j'ai écouté hier soir pour la 1ere fois la 6eme symphonie "Pathétique" de Tchaikovsky. Quel choc, quelle violence maitrisée, ce second mouvement qui m'évoque une valse désespérée, ces cris angoissants des cuivres...tout cela m'a parlé. Maintenant, j'éprouve le besoin d'en savoir plus sur l'oeuvre et l'auteur pour pouvoir comprendre ce que cette oeuvre a voulu me dire. Et c'est en cela que je cherche de l'aide, et je pense et espére ne pas être le seul.


Là, c'est un message qui me fait plaisir…
La 6eme de Tchaikovsky ! Il n' y a pas si longtemps, parler de cette œuvre dans certains lieux musicaux et on était sûr d'être l'objet de dérision collective…
Pourtant quelle œuvre… Dans les pays de l'Est en Russie en particulier, Tchaikovsky est le compositeur intouchable. Un véritable culte. Malheur à celui qui touche à leur Pietr (et je sais de quoi je parle… pour en avoir fait l'expérience)
Pourtant il faut aussi pour la "Pathétique" un chef qui donne l'énergie sans mollesses et effets faciles de sentimentalisme pour les pupitres des cordes… mais de la tension, des phrasés articulés avec des jeux de dynamiques généreux. Les grands chefs russes comprennent l'expression de l'art de Tchaikovsky pourtant le plus occidental de leurs compositeurs… Moussorgski, là bas n'a pas la même réputation qu'en France.
Il faut un Evgeny Mravinsky ou un Valery Gergiev par exemple… Haskil est plus savant que moi sur les interprètes a conseiller.
Sûr, on en reparlera avec… un peu de temps.

EB87 a écrit:Je retrouve aussi de l'émotion dans d'autres styles musicaux que tu classes peut-être dans le divertissement. Le trio jazz de Bill Evans m'émeut, la voie de Barbara Luna me transporte en Amérique du sud, Les chansons de Florent Pagny...non, rien 8)
C'est peut être cela le vrai divertissement aprés tout. Etre à l'écoute, empathique...et laisser partir son imagination et sa sensibilité là ou la musique (ou la lecture, la peinture...enfin l'art quoi) l'améne.

Le monde des émotions musicales est vaste, il y a les musiques à danser, de fêtes, de spectacles, d'indentifications collectives… à écouter "seul". Et nous sommes différents… nous ne cherchons pas tout à fait tous dans le même chemin… On peut ressentir une immense émotion musicale avec une simple berceuse… avec une certaine douceur de voix… laissant transparaitre par sa "nudité" toute la fragile humanité du monde, en quelques minutes.

Donc d'accord on en reparle…

Bien cordialement.

Gilles
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