olivier le normand a écrit:D'après ce que j'ai lu, il a d'abord fait une maîtrise d'Histoire contemporaine (cela s'appelait comme cela à mon émpoque) sur Cortot, avant de s'engager sur une thèse.
Dans son article, il relate chronologiquement la vie de Cortot, et je trouve qu'il passe rapidement sur les activités de Cortot au sein du régime de Vichy durant la Seconde guerre mondiale. Plutôt que déçu, disons que je suis resté sur ma faim. J'aurais aimé en savoir plus sur les réelles idées politiques de Cortot, et sur les motivations qui l'ont poussé à collaborer à ce point avec l'occupant. Collaboration idéologique, collaboration opportuniste? Vraiment, j'aurais aimé en savoir beaucoup plus!
J'ai senti qu'il minimisait cet aspect des choses dans le papier de Diapason : il parle de légendes au sujet du fameux concours que Cortot aurait fait passer aux musiciens du National passés de l'autre côté de la ligne de démarcation en fraude pour en éliminer les Juifs... d'après cet historien ce n'était qu'un banal examen de contrôle... Curieux non, d'accueillir en pleine guerre, le plus glorieux orchestre français qui vient de passer la ligne de démarcation en faisant passer à ces musiciens un contrôle de niveau...
Or, cet examen a été écrit dans un ouvrage : une trentaine d'années seulement après les faits... Sans qu'aucun démenti ne soit apporté... on peut lire cela dans la biographie de Clara Haskil publiée par Jérôme Spickett aux Editions Payot... la légende a donc une source... Idem d'autres témoignages : dans Le Monde, le pianiste Vlado Perlemuter que Cortot n'a pas aidé alors qu'il l'aurait pu, a déclaré qu'il était persuadé que Cortot voulait être le gauleiter de la musique en France... Antoine Goléa, dans Je suis un violoniste raté, également.
N'est-ce pas non plus le responsable de la propagande nazie à Paris qui dans ses Mémoires parle des soirées passées avec Cortot?
Entendons nous bien : Cortot n'était pas partisan de la solution finale, peut-être, sans doute même pas un antisémite, mais il a été un collaborateur zélé du gvt de Vichy. Et j'ai eu entre les mains, les lettres sur papier à entête de l'Etat français qu'il a envoyées aux professeurs de piano des grandes écoles parisiennes pour qu'ils déclarent qu'ils n'étaient pas juifs. Josette Samson François m'a montré deux lettres, signées de la main de Cortot (et munies d'une belle formule de politesse à son amie), envoyées par lui à la mère de la femme de Samson... qui était un grand prof de piano et la répétitrice de Nat, rien moins... Elle n'a répond à aucune et les as gardées...
Bref, vu sa renommée, sa fortune, sa position : Cortot n'était en rien contraint de collaborer. Il aurait pu se contenter de jouer et d'enseigner... Mais il a épousé la cause vichyste bien au dela du temps pendant lequel il aurait pu le faire sans s'attirer le soupçon.