Boc, cette histoire de revenu universel me fait penser à une anecdote des premières années de ma vie professionnelle.
J'étais alors ingénieur de travaux sur un chantier de souterrain. Sur un tronçon, Il y avait une équipe très pro et performante. Boulot impeccable, soutènement sécurisé, vitesse d'avancement en léger retard sur le planning, mais quand même supérieure aux autres équipes, qui leur reprochaient d’en faire trop.
On accusait un retard sur le planning, et tous disaient qu’ils ne pouvaient pas faire mieux. Mais le Chef de chantier pensait qu'ils étaient capables d'aller beaucoup plus vite.
Ils ont fini par dire qu'ils étaient disposés à accélérer… moyennant une récompense.
C’était de bonne guerre.
Alors on a négocié une prime en fonction de la vitesse d’avancement, sous réserve du respect de la qualité de travail et des règles de sécurité…
Et toutes les équipes ont fait nettement mieux, y compris l’équipe qui était déjà presque en conformité avec le planning.
Pendant 6 ou 7 mois, ils ont bien bossé et bien gagné.
Quand le chantier s’est trouvé en phase de finitions une partie de l’effectif a été mutée sur un autre chantier moins important, et le reste du personnel a été affecté à ces travaux de finition.
Ceux qui étaient restés ont alors fait valoir que ce n’était pas de leur faute si l’entreprise n’avait pas un autre chantier du même genre pour les occuper, que les finitions ils n’aimaient pas, qu’ils avaient des engagements financiers et que c’était une injustice de voir leur prime disparaître.
Je me suis dit qu’ils n’avaient pas tout à fait tort et j’ai accepté de leur verser temporairement une prime intermédiaire, de l’ordre de 65% de celle qu’ils avaient auparavant, le temps de leur trouver un autre chantier pour lequel ils étaient plus qualifiés.
Grave erreur. Tu devines la suite…
Sur leur nouveau chantier, la cadence d’avancement était pire que celle qu’ils avaient au début du chantier précédent, lorsqu’il n’y avait pas encore de prime d’avancement. Ils estimaient qu’en en faisant un minimum sur des travaux de finition ils gagnaient 65% de leur prime précédente et que ça ne valait pas la peine d'accélérer le rythme juste pour gagner les 35% de plus sur cette prime.
Donc si je voulais un rendement analogue il fallait leur verser 100% de leur prime précédente en plus des 65% qu’ils considéraient désormais comme faisant partie intégrante de leur salaire habituel.
Mais là, le budget explosait et ce n’était plus tenable.
Conclusion : d’une bonne équipe, j’en avais fait une médiocre… mais pour moi c'était le métier qui rentrait.