sopor a écrit:pas si courant d'entendre à la fois un grand disque et une immense chanteuse. la pochette ne laissait pourtant augurer rien de bon. posée sur son tabouret, amy winehouse ressemble à une chanteuse R&B partie faire la nique à christina aguilera (beurk) à coup de vocalises et d'esprit soul vintage ressuscité par de grands producteurs-manitous, pire même elle ressemble à une chanteuse de R&B à la française (beurk, beurk) et on pourrait jouer longtemps au jeu des ressemblances : une choriste de Prince ? la hardeuse Chippy Marlow habillée pour l'hiver ? l'album de la maturité d'une ex-lofteuse ? back to black ? des covers R&B de AC/DC ?
bon quand on pose la galette et qu'on l'entend chanter "they tried to make me go to rehab I said no no no" (ils ont essayé de me faire entrer en cure de désintox et j'ai dit non, non, non) on est tout de suite rassuré et on regrette presque de s'être un peu moqué.
avec ses claps, ses saxos et ses arrangements cordes délicieux, "rehab" place la barre très haut et le reste de l'album ne la fait jamais redescendre d'un millimètre. "me and mr jones" c'est nina simone avec les shangri-las ou les shirelles aux choeurs. "you know i'm no good" c'est tout le bastringue de tom waits version soul cuivrée et brisures de verre dans la voix. "back to black" c'est billie holyday qui chante aux funérailles d'un james bond oublié. "wake up alone" c'est un girl's band à elle toute seule, soûlé et déchirant. 32 minutes (seulement) de pure soul au sens noble du terme.
à entendre cette voix surnaturelle, on a presque envie d'aimer ce physique de bimbo anorexyque, ces grands yeux de biche, ces tatouages de marin tant ce corps tout entier parait traversé par les tourments et les détresses de la vie, tant il y passe de fantômes des grandes dames ravagées par l'alcool, la drogue et les amours.
levons nos verres à la santé d'amy winehouse, sûr que ça lui fera plaisir !
A force de nous rabattre les oreilles avec la mère WineHouse, j'ai fini par acheter son album en déambulant à la Fnac l'autre samedi, quand j'ai vu qu'il était maintenant dans le rayon des back catalog à 9,99 eur.
Moi qui suis plutôt frileux avec les produits surproduits (ce que les intello de trivial pursuit appèlent du "commercial"), j'avoue que c'est plutôt une bonne surprise.
D'abord, la soul, j'aime pas. C'est un style qui n'a jamais vraiment trouvé sa place dans ma discothèque entre le Jazz Vocal à la Billie Holliday et le Rock féminin à la Patty Smith. Mais là, justement, ce style sorti de son contexte année cinquante a un air vintage assez charmant. Certaines pistes (typically la dernière) ont un petit côté "Jackie Brown" bien balancé.
Et puis le meilleur vient surtout avec "You know i'm no good" et "Wake up alone". On dépasse l'exercice de style pour une dimension plus convaincante, parce que plus aboutie. Il ressort dans la composition quelques emotions bien relayées par la voix de la demoiselle.
Autre facteur de satisfaction : madame compose. Une grosse moitié du produit sort de ses petits neurones, l'autre moitié probablement pour les textes seulement. Il y a donc de la volonté la dessous et probablement une oeuvre personnelle. On est quand même pas dans le registre de la strarac que d'aucun ont mis en avant.
Alors côté production , c'est sur, y'a débat. On se retrouve dans la catégorie des Lenny Kravitz et Poppa Chubby : pour faire revivre les années Stax, on plaque sur l'oeuvre un filtre (ou un masque) qui formalise ce que le fond veut nous dire. Ca rogne sur l'aspect qualitatif et appuie l'aspect artistique. Etait-ce nécessaire ? Chacun son avis. VintageWorld estime que c'est un must destiné à devenir matrice, d'autres hurlent au scandale. Utiliser le studio comme un instrument parce que ceux-ci ne sont pas "acoustique " n'est pas un argument pour ce genre de disque. Cuivre, Pianos et Voix montre le contraire. Créer une atmosphère 'Vintage' justement, est plus exact dans ce qui est cherché. Avec la maturité Amy viendra si la drogue et l'alcool la laisse tranquile, a un style plus personnel et plus recherché.
Côté phénomène, média, succés, toussa, celà me fait penser à l'album de Norah Jones, il y a quelques années. Quelque chose de très agréable, avec beaucoup de potentiel, mais doit donner suite à...En attendant, mes 10 euros ont été bien investi.
A +