blue dream a écrit:alixcaro a écrit:Bah alors, mon sujet n’intéresse plus personne ?
ma réponse au thème "L'album de musique à l'ère de la dématérialisation"
aspect 1 de la démat : ripper des CD et/ou gérer des fichiers téléchargés
- la démat me permet d'éviter un écueil lié à la durée du CD que j'estime trop longue. En musique classique, l'oeuvre "principale" est souvent couplée à une oeuvre "secondaire". On sait que ce complément n'est là que pour remplir le temps et j'y vois donc un manque de respect de chacune des oeuvres. Quand je rippe ces CDs, je fais un dossier pour chaque oeuvre, un pour la "principale", un pour la "secondaire". Du coup me voilà avec 2 oeuvres "principales" qui deviennent majeures toutes les deux. Quand j'écoute la première, je ne suis pas perturbé ou fatigué par l'autre qui va suivre, et d'autre part, quand j'écoute la seconde, j'en profite pleinement. J'ai découvert de cette façon de vraies perles sur mes CD, passées inaperçues jusqu'ici.
- la démat me permet de regrouper des oeuvres là où elles sont souvent réparties sur plusieurs CD, et ce sans respect du compositeur (ordre de composition, famille d'oeuvres, ...) à cause, là aussi, de la durée imposée du CD. Quand le début d'une symphonie termine un CD et qu'elle se poursuit sur le CD suivant, je trouve cela si irrespectueux. Pouvoir assembler cette symphonie en un seul dossier ne peut être qu'un avantage et favoriser l'écoute sereine.
- on commence à voir des éditeurs en ligne proposer des albums de la durée exacte d'une oeuvre, même si elle ne fait que 20 minutes. Excellente initiative à mon sens.
l'album dématérialisé est de ces points de vue bien supérieur au CD. Voilà qui favorise une écoute sereine et attentive, un esprit dégagé entièrement consacré à une oeuvre.
aspect 2 de la démat : le streaming
(je limite ma réponse à mon expérience : Qobuz HIFI)
- les oeuvres du répertoire sont toujours nourries de nombreuses versions, des interprétations très diverses. Quand je choisi une version en CD, je me limite forcément à quelques-unes seulement dans le meilleur des cas, lorsque l'oeuvre me touche particulièrement. Comment je choisi ? Lecture d'avis, critiques, etc ... oui mais. Sur Qobuz, j'aligne toutes les versions d'une même oeuvre que j'affectionne particulièrement. Je prends le temps nécessaire pour les écouter toutes. Je me laisse la liberté de ne pas accomplir une écoute complète si l'interprétation me déplait vraiment, sans que je puisse accepter d'appeler cela du zapping. D'abord, je ne vois absolument pas pour quelle raison je devrais me limiter volontairement et ensuite je ne vois rien de distrait dans l'écoute en ligne. Rien ne m'empêche d'écouter avec toute l'attention possible toutes les versions qui auront eu ma préférence. Je peux y revenir autant que je veux, il n'y a donc rien de jetable dans ma pratique.
- les textes des pochettes de CD sont toujours dans des caractères trop petits. Par ailleurs, ces textes donnent une vision unique. Etant connecté, je n'hésite pas à m'intéresser à l'oeuvre et aux artistes et à tout ce qui touche l'album que j'écoute. Ma mémoire ne m'a jamais fait défaut, je me souviens très bien des interprètes, des compositeurs, de la particularité des instruments, même souvent des labels ou que sais-je encore, ... les partitions, des photos, .... Là non plus, rien d'éphémère, d'irrespectueux. Je n'appelle pas cela de la "consommation" dans le sens le plus dédaigneux qui est la règle pour les détracteurs de la démat.
- Qobuz a cependant quelques points faibles : l'impossibilité de classer ses favoris, les pdf de très mauvaises qualité en version appli. Certains éditeurs totalement absents du streaming (ECM, ...) Mais voilà bien tout ce que je peux reprocher.
- certains trouvent Qobuz trop cher (on ne paie pas pour "du vent" ... quel mépris de la musique dans son essence) d'autres veulent payer plus (sinon, la chose n'a pas de valeur, bon, idem en fait) : Qobuz est au prix de 2-3 CD par mois alors qu'il offre un catalogue illimité, je ne comprends même pas que la question puisse poser problème.
le streaming de qualité est une très belle chose, il représente la fin de la limite matérielle pour enfin un respect de l'oeuvre. Cela concerne à la fois les oeuvres du répertoire comme détaillé ci-dessus, mais aussi les nouvelles créations qui ne sont plus ne devraient plus être tributaires de la durée du CD (combien de disques de 25 "chansons" auraient gagné à n'en compter que 10 ...)
@+
Merci beaucoup blue dream pour ton message bien détaillé !
Dans l'ensemble je suis plutôt d'accord avec ce que tu explique mais le problème pour moi c'est qu'avec le streaming c'est éphémère, tu n'es pas propriétaire (tu me diras c'est pareil en DL mais vu que tu as sur ton HDD les données rien ne t'empêche de les graver pour leur dédier un support permettant d'accéder à la sensation de propriété en dur et à l'archivage tangible). La qualité est également un problème : les infrastructures réseaux, surtout en France, sont totalement hétérogènes en terme de bande passante disponible. Du coup seuls certains ont accès à une expérience en streaming de qualité... Et en admettant que tout le monde ait une bonne connexion c'est l'encodage qui est moins bon il me semble. Si je ne raconte pas de bêtise il me semble qu'une écoute studio master n'est pas possible en streaming...
C'est marrant parce qu'à côté de mon PFE je suis également en train de rédiger un mémoire avec cette problématique comme base :
" Comment l'album de musique, soumis aux évolutions de la technologie et des industriels de la musique enregistrée, a-t-il traversé les époques ?"
Et hier soir j'étais justement en train de parler de l'influence technique du support sur l'usage qui en est fait. Et quand tu m'explique que certains éditeurs font du remplissage sur les CD ça rejoint directement d'autres observations que j'ai pu faire.
Bref intervention pertinente, merci