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Musique enregistrée : BLURAY, CD & DVD musicaux, interprètes...

[Mozart] Les Intégrales...

Message » 14 Déc 2004 13:13

L'Intégrale Philips - The Complete Mozart Edition

Au vu de l'importance (pharaonique, titanesque, gargantuesque, barrez les mentions inutiles :wink: ) de cette édition qui est apparue en 1991, je me suis dit qu'il pourrait être sympa d'y consacrer un petit topic.

Diverses images de la première édition :

Le coffret complet
Image

Quelques exemples de coffrets individuels
Image


Diverses images de la dernière édition :

Le coffret complet (cliquez)
Chez Alapage

Quelques exemples de coffrets individuels
Image
Image




J'attends vos remarques et commentaires sur cette édition, et surtout sur les diverses interprétations qui en font partie...
Dernière édition par ganymede44 le 15 Déc 2004 12:31, édité 1 fois.
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Message » 14 Déc 2004 13:53

Pas de chance pour moi… j'ai la version les 46 symphonies de Mozart dans l'intégrale de Karl Böhm de 1969 (disques 33 tours évidemment) publiée par DGG.
Mon premier "gros" achat… j'étais très jeune…

Cette version Bôhm avec du recul est une très bonne version. Pas très souriante mais dynamique et sonnant très bien. Böhm sait faire chanter.

Il faudrait comparer l'Allegro con brio (1er Mvt) de la 25éme (KV 183).
Böhm la "sort" très bien avec l'énergie qui lui convient. La modulation et le changement de carrure rythmique au milieu est magnifique. Cela marche sur moi à tous les coups.

Que donne t-elle chez Marriner ?

La prise de son doit être remarquable… comme beaucoup de productions Philips ?

:wink:

Gilles
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Message » 14 Déc 2004 15:28

Gilles R a écrit:Pas de chance pour moi… j'ai la version les 46 symphonies de Mozart dans l'intégrale de Karl Böhm de 1969 (disques 33 tours évidemment) publiée par DGG.
Mon premier "gros" achat… j'étais très jeune…


:oops: :oops: :wink: C'est marrant, c'est un peu pareil pour moi en 91, j'étais encore assez jeune quand j'ai commencé les achats des coffrets de Mozart... C'était un vrai sacrifice financier... Je me souviens encore du jour où j'ai acheté le coffret de 12CD des concertos pour piano... :o mon portefeuille de l'époque n'avait jamais tant diminué rapidement d'un coup ! :lol:

Gilles R a écrit:
Cette version Bôhm avec du recul est une très bonne version. Pas très souriante mais dynamique et sonnant très bien. Böhm sait faire chanter.

Il faudrait comparer l'Allegro con brio (1er Mvt) de la 25éme (KV 183).
Böhm la "sort" très bien avec l'énergie qui lui convient. La modulation et le changement de carrure rythmique au milieu est magnifique. Cela marche sur moi à tous les coups.

Que donne t-elle chez Marriner ?

La prise de son doit être remarquable… comme beaucoup de productions Philips ? :wink:

Gilles


Il va falloir que je réécoute ce premier mouvement...
Si ma mémoire est bonne, c'est un moment que j'adore tout particulièrement, mais n'est-ce pas dû aussi à la partition ?

Sur l'ensemble de ces symphonies, la prise de son est très bien, mais pas si précise que ça... Avec le recul (et surtout un meilleur système qu'à cette époque :mdr: ) je me rends compte que beaucoup d'autres CDs sont bien plus "clairs", "aérés" que ceux-ci...
Est-ce volontaire ? une espèce d'aura qui aurait été conservée autour de l'enregistrement tout comme on a essayé d'en créer une autour du compositeur ?
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Message » 14 Déc 2004 22:47

Gilles R a écrit:...Il faudrait comparer l'Allegro con brio (1er Mvt) de la 25éme (KV 183).
Böhm la "sort" très bien avec l'énergie qui lui convient. La modulation et le changement de carrure rythmique au milieu est magnifique. Cela marche sur moi à tous les coups.

