Mes impressions d'écoutes globales:
Je n'écoute pas souvent du classique (sauf à l'occasion un peu de Bach, Chopin, Liszt, Debussy, Ravel, Stravinsky, Mahler, mais pas beaucoup plus), en tout cas je ne me souviens pas avoir écouté attentivement du Tchaikovsky, à part ses ballets les plus connus sans doute, mais il y a très longtemps.
Aucune idée préconçue sur la 6ième donc.
Cette découverte a été un choc d'émotions, avec des surprises enthousiasmantes.
J'ai accroché dès la première écoute, tant sur la composition que sur l'interprétation, même si plusieurs écoutes m'ont été nécessaires pour m'imprégner des différentes mélodies, variations; la structure de l'adagio--allegro non troppo par exemple n'a pas l'air évidente. Difficile en tout cas de prendre un cahier et de regarder l'afficheur tellement c'est prenant.
En ce qui me concerne, je n'entends pas grand chose de typiquement russe au niveau de la partition (quoique?), ce qui est le plus russe pour moi c'est ce lyrisme exacerbé, cette sincérité du trait, que Mravinsky a l'air d'avoir privilégié. J'imagine qu'il y a eu quelques répétitions costaudes pour arriver à ce résultat où la technique s'efface à ce point pour faire place à la matière de l'oeuvre avec un tel degré de concentration et de passion; comment faire mieux?
Vous l'aurez compris, j'adore ce disque*!
Un mot du son: incroyable de précision pour un enregistrement de cette époque (fait à Londres pendant une "tournée"). Les bois et surtout les percussions sont quand même un peu en dessous au niveau du rendu sonore, les cymbales accusent la définition des procédés de l'époque (ou l'âge de la bande lors du transfert CD). Mais pour le reste, on ne perd aucune miette. Et une cohésion, une matière, rares. Légère distorsion analogique présente par moment il me semble, mais peu génante.
On a déjà parlé de l'expressivité des cordes, vibrantes et capiteuses dans le bon sens du terme, et des cuivres, lesquels me font penser à des pierres précieuses brutes, ils envoient cash quoi !

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Question à lecteur plus érudit: ce type de jeu est-il toujours d'actualité aujourd'hui, est-ce typique de cet orchestre, de cette époque, etc...
Quid de cette impression de justesse "spéciale" des cuivres, c'est nous ou bien?
L'adagio (#3) et le Finale (#6) sont ceux qui me transportent le plus, le finale atteint même cette sorte de perfection qui humidifie les yeux si on est dans l'état adéquat.
Cela me parle avec justesse de la finitude de l'homme, de l'espoir contrarié, de la mort.
Question: de forme: est-il courant qu'une symphonie de cette époque se termine de façon aussi lente et sombre?
L' Allegro con grazia (#4) a pour moi un intérêt plus anecdotique, je ne comprends pas tout à fait ce que cette vraie/fausse valse fait là, si ce n'est quelques réminiscences d'une des mélodies du #3 il me semble (à creuser). Si histoire il y a, je l'interpréterais comme un dernier "show" avant le drame attendu, une sorte de plaisir sans trop y croire.
L' Allegro molto vivace (#5) est un morceau de bravoure qui a tout d'une musique de western

(pour preuves les descentes en french cancan à la fin, non?

). Ce mouvement me plait pour le spectacle de la virtuosité, l'ingéniosité de l'écriture, et l'interprétation jouissive, mais je ne le raccroche pas encore bien aux autres wagons.
L'adagio--Allegro non troppo (#3) est passionnant de bout en bout, des phrases sont fulgurantes d'intelligence (pour autant que je puisse en juger!), pas de matière grasse, rien n'est gratuit. Les mélodies sont vraiment très belles, d'une beauté intemporelle.
A suivre sans doute!
cdlt,
GBo
(*) pour rappel si certains nous rejoignent, on parle bien du CD N°2 de ce coffret:
#3. Adagio--Allegro non troppo
#4. Allegro con grazia
#5. Allegro molto vivace
#6. Finale: Adagio lamentoso