ccc a écrit:Je fais faire un gros UP à ce post, suite a un petit passage chez Haskil qui m'a fait découvrir beaucoup de versions différentes du 2ème concerto.
Ma version de référence jusque là, et qui m'a fait décrouvrir l'oeuvre, est celle de Van Cliburn avec Fritz Reiner à la baguette. C'est beau, très mélodique, romantique, par contre lorsqu'on est passé à des versions plus anciennes, dont celle de l'auteur lui-même avec stokowsky (pas un manchot le Sergeï
) on se rend compte que la rythmique de l'oeuvre n'est vraiment respectée : il y a des crescendos assez violents et une accéleration du rythme qui sont atténuées voire absentes sur la version de van cliburn. Si Haskil passe dans le coin j'espère qu'il pourra donner les références de ces enregistrements "historiques"
Ce soir je pense que je vais écouter une version de Grimaud dont on a pas encore parlé il me semble : celle avec le Royal Philarmonic Orchestra sous la baguette de Jesùs Lopez-Cobos (1992) (disponible dans le coffret de Brillant Classics). Je vous ferais part de mes impressions
Du coup, depuis ton passage, je réécoute plein de concertos de Rachmaninov
Dans le Deuxième Concerto, Grimaud avec Ashkenazy n'est pas fameuse non plus (meilleure qu'avec Lopez-Cobos), mais piano englouti par l'Orchestre... même si Répertoire l'avait mise en tête devant Rachmaninov duquel ils avaient dit qu'il faisait tout ce qu'il fallait pas faire
-- L'intégrale, dans la version du compositeur lui-même est disponible chez Naxos en deux CD pas chers. Ou dans l'intégrale de ses enregistrements publiées en un coffret économique (tout blanc) chez RCA. A connaître évidemment - à noter qu'il fait quelques changements de texte : par exemple jouer une octave plus haut dans certains passage chargés du coté de l'orchestre pour que le piano sorte mieux. Et des coupures.
-- La version de Wild chez Chandos (originellement enregistrée pour un autre éditeur disparu), avec Horenstein est survoltée, généralement rapide (ce qui est mieux que l'inverse !), avec un orchestre qui, parfois, est un peu décalé car le chef ne réagit pas toujours aussi rapidement que le pianiste à ses accélérations subites : ça fait très heureusement Live (plus que des disques annoncés comme tel et qui en fait ne le sont pas réellement, car on y mélange les prises de concerts et de répétition...). Et c'est dommage, car si on se concentre sur l'orchestre, c'est magnifique et sans aucun des ces appuis sentimentaux pénibles qu'y mettent tant de chefs... J'adore ce cote lapidaire.
Ce n'est pas la moindre des qualités de cette version vendue pas cher en plus ce qui n'est pas pour déplaire ! Surtout elle respecte une chose toute simple : il y a toujours chez Rachmaninov un climax à atteindre, notamment dans les Premiers mouvements (lui même quand il jouait la musique des autres fondaient son interprétation sur l'idée de climax à atteindre et effectivement souvent présent dans chaque oeuvre : il faut articuler son jeu autour de ce moment à atteindre puis à quitter), ce qui veut dire qu'il faut tendre son jeu vers ce but et le soumettre du point de vue rythmique et tempo à cela.
Ce que par exemple Volodos ne réussit pas dans le Troisième Concerto, à cause de l'Orchestre et du chef qui traine un peu. J'en ai causé avec lui, en octobre dernier, il aurait aussi aimé un orchestre plus svelte, plus réactif et moins lourd et semble-t-il Levine aurait aussi aimé d'après ce que Volodos disait...
Wild, c'est vivant, direct, avec parfois des fulgurances coté soliste, assez épatantes... même si elles sont parfois un peu prévisibles et too much dans le côté spectaculaire... et Wild dans cette intégrale là est un pianiste qui écoute moins l'orchestre qu'il ne mène la danse.
-- La version, pas encore sortie quand ce post a été créé, intégrale qui est à recommander très, très chaudement, c'est celle de Stephen Hough chez Hyperion (CD/SACD).
Enregistrée en public, à Dallas avec Litton. Grande entente entre soliste et pianiste, belle prise de son. Interprétation très très marquée par la version du compositeur avec Ormandy et Stokowski jusque dans le jeu de l'orchestre !
On y va vite aussi...
Et il y a d'autres intégrales...
Celle de Peter Rosel et Sanderling est moins spectaculaire pianistiquement, comme si le pianiste voulait redonner une dignité à ce compositeur qui lui était déniée en Allemagne pendant longtemps... avec un chef aguerri au répertoire russe autant que lui-même. Je dois dire que c'est très séduisant et convaincant mais beaucoup moins aguicheur au premier coup d'oreille que Wild et Hough.
Il y a aussi Abbey Simon...
Alain