Que donne t-elle chez Marriner ?
La prise de son doit être remarquable… comme beaucoup de productions Philips ?
:wink:
Gilles



Me revoila :D :D

Je viens d'écouter ce premier mouvement de la 25ème symphonie par Marriner...

Alors, par où commencer ? :wink:

Nulle part, je livre tout en vrac, comme ça me vient :)

- Ah ! ce hautbois... qui arrive trois quatre fois au milieu de cette musique, comme déchirant l'atmosphère... j'en ai des frissons à chaque fois qu'il se "réveille" :o :)

- Je n'avais jamais remarqué à quel point cette oeuvre est tiraillée entre les aigus et les graves. On dirait que les violons se battent avec les violoncelles, que chacun essaye de tirer la couverture à lui, c'est impressionnant.

- Dans les modulations (est-ce le bon mot ? :roll: quand ça part de très haut pour descendre en saccades) des violons, j'ai comme une sensation de pulsation électrique dans mes oreilles... étonnant...

- En fait, pendant que je l'écoutais, je me disais "mais que ces phrases musicales sont simples !" et pourtant, une fois toutes mises les unes sur les autres (avec les autres ? ) ça semble si complexe...

- Le rythme des moments rapides est étrangement fait, on dirait que ça va aller en s'accélérant, alors que non... ça se ralentit soudainement...

- Et quand, après l'avant dernier interlude de hautbois, les cuivres introduisent le tutti de l'orchestre c'est grisant...

- En fait, on voudrait que ce morceau ne s'arrête jamais !!! :o

Bon ben voila :roll: :D ça vous fait ça à vous aussi ?



- Ah oui, j'édite car j'ai oublié un détail : je n'aime pas trop les dernières mesures finales... j'ai une impression de "baclé'. :-?
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Message » 15 Déc 2004 1:26

ganymede44 a écrit:- Ah ! ce hautbois... qui arrive trois quatre fois au milieu de cette musique, comme déchirant l'atmosphère... j'en ai des frissons à chaque fois qu'il se "réveille" :o :)

- Je n'avais jamais remarqué à quel point cette oeuvre est tiraillée entre les aigus et les graves. On dirait que les violons se battent avec les violoncelles, que chacun essaye de tirer la couverture à lui, c'est impressionnant.

- Dans les modulations (est-ce le bon mot ? :roll: quand ça part de très haut pour descendre en saccades) des violons, j'ai comme une sensation de pulsation électrique dans mes oreilles... étonnant...

- En fait, pendant que je l'écoutais, je me disais "mais que ces phrases musicales sont simples !" et pourtant, une fois toutes mises les unes sur les autres (avec les autres ? ) ça semble si complexe...

- Le rythme des moments rapides est étrangement fait, on dirait que ça va aller en s'accélérant, alors que non... ça se ralentit soudainement...

- Et quand, après l'avant dernier interlude de hautbois, les cuivres introduisent le tutti de l'orchestre c'est grisant...

- En fait, on voudrait que ce morceau ne s'arrête jamais !!! :o

Bon ben voila :roll: :D ça vous fait ça à vous aussi ?

- Ah oui, j'édite car j'ai oublié un détail : je n'aime pas trop les dernières mesures finales... j'ai une impression de "baclé'. :-?



Cher ganymède,

Ce soir je n'ai pas eu accès à la hi-fi, du moins celle avec la platine tourne-disque, donc ce que je peux répondre sur cette 25éme de Mozart est de mémoire (je croyais avoir la partition… mais je ne la trouve plus).

Moi ce qui m'a frappé d'emblée, c'est l'attaque directe des cordes ff dans cette phrase rythmique, moment important qui apparait à plusieurs reprises dans le mouvement.
Cette phrase a un peu une tournure d'appel qui insiste, obsédé. Il y a immédiatement une tension qui est installée. Elle est immédiatement répétée avec cette fois le soutien des contrebasses, qui lui donne un caractère plus décidé.

