Si vous voulez découvrir de l'atypique en Alsace :
Jean François Ginglinger à Pfaffenheim (68)
primo : c'est une famille sympa, déterminée à faire du vin "droit"... récolte main/bio/non chaptalisé (évidemment)/sans levure ajoutée/rendement limité/labours du sol etc. C'est un gars qui est pas là pour faire plaisir aux schtroumpfs qui suivent la mode bleue mais pour élaborer du vin d'Alsace qui sait vieillir...
Deuxio : c'est un copain
tertio : ses vins sont surprenants. Parfois vraiment beaucoup...
Son truc c'est le sec. Je connais et apprécie toute sa gamme et vous naviguerez dans le cépage avec une vraie rigueur. Rigueur ne veut pas dire austérité. Mais jamais vous n'aurez l'impression de boire un sirop viné. C'est pas la philosophie de la maison. Le cépage va s'exprimer royalement mais selon l'année et le terroir.
Résultat ? chaque année amène son lot de surprises. Toujours bonnes. Je me souviens par exemple d'un Pinot blanc d'une année incroyable qui évoquait... le radis noir. Puissant équilibré, noble, mais très surprenant. Des bouteilles d'esthètes...
Impossible de rester insensible à son entrée de gamme : le modeste Sylvaner. Un vin de soif (ne pas confondre avec l'edelzwicker qui est le seul assemblage de cépages). Donc son cépage le plus modeste est déjà caractériel avec, suivant les années une splendide longueur en bouche. D'ailleurs, toutes ses bouteilles ont une belle longueur en bouche et de la matière.
Sylvaner moins de 6 euros...
Une dégustation chez Jean François :
On attaque l'horizontale : Sylvaner, ensuite les pinots blancs, pinot gris (là on rentre dans la vraie noblesse).
on poursuit avec les Gewurtzraminer : toujours secs même dans leurs versions Grand cru Steiner ou parcelles sélectionnées. Goutez son "K" !!!!.
Il possède de multiples parcelles et les connait en profondeur. Du coup il aligne des bouteilles de cépage identique qui - dans le verre - vont dans des directions bien différentes. Munissez-vous d'un stylo et d'un bout de papier
on achève avec le Riesling : Roi des cépages.
Puis, parfois, on enchaîne la verticale... histoire de comprendre parfaitement ce qu'est un millésime chez un vrai vigneron qui s'amuse pas à "rectifier" mais à accepter les spécificités d'une année. S'il est en forme, ensuite, il revient avec quelques bouteilles audacieuses que j'appellerais les "enfants cachés" de Jean François... les invendables de son jardin secret. Des tentatives... des millésimes un peu anciens...
J'ai oublié d'écrire que sa famille élabore du vin depuis... 1610 !!!
de 6 à 20 euros - y compris les vendanges tardives et Grands crus, donc une super après-midi en perspective
ps : faut que j'explique le terme "atypique" du début de mon post. Traditionnellement en Alsace on vinifie "sec" voire "très sec" et dans les années 70 y'a eu la mode du "rond". Les gens n'achetaient plus que ça. En fait, son atypique est du traditionnel. CQFD.
ps2 : y'a quelques années, il m'a fait goûter un pinot noir (ben oui, en Alsace on vinifie le rouge avec un cépage de Bourgogne, c'est comme ça). Vous savez ce que c'est le bio... on stabilise pas artificiellement et je revois encore sa tête quand, juste après avoir débouché sa bouteille, hilare, il m'a demandé : "alors au nez, ca te fait penser à quoi ?" et j'ai répondu "à un Fennec !". Une odeur de bestiau qui s'est estompé heureusement après une aération de quelques secondes mais un truc sauvage comme ça j'ignorais qu'on pouvait le mettre en bouteille... j'ai presque regretté qu'en bouche on ne retrouve rien du tout de ce premier nez