» 25 Jan 2008 11:22
Je m'y suis donc rendu chez N&B avec "madame", mon ampli et mon choix de CD.
Frédéric a bien sûr été très aimable. Tandis que "madame" jetait un oeil sur les magnifiques enceintes et tombait en pâmoison devant un parallélipipède rouge laqué qui mange des CD, avale des Ipod et même produit des sons, non mais! Et qui plairait tant à Frédéric (un autre, notre beau-fils qui est complètement accro au design et rouge de préférence).
PS: "madame" reconnaît qu'elle est sourde - c'est elle qui le dit -, mais elle n'est pas daltonienne.
Frédéric, celui du magasin, branche mon ampli (MF A3.5), connecte un lecteur MF A5 (cela m'a évité de transporter le mien) et les enceintes D15 (avec du câble ordinaire, j'ai oublié la marque, à 10 EUR/M, pour ne pas "dorer la pilule" et la rendre trop facile à avaler).
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le préciser sur un autre topic, ce n'est pas ma première écoute des D15. La première fois, dans le même magasin et avec l'ancien patron, j'avais été bluffé par la qualité des timbres, la matière, la tenue des basses pour une petite colonne.
Ce que je voulais vérifier ce jour, c'était la capacité de mon ampli à fournir assez de courant pour tenir correctement ces petites anglaises. Je voulais aussi m'assurer que les aigües ne seraient pas trop agressives (les MF ont la réputation de faire preuve d'un peu de brillance), d'où l'intérêt d'écouter le lecteur A5.
En effet, le première fois l'écoute s'était faite avec un lecteur CEC (à coloration analogique) et un ampli Prima Luna Prologue One.
On commence par quelques morceaux sélectionnés pour la qualité d'enregistrement:
Arcadi Volodos, Liszt, diapason d'or de l'année 2007: les notes sonnent, on ressent la résonance du piano à queue.
Jordi Savall, Suites pour basse de viole de Rameau: la claque. Frédéric détaille le livret. C'est tellement bien enregistré, résonance de la lutherie, frottement des cordes, basses tenues...
Rabih Abou Khalil, Songs for sad women: ce qui frappe c'est l'étagement des instruments dans la profondeur (plus que dans la largeur) et le rendu des percussions.
On passe ensuite à un live très bien enregistré lui aussi : EST live in Hambourg. On perçoit quelques brouhahas du public et sur le premier morceau du disque 2, le piano est extraordinaire. Une présence réellement physique. Peut-être pas la fidélité absolue, mais de la musique et du plaisir, dans les timbres, la spatialisation, la dynamique...
J'ai amené quelques disques tests (de ceux dont l'écoute m'écorche parfois les oreilles sur mes actuelles JMLAB Spectral):
Le classique Kind of Blue: trompette, saxo tenor et saxo alto, tout passe en douceur, sans cette agressivité que je subis sur les JMLAB. On monte le son, la trompette fait vibrer l'air sans le saturer, le saxophone est vivant (Coltrane et Adderley sont présents). Je sais, tout cela est fort éloigné d'un CR audiophile. Mais j'ai prévenu, j'aime un vin, les sensations qu'il me procure, mais ne me demandez pas de détailler les arômes ou de déterminer les cépages.
Le mariage MF Proac permet même de sublimer des enregistrements moyens, comme ce Didon et Enée enregistré en 1985 par les Arts florissants (ce qui me semblait exagérément réverbéré au point d'affaiblir la voix de Guillemette Laurens devient charnel et la réverbation nous plonge dans l'église de Saint Martin du Méjean).
La voix de castrat de Jimmy Scott intrigue grandement Frédéric. Si vous ne connaissez pas, essayez-le. Les enceintes donnent sa vraie mesure au phrasé inimitable de cette voix magique. Jimmy Scott ne chante pas très juste, mais il chante...
Un petit coup de grands orgues pour voir. Certes, la pièce n'entre pas en résonance, mais c'est plus qu'honorable pour ces petites colonnes et surtout, cela ne bave pas.
Par contre, c'est beaucoup moins bon pour la musique amplifiée, style David Bowie ou Led Zep. Ce n'est pas mauvais, mais il me semble que ce n'est vraiment pas le genre des Proac. Un peu comme si Jimmy Page jouait de la mandoline (j'exagère).
Frédéric me propose un second café et quelques choix personnels pour pousser les enceintes dans leurs retranchements:
Musica nuda pour le grand écart entre une contrebasse et une soprano à la voix très aigüe, aucun problème pour ce mariage extrême, tout reste harmonieux et suffisamment défini (ce n'est pas la qualité première des Proacs, mais cela fait de la musique, pas des sons et c'est ce que je recherche).
Un Lou Reed enregistré en public. La voix est superbe de présence. Dans le fond quelques fans poussent des yeah! à peine audibles. Comme le local d'écoute se trouve dans le prolongement de la vitrine à front de rue, je crois d'abord qu'il s'agit d'une conversation à l'extérieur (ou un début de manif?).
C'est là que je demande à Frédéric de voir ce que cela donne avec le Prima Luna Prologue One qui m'avait fait impression en novembre et avec lequel je voulais comparer mon petit MF.
Quel soulagement! Mon MF est bien meilleur! Il tient bien mieux les enceintes. Avec le PL, c'est doux, soyeux, sans relief, plat... Pas assez puissant selon Frédéric (qui revient sur la philosophie du patron antérieur qui semblait fana des tubes). Il faudrait au moins un Jadis D60 pour driver les proacs, ce que mon MF fait très bien et le mariage entre les transistors et la brillance de mon ampli et la matière, les timbres des proacs me semble une réelle réussite, mais je le répète, je suis assez profane en la matière.
Les proacs seraient un peu comme un bon Médoc ou un de ces vins des Corbières, avec de la matière, des tanins fermes, un velours corsé, avec ce qu'il faut de virilité, mais aussi de soyeux...
La séance a duré une bonne heure et demie... sans stress et avec la bonne humeur. Merci à N&B.