Tu as raison, arrive subitement le chant du hautbois à découvert sur un rythme de balancement léger des cordes. Ce chant du hautbois est vraiment contradictoire à la nervosité précédente.
Posé et aérien d'abord sur des intervalles descendant, puis pris d'une grâce en son milieu, il remonte pour une cadence de préparation pour l'entrée d'une nouvelle variation d'un tutti des cordes.

Il y a comme cela plusieurs séquences de variations que je ne cherche pas à décrire. Sauf peut-être celle dont tu parles : la descente des cordes hautes perchées. Ce passage est effectivement très saillant, intense il me fait penser à l'air de "La Reine de la Nuit" dans la "Flûte enchantée" d'abord par sa tessiture et ensuite par quelques ressemblance de rythme justement comme tu dis : en cascade.

Suivent encore une ou deux dernières variations avant un conduit tortueux pour faire un "da capo" (retour au début).
Reprise du premier thème obsédant des cordes… tout est redit intégralement jusqu'au conduit tortueux.
Et c'est là que je prends un coup sur la tête ! … que je ressens une émotion intense !
Mozart fait le même conduit.… On s'attend naturellement à une nouvelle reprise et voilà que le conduit continue et prend un autre chemin ! Une première modulation il nous améne sur une musique très allante et chantante, comme dégagé de toute pesanteur, une allégresse un peu candide, prsqu'une marche ou alors un galot plein de sérénité.
L'effet est du pur Mozart ! Ces passages là… ses contemporains en tombaient baba ! Quelle heureux effet ! Ce passage est à peu près au milieu du mouvement et Mozart semble avoir écrit tout son mouvement juste pour cette lumière là.
Après ce passage il retourne aux variations précédentes… et ce passage ne sera pas repris.

Il y a en plus, la statégie du grand compositeur qui fait la variation du climax de l'œuvre sur l'attente de la séquence la plus saillante, celui qui est à coup sûr mémorisé par tous les auditeurs, c'est à dire le passage obsédant des cordes du début, pour que l'auditeur assuré du prévisible subisse au plus fort la dérive du discours.
Rhétorique musicale… c'est cela l'art de composer.


Dès la première écoute de ce mouvement de cette 25éme j'ai été surpris et fasciné par ce passage. Depuis j'en ai entendu bien d'autres chez lui. Mais ce mouvemet de symphonie est l'un de ces plus beaux. C'est une des formes du génie de Mozart, il semblait pouvoir tout ce permettre avec un air de rien…


Böhm l'exprime très bien ce mouvement.
Celui qui s'en rapproche le plus est Leonard Bernstein. L'interprétation de Walter est un peu plus rapide, mais très expressive… je n'est pas écouté celle de Krips… Mais je ne connais pas des versions plus récentes… Par contre celle de Klempere est ratée ! jouée "vivace"… absolument pas l'esprit du "con brio" ! une cavalcade insensée…

En regardant sur amazon, j'ai vu que DGG avait réédité en séparées certaines symphonies de cette intégrale et j'ai eu le plaisir de voir que la 25éme en fait partie (preuve que la version de Böhm était à retenir).
Je montre le CD plus bas.

Voilà mon cher ganymède, ce qui me plait dans ce mouvement…
Si tu peux repère ce fameux passage… nous pourrions en rediscuter…

Si nous nous mettons à parler de la musique de Mozart… les soirées vont être chargées.
Juste un peu de temps en temps sur ces moments de magies mozartiennes.

Bonne nuit.

Bien cordialement

Gilles


PS : Ah ! J'oubliais aussi… les dernières mesures de la fin !
Ce n'est pas que cela soit baclé, mais il dit par cette cadence un peu martial et en fanfare avec un petit peu d'humour, que cela pourrait encore durer… alors il dit par cette manière : « bon, j'arrête… il le faut… nous pourrions continuer, mais c'est un mouvement… il y a en a trois autres derrière !»
Mais il est vrai que cela peut paraitre une fin en queue de poisson. Il avait l'Art de l'impolitesse, Mozart comme tous les grands artistes… Il n'avait pas au moment de composer cette fin, envie d'écrire : « je vous prie d'agréer chers auditeurs… ». Non, il dit : «Aller, salut les gars… c'est fini ! voilà !» avec un air complice.

Moi je ressens cela de cette façon… Si tu ré-écoutes, dis moi si j'ai tort…
Fichiers joints
Böhm  - 25éme Symphonie de W. A. Mozart.jpg
Böhm - 25éme Symphonie de W. A. Mozart.jpg (19.7 Kio) Vu 1720 fois
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Message » 15 Déc 2004 7:34

J'ai trouvé la ré-édition complète de cette version de l'intégrale des 46 symphonies de Mozart.
Je la mets, un peu par jeu, à côté ton intégrale Philips :wink:

Attention ! je ne dis pas que je recommande l'achat de ce coffret.
1) Il faut déjà être un grand passionné de Mozart… il y a pour connaitre la musique de Mozart d'autres œuvres à découvrir avant (les dernières symphonies et la 25 font partie de celles-ci).
2) Je n'ai pas suffisament comparé, et je ne connais pas les intégrales de Trevor Pinnock, d'Harnoncourt (ce que j'ai entendu m'a déçu…). Il doit bien y avoir Hogwood… avec lui cela devrait être pas mal (?)

Sinon il y a une partie de l'intégrale des symphonies par Krips… le grand chef mozartien (avec Walter) pour les symphonies, dans ton intégrale Mozart chez Philips. Non ?
Ou on t-ils mis que la version Marriner ?

Krips, c'est l'esprit mozartien à l'état pur… tout y est : vie, humour, versatilité, théatralité… toute la complexité de Mozart est là avec la musicalité, le savoir faire chanter.

Si tu vois Krips pour une œuvre de Mozart… c'est à prendre !

Voilà les coffrets :
Fichiers joints
Mozart 46 Symphonies K. Böhm.jpg
Mozart 46 Symphonies K. Böhm.jpg (24.26 Kio) Vu 1704 fois
Symphonies Mozart Krips- Marriner.jpg
Symphonies Mozart Krips- Marriner.jpg (7.54 Kio) Vu 1704 fois
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Message » 15 Déc 2004 12:46

Et bien pour des commentaires de mémoire ! :o tu m'impressionnes Gilles :wink: !

Je réécouterai ce midi ou ce soir avec tes commentaires sous les yeux...


Concernant le chef de l'intégrale des Symphonies, c'est Marriner uniquement dans "The Complete Mozart Edition".

Pour les autres coffrets, il y a d'autres chefs.

Exemple de disque extraordinaire dans cette intégrale : le Requiem par Schreier.
Voila l'édition simple CD :
Image
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Message » 16 Déc 2004 13:34

ganymede44 a écrit:Je réécouterai ce midi ou ce soir avec tes commentaires sous les yeux...


Gany, as-tu ré-écouté la 25éme ?


---------------------------------

J'en profite pour recommander deux versions intégrales des concertos de piano de W. A. Mozart.

Si vous cherchez une bonne version pas trop chère (autour de 30 euros les 10 CD) la 1ére version de Barenboïm avec les "English Chamber Orchestra" (EMI) version dynamique, Baremboïm anime très bien l'orchestre et sa partie de soliste est d'un haut niveau de musicalité.

Si vous cherchez une version frisant l'idéal… alors c'est la version de Murray Perahia (Sony) qu'il vous faut.
C'est le même orchestre, mais Perahia est un cran au dessus pour ce qui est de la subtilité du jeu au piano. Phrasé, touché hypersensible, mouvements aériens… La référence.
Le prix : le double de Barenboïm (autour de 55 euros les 10 CD). Le talent se fait payer…

Pourquoi les concertos ?

Parce qu'il y a dans ces concertos parmis les plus belles pages de Mozart… dans certains andantes surtout.

C'est probablement plus recommandable dans un premier temps que l'intégrale des symphonies de Mozart.

Ah… le KV 466, le 467, le 488…

Bon appétit…

Gilles
Fichiers joints
Mozart Concerto Perahia.jpg
Mozart Concerto Perahia.jpg (17.4 Kio) Vu 1653 fois
Mozart Concerto Barenboïm .jpg
Mozart Concerto Barenboïm .jpg (25.14 Kio) Vu 1653 fois
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Message » 16 Déc 2004 15:29

Les concertos pour piano par Alfred Brendel et toujours Marriner & l'Academy of St-Martin ITF (dans l'intégrale Philips)

Image


En effet des pages mozartiennes magnifiques... 8)



Gilles, non, je n'ai pas eu le temps de réécouter la 25ème :oops: désolé... Je m'y colle dès que j'ai un peu de temps, au calme, sans perturbations... :wink:
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Message » 20 Déc 2004 16:27

Ca y est :D réécouté ce midi le 1er mouvement de la 25ème...

Gilles R a écrit:...Moi ce qui m'a frappé d'emblée, c'est l'attaque directe des cordes ff dans cette phrase rythmique, moment important qui apparait à plusieurs reprises dans le mouvement.
Cette phrase a un peu une tournure d'appel qui insiste, obsédé. Il y a immédiatement une tension qui est installée. Elle est immédiatement répétée avec cette fois le soutien des contrebasses, qui lui donne un caractère plus décidé.


Oui mélodie insistante, obsédante, immédiatement mémorisable (d'où son utilisation dans des publicités). Je n'avais pas noté à quel point les contrebasses étaient présentes (les yeux fermé je visualisait les basses dans leur ensemble, mais en pensant plutôt violoncelle...)

Gilles R a écrit:Tu as raison, arrive subitement le chant du hautbois à découvert sur un rythme de balancement léger des cordes. Ce chant du hautbois est vraiment contradictoire à la nervosité précédente.
Posé et aérien d'abord sur des intervalles descendant, puis pris d'une grâce en son milieu, il remonte pour une cadence de préparation pour l'entrée d'une nouvelle variation d'un tutti des cordes.


Oui il est un peu là comme un spectateur extérieur à l'orchestre... presque un peu le maître de cérémonie... intervenant très ponctuellement, de façon réfléchie... enfin je me fais peut-être des films :mdr: !

Gilles R a écrit:Il y a comme cela plusieurs séquences de variations que je ne cherche pas à décrire. Sauf peut-être celle dont tu parles : la descente des cordes hautes perchées. Ce passage est effectivement très saillant, intense il me fait penser à l'air de "La Reine de la Nuit" dans la "Flûte enchantée" d'abord par sa tessiture et ensuite par quelques ressemblance de rythme justement comme tu dis : en cascade.


J'avais dit "en saccades" :mdr: mais tu as raison, tu lapsus es normal... car c'est plutôt en cascade qu'en saccades... ou pour mieux dire en cascades saccadées :wink: ! A la réécoute, oui on y entends des intonations façon "Reine de la Nuit'... mais je continue à entendre des modulations de sons très flagrantes dans mes oreilles à ce moment-là (j'ai du mal à décrire ce phénomène).

Gilles R a écrit:Suivent encore une ou deux dernières variations avant un conduit tortueux pour faire un "da capo" (retour au début).
Reprise du premier thème obsédant des cordes… tout est redit intégralement jusqu'au conduit tortueux.
Et c'est là que je prends un coup sur la tête ! … que je ressens une émotion intense !
Mozart fait le même conduit.… On s'attend naturellement à une nouvelle reprise et voilà que le conduit continue et prend un autre chemin ! Une première modulation il nous améne sur une musique très allante et chantante, comme dégagé de toute pesanteur, une allégresse un peu candide, prsqu'une marche ou alors un galot plein de sérénité.


Oui !!! :o :o Excellent ! Je n'avais même pas remarqué que le début n'était en fait que DEUX fois la même partition... sans aucun changement. Et en effet, comme on a déjà entendu la première transition, on s'attend de nouveau à entendre cet air qui dorénavant hante notre esprit. Et non... c'est une autre chose, extrêmement raffinée, qui commence. Magnifique :D

Gilles R a écrit:L'effet est du pur Mozart ! Ces passages là… ses contemporains en tombaient baba ! Quelle heureux effet ! Ce passage est à peu près au milieu du mouvement et Mozart semble avoir écrit tout son mouvement juste pour cette lumière là.
Après ce passage il retourne aux variations précédentes… et ce passage ne sera pas repris.


A la fois quel dommage, et à la fois tant mieux, car pendant ce court moment, on apprécie puissance dix ces notes merveilleuses.

Gilles R a écrit:Il y a en plus, la statégie du grand compositeur qui fait la variation du climax de l'œuvre sur l'attente de la séquence la plus saillante, celui qui est à coup sûr mémorisé par tous les auditeurs, c'est à dire le passage obsédant des cordes du début, pour que l'auditeur assuré du prévisible subisse au plus fort la dérive du discours.
Rhétorique musicale… c'est cela l'art de composer.


Mozart parlait-il à ses contemporains au travers de sa musique ?

Gilles R a écrit:...Voilà mon cher ganymède, ce qui me plait dans ce mouvement…
Si tu peux repère ce fameux passage… nous pourrions en rediscuter…
Si nous nous mettons à parler de la musique de Mozart… les soirées vont être chargées.
Juste un peu de temps en temps sur ces moments de magies mozartiennes.


Je redécouvre avec bonheur mes disques grâce à toi... C'est vu d'un autre angle, c'est vraiment super :D :D :D

Gilles R a écrit:...
PS : Ah ! J'oubliais aussi… les dernières mesures de la fin !
Ce n'est pas que cela soit baclé, mais il dit par cette cadence un peu martial et en fanfare avec un petit peu d'humour, que cela pourrait encore durer… alors il dit par cette manière : « bon, j'arrête… il le faut… nous pourrions continuer, mais c'est un mouvement… il y a en a trois autres derrière !»
Mais il est vrai que cela peut paraitre une fin en queue de poisson. Il avait l'Art de l'impolitesse, Mozart comme tous les grands artistes… Il n'avait pas au moment de composer cette fin, envie d'écrire : « je vous prie d'agréer chers auditeurs… ». Non, il dit : «Aller, salut les gars… c'est fini ! voilà !» avec un air complice.
Moi je ressens cela de cette façon… Si tu ré-écoutes, dis moi si j'ai tort…


Mais c'est exactement ça... il nous fait patienter quelques mesures, comme si le thème du début allait reprendre et puis hop, cette fin en queue de poisson arrive...
Je n'avais pas vu ça comme ça au début, peut-être trop poli dans ma vision de l'oeuvre (ou du bonhomme) :wink:
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Message » 21 Déc 2004 9:35

ganymede44 a écrit:Ca y est :D réécouté ce midi le 1er mouvement de la 25ème...

Gilles R a écrit:L'effet est du pur Mozart ! Ces passages là… ses contemporains en tombaient baba ! Quelle heureux effet ! Ce passage est à peu près au milieu du mouvement et Mozart semble avoir écrit tout son mouvement juste pour cette lumière là.
Après ce passage il retourne aux variations précédentes… et ce passage ne sera pas repris.


A la fois quel dommage, et à la fois tant mieux, car pendant ce court moment, on apprécie puissance dix ces notes merveilleuses.


Oui comme pour dire : Les instants heureux ne se répétent jamais…

ganymede44 a écrit:
Gilles R a écrit:Il y a en plus, la statégie du grand compositeur qui fait la variation du climax de l'œuvre sur l'attente de la séquence la plus saillante, celui qui est à coup sûr mémorisé par tous les auditeurs, c'est à dire le passage obsédant des cordes du début, pour que l'auditeur assuré du prévisible subisse au plus fort la dérive du discours.
Rhétorique musicale… c'est cela l'art de composer.


Mozart parlait-il à ses contemporains au travers de sa musique ?

À travers son œuvre un artiste "dit" sûrement quelque chose… mais la communication ne passe que dans les jeux et la stratégie formelle de l'œuvre… le mystère c'est qu'elle puisse dire des choses différentes pour chacun.
Si nous y percevons un sens, c'est souvent sans une conscience du compositeur de dire précisemment un message précis… à moins d'une œuvre particulière comme la "Symphonie des Adieux" de Joseph Haydn (ou la musique à programme, par exemple)

Comme le dit Stravinski : La musique n'exprime rien d'autre que ce qu'elle est.

Mozart a été dans son évolution un compositeur paradoxal… hyper-doué avec une facilité d'écrire extraordinaire et de l'autre côté souffrant d'un sentiment de manque dans sa science de l'écriture devant l'œuvre contrapunctique de J.S. Bach.
Tout artiste souffre d'une insuffisance… c'est en cherchant à pallier à son manque qu'il trouve ses solutions, créé son style personnel. Souvent c'est une identité qui se créé sans qu'il en ait conscience lui même… comme un escargot fait sa coquille.
Lorsqu'il compose, il est trop absorbé aux jeux de l'écriture pour penser dire quelque chose de l'ordre du message… Il peut juste vouloir y mettre l'ambiance, le caractère expressif et donner un sentiment de grâce ou de pesanteur… comme dans le fameux passage de ce 1er mouvement de la 25éme Symphonie.

Bonne journée Gany.

Gilles
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Message » 21 Déc 2004 11:13

Merci pour cet éclairage...

Bonne journée à toi aussi :wink:
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Message » 22 Déc 2004 10:03

Pour l'intégrale des sonates de Mozart, une version est très recommandable (elle l'est aussi par haskil) c'est celle de Christian Zacharias (EMI Classics).

Les sonates de Mozart sont très difficiles à interpréter, je ne dis pas à jouer car il n' y a pas de difficultés techniques particulières. La difficulté vient parfois même de la simplicité de l'écriture toute portée sur l'expression de la phrase musicale et des articulations des idées par les variations.

Le pianiste se retrouve sans posibilités d'effets… il est sur une corde. Il faut à la fois trouver la trajectoire de la forme de chaques sonates, faire passer la carrure de leurs constructions et faire chanter l'instrument sans minauderies et afféteries.
Peu réussissent vraiment sans tomber dans l'ennui, la peur de trop en faire… peut-être.

Je recommande cette version car en plus sont prix et inférieur à 15 euros les 5 CD chez Amazon.

Même si toutes les sonates, ne sont pas les pages les plus intenses de Mozart il y a de belles sonates… Bien jouées qui deviennent de beaux moment du "chant" mozartien.

Je renvoie à un thread précédent, traitant de l'intégrale de ces sonates:

http://www.homecinema-fr.com/forum/view ... t=29666337


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Message » 22 Déc 2004 16:23

La version de l'intégrale Philips est interprétée par Mitsuko Ushida.

Ma piétre connaissance en piano solo ne me permets pas de juger la qualité de cette version.
Mais j'aime bien :mdr: .

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Message » 22 Déc 2004 16:24

La version de l'intégrale Philips est interprétée par Mitsuko Ushida.

Ma piétre connaissance en piano solo ne me permets pas de juger la qualité de cette version.
Mais j'aime bien :mdr: .